Journée Portes Ouvertes au domaine Emile Beyer à Eguisheim

Après une participation à la journée Portes Ouvertes pour les clients particuliers en 2018, mon emploi du temps de cette année m’a permis de trouver une petite fenêtre de quelques heures pour aller du côté d’Eguisheim et profiter de l’opération « Portes Ouvertes » réservées aux professionnels organisée par Christian et Valérie Beyer.
Hoppla, c’est parti !

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L’entrée de la nouvelle cave du domaine Beyer

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La table d’accueil avec les verres et le livre de Philippe Beyer : un ouvrage remarquable qui vient de paraître et qui nous raconte l’histoire d’Eguisheim et de ses terroirs viticoles.

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Le circuit de dégustation commence par les cuvées « Tradition » et « Eguisheim »…

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…pour terminer par les crémants et les cuvées « Grands Crus » et « Lieux-dits ».

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Pour combler un petit creux ou se refaire les papilles, il y a également tout qu’il faut…

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…avec de superbes bouchées réalisées par les chefs du « Chambard » et de « La Maison Rouge »…

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…et des propositions d’accords gustatifs avec quelques vins du domaine Beyer.

Plus d’une trentaine de cuvées sont proposées à la dégustation avec principalement des vins de 2017 et 2018.
Allez, on goûte !

Sylvaner Tradition 2018 : nez ouvert et très agréable, notes de raisins frais et de miel de fleurs, sec et bien droit en bouche, finale nette et sapide.
(13° – 3,4 g/l SR – 4,3 g/l H2SO4 – terroir : marno-calcaire)
Pinot Blanc Tradition 2018 : nez discret mais très pur, matière longiligne tenue par une acidité vive et droite, finale tonique et appétante.
(12° – 3,4 g/l SR – 1,7 g/l H2SO4 – terroir : marno-gréseux)
Riesling Tradition 2018 : olfaction ouverte et complexe, notes d’agrumes (citron, pamplemousse) sur un fond finement balsamique, bouche droite, ligne acide bien tendue, pointe saline sensible, finale salivante stimulée par de beaux amers.
(13° – 5,2 g/l SR – 4,2 g/l H2SO4 – terroir : marno-gréseux)

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Comme j’aime à le répéter, la dégustation des cuvées d’entrée de gamme d’un domaine donne de précieux indices sur la qualité et le sérieux du travail d’un vigneron et avec ces 3 cuvées remarquables d’équilibre et de précision, on peut envisager la suite de la dégustation avec confiance…nous allons avoir droit à une série de très belles quilles !


Pinot Noir Tradition 2018 : nez assez austère, notes de terre humide sur un fond fruité encore très discret, bouche juteuse avec de jolis arômes de cerise, finale nette et bien fraîche.
(13° – <2 g/l SR – 4,3 g/l H2SO4 – terroir : marno-gréseux)
Pinot Noir Tradition 2017 : expression olfactive ouverte arômes plus matures sur la cerise bien mûre, bouche charnue mais équilibre très droit, finale assez gouleyante.
(13° – <2 g/l SR – 3,8 g/l H2SO4 – terroir : marno-gréseux)

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Même si l’aromatique du 2018 est encore un peu troublée, les deux vins rouges de la gamme tradition se montrent équilibrés et sociables à souhait.
Voilà des bouteilles qui nous rappellent que le temps des pique-nique et des barbecues approche…allez on encave sans hésiter !


Pinot Gris Tradition 2018 : robe trouble, nez fin et précis sur les fruits à pépins, bouche étirée, équilibre bien frais relevé par une présence saline qui commence à se faire sentir.
(Pas de données analytiques pour le moment – terroir : calcaire)
Pinot Gris Tradition 2017 : nez typé et très agréable, notes de fruits à chair blanche sur un fond délicatement fumé, matière longiligne, équilibre sec, finale tonique, sillage fruité et végétal très rafraîchissant.
(13°5 – 8,8 g/l SR – 3,4 g/l H2SO4 – terroir : calcaire)
Gewurztraminer Tradition 2018 : nez suave et flatteur, matière opulent en bouche, équilibre riche mais sans lourdeur, finale digeste.
(13°5 – 25 g/l SR – 2,6 g/l H2SO4 – terroir : marno-calcaire)
Gewurztraminer Tradition 2017 : olfaction ouverte et raffinée, palette florale complexe, bouche longiligne très élégante, finale très guillerette, belle sapidité.
(13°5 – 15,4 g/l SR – 3 g/l H2SO4 – terroir : marno-calcaire)

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Le quatuor de pinots gris et de gewurztraminers de la gamme « Tradition » avec les vins de 2018 habillées avec leurs nouvelles étiquettes.

