Dégustation club AOC - Fronsac et Canon-Fronsac

La session de mars du club AOC nous propose une sélection bicolore et exclusivement française qui va nous permettre de découvrir quelques vins rouges issus de deux appellations bordelaises assez méconnues et de déguster une série de blancs nés sur un terroir mythique du vignoble alsacien.

Nous goûterons donc :
- 8 vins rouges de Fronsac et de Canon-Fronsac
- 11 vins blancs du Rangen de Thann.

Les vins bordelais ont été collectés par François, certains auprès de certains vignerons avec qui il travaille et d’autres au gré de ses visites dans divers salons professionnels.
J’ai coordonné la constitution de la série du Rangen en faisant appel à certains membres du club qui ont prélevés des flacons dans leurs caves personnelles avant de compléter la sélection par des achats au domaine (chez la famille Schoffit) et chez des cavistes.

Les rouges ont été débouchés deux heures avant leur dégustation et servis à l’aveugle : 1 bouteille en introduction, 3 paires Fronsac/Canon-Fronsac et 1 bouteille pour conclure.
Les blancs ont été débouchés au moment du service et goûtés un par un, étiquettes découvertes.

Verres Spiegelau Authentis 01


Soirée Club AOC du 3 mars 2017 à La Wantzenau


En guise de mise en bouche :

Sylvan’r 2013 – Domaine du Petit Poucet à Marlenheim : nez agréable, notes amyliques et finement végétales, matière légère en bouche, belle gouleyance, finale un peu courte mais avec des amers minéraux très salivants.

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Produit par le plus petit domaine viticole d’Alsace – qui a quand même fait la une de la revue « Passion Vin » – ce sylvaner léger et gouleyant révèle cependant une présence minérale très intéressante…et si ce poucet n’était pas si petit que ça !

 

Thème 1
Fronsac- Canon-Fronsac : un petit match amical entre voisins.


AOC Fronsac Château Les Trois Croix 2012 : nez sur les fruits rouges frais avec une touche boisée/toastée assez discrète, matière charnue tenue par une trame acide très large, tanins soyeux, finale longue et réglissée avec des amers assez marqués.
(85% merlot + 15% cabernet franc – élevage 12 à 15 mois en barriques)

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Travaillée pour chercher l’élégance et la gourmandise (tri sévère, éraflage total, macération et fermentation en cuves béton) ce premier Fronsac se livre avec une vraie spontanéité en développant une très belle expression fruitée tout en nous donnant envie de découvrir la suite de cette série bordelaise.


AOC Fronsac Château La Rousselle 2011 : nez discret, palette un peu étrange avec des notes de poussière et des nuances minérales naissantes (graphite, ciment frais), matière élancée en bouche, trame tannique souple, finale très digeste, sillage minéral et délicatement épicé.
(merlot + cabernet franc + cabernet sauvignon)
AOC Canon-Fronsac Château Lariveau 2011 : olfaction assez « sérieuse » avec des notes minérales et fumées qui dominent un fruité encore très discret, matière charpentée, belle mâche tannique et acidité bien en place, finale bien fraîche, sillage sure le cèdre et les épices.
(merlot + cabernet franc + cabernet sauvignon + malbec – élevage 24 mois en barriques))

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Le Fronsac du Château La Rousselle est une cuvée ambitieuse encore un peu marquée par son élevage mais qui laisse deviner une très belle lecture du terroir.
Vinifié par Nicolas Dabudyk, un bourguignon qui s’est installé dans le fronsadais, le Canon-Fronsac se montre un peu plus facile d’accès avec un joli jus à la fois fruité et minéral.
Cette doublette tout à fait honorable a un peu bousculé mes idées reçues sur ces deux appellations : en fait j’attendais que le Canon-Fronsac soit plus charpenté que le Fronsac mais j’ai bien l’impression que la patte du vigneron bourguignon a laissé une vraie empreinte sur le vin de Lariveau.


