Dîner à la Taverne Alsacienne autour des grands vins du domaine Zind Humbrecht

Cette année encore le dîner autour des grands vins d’Alsace organisé par Thierry Meyer a lieu au restaurant « La Taverne Alsacienne » à Ingersheim, une très bonne table avec un chef qui sait recevoir et qui adore le vin (d’Alsace et d’ailleurs)…une adresse toujours incontournable pour tout oenophile qui se respecte.
Le dîner fait suite à une dégustation au domaine Zind-Humbrecht à laquelle je n’ai hélas pas pu participer – mais l’ami Stéphane a partagé un compte-rendu très complet sur cet évènement – et sera dédié exclusivement aux accords entre les grands vins de ce domaine et les mets imaginés et réalisés par les Guggenbuhl père et fils.
Après une rentrée plutôt calme, ce dîner de l’Œnothèque Alsace tombe à point nommé pour marquer la reprise de mes activités gourmandes.
Hoppla c’est parti !

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La nuit est tombée sur Ingersheim mais il y a de la lumière dans la Taverne…allons-y !

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La salle du restaurant est prête pour accueillir les convives.

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Discours de bienvenue et présentation du dîner par maître Thierry…mes papilles commencent à frétiller !!!


Pour l’apéritif :

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En guise de mise en bouche : un espuma de foie gras sur lit de mangue et un blini au saumon

Vin de France Zind 2007 : nez bien frais qui développe un registre aromatique un peu « chablisien », notes de craie et de sardine sur un fond iodé, matière riche et solidement tendue en bouche, finale ciselée avec un sillage minéral prononcé.
Muscat G.C. Goldert 2005 : nez assez discret, notes végétales nobles sur un fond balsamique (résine, menthe verte), matière longiligne dégageant une belle énergie, équilibre très droit, finale longue et digeste.

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Réalisé à partir d’un assemblage de chardonnay et de pinot auxerrois récoltés sur le Clos Windsbuhl, la cuvée Zind 2007 m’a vraiment bluffé par sa force expressive et sa fraîcheur incroyable. Pour ce qui est des accords, ce vin a réussi à résister aux puissants arômes du saumon mais a rendu les armes en finale face à la suavité de la verrine au foie gras qui a fini par dominer la finale.
Même s’il est un peu marqué par son âge sur le plan aromatique, le muscat Grand Cru qui a gardé une très belle énergie réussit à briller sur les deux amuse-bouches : accord évident sur le saumon et rencontre très sensuelle avec la verrine qui a laissé en bouche un sillage très harmonieux sur la brioche au beurre. MIAM !


Premier plat : velouté de potimarron aux cèpes, œuf basse température et espuma de châtaignes.

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Pinot Gris Rotenberg 2008 : expression aromatique assez proche du Zind mais avec quelques nuances fumées en plus, bouche opulente avec un joli gras, salinité intense en finale.
Pinot Gris Clos Windsbuhl 1999 : olfaction classique mais très agréable sur les céréales et la paille évoluant vers de belles nuances de sous-bois, bouche riche et onctueuse, jouant avec une grande délicatesse sur un registre à la fois moelleux et sapide, rebond aromatique très expressif en finale.

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Le premier plat de ce repas nous emmène dans un monde de douceur et de volupté riche en saveurs automnales et comme on pouvait s’y attendre les deux pinots gris y ont joué en terrain conquis.
La cuvée née sur le terroir du Rotenberg révèle une salinité prononcée que cette préparation douce et généreuse met particulièrement en évidence : le vin tranche avec plat mais la relation reste équilibrée et très gourmande.
La cuvée issue du Clos Windsbuhl, plus riche et plus expressive arrive à créer une parfaite harmonie tant sur le plan aromatique que sur celui de la texture : le vin enveloppe le plat pour réaliser un accord majeur à l’unisson.

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Monsieur Léonard semble apprécier cette soirée…

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…comme son petit-fils Pierre-Emile qui a assuré l’accueil du groupe au domaine pour la dégustation de l’après-midi


Deuxième plat : turbot rôti, butternut confit à l’huile de coco, citron vert, pak choï et émulsion de langoustine.

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Riesling Clos Windsbuhl 2005 : nez noble et discret, notes de miel et d’écorce d’agrumes confite, matière dense et puissante, finale vibrante avec une présence minérale racée.
Riesling G.C. Rangen-Clos Saint Urbain 2001 : nez frais avec une minéralité très expressive, notes pierreuses et fumées, matière ample, texture épaisse, équilibre bien droit, finale solidement tendue avec des amers salivants et un long sillage fumé.

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Cette assiette aux saveurs très suaves relevées par la délicate amertume du chou Pak Choï a trouvé deux partenaires de choix pour des épousailles gustatives très réussies.
Avec sa droiture qui lui donne un style très monacal le Windsbuhl 2005 répond de façon très équilibrée à la douceur du plat : ses arômes gagnent en fraîcheur et en précision et ses amers minéraux prennent beaucoup relief en finale.
Comme on pouvait s’y attendre, le riesling du Rangen parvient à réaliser un accord d’une grande complexité avec le plat…mais au bout du compte, ce vin exceptionnel montre vraiment sa force en conservant le monopole du palais en finale.