Sur ces cuvées traditionnellement plus riches – et parfois un peu mollassonnes – Christian Beyer a réussi à trouver des équilibres parfaitement digestes tout en laissant s’exprimer le caractère fruité des cépages…bravo pour ce beau quatuor et coup de cœur pour le superbe pinot gris 2017.


Riesling Eguisheim 2018 : nez fin et complexe, notes d’agrumes frais et d’épices, bouche vive et déjà bien saline, finale fraîche et délicatement poivrée.
(Pas de données analytiques pour le moment – terroir : marno-calcaire)
Riesling Eguisheim 2017 : nez très fringuant, notes de citron frais et de zestes d’agrumes, attaque vive, matière bien tendue par une ligne acide longue et puissante, finale salivante avec de beaux amers minéraux.
(13° – 5,8 g/l SR – 4,2 g/l H2SO4 – terroir : marno-calcaire)
Muscat Eguisheim 2017 : nez assez austère, notes de groseille à maquereaux sur un fond un peu levurien, sec et droit en bouche, finale persistante mais un peu rustique.
(13° – <2 g/l SR – 3,7 g/l H2SO4 – terroir : marno-gréseux)

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Les deux rieslings « Eguisheim » remarquables de précision et d’énergie m’ont vite fait oublier la petite déception sur le muscat, visiblement pas encore bien en place à l’heure actuelle…cette gamme de vins qui rassemble une série de cuvées nées sur les coteaux autour d’Eguisheim est toujours aussi recommandable.


Pinot Noir Eguisheim 2017 : nez très agréable avec un fruité charmeur sur un fond boisé délicat, matière consistante, tanins très fins, équilibre droit, belle fraîcheur en finale.
(13° – <2 g/l SR – 3,4 g/l H2SO4 – terroir : argilo-calcaire)

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Un peu plus charpentée mais tout aussi séduisante que le pinot noir tradition, cette cuvée « Eguisheim » est déjà très accessible à l’heure actuelle et pourra se placer facilement à table sur des plats de viandes mijotées.


Pinot Gris Eguisheim 2017 : arômes empyreumatiques très intenses au nez (fumée, conduit de cheminée) complétées par de fines notes de sous-bois, matière charnue, équilibre bien droit, finale fraîche, retour aromatique fumé persistant.
(13°5 – 5,7 g/l SR – 4,1 g/l H2SO4 – terroir : marnes gréseuses)
Pinot Gris Eguisheim 2016 : nez bien vif, notes de citron et de groseille blanche sur un fond fumé très marqué, matière consistante tendue par une acidité solide, finale très saline, belle sapidité.
(12°8 – 8,5 g/l SR – 3,4 g/l H2SO4 – terroir : marnes gréseuses)
Gewurztraminer Eguisheim 2018 : expression olfactive raffinée et séduisante, palette florale complexe sur un fond légèrement réglissé, bouche suave et élégante, finale nette et parfaitement digeste.
(13° – 48 g/l SR – 3,1 g/l H2SO4 – terroir : marno-calcaire)
Gewurztraminer Eguisheim 2017 : nez ouvert et complexe, notes florales et épicées, bouche opulente et puissante, finale salivante avec un long sillage poivré.
(13° – 35 g/l SR – 2,5 g/l H2SO4 – terroir : marno-calcaire)

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Ces 4 cuvées de la gamme « Eguisheim » se situent dans la même ligne que ceux de la gamme « Tradition » avec des gewurztraminers suaves et digestes et des pinots gris droits et séveux, tout en révélant des matières plus profondes et des présences salines minérales plus intenses.
Coup de cœur pour le gewurztraminer 2018 déjà bien agréable à siroter mais avec un de belles perspectives d’évolution et pour le pinot gris 2016 remarquable d’élégance et doté d’un vrai potentiel gastronomique.


Crémant Blanc de Blancs : nez floral très séduisant, matière ample, bulle fine et nerveuse, équilibre bien sec, finale vive et appétante.
(12° – 4,2 g/l SR – 5,8 g/l H2SO4 – 80% pinot blanc + 20% riesling)
Crémant Brut Rosé : nez assez discret, bouche longiligne, bulle fine et acidité solidement tendue, finale un peu austère.
(12°5 – <2 g/l SR – 5,5 g/l H2SO4 – 100% pinot noir)
Crémant Cuvée Emile Victor 2013 : nez complexe et raffiné, notes de beurre frais et de petits fruits rouges frais, bouche charnue, arête acide mure mais bien droite, mousse très crémeuse, finale longue et sapide relevée par de beaux amers minéraux.
(11°5 – 4 g/l SR – 6,7 g/l H2SO4 – 40% pinot blanc + 40% chardonnay +20% pinot noir)

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La triplette de crémants dans leur vitrine réfrigérée.