AOC Fronsac Château La Dauphine 2011 : nez complexe avec un fruité gourmand sur un fond minéral bien défini (terre glaise, graphite), matière ample et pleine, structure tannique un peu anguleuse mais finale très sapide avec un beau sillage sur l’encens et la menthe poivrée.
(90% merlot + 10% cabernet franc – élevage 12 mois en barriques)
AOC Canon-Fronsac Au Cœur de Lariveau 2011 : fruité frais et séduisant au nez avec des notes d’élevage raffiné qui commencent à se fondre dans la palette aromatique, matière ample, texture caressante, belle suavité, finale longue et digeste.
(100% merlot – élevage 36 mois en fûts de 400 litres)

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Le second binôme Fronsac/Canon-Fronsac nous met en présence de deux très belles bouteilles : La Dauphine est un vin travaillé de façon exemplaire – viticulture certifiée bio et conversion vers la biodynamie…une rareté dans cette région ! – qui se goûte avec un vrai plaisir ce soir et « Au cœur de Lariveau » nous offre un récital aromatique et un jus parfaitement équilibré. Double MIAM !


AOC Fronsac Château Villars 2008 : nez classique, notes de fruits noirs sur un fond boisé assez présent, matière riche et concentrée, structure tannique qui se durcit progressivement, finale un peu chaude et assez austère.
(75% merlot + 17% cabernet franc + 8% cabernet sauvignon – élevage 12 mois en barriques)
AOC Canon-Fronsac Château Canon Saint Michel 2008 : nez complexe et racé, fruité mûr, notes de miel de châtaigne et fine touche boisée, matière élancée, équilibre frais, mâche tannique très sensuelle, finale longue et complexe.
(70% merlot + 10% cabernet franc + 10% cabernet sauvignon + 10% malbec – élevage 24 mois en barriques et en foudres)

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La série se poursuit avec 2 vins plus évolués qui révèlent de vraies différences : le château Villars qui est une référence dans l’appellation Fronsac se goûte sans déplaisir mais semble encore avoir besoin d’un peu de temps pour s’harmoniser alors que le château Canon Saint Michel qui est déjà bien mieux en place affirme son identité avec beaucoup de classe…voilà un vin travaillé en biodynamie qui montre le vrai potentiel de ce terroir. Très belle bouteille !


AOC Canon-Fronsac Château Lamarche Canon 2008 : nez complexe et raffiné, notes de fruits rouges, de cacao amer et d’épices douces, matière longiligne tenue par une acidité fine et une trame tannique soyeuse, finale équilibrée et digeste, sillage sur les fruits rouges et noirs avec une touche de résine.
(merlot + cabernet franc – élevage 18 mois en barriques)

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Nous terminons la série par un dernier vin de 2008 qui se tient très bien sans pourtant atteindre le niveau du Canon Saint Michel.
C’est un vin qui révèle une belle complexité et une balance entre richesse et structure parfaitement équilibrée...il manque juste un peu de fond pour monter sur mon podium du soir.


Pour conclure :

Même si mon goût personnel m’a éloigné peu à peu des vins de cette région, je ne boude jamais mon plaisir lorsque le club AOC nous invite à faire une petite promenade gourmande dans le vignoble bordelais…d’autant plus que les deux appellations étudiées ce soir me rappellent une belle visite au Château Cassagne Haut Canon effectuée il y a bien longtemps…tout au début de ma carrière de picoleur. Souvenirs, souvenirs !

Fronsac et Canon-Fronsac sont des appellations très mal connues par chez nous mais nous avons pu profiter de l’expérience et des réseaux de l’ami François pour pouvoir accéder à quelques jolies quilles qui ont fait une très belle impression auprès de notre assemblée de dégustateurs.
Certes je n’ai pas trouvé de bouteille exceptionnelle dans cette série mais j’ai été très agréablement surpris par la belle homogénéité qualitative de notre petite sélection du soir.
Les vins étaient agréables et sans défaut avec de beaux équilibres, des textures sensuelles et des expressions aromatiques nettes et séduisantes.
Pour mes coups de cœur je citerai tout d’abord la cuvée spéciale du Château Lariveau – « Au cœur de Lariveau » – un vin complet, charmeur et plein de belles promesses d’avenir, mais aussi Canon Saint Michel 2008 qui montre comment ces vins gagnent de la profondeur et de la complexité après quelques années de garde.
Pour ce qui est du match Fronsac – Canon-Fronsac, je pense que ce sont les vins de Canon qui ont gagné ce duel amical…un peu perdue au milieu des prestigieuses appellations du libournais, Canon-Fronsac produit des vins de haute tenue qui, ne l’oublions pas, sont proposés à des prix souvent très abordables.
A bon entendeur…

Mille mercis à François de nous avoir déniché ces jolis flacons.

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