Dégustation club AOC - Brouilly et Côte de Brouilly

La séance d’avril de notre club AOC va nous emmener en terre beaujolaise avant de nous faire partir plein sud pour redécouvrir quelques blancs nés sur les rives des « fjords » de la Galice.

Thème 1 : crus de Brouilly et Côte de Brouilly
Thème 2 : grands blancs de Rias Baixas

Suite à la défection de notre maître de musique moldave et à l’absence pour raison professionnelle de notre globe-trotter vinique, j’ai été contraint de me charger de la constitution des deux série de bouteilles.
Grâce à « Vinissimus », un caviste en ligne hautement recommandable spécialisé en vins espagnols, la sélection de bouteilles de Rias Baixas fut assez facile à établir…contrairement à la série beaujolaise que j’ai eu un peu plus de mal à constituer car on trouve vraiment peu de bouteilles de Côte de Brouilly chez les cavistes alsaciens.

Les bouteilles de beaujolais ont été débouchées 1 heure 30 avant la dégustation et servies seules ou par deux, étiquettes découvertes et en compagnie de quelques rondelles de saucisson.
Les blancs espagnols ont été débouchés juste avant le service et servis 2 par 2, étiquettes découvertes et classées par gamme de prix.

Verres Royal Glass 400ml

Soirée Club AOC du 5 avril 2019 à La Wantzenau


En guise de mise en bouche :

Riesling Schiferberg Hors d’âge – Domaine B. Bohn à Reichsfeld : nez agréable et bien complexe, notes grillées et zestées évoluant vers des arômes de fruits jaunes et d’encaustique, matière consistante, équilibre bien droit, finale tonique, sillage fruité, minéral et épicé (poivre)

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Cette bouteille offerte par l’ami Fred – histoire de célébrer son anniversaire avec un jour d’avance – a été produite par Bernard et Arthur Bohn, des vignerons de Reichsfeld qui ont pris l’habitude d’enrichir leur gamme de vins traditionnels avec quelques cuvées originales comme ce riesling Schiferberg hors d âge réalisé à partir d’un assemblage de 8 millésimes (1997, 2000, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014 , 2015)
C’est un riesling très puissant, à la fois riche (13°5) et profondément minéral, qui fera merveille à table face à des poissons ou des viandes blanche en sauce.


Thème 1 : quelques vins de Brouilly et de Côte de Brouilly pour un petit match amical entre voisins beaujolais.


Brouilly L’Hydrophobe 2017 – Domaine des Capréoles à Régnié- Durette : nez fin et agréables, nuances florales délicates et boisé subtil, bouche souple et juteuse, tanins veloutés, finale fraîche et sapide.
(élevage : barriques anciennes)
Côte de Brouilly Biosophiste 2017 – Romuald Valot à Beaujeu : nez peu avenant, notes de vieux marc et de pot de cornichon, matière assez gourmande avec un léger perlant, finale aigrelette marquée par une forte acidité volatile.
(élevage : ?)

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La seule confrontation directe entre Brouilly et Côte de Brouilly n’a pas vraiment donné lieu à un duel…la faute à un Côte de Brouilly vinifié « nature » qui s’est présenté à nous avec une collection presque complète des défauts qu’on trouve encore trop souvent sur ce type de vin et pourtant le jus me semblait tout à fait prometteur. Quel gâchis !
A côte de ce « ratage », le Brouilly de Cédric Lecareux n’a eu aucune difficulté à briller…mais ça n’enlève rien à la qualité intrinsèque de ce joli vin : un jus bien gourmand mis en valeur par un élevage parfaitement maîtrisé. MIAM !


Brouilly 2017 – Domaine R. Rottiers à Romanèche-Thorins : nez expressif et complexe, notes de fruits rouges sur un fond légèrement balsamique, bouche juteuse avec une acidité franche et tonique, finale longue et sapide.
(élevage : barriques anciennes)
Brouilly Pierreux 2017 – Domaine P.-M. Chermette à Saint Verand : nez délicat sur la pivoine et la cerise rouge, matière dense et assez carrée, grain tannique un peu plus serré, finale tendue et un peu austère.
(élevage : foudre)
Brouilly 2016 – Domaine Chevalier-Metrat à Odenas : nez plus expressif, belle palette florale accompagnée par des notes végétales rafraîchissantes, bouche svelte et élégante, équilibre frais, finale étirée avec une présence tannique sensible et un long sillage fruité et végétal
(élevage : cuve)

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Voilà trois cuvées de Brouilly qui nous proposent des interprétations assez différentes de cette appellation.
Le vin de Richard Rottiers, bien charnu et finement boisé, est taillé pour la garde même s’il se montre déjà fort plaisant aujourd’hui.
Avec sa trame minérale marquée et un poil austère, le Brouilly Pierreux de Chermette porte vraiment bien son nom et aura également besoin d’un peu de temps pour s’arrondir.
Issue d’un millésime plus froid, la cuvée signée Metrat, est celle qui révèle le plus facilement le côté juvénile et festif qu’on attend d’un vin de Brouilly.


Côte de Brouilly 2016 – Domaine Dupré-Goujon à Saint Lager : nez profond et complexe, bouche concentrée et solidement charpentée, finale longue avec un très beau sillage sur la violette et la fumée.
(élevage : 12 mois en demi-muid + 6 mois en cuve + 6 mois en bouteille)
Côte de Brouilly 2014 – G. Duboeuf à Romanèche-Thorins : nez discret et assez fatigué, notes fruités très évoluées et arômes de livèche assez prégnantes, bouche un peu maigre, équilibre droit, finale austère.
(élevage : ?)
Côte de Brouilly Cuvée La Chapelle 2009 – Château Thivin à Odenas : nez raffiné et très complexe, prune, violette, pierre à fusil…, matière ample et généreuse, milieu assez doux, finale longue, fumée et épicée mais un peu alcooleuse.
(élevage : foudre)

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A l’instar des Brouilly, ces 3 cuvées de Côte de Brouilly s’expriment également de façon très différente.
Avec son expression aromatique toute en retenue et en complexité et sa superbe tenue en bouche, le 2015 du domaine Dupré Goujon a été le vin qui a remporté le plus de suffrages ce soir...un plébiscite mérité !
Face à cette petite bombinette, les deux dernières bouteilles n’ont pas pu rivaliser : le vin de Duboeuf semblait extrêmement fatigué – peut-être victime d’un mauvais stockage en grande surface – et le vin du château Thivin – ma référence personnelle sur cette appellation – était un peu déséquilibré en finale.
Une très bonne surprise pour deux déceptions…ça reste un bilan un peu maigre !


Pour conclure

Cette série de 8 bouteilles nées dans une région viticole que je connais et que j’apprécie depuis très longtemps – première virée beaujolaise en 1983…c’est dire ! – m’a laissé une impression plutôt mitigée ce soir : les Brouilly manquaient de spontanéité et de gourmandise et les Côte de Brouilly ont révélé un niveau de qualité assez hétérogène.

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Une belle pierre bleue ramassée sur le Mont Brouilly lors de l’un des mes pèlerinages.

Les cuvées de Brouilly de Cédric Lecareux (Les Capréoles) et de Richard Rottiers se sont très bien goûtées mais leur élevage sous bois leur a donné un caractère un peu trop sérieux à mon goût…mais belles quilles quand même !
Les 4 cuvées de Côte de Brouilly nous ont proposé le pire avec le vin « nature » de Romuald Valot et le meilleur avec la superbe bouteille des Dupré-Goujon, un jeune domaine très prometteur qu’il faudra suivre dans les prochaines années.

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