Châteauneuf du Pape 2011

Le chateau 1

Lors de ma dernière escapade sur Châteauneuf du Pape, j’ai discuté avec Philippe Bravay du domaine Ferrand des derniers millésimes produits. Nous sommes tombés d’accord pour dire que 2005 est le dernier très grand millésime et qu’il allait traverser le temps de façon impériale. Mais quel millésime assez récent boire en ce moment ? Là encore, il nous a semblé d’un commun accord que 2011 est un millésime qui goûtait pas mal en ce moment. Dont acte, j’ai ouvert au fil des repas les quelques bouteilles de ce millésime que j’avais en cave.

Bois de Boursan 2011 : un peu réduit à l’ouverture, un temps d’aération lui fait le plus grand bien. Il pète le fruit à noyau, la cerise, souligné par les herbes de Provence et en fond de verre une note épicé prononcée. La bouche est fraîche, mentholée, avec même une légère touche végétale. La seule chose qui me gêne, c’est ce fond de verre, un peu cacahuète… j’ai l’impression que le vin est sur un fil et pourrait basculer du côté obscur. A revoir donc…
J’ai été client du domaine longtemps et les derniers millésimes m’ont semblé plus instables, moins maitrisés en tout cas. C’est peut-être juste une impression et j’essaierai de goûter 2015/2016 pour me faire une idée.

Domaine de Ferrand 2011 : très expressif à l’ouverture, fruits noirs, épices, poivre noir avec une jolie touche florale. Le vin est riche, gorgé de soleil, très glycériné avec heureusement une pointe d’acidité qui vient tenir le tout pour qu’il ne tombe pas dans le compoté. J’ai une sensation de tanins un peu sucrés qui n’est pas désagréable mais qui me fait préférer d’autres millésimes plus équilibrés.
Je sais que Philippe Bravay préfère quand ses vins ont un peu plus de tension, d’équilibre mais compte tenu du millésime pas facile, c’est pas mal du tout.

Domaine Charvin 2011 : là pour le coup, c’est une explosion de cerise, et même crème de cerise (hmmm la crème de cerise de Joannet !!!) avec comme souvent dans les vins de Laurent, cette touche fraîche, végétale, de vendange entière. On retrouve tous ces composants en bouche mais avec je trouve une pointe d’alcool qui remonte et des tanins encore bien serrés. Le fond de verre sur le cacao est assez agréable.
Les vins du domaine demandent souvent du temps pour se faire et pourtant, quand je les goûte sur cuves, ils sont très expressifs, très démonstratifs. Ce millésime demandera encore 4/5 ans pour être sur son plateau il me semble.

Domaine Fontavin 2011 : assez peu coloré, avec là encore un joli nez de cerise, de la pâte d’amande, des herbes de Provence rôties (comme sur mon poulet au four !) et une pointe plus animale. La bouche est moins avenante, serrée et même avec un peu d’astringence. Là aussi, on sent une pointe d’alcool qui remonte et chauffe un peu. Le vin n’est pas en place
Encore une fois, on sent que l’équilibre n’est pas au rendez-vous, voire même pour le coup un peu dissocié. Il faut attendre pour voir si tous les éléments pourront se mettre en place mais jeune il goûtait assez bien.

Domaine Eddie Ferraud 2011 : La cerise, fil conducteur de cette dégustation, s’est muée un peu en kirsch voire même sur la confiture (il faut que je refasse de la confiture de cerise !) et même sur la soupe de cerise, celle que l’on fait avec des épices comme la cannelle, le clou de girofle, la badiane…. c’est pour tout dire très sensuel ! La bouche est au diapason avec une pointe suave qui remonte et vous fait saliver. La matière est belle, avec une légère amertume typée agrumes. C’est long, c’est bon et à mon avis, une garde de 4/5 ans encore va l’élever à un très beau Châteauneuf.
Tous derrière et lui devant ! Je l’avais bien goûté à sa naissance mais là il est monté d’un cran encore pour nous régaler. Une des très belles bouteilles bue du domaine que je suis depuis 2003 si ma mémoire est bonne.

Bouteilles 1

On ne se fait pas une idée précise d’un millésime sur 5 vins évidemment, mais on a un fil conducteur. Un joli nez marqué quasi tous par la cerise mais en bouche le ressenti d’un manque d’équilibre, avec des tanins accrocheurs et une pointe d’alcool qui remonte. Je pense que l’on peut gagner à garder encore un peu mais il est clair que nous ne sommes pas sur un beau millésime à Châteauneuf.

Tiens une petite échelle des millésimes tels que je les ai goûtés…

1998 : très solaire, au fil du temps plus de déceptions que de réelles satisfactions
1999 : pas médiatisé mais un joli millésime avec souvent de bons équilibres et qui garde bien
2000 : très médiatisé mais à l’arrivée c’est sans plus…
2001 : quand j’ai goûté en élevage, je pensais à un très bon puis j’ai été déçu de son évolution
2002 : une histoire d’eau dans laquelle ont surnagé quelques vins pas inintéressants
2003 : très solaire, des vins hauts en couleurs mais certains avec le temps ont pu se bonifier
2004 :  gros stress hydrique, on a souvent des vins secs, les vieilles vignes s’en sortent pas trop mal
2005 : tout en haut avec des équilibres majeurs
2006 : un joli millésime qui sans faire de bruit traverse plutôt bien le temps
2007 : très solaire mais pas que… 10 ans après, on va pouvoir se faire plaisir je pense avec pas mal
2008 : sauvé in extremis de la catastrophe, on a mine de rien des vins sympas avec moins d’alcool
2009 : un mystère que je n’arrive pas à percer… fermé !
2010 : de belles structures qui demanderont du temps pour se délier
2011 : un manque d’équilibre
2012 : plutôt bien réussi avec des vins de garde
2013 : pas toujours facile
2014 : pas simple non plus mais quelques vins avenants dans leur jeunesse
2015 : solaire mais là encore pas que ….. à suivre pour les vins qui sortent petit à petit
2016 ?.....trop tôt évidemment mais…je le sens bien celui là…

 

Cyril Amelin - janvier 2018

 

Ajouter un commentaire

Anti-spam