Dégustation club AOC - Rosés du pourtour méditerranéen

La session AOC d’avril 2018 nous emmène une fois de plus sur les bords de la grande bleue avec une série de rosés sudistes – histoire de nous donner quelques idées pour accompagner nos futures agapes estivales – avant de nous ramener plus au nord dans le vignoble du châlonnais – histoire de voir s’il est encore possible de trouver des chardonnays bourguignons avec des rapports qualité/prix raisonnables.

La série de rosés a été composée en suivant les conseils de François et la plupart des bouteilles ont été achetées chez des cavistes strasbourgeois.
La série de blancs de la côte châlonnaise a été composée principalement avec des bouteilles provenant de la cave de Stéphane et de la mienne.

Les vins rosés ont été débouchés juste avant la dégustation et servis 2 par 2 à l’aveugle.
Les blancs ont été débouchés juste avant dégustation et servis 2 par 2 à l’aveugle mais étiquettes visibles pour les 3 dernières bouteilles.

Verres Spiegelau Authentis 01


Soirée Club AOC du 6 avril 2018 à La Wantzenau


En guise de mise en bouche :

AOC Savoie Rosé 2017 – C. Gonnet à Chignin : nez charmeur mais peu durable, notes de fleur de sureau et de bonbon anglais, attaque suave, milieu de bouche un peu rondouillard, finale moins agréable avec des amers un peu rudes.

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Pour une fois la « mise en bouche » proposée se situe dans le thème de la soirée avec un rosé qui nous emmène bien loin de la Méditerranée mais qui se laisse boire avec un certain plaisir.
C’est un vin léger et sociable qui serait vraiment parfait dans son rôle sans cette amertume un peu austère en fin de bouche.


Thème 1 : quelques vins du pourtour méditerranéen pour voir la vie en rose…ou pas !

 

AOC Corbières Minuit 2017 – Domaine de la Cendrillon à Ornaisons : nez surprenant avec des notes de poudre à canon et de pierre à feu très dominatrices (réduction ?), touche de massepain très suave en fond, léger et fluide en bouche, acidité assez vive, finale courte sur les agrumes frais.
(70% mourvèdre + 15% grenache + 15% cinsault)
AOC Côtes du Roussillon La Grande Cuvée 2016 – Domaine Lafage à Perpignan : nez discret, notes de pêche blanche, bouche plus vineuse mais tension assez forte, équilibre strict, finale très dure.
(70% grenache gris et noir + 30% mourvèdre)

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La première doublette nous propose deux rosés qui montrent un caractère assez fringant mais qui manquent cruellement d’envergure : le vin des Corbières est plutôt séduisant au premier contact mais déçoit par un vrai manque de fond alors que la « Grande Cuvée » du domaine Lafage nous a franchement déçus par une présence en bouche bien trop froide et sévère. Bof, bof, bof !!!


AOC Pic Saint Loup Rosé 2016 – Château La Roque à Fontanès : nez fin et discret sur les agrumes frais et les épices douces, bouche riche et bien souple, texture onctueuse, finale franche et fringante.
(30%syrah + 30%cinsault + 30%mourvèdre + 10%grenache)
AOC Corse Calvi Fiumeseccu 2016 – Domaine Alzipratu à Zilia : nez très discret, notes florales et fines touches minérales, matière vineuse en bouche mais acidité puissante et amertume très marquée, finale très austère.
(sciacarellu + grenache)

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Avec sa palette suave et son côté légèrement doux en bouche, le rosé du château La Roque joue la carte de la séduction facile et un poil superficielle – mais ça marche plutôt bien – alors que le rosé corse m’a franchement déstabilisé par son caractère anguleux et revêche…c’est un vin plus montagnard que méridional qui trouvera facilement sa place à table mais qu’on aura beaucoup plus de mal à apprécier à l’ombre d’un parasol !


