Dégustation club AOC - Vins blancs du millésime 2015

La soirée AOC d’avril va nous faire faire un petit voyage de 10 ans dans le temps puisqu’elle sera consacrée aux vins blancs et rouges du millésime 2015 pour nous permettre de constater comment ces vins se tiennent après une décennie de garde.

La série de vins a été composée par mes soins avec des bouteilles sorties de ma cave personnelle et par des bouteilles fournies par d’autres membres de notre club œnophile.

Les vins rouges ont été débouchés et transvasés dans des bouteilles neutres 2 à 3 heures avant la dégustation.
Tous les vins ont été dégustés et évalués à l’aveugle
Comme d’habitude, l’évaluation individuelle de chaque vin se fera en se référant à la grille créée par Thierry Meyer avec les fameux « Beurk », « Bof », « Bien », « Très Bien » et « Excellent ».

Verres Spiegelau-Cremona 460ml

Soirée Club AOC du 4 avril 2025

La mise en bouche

Crémant d’Alsace Millésimé 2015 – Domaine Schneider à Gueberschwihr : nez très agréable sur les fruits blancs mûrs et la noisette grillée, bouche très suave avec une mousse crémeuse mais peu persistante, finale acidulée et appétante.

Cette bouteille de mise en bouche, tout à fait dans le thème de la séance, a été fournie par l’ami Jamie qui a effectué un shooting photo chez les vignerons de ce domaine de Gueberschwihr je ne connaissais pas.
C’est un crémant riche, mûr et diablement séduisant…voilà une bulle festive qui se laisse boire avec une facilité déconcertante. MIAM !

2015 version blanche

Alsace Grand Cru Riesling Muenchberg 2015 – Domaine Ostertag à Epfig : nez complexe et raffiné avec des notes de fruits blancs mûrs, de pain de mie, de biscuit petit beurre sur un fond fumé délicat, bouche pleine et charnue structurée par une acidité fondue et une belle salinité, finale sapide avec des amers nobles et un long sillage fruité et minéral.
Appréciation moyenne : TRES BIEN

Alsace Grand Cru Riesling Brand 2015 – Cave de Turckheim : nez mûr et flatteur avec des notes de miel et de fleurs d’acacia sur un fond résiné sensible, bouche longiligne et légère avec un équilibre un peu vacillant, finale souple avec une persistance assez modeste sur le citron et les épices.
(100% vermentino – élevage : fûts de chêne)
Appréciation moyenne : BIEN

La série des blancs commence par une doublette alsacienne qui nous proposait une bouteille vinifiée par un grand nom du vignoble et par une bouteille produite par une cave coopérative.
Le verdict de la dégustation a été unanime et sans appel : le Muenchberg d’André Ostertag s’est montré vraiment à son avantage avec une belle complexité aromatique et sa tenue très « classieuse » en bouche alors que la cuvée du Brand qui se goûtait encore fort bien il y a quelques années, montrait des signes évidents de fatigue…comme quoi le temps reste un vrai juge de paix pour différencier le bon vin du grand vin.

Meursault Vigne de 45 2015 – Domaine Buisson-Charles à Meursault : bouteille défectueuse, bouchonnée…et plus de remplaçante dans ma cave
Appréciation moyenne : NN

Viré-Clessé Quintaine 2015 – Domaine Guillemot-Michel à Quintaine : nez ouvert et flatteur sur les agrumes mûrs et le miel, bouche ronde et dense avec une structure très (trop) souple, finale légère et un peu courte.
Appréciation moyenne : BIEN

Mauvaise pioche pour cette région dont j’adore les blancs depuis toujours : un Meursault trahi par un bouchage défectueux – et pourtant je n’ai encore jamais eu de souci avec les vins de ce domaine que je fréquente régulièrement depuis près de 20 ans ! – et un Viré-Clessé qui a été assez bien noté par le groupe mais que j’attendais à un niveau plus élevé.

