Dégustation au domaine Klipfel à Barr : vieux millésimes VS vins plus jeunes

Après une journée de prérentrée toujours aussi « passionnante », cette petite dégustation matinale au domaine Klipfel ne pouvait pas mieux tomber pour m’offrir une belle fin de vacances.

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Un samedi d’été à Barr avec vue sur le coteau du Kirchberg…

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…et des rues pavées avec les premiers promeneurs du jour.

Organisée au sein de cette maison emblématique de Barr, cette dégustation nous invitait à faire un petit voyage dans l’histoire vinique alsacienne à travers quelques duels amicaux entre des vins jeunes et des flacons d’âge mémorable prélevés dans la cave du domaine Klipfel.
On est samedi, il fait toujours très beau, mes élèves ne font leur rentrée que lundi et je sais que l’œnothèque de la famille Klipfel contient quelques jolies pépites.
Hoppla, c’est parti !

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La maison Klipfel à Barr

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Le caveau traditionnel du domaine…

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…avec le pressoir historique et la vitrine présentant les bouteilles de la collection Klipfel.

Cette séance de dégustation animée par Yvan Furstoss, va nous permettre de découvrir 5 doublettes de vins du domaine Klipfel servis à l’aveugle : un vin jeune présenté dans une bouteille anonymée et un vin vieux qui a été mis en carafe 2 heures avant le service.

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La table est préparée pour la séance de dégustation…

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…avec des outils de grande qualité.

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La séance débute avec Yvan Furstoss au service.

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Le vin jeune est présenté en bouteille anonymée…


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…et le vin vieux est servi en carafe.


Sylvaner Côte de Barr 2016 : nez frais et engageant, notes d’herbes à tisane fraîches sur un fond citronné, bouche très agréable, matière souple, balance gustative bien équilibrée, finale saline et appétante.
Sylvaner Grande Réserve 1959 : nez évolué mais très agréable, palette empyreumatique sur le caramel et la croûte de pain grillée, matière ample et très gourmande, acidité bien en place et salinité marquée en finale.

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L’expression olfactive du premier vin (le jeune) m’a fait penser immédiatement à un riesling mais une fois en bouche, la légèreté de sa matière et la souplesse de sa ligne acide m’a vite réorienté vers un sylvaner.
Ceci dit, lorsque j’ai dégusté le second vin et que Yann Furstoss nous a annoncé qu’il était issu du même cépage, j’ai eu un gros doute : je ne pensais vraiment pas qu’un sylvaner dont je pressentais l’âge vénérable – mais je n’aurais jamais pensé qu’il avait presque 60 ans – puisse montrer encore autant de complexité et d’énergie.
Né sur un coteau versant à l’est situé dans le prolongement du Grand Cru Kirchberg de Barr, cette cuvée de sylvaner absolument magnifique commence la série en m’administrant une claque retentissante. WAOUHHH !


Muscat Grand Cru Kirchberg de Barr 2015 : nez intense et bien ouvert, palette florale et délicatement musquée, matière gourmande et parfaitement équilibrée en bouche, finale aromatique bien glissante, rafraîchie par une petite présence acidulée très guillerette.
Muscat Grande Réserve 1959 : nez expressif et complexe, notes de menthe fraîche et de sésame grillé sur un fond floral délicat, matière ample et charnue en bouche, finale salivante avec de très beaux amers minéraux.

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La deuxième doublette est nettement moins mystérieuse que la première car les deux vins servis par Yann Fustoss récitent avec une grande précision le message aromatique de leur cépage d’origine.
Le 2015 est un séducteur qui révèle une jolie profondeur structurelle en bouche alors que le 1959 – encore un ! – possède toutes les qualités d’un vieux muscat avec une palette d’une beauté diabolique et une présence en bouche étonnante de plénitude.
Et hop…une deuxième claque !!!