AOC Côtes de Provence Château Les Preyres 2016 – Château Font du Broc à Les Arcs sur Argens : nez agréable et frais, notes d’agrumes (mandarine et citron), matière assez consistante, toucher gras et équilibre très vif, finale sapide.
(syrah + grenache + rolle)
AOC Palette Rosé 2014 – Château Henri Bonnaud à Le Tholonnet : nez qui s’ouvre sur d’intenses notes de réduction (œuf dur) avant de libérer des arômes plus flatteurs sur les agrumes frais et les épices, bouche ample et concentrée, structure assez virile, présence saline sensible, finale racée sur le pamplemousse et la pierre à fusil.
(grenache + mourvèdre + cinsault)

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Avec sa robe très claire et son expression aromatique vive et fringante le Côtes de Provence est plutôt agréable à boire mais à vrai dire il fait plus penser à un vin blanc qu’à un rosé sudiste.
Le rosé de Palette est pénalisé par son olfaction marquée par une forte réduction mais c’est quand même le premier vin de la série qui montre un peu plus de fond et de caractère…voilà une bouteille qu’on a surement débouchée trop tôt.


AOC Bandol Rosé 2016 – Domaine La Suffrene à La Cadière d’Azur : nez discret, notes de petits fruits rouges très frais, matière charnue en bouche, belle vinosité et structure puissante, finale bien étirée, très sapide.
(40%mourvèdre + 30%cinsault + 25%grenache + 10%carignan)
AOC Bellet Vini di Gio 2016 – Le Clos Saint Vincent à Saint-Roman de Bellet : olfaction sur les agrumes frais perturbée par des notes de levure, matière assez épaisse, équilibre frais et digeste, finale bien tenue, très salivante.
(100%braquet)

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Ce Bandol qui s’exprime très timidement tout en développant une matière juteuse et consistante et ce très joli rosé de Bellet qui se manifeste avec une trop grande retenue prolongent la série des bouteilles débouchées bien trop tôt.
Dommage car je crois que nous avons là deux très belles quilles !


AOC Ventoux Rosé 2016 – Domaine de Fondrèche à Mazan : réduction tenace au nez, profil aromatique très austère, matière bien concentrée en bouche mais structure anguleuse peu avenante, finale très tendue.
(50%cinsault + 30%syrah + 20%grenache)
AOC Tavel Les Lauses 2016 – Ferraton à Tain l’Hermitage : nez très discret sur les petits fruits rouges (framboise), belle densité en bouche, équilibre très droit, finale fraîche et étirée.
(grenache + syrah + mourvèdre)

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Le Tavel a impressionné l’assemblée par sa couleur presque irréelle (rose fluo) mais il faut bien reconnaître qu’après en avoir pris plein les yeux, les autres sens sont un peu restés sur leur faim…
Régulièrement encensé par la presse spécialisée la cuvée du domaine de Fondrèche s’est montrée assez décevante ce soir : certes, il y a du vin dans le verre mais le minimum de plaisir escompté lorsqu’on sirote un rosé est loin d’être atteint.


Bon, on ne va pas se mentir, cette sélection de rosés méridionaux ne laissera pas un souvenir impérissable dans l’histoire du club AOC !

Nous avons goûté des vins dont les expressions aromatiques manquaient souvent de spontanéité et de gourmandise et dont les présences en bouche ne révélaient pas cette générosité suave et digeste qu’on espère trouver quand on déguste un grand rosé.
Ceci dit, je suis sûr que beaucoup de vins de cette soirée auraient mérité quelques années de garde supplémentaires – ou peut-être un passage en carafe – pour se montrer sous un jour meilleur mais il n’en reste pas moins vrai que le niveau d’ensemble de cette sélection de rosés méridionaux a été globalement décevant.

Malgré tout, je voudrais citer deux bouteilles qui pour moi sont un peu sorties du lot : le Bandol 20165 du domaine de la Suffrene, probablement le plus grand vin de la soirée (bu bien trop jeune, hélas !) et le Pic Saint Loup 2016 du domaine La Roque, une friandise tout à fait réjouissante qui a égayé cette série bien trop sérieuse…d’autant plus que cette bouteille offre un rapport Q/P exceptionnel (8,50 euros départ propriété).

 

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