Avant de passer au plat suivant nous avons droit à une première bouteille surprise offerte par le domaine Zind-Humbrecht (c’est un magnum sans étiquette) : nez évolué mais très frais, notes d’herbes sèches et de chlorophylle sur un fond finement musqué, matière élégante avec un équilibre bien sec, petit creux en milieu de bouche mais rebond très énergique en finale, belle longueur aromatique et grande sapidité.
L’expression aromatique évoque un muscat d’un certain âge mais la structure en bouche porte la marque d’un riesling bien né. Malgré une olfaction qui trahit une certaine évolution, la bouche reste d’une jeunesse remarquable…je ne reconnais pas vraiment l’origine mais je suis certain qu’on est face à un vin issu d’un grand terroir.
Solution : c’est un Riesling G.C. Rangen-Clos Saint Urbain 1985


Troisième plat : sélection de fromages de Jacky Quesnot

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Gewurztraminer G.C. Hengst 2000 : nez expressif et complexe, palette fruitée bien mûre sur fond d’épices douces, matière volumineuse et concentrée, équilibre riche, présence très envahissante, amers minéraux en finale, long sillage torréfié/épicé.
Riesling G.C. Brand V.T. 2004 : olfaction intense, marquée par la surmaturité, notes de raisin de Corinthe et de prune à l’eau de vie, matière très concentrée en bouche tendue par une acidité encore bien vive, finale longue et digeste avec de belles nuances grillées/épicées.

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Ces deux vins d’âge respectable se sont livrés sans faux semblants en développant des palettes aromatiques très intenses tout en montrant une énergie impressionnante en bouche.
Face à trois fromages très typés et affinés à la perfection par le maître fromager colmarien leurs réactions ont été assez différentes.
Le gewurztraminer a apprécié la présence du comté qui lui a permis d’amplifier ses arômes floraux et épicés alors que le riesling n’a pas très bien réagi aux puissants effluves fermiers du fromage.
Contrairement à mes attentes, le bleu n’a pas aimé le contact avec le gewurztraminer : le fromage a écrasé le vin en laissant un sillage amer peu agréable en bouche. Par contre, le riesling a surpris son monde en réalisant très bel accord avec cette pâte persillée qui a rehaussé ses belles saveurs fruitées.
Le vacherin dégusté dans sa phase optimale a fait l’unanimité en réalisant des accords magistraux avec les deux vins…ce fromage serait-il une forme de « receveur universel » pour les grands blancs alsaciens ?


Le dessert : tarte chaude aux figues et glace à la cannelle

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Pinot Gris Rotenberg V.T. 1998 : nez flatteur et complexe, notes d’agrumes bien mûrs, d’épices douces et de vanille, attaque bien vive en bouche, matière concentrée et structure d’une rondeur confortable, finale sapide grâce à un très beau retour minéral.
Gewurztraminer Herrenweg-Vieilles Vignes S.G.N. 2008 : nez très riche et très mûr, notes d’amandes grillées et d’épices douces, matière dense, liqueur de grande qualité qui développe des arômes complexes et suaves, finale intense mais parfaitement digeste.

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Ce dessert aux saveurs délicates a été un partenaire de choix qui a établi très facilement sa relation gourmande avec ces deux grands vins : la douceur du pinot gris (80g de SR) et l’onctuosité du gewurztraminer (150g de SR) se sont fondues au contact de la tarte aux figues pendant que la glace à la cannelle réveillait les expressions épicées de ces jus vraiment exceptionnels…le bonheur total !

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De gauche à droite : V.T. 1998 et S.G.N. 2008


Pour terminer ce repas en beauté Pierre-Emile Humbrecht nous propose un second magnum que nous dégustons également à l’aveugle : olfaction discrète mais d’une très grande complexité, notes de coing frais, de prune et d’abricot sec sur un fond de vanille et d’épices douces, matière très généreuse en bouche, texture épaisse, presque huileuse, acidité puissante et omniprésente, finale tonique et bien glissante, retour aromatique d’une longueur exceptionnelle.
Le registre aromatique de ce bel inconnu m’a fait penser de but en blanc à un pinot gris mais en considérant la force de sa structure acide/minérale j’ai eu la certitude d’avoir affaire à un grand riesling…encore raté parce que c’est un Pinot Gris Clos Jebsal S.G.N.1996
Issu d’un millésime réputé pour avoir engendré des vins avec des trames acides très virulentes, ce vin à la fois opulent, brillant et sapide est parfait pour terminer ce dîner en apothéose. MIAM !!!!

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Non, ce n’est pas un cognac mais un pinot gris 1996 du Clos Jebsal


La famille Zind-Humbrecht a entrepris une démarche d’exigence qualitative dès la fin des années 50 en inscrivant durablement celle culture de l’excellence dans la tradition du domaine.
Leurs vins se placent depuis longtemps au sommet de la pyramide qualitative alsacienne et ce ne sont pas les magnifiques bouteilles servies ce soir qui vont mettre en question cette reconnaissance amplement méritée.
Pour tenir tête à ces grosses cylindrées, Thierry Meyer a sollicité le jeune chef Alexandre Guggenbuhl qui a réalisé un menu sans faute à l’occasion de sa première prestation pour l’Oenothèque Alsace.
Nous connaissions le talent du papa qui nous a régalé à de nombreuses occasions et ce soir nous avons pu vérifier que le fiston avait vraiment de qui tenir…Bravo les chefs !!!

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Derniers commentaires sur ce dîner avec Alexandre Guggenbuhl et Thierry.

Pour faire court : on a bu de grands vins, on a dégusté des mets savoureux et on a pu apprécier de fabuleux mariages gastronomiques

Pour faire encore plus court : on s’est vraiment régalés !

Mille mercis à Thierry de continuer à nous proposer ces magnifiques expériences gustatives et bravo à tous ceux qui ont œuvré pour la réussite de ce dîner.

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Les vedettes de la soirée alignées sur le bar de la « Taverne Alsacienne »



NB : si vous voulez lire d'autres commentaires et voir des photos de meilleure qualité rendez vous sur le blog de Stéphane.

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