Dégustation club AOC - Accords gustatifs entre fromages et vins.
Par la passé cette session AOC de décembre a toujours été l’occasion de faire une soirée festive autour de quelques plats accompagnés de bouteilles apportées par les membres mais cette année notre club œnophile a choisi d’innover en programmant une session sur les accords vins-fromages.
Après un débat collégial lors de notre précédente réunion A.O.C. nous avons décidé de proposer une série de 7 fromages et de tester 2 vins sur chacun d’entre eux.
Les fromages ont été préparés par la Maison Steinmetz et les 14 vins qui vont les accompagner ont été sortis de la cave de certains membres du club.
Les rouges ont été débouchés une demi-heure avant dégustation et les blancs ont été débouchés au moment de la dégustation.
Tous les vins sont servis étiquettes découvertes.
Fête de Noël oblige, je n’ai pas utilisé mon crachoir autant que d’habitude et ma prise de notes s’en est ressentie…mais je vais quand même essayer de partager quelques sensations avec vous.
Verres Spiegelau Authentis 01
Soirée Club AOC du 15 décembre 2017 à La Wantzenau
En guise d’apéritif :
Auxerrois K 2007 – Domaine Kientzler à Ribeauvillé : nez riche et mûr, notes de céréales et de fruits blancs, matière suave et glissante en bouche.
Un vin pas très profond mais avec une vraie gourmandise.
Champagne Cuvée Hélixe 2009 – Domaine Perrot-Batteux à Bergères Les Vertus : nez frais et engageant, notes de citron frais, de brioche et de craie, très sauve en bouche avec une bulle fine et une finale fraîche et appétante.
Un blanc de blanc de très belle facture. MIAM !
Thème unique : tester des accords fromages et vins…une occasion de se cultiver et se régalant !
Premier plateau fromager avec un crottin de chèvre, un brie de Meaux, un Saint Nectaire fermier, un Trou du Cru bourguignon et un brebis navarrais.
Sancerre Le Paradis 2012 – Domaine Vacheron à Sancerre : aromatique mûre et agréable, bouche légère et glissante, finale qui manque un peu de tonus.
Muscat Les Marnes Vertes 2008 – Domaine Loew à Westhoffen : nez évolué mais charmeur, (notes tisanières, menthe verte mélisse, verveine…), souple et digeste en bouche.
Accord avec un Crottin de Chavignol : complicité régionale et très harmonieuse avec le Sancerre, accord plus étonnant et peut-être plus intéressant avec le muscat qui a vraiment gagné en expressivité au contact du fromage.
Ceci dit, je pense que ce crottin de chèvre aurait supporté un vin avec une acidité un peu plus solide.
Crémant d’Alsace Empreinte – J.C. Buecher à Wettolsheim : nez frais et charmeur, fruits blancs et fleurs, mousse onctueuse, finale fraîche avec une acidité bien tendue.
Champagne 1° Cru Vieilles Vignes – Domaine Perrot-Batteux à Bergères Les Vertus : frais et très crayeux au nez, matière ample avec du gras et une mousse fine et tonique, finale raffinée sur les amers nobles.
Accord avec un Brie de Meaux : ces deux blancs de blancs à base de chardonnay ont montré qu’ils étaient capables d’entente cordiale avec des fromages à croûte fleurie. Le crémant structuré autour d’une ligne acide très solide aurait était plus à l’aise avec un fromage moins affiné (un brie crayeux par exemple) alors que le champagne a crée une belle harmonie surtout grâce à ses amers qui on bien résonné avec le goût assez intense du brie.
Bourgueil Cuvée Prestige 2013 – Domaine Guion à Benais : un rouge typé Loire mais avec une palette aromatique assez mûre, notes de framboise et de poivron rouge, très droit en bouche, finale austère.
Pauillac Château Batailley 2003 : olfaction complexe, fruité mûr et boisé encore assez présent, bouche suave, texture caressante, finale sapide.
Accord avec un Saint Nectaire fermier : voilà un fromage qui se plaît bien en compagnie de rouges structurés. Avec ce Pauillac assez luxueux, le fromage réalise un accord tout en douceur alors que le Bourgueil propose plutôt un rapport de force au Saint Nectaire, surtout lorsqu’on déguste le fromage avec sa croûte (délicieuse au demeurant…)…ceci dit, les deux éléments ne communiquent pas vraiment mais l’équilibre gustatif obtenu reste très agréable.
Voilà deux mariages surprenants mais réussis !
Moulin à Vent 2005 – Domaine J. Georges à Chénas : nez discret, notes de fruits noirs et de terre humide, matière dense et équilibre plutôt viril en bouche, finale tendue, un poil trop rustique à mon goût.