IGP Saint-Guilhem-le-Désert – Cité d’Aniane Mas de Daumas-Gassac 2015 – Famille Guibert à Aniane : nez fin et complexe avec une palette florale et vanillée, bouche très délicate avec un centre très suave, presque sucré, finale fraîche et gouleyante.
Appréciation moyenne : BIEN

I.G.P. Pays d’Hérault-Mont Baudile La Roussanne du Badaïre 2015 – Domaine Supply-Royer à Arboras : nez assez agréable avec des notes de citron confit sur un fond balsamique bien marqué (cire, résine…), bouche un peu maigre avec un équilibre très sec, finale austère marquée par une forte amertume.
Appréciation moyenne : BOF

Ce soir je n’ai vraiment pas de chance avec les vins de mes amis vignerons car cette bouteille de roussanne vraiment pas en grande forme est probablement le seul mauvais vin que j’ai bu de ce domaine dont je suis la production depuis le millésime 2006…ça ressemble à une malédiction !
La seconde bouteille de cette doublette est un blanc flatteur et consensuel qui a tiré son épingle du jeu sans pour autant faire des étincelles…pour moi ce vin manquait un peu de fond pour le niveau revendiqué.

Vouvray Le Peu de la Moriette 2015 – Domaine Pichot à Vouvray : nez complexe et très charmeur sur les fruits blancs mûrs et la rhubarbe confite sur un fond finement épicé, bouche d’une rondeur élégante avec une texture très soyeuse et un équilibre qiui reste bien frais, finale longue et digeste.
Appréciation moyenne : TRES BIEN

Comme me le disait récemment une vigneronne de Vouvray – au Clos Naudin, visité en mars…CR à venir – le chenin révèle toutes ses qualités en version demi-sec…et ce n’est pas cette petite merveille de suavité, de gourmandise et de buvabilité qui va la faire mentir. MIAM !

Alsace Gewurztraminer Haguenau de Bergheim V.T. 2015 – Domaine Rolly-Gassmann à Rorschwihr : nez ouvert et complexe avec des notes exotiques (litchi) et florales (sureau, rose), bouche liquoreuse, concentrée et riche, finale intense avec une longue persistance exotique et grillée.
Appréciation moyenne : TRES BIEN

La dernière bouteille nous ramène at home avec cette bouteille de V.T. vinifiée par l’un des maîtres du genre de notre région…un vin magnifique à siroter tranquillement dès aujourd’hui mais qu’on pourra oublier en cave durant encore de longues années.

Malgré un très bel été, 2015 a été une année compliquée à bien des égards :
des attentats (Charlie et le Bataclan), le décès de mon père, un ennui de santé pour moi…et quand même la fierté de voir mon fiston défiler sur les Champs Elysées le 14 juillet.
Pour ce qui est du vin, la chaleur et la sécheresse de l’été et du début d’automne ont permis aux vignerons de rentrer des raisins très sains mais avec des équilibres entre richesse et acidité pas toujours optimaux.
Il n’en reste pas moins vrai que 2015 reste un millésime annoncé comme très bon à excellent pour les rouges et bon à très bon pour les blancs.

Même si elle a été relativement bien notée dans l’ensemble, cette série de blanc m’a quand même un peu déçu à titre personnel notamment à cause d’un Meursault flingué par un bouchon maléfique et d’un vin d’Eric Supply vraiment en dessous de mes attentes.
La superbe bouteille de vouvray du domaine Pichot – que j’ai visité en 2022 – a dominé les débats de la tête et des épaules en obtenant la meilleure note de la soirée.
Pour le reste, les trois vins de notre région ont bien relevé le défi du temps mais dans des styles différents.
Les autres vins présentés se sont tenus correctement sans susciter l’enthousiasme pour autant.

Résultat des courses : 1er le Vouvray, 2ème le Riesling d’Ostertag et 3ème le Daumas-Gassac.

Merci à tous ceux qui ont sacrifié quelques flacons de leur cave personnelle.