Avec un blanc de blanc festif à souhait, un rosé qui trouvera facilement sa place à table et une cuvée haut de gamme qui fait penser à un beau champagne de terroir, cette triplette de crémants très complémentaires va nous permettre de faire pétiller la vie à de nombreuses occasions.


Riesling Saint Jacques 2018 : nez très complexe, notes d’agrumes et de fleurs des prés avec une belle minéralité en filigrane, matière ample équilibrée par une acidité mûre et bien tendue, finale longue, présence saline salivante.
(13° – 5,5 g/l SR – 3,9 g/l H2SO4 – terroir : marnes et éboulis gréseux)
Riesling Saint Jacques 2017 : nez plus discret mais toujours bien complexe, matière étirée, équilibre bien sec adouci par un joli gras, finale tendue et profondément minérale.
(13° – 2,3 g/l SR – 3,8 g/l H2SO4 – terroir : marnes et éboulis gréseux)
Riesling Grand Cru Pfersigberg 2018 : expression olfactive assez timide, notes de fruits blancs et de poudre de craie, bouche puissante, structure acide très solide, finale bien sapide avec une salinité intense et de beaux amers minéraux.
(13°5 – 3 g/l SR – 4 g/l H2SO4 – terroir : calcaire et marnes gréseuses)
Riesling Grand Cru Pfersigberg 2017 : nez retenu qui laisse deviner de belles fragrances florales, bouche élégante et racée avec une matière longiligne, un équilibre sec et une finale marquée par une présence minérale intense.
(13°5 – 5,4 g/l SR – 3,2 g/l H2SO4 – terroir : calcaire et marnes gréseuses)
Riesling Grand Cru Eichberg 2017 : nez ouverte et avenant, palette complexe sur les agrumes et les épices douces, jus concentré tenu par une acidité vive et longue, finale fraîche et salivante, long retour aromatique sur le pamplemousse, les zestes d’agrumes et le poivre blanc.
(13°5 – 3,5 g/l SR – 4,1 g/l H2SO4 – terroir : marnes, éboulis gréseux et argiles)

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Bon, inutile de s’attarder trop longuement sur le sujet des rieslings de terroir du domaine Beyer : qu’ils soient nés en 2017 ou en 2018, ce sont de très belles bouteilles tout simplement.
A la fois ciselés et salins, ces vins taillés pour la garde sont capables d’exprimer leur talent dès leur plus jeune âge et de combler aussi bien l’amateur collectionneur que le jouisseur impatient.


Pinot Noir Sundel 2017 : nez encore marqué par son élevage sous bois, notes lactées et fumées qui dominent un fruité pur et délicat, chair opulente en bouche, tanins fondants, finale droite et épicée.
(Pas de données analytiques pour le moment – terroir : calcaire et marnes gréseuses)

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Née sur le terroir calcaire du Sundel, la grande cuvée de rouge du domaine demandera encore un peu de patience pour intégrer pleinement son élevage mais brille déjà par une présence en bouche remarquable de gourmandise et d’élégance.


Pinot Gris Hohrain 2017 : nez discret, bouche assez massive soutenue par une belle trame minérale, finale longue, sapide et délicatement épicée.
(13°5 – 3,9 g/l SR – 3,9 g/l H2SO4 – terroir : argilo-calcaire)
Pinot Gris Hohrain 2016 : expression aromatique très réservée, présence en bouche qui fait penser au 2017, finale tendue avec des amers un peu plus marqués.
(13°5 – 5,5 g/l SR – 4,3 g/l H2SO4 – terroir : argilo-calcaire)

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Nés sur un coteau qui fait face au Sundel, les pinots gris du Hohrain nous montrent que ce cépage alsacien bien né et bien travaillé peut générer de très beaux vins, parfaitement capables de rivaliser avec de grands chardonnays bourguignons.
Encore bien trop jeunes pour donner toute la mesure de leur talent, ces deux vins révèlent d’ores et déjà un vrai potentiel gastronomique.