Riesling Grand Cru Kastelberg 2014 : nez discret qui s’ouvre sur des notes de silex avant de délivrer de timides arômes fruités (citron, bergamote), attaque en bouche très virile avec une acidité vive et immédiate, matière généreuse qui impose progressivement sa douceur (on devine même une légère sucrosité), finale sapide avec un long sillage citronné et minéral.
Riesling Côtes de Barr 1970 : nez un poil fatigué avec une palette sur les céréales torréfiées et la craie sur un fond légèrement oxydatif, bouche très austère avec un équilibre sec, des tanins assez durs et une amertume tenace, belles notes crayeuses en finale.

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Bon, on ne va pas se mentir, la doublette suivante nous fait un peu redescendre sur terre avec un riesling Kastelberg 2014 d’un très bon niveau mais qui demandera encore un peu de garde pour révéler pleinement la trame minérale qui signe ce grand terroir alsacien et un riesling Côtes de Barr 1970 vraiment en bout de course.
Ce troisième duel entre deux vins issus d’un cépage que j’aime par-dessus tout m’a un peu déçu…dommage !

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Le maître de cérémonie qui sert le riesling 1970.


Petite parenthèse dans la série :

Riesling Grand Cru Kirchberg de Barr 2015 : nez charmeur et bien mûr, palette très exotique sur l’ananas frais, la carambole et le citron confit, matière opulente en bouche avec un petit grip tannique stimulant, finale longue sur les fruits mûrs et la poudre de craie.
Voilà un riesling particulièrement expressif et gourmand qui ne manquera pas de déstabiliser les puristes mais qui trouvera son public chez les adeptes des plaisirs simples et immédiats.
Ce beau vin ouvert et accessible est conçu pour séduire…et il faut bien reconnaître qu’il y arrive avec une facilité déconcertante. MIAM !


Pinot Gris Grand Cru Kirchberg de Barr-Hospices de Strasbourg 2014 : nez très discret sur les fruits blanc frais et une fine touche fumée, matière longiligne, équilibre assez sec, finale appétante avec un sillage très agréable sur le bois de réglisse.
Pinot Gris Freiberg-Sigille Confrérie Saint Etienne 1986 : nez séduisant avec une palette complexe sur le miel de sapin et le sous-bois avec de délicates nuances grillées, matière assez consistante mais équilibre droit, très austère, finale un peu fuyante avec une légère touche oxydative.

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Ces deux pinots gris assez classiques ont montré un niveau de qualité honnête sans pour autant nous faire vibrer.
La cuvée 2014 élevée dans la grande cave des Hospices de Strasbourg s’exprime avec une certaine retenue mais je ne suis pas sûr que cette bouteille dispose d’un très grand potentiel pour évoluer favorablement dans le temps…ceci dit, j’espère me tromper !
La cuvée issue du Freiberg porte encore assez bien ses 32 ans mais ne présente pas non plus un profil très avenant…toutefois, je pense que cette bouteille pourrait bien se tenir face à un plateau de fromages jurassiens, comté, mont-d’or et consorts.


Pinot Gris Grand Cru Kirchberg de Barr 2011 : nez bien typé, notes fumées lardées très marquées sur un fond de fruits jaunes frais, matière opulente, structure large, acidité bien en place, finale longuement aromatique mais avec une pointe de chaleur un peu excessive.
Ce pinot gris du Kirchberg débouché par Yann Furstoss pour nous faire oublier la petite déception occasionnée par la doublette précédente, n’a vraiment pas démérité : certes, il est un peu trop riche – comme bien des 2011 d’ailleurs – mais son expression actuelle est très charmeuse et ses perspectives d’évolution me semblent très encourageantes…à revoir dans 5 ans ou plus !


Gewurztraminer Grand Cru Kirchberg de Barr-Clos Zisser 2010 : nez bien ouvert, palette raffinée et complexe avec des arômes floraux d’une grande subtilité (aubépine, mauve, violette) et des notes d’épices douces, matière ample et concentrée, équilibre bien vif, finale élégante et très digeste.
Gewurztraminer Clos Zisser 1971 : nez discret et bien complexe, notes d’épices et belles nuances grillées, matière dense, charnue et parfaitement équilibrée en bouche, finale d’une longueur incroyable avec un sillage aromatique intense (presque violent) sur la réglisse et le poivre noir.