Nuits Saint Georges La Petite Charmotte 2009 – Domaine H. Murat à Concoeur : aromatique suave et complexe, matière riche, tanins souples, finale équilibrée avec un sillage fruité et délicatement boisé.
Accord avec un Trou du Cru bourguignon : les puissants effluves de ce fromage de vache qui rappelle l’Epoisses n’ont pas impressionné ces deux vins pourtant fort différents. Le Moulin à Vent 2005 (le 2009 initialement prévu était bouchonné…dommage) a trouvé une entente facile sur un registre « paysan » assez rustique alors que le Nuits 2009 a essayé de jouer l’opposition en développant une matière douce et raffinée qui a finalement bien tenu face au caractère affirmé du fromage.
Irouléguy 2016 – Domaine Bordaxuria à Ispoure : olfaction florale très flatteuse, matière svelte et fraîche en bouche, finale bien vive.
Saint Chinian Le Causse du Bousquet 2013 – Mas Champart à Saint Chinian : nez sombre et complexe, matière dense, encore un peu serrée, équilibre tonique et finale longue mais un peu austère.
Accord avec une Tomme de brebis navarraise : ces deux cuvées sudistes, pourtant très différentes, ont réussi à répondre positivement à ce fromage finalement assez doux au palais.
Comme prévu, le blanc d’Irouléguy (60% gros manseng + 40% petit manseng) s’est vraiment épanoui dans cette relation gustative en exprimant ses belles notes florales avec encore plus d’intensité alors que le Saint Chinian a plutôt gardé ses distances avec le fromage mais sans pour autant créer un choc des cultures : ces deux partenaires de table se sont exprimés librement sans pour autant établir de dialogue.
Le second plateau avec un comté 18 mois et un bleu d’Auvergne
Côtes du Jura Vin Jaune 1994 – Domaine Grand à Passenans : nez intenses et typé, notes de noix verte, de morille puis arômes épicés complexes après oxygénation (curry, safran…), acidité puissante, matière épaisse, finale longue mais un peu sévère.
Alsace Lumière de Feu 2004 – Domaine Bohn à Reichsfeld : nez très fin, notes florales et épicées avec une discrète touche oxydative, bouche suave, bien fraîche mais assez légère.
Accord avec un Comté 18 mois : comme on pouvait s’y attendre, la complicité régionale a parfaitement fonctionné entre un vin jaune assez timide à l’ouverture mais très vindicatif après quelques minutes d’aération et un comté bien affiné. L’étonnant assemblage de Lumière de Feu (60% gewurztraminer + 30% riesling + 10% pinot gris) travaillé à la jurassienne par Bernard Bohn n’a pas tenu longtemps face au fromage...mais ça reste un vin particulièrement intéressant à déguster qui aurait surement pu trouver sa place à table face à un plat exotique.
Sauternes Château Clos Haut Peyraguey 1995 : nez fin et complexe, liqueur riche et puissante en bouche, finale longue, sapide et délicatement épicée.
Gewurztraminer Grand Cru Kessler 2007 – Domaine Dirler-Cadé à Bergholtz : nez ouvert et expressif, floral et épicé (poivre blanc, curcuma…), jus concentré mais structure élégante, finale fraîche, sillage minéral et épicé.
Accord avec un Bleu d’Auvergne : cette pâte persillée parfaitement affinée à ponctué de façon magistrale notre belle sélection fromagère et a offert un terrain de jeu idéal aux deux grands vins qui ont terminé cette série de bouteilles : le Sauternes encore très en forme malgré son âge avancé (22 ans quand même !) a relevé le défi de la puissance – un accord musclé mais très bien équilibré – alors que le gewurztraminer a joué la carte de la séduction pour répondre aux arômes de sous bois et aux notes très crémeuse du fromage.
Pour conclure :
Grâce à une belle sélection de flacons dénichés dans nos caves respectives et à un superbe assortiment de fromages préparés par la Maison Steinmetz, notre club œnophile a fêté dignement cette fin d’année 2017. C’est dans une ambiance festive et détendue – comme toujours à l’AOC Wantzenau – que nous avons apprécié de très beaux accords entre vins et fromages, certains classiques et d’autres plus inattendus mais tous très intéressants.
Comme quoi, avec un bon pain quelques fromages bien choisis et quelques jolis canons ont peut se faire vraiment plaisir…simple mais efficace !
Merci à tous les joyeux membres AOC qui ont participé à cette soirée et petite pensée attristée pour ceux qui n’ont pas réussi à se libérer pour partager ces moments avec nous.
Bonnes fêtes de fin d’année à tous !
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