Séjour sur la Côte Vermeille 2018 - Des vins et une vinaigrerie

Un de mes plus grands plaisirs est d’aller, à l’invitation de ma vinaigrière préférée, passer du temps à la vinaigrerie de la Guinelle. Plaisir des ballades tout autour, entre mer et montagne, arpenter cette terre de schiste, terre de caractère. L’occasion aussi de cuisiner des produits catalans et de goûter les vins du crû et ou d’accompagner les mets avec des vins que j’aime boire par ailleurs. Encore une fois, le plaisir était au rendez vous !

Terroirs du Roussillon

Brutal d’Axel Prufer : désormais, pas mal de vignerons « nature » font ce style de rosé un peu dans la veine de l’Anglore à Tavel ou de la fameuse Canta Manana d’Alain Castex. Entre floral et agrumes, pamplemousse, c’est frais, désaltérant, pas prise de tête au sens propre comme au sens figuré, sans trop d’alcool.
A l’apéro c’est ludique et agréable.

Corbières La Bégou 2015 – Maxime Magnon : depuis un bout de temps, je n’avais pas goûté cette cuvée. C’est délicieux ! On a juste encore un peu d’élevage mais le vin délivré est pur, sur de belles notes de poire blanche, juteux, tonique, très vivant avec une grande longueur en bouche.
Grand blanc du sud ! Je devrais suivre cette cuvée de façon plus assidue !

Côtes du Roussillon Villages Les Millières 2016 – Domaine Gardiès : un jus sombre qui développe des senteurs de mûre fraîche, de poivre, de laurier.
Un vin très jeune, encore ferme, dynamique qui demandera 2/3 ans pour se fondre.

Côtes du Vivarais La Syrare 2015 – Domaine Gallety : marqué par des senteurs de syrah mûre, très sudiste, tapenade avec en second rideau des senteurs de laurier frais qui lui donne une touche végétale, très fraîche, presque mentholée.
Cette cuvée qui a longtemps été virile, compacte, est sur ce millésime, délicate, déliée avec juste des tanins qui encore un peu accrocheurs. J’aimerais bien en suivre l’évolution…

IGP Côtes Catalanes Vin du Fenouillèdes Le Soula 2012 – G. Gauby et associés : j’avais bu dernièrement cette cuvée sur 2010, un vin majeur ! Il l’est moins sur 2012 avec un élevage qui marque plus le vin, l’alcool qui remonte un peu et moins d’équilibre général.
L’ensemble reste bon avec des jolies notes de poire et de poivre blanc.

VDF La Petite Baigneuse-Les Loustics 2014 : très typé vin nature sans franchir la ligne jaune…Alors çà pétille un peu, c’est acidulé, à l’aveugle on dit « Nature ! » sans savoir d’où le vin pourrait provenir mais l’ensemble est pas mal sauf cette impression de rafle pas mûre sur la finale qui m’a dérangé.

Côtes du Roussillon Villages Le Clos des Vignes 2011 – Domaine Gardiès : le blanc 2011 était très bon le rouge l’est aussi maintenant. Bien fondu, très typé cerise, amaretto, fruits à noyau, poivre noir. On a un très joli toucher de bouche, des tanins soyeux. A mon sens, le vin n’est pas arrivé encore sur son plateau de maturité.
A l’aveugle je serais sans doute parti sur un Châteauneuf.

Collioure L’Argile 2010 – Domaine de la Rectorie : je n’ai pas beaucoup loupé de millésime depuis 1999 de cette cuvée. Les caves du Roussillon de Ports Vendres ont bien fait de garder des millésimes plus anciens, ce qui m’a permis de boire à nouveau ce 2010 avec des senteurs un peu encaustiques, de cire d’abeille accompagnées d’orange amère. Le vin n’a pas fini son évolution, le terroir est en train de manger le gras du vin et de l’étirer. J’aime beaucoup cette belle amertume sur la finale.
Je devrais garder un peu plus certains blancs de ce secteur…

Pouilly Vinzelles Les Quarts 2015 – Domaine de la Soufrandière : j’avais emmené cette bouteille dans le garde-manger pour pouvoir l’accompagner d’un joli met. On l’a simplement bu avec un boudin blanc catalan et c’était magnifique ! On balance entre richesse et gourmandise et même sur ce millésime si solaire, le terroir reprend déjà le dessus avec une belle minéralité qui structure l’ensemble. C’est délicieux et il va être très difficile de laisser vieillir ses copines tant le vin se livre dès maintenant !

Collioure Schistes 2016 – Domaine de la Coume del Mas : une cuvée de référence pour moi, un indicateur du millésime souvent. On balance entre fruits noirs et note florale, entre richesse et une rétro très caillou, typique du terroir de schistes. La bouche est pleine, gourmande, on peut attendre quelques années sans problème.

A chaque fois j’en profite pour faire une dégustation de tous les vinaigres de la Guinelle. J’ai essayé une fois de vous faire un compte rendu mais c’est difficile de traduire un ressenti sans avoir les mots à mettre en face ! Toute la gamme est superbe et cette année un « petit » nouveau m’a scotché au plafond ! Le vinaigre de muscat petits grains surmûris. On tutoie les étoiles, c’est un voyage de saveurs et de sensations avec une montagne d’idée de plats qui vous montent à la tête !!! Encore de bons moments à venir…

Cyril Amelin - mars 2018