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Le gewurztraminer 71 dans sa carafe.

Le clos Zisser est une parcelle de 4 hectares située sur le coteau classé du Grand Cru Kirchberg et le domaine Klipfel l’exploite en monopole pour y produire de remarquables gewurztraminers comme ce 2010 d’une parfaite élégance et ce 1971qui a subjugué l’assemblée par son aromatique raffinée et sa présence en bouche d’une intensité rare….quel vin mes amis !

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Le casting complet des jeunes…

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…et des vieux en bouteilles…

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…ou en carafe (l’ordre est respecté de gauche à droite)


L'heure de l’apéritif ayant bien sonné, notre hôte nous propose quelques bouchées pour accompagner les vins du jour.

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La table est bien garnie…

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…et ma petite assiette apéritive a fière allure.


A la demande générale, Yvan Furstoss repart en direction de l’œnothèque Klipfel pour aller quérir 2 flacons pour arroser notre petit apéritif : ce sera un sylvaner 59 et un gewurztraminer 71…rien que ça !

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Débouchage du sylvaner 59 : une opération très périlleuse…

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…bien maîtrisé par Yvan Furstoss.

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Mise en carafe du sylvaner 59 : la couleur trahit un degré d’évolution supérieur…ce que la dégustation ne manquera pas de confirmer.


Pour mettre un point final gourmand à cette matinée nous sommes invités à déguster une petite douceur :

Gewurztraminer S.G.N. 2007 : nez exubérant et charmeur, notes de vanille, de framboise écrasée et d’épices douces, liqueur dense et suave, équilibre riche, finale bien digeste avec un sillage très agréable mais assez curieux sur les petits fruits rouges et les épices.

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Cette cuvée liquoreuse qui nous donne un récital aromatique vraiment spectaculaire tout en développant une matière riche concentrée est une S.G.N. de très bon niveau taillée pour défier les décennies à venir mais déjà très accessible aujourd’hui.
Voilà un joli bouquet final pour ce feu d’artifice gustatif signé Klipfel. MIAM !


Comme tout amateur de vins d’Alsace qui se respecte je savais que la cave du domaine Klipfel abritait une incroyable collection de vieux flacons (je crois que le plus vieux millésime est 1921) mais je n’avais encore jamais eu l’occasion de déguster l’une ce ces pépites historiques jusqu’à aujourd’hui.
Mille mercis à Yvan Furstoss d’avoir organisé cette superbe dégustation qui m’a permis de combler cette lacune.

Les vins jeunes signés Klipfel m’ont fait une fort belle impression avec des caractères bien dessinés et de réelles potentialités pour évoluer favorablement durant quelques années.
En ce qui concerne les coups de cœur du jour, je choisirai sans hésiter le muscat 2015 et le gewurztraminer 2010 : nés tous deux sur le Grand Cru Kirchberg, ces vins à la fois séduisante et profonds prouvent que ce coteau qui domine la ville de Barr est un terroir béni pour les cépages aromatiques.
En ce qui concerne les vins d’âge respectable – voire canonique pour certains – j’ai été vraiment impressionné par leur présence au nez et en bouche encore pleine de vie et de jeunesse.
Certes le riesling 70 et le pinot gris 86 avaient déjà glissé bien loin sur la pente du déclin mais le sylvaner 1959, le muscat 1959 et le gewurztraminer 1971 m’ont littéralement scotché sur ma chaise : avec près de 60 ans pour les premiers et plus de 45 pour le suivant, ces trois vins ont été impressionnants d’équilibre et de fraîcheur…mais qui peut encore penser que les grands vins d’Alsace ne peuvent pas vieillir !
Si le sylvaner 59 et le gewurztraminer 71 ont suscité du respect et de l’admiration ce fut le muscat 1959 qui m’a le plus profondément ému…et à qui j’attribuerai sans aucune hésitation mon coup de cœur absolu du jour.

Voilà une séquence de dégustation mémorable qui je l’espère sera reconduite car il me semble qu’il y a encore quelques belles bouteilles à découvrir dans la cave de la maison Klipfel.

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