Gewurztraminer Grand Cru Pfersigberg 2018 : nez fin et complexe, bouche suave et très élégante, finale digeste avec un long sillage sur les épices douces.
(12°5 – 59 g/l SR – 2,9 g/l H2SO4 – terroir : calcaire et marnes gréseuses)
Gewurztraminer Grand Cru Pfersigberg 2017 : nez assez discret mais très vif, bouche musculeuse, finale longue et pleine d’énergie avec un beau sillage épicé.
(13°5 – 30,5 g/l SR – 2,4 g/l H2SO4 – terroir : calcaire et marnes gréseuses)

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Même si le substrat calcaire du Pfersigberg est considéré comme un allié naturel des grands rieslings, ces deux gewurztraminers pleins de gourmandise et de force minérale prouvent que ce cépage peut également nous offrir une très belle interprétation de ce grand terroir d’Eguisheim. MIAM !


Gewurztraminer Vendange Tardive 2018 : nez ouvert et intense, palette très raffinée sur les épices douces, bouche puissante avec une matière riche et consistante, finale digeste et appétante, sillage minéral et délicatement poivré.
Pinot Gris Vendange Tardive 2015 : nez très agréable, expression aromatique discrète mais bien complexe, bouche puissante avec un jus bien sirupeux et un beau développement aromatique, finale étirée qui laisse une belle impression de légèreté et de buvabilité.
Même si elles sont encore bien trop jeunes pour être appréciées à leur juste valeur, ces 2 cuvées révèlent la grande maîtrise du vigneron dans la conception des vins moelleux : des expressions aromatiques encore retenues mais d’une grande pureté, des matières à la fois riches et digestes et une buvabilité exemplaire. Chapeau l’artiste !

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Cristian Beyer au service


Pinot Gris Hohrain 2000 : nez riche et flatteur, notes de tarte tatin et de gelée de coing, bouche élégante, équilibre sec avec un très joli gras, finale nette et tendue avec des amers nobles et de belles nuances épicées.

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Riesling Grand Cru Pfersigberg 1993 : nez bien frais, notes camphrées et mentholées sur un fond minéral, bouche svelte très élégante, équilibre bien sec, finale bien tenue avec un sillage citronnée très stimulant.

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Gewurztraminer Grand Cru Pfersigberg 2011 : nez discret et raffiné, palette complexe sur les fruits exotiques et les épices, matière riche tenue par une acidité dynamique et structurante, finale sapide avec une persistance aromatique d’une longueur majuscule.

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S’il y a encore quelques amateurs qui pensent que les vins alsaciens ne se tiennent pas dans le temps, ces trois bouteilles sorties de la réserve de l’oenothèque familiale sont là pour prouver que les grandes cuvées du domaine Beyer disposent d’un potentiel de garde considérable.
Le superbe gewurztraminer de 2011 qui commence à peine sa phase de plénitude a probablement encore beaucoup de chose à raconter, le pinot gris 2000, magnifique de richesse et de complexité, est une caresse pour les papilles et le riesling qui a dépassé le quart de siècle réussit à nous bluffer par la fraîcheur de son expression aromatique et la vivacité presque juvénile de sa présence en bouche.

 

Pour conclure :

Première participation à la « Portes Ouvertes Pro » et toujours autant de difficultés à écrire quelque chose de nouveau sur ce domaine que je fréquente assidument depuis des années…je vais donc reprendre ma conclusion de 2018 en réitérant « l’expression de toute mon admiration face à la qualité du travail fourni par Christian Beyer et son équipe pour tirer la quintessence de ces beaux terroirs d’Eguisheim et nous régaler avec une gamme de vin dont le niveau qualitatif ne cesse de progresser ».

Malgré un nombre considérable de vins proposés à la dégustation, j’ai essayé de goûter l’ensemble de la gamme en gardant les sens en éveil pour ne pas passer à côté de l’une ou l’autre cuvée : ce fut difficile mais grâce à la présence à mes côté de l’ami Stéphane – un dégustateur chevronné et endurant – et de quelques pauses gourmandes pour remettre les papilles d’équerre, j’ai réussi à aller au bout de ce long parcours vinique.
Comme je m’y attendais le niveau de cette belle offre vinique était au top avec aucune fausse note dans la série et une pléthore de très grandes bouteilles parmi lesquelles mon habituelle sélection de coups de cœur du jour s’est avérée extrêmement difficile, pour ne pas dire impossible…donc pas de citation individuelle mais une palme collective pour cette gamme de vins qui, cette année encore, a affiché une qualité vraiment irréprochable.

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Petite photo de groupe dans la cave Beyer par Jean-Paul Krebs

Mille mercis à Valérie et Christian de continuer à partager leur passion pour leur village, leur vignoble et leurs vins…une fois encore, j’ai passé un très beau moment de culture et de gourmandise à Exa.

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