Dîner "Très Grands Flacons d'Alsace" à la Taverne Alsacienne.

L’intitulé de ce dîner organisé par Thierry Meyer et l’équipe du restaurant « La Taverne Alsacienne » d’Ingersheim est doublement bien choisi puisqu’il évoque le haut niveau de qualité des vins proposés – mais ça c’est une habitude avec l’Oenothèque Alsace – mais il fait aussi référence au volume des flacons débouchés pour cette occasion…au minimum des magnums !
Je viens à peine de vider le coffre de mon monospace, copieusement chargé de cartons collectés lors de mon pèlerinage en Bourgogne, qu’il me faut déjà reprendre la route en direction de Colmar pour participer à cette soirée qui s’annonce d’ores et déjà mémorable.
Hoppla c’est parti !

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La vingtaine de convives se retrouve pour l’apéritif autour de la table dressé pour le dîner

Pour l’apéritif :

Crémant d’Alsace Brut rosé– Valentin Zusslin : nez expressif et flatteur, notes de fruits rouges bien mûrs, mousse crémeuse mais un poil trop riche en bouche à mon goût, finale fruitée aiguillonnée par une fine acidité.

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Les petites verrines apéritives…

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…et le double magnum de crémant rosé.

Je ne pense pas avoir vu ouvrir une bouteille de cette taille jusqu’à ce jour et j’ai même eu peur de devoir rester sur ma soif tant le bouchon a fait des manières avant de sortir !
Avec sa robe chatoyante, son dosage assez généreux  et son expression franche et guillerette, ce crémant rosé a tenu son rôle de vin festif mais sans montrer un vrai caractère gastronomique.


Premier plat : chair de tourteau, caviar d’aubergine et légumes marinés

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Première série de vins :

Sylvaner Cuvée Z 2007 – Paul Kubler : expression aromatique mûre et complexe, bel équilibre entre richesse et tension, fraîcheur appétante en finale.
Riesling G.C. Kaefferkopf 2007 – Maurice Schoech : olfaction vive et délicatement zestée, bouche riche et tendue par une acidité fine et citronnée.
Riesling G.C. Muenchberg 2007 – André Ostertag : nez racé et complexe, notes florales et miellées, plénitude et équilibre en bouche, finale sapide avec des amers nobles et une légère touche fumée.

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Le repas débute par un plat complexe et raffiné qui associe une chair de crabe finement pimentée et des légumes préparés à la perfection.
Le sylvaner a bien réagi face à la complexité des saveurs de cette préparation et j’ai même l’impression que cette association a révélé le côté salin du vin.
En ce qui concerne le Kaefferkopf, je partage l’avis quasi unanime de la tablée : la relation est parfaite avec une belle harmonie sur les épices, ce vin a vraiment été grandi par le plat…c’est le plus beau mariage de la série.
Le Muenchberg d’André Ostertag a accompagné le plat de façon pacifique mais sans créer de vraie relation : pour moi, c’est un très grand vin que j’aurais bien siroté juste pour lui-même.

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Thierry qui présente les vins…à contre-jour mais avec son brio habituel !


Deuxième plat : lotte sauvage au beurre blanc citronné et champignons

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Riesling G.C. Brand 2005 – Josmeyer : nez frais sur les agrumes et le tilleul, bouche longiligne, élégante et bien droite, finale expressive, beau sillage minéral.
Riesling G.C. Hengst-Samain 2005 – Josmeyer : nez très fin mais un peu plus mûr, notes de miel et de fleurs, bouche puissante, acidité large enrobée par une matière ample et sphérique, finale légèrement moelleuse mais salinité intense.
Riesling Privat 2005 – Weingut Nigl (Kremstal-Autriche) : difficile à apprécier, liégeux au nez et franchement bouchonné en bouche.

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Avec les deux rieslings de Josmeyer nous avons pu vérifier une fois encore combien  la force des terroirs alsaciens pouvait marquer les vins : même cépage, même millésime, même vigneron et au bout du compte on retrouve deux vins très différents.
Face à ce plat épuré aux saveurs classiques mais raffinées, les deux vins ont réagi de façon très positive tout en marquant leur identité face aux saveurs et aux textures de cette préparation hautement gastronomique : le côté vif et ciselé du Brand a fait merveille sur le poisson et a joliment coupé le gras de la sauce alors que les amers et la salinité du Hengst ont chanté à l’unisson avec les légumes et les champignons. En ce qui me concerne, j’ai été plus sensible à la relation très complémentaire qui s’était établie entre cette assiette et le Brand mais j’ai l’impression que c’est plutôt l’accord avec le Hengst qui a obtenu le plus de suffrages.


Troisième plat : sélection de fromages de Jacky Quesnot

Riesling G.C. Altenberg de Bergbieten-Cuvée Henriette 1989 – Frédéric Mochel : nez frais et complexe, notes de feuille de cassis et d’herbes à tisane sur un fond légèrement terpénique, matière ciselée, grande finesse structurelle, finale acidulée.
Gewurztraminer G.C. Goldert 1989 – Zind-Humbrecht : nez doux et suave, notes de gelée de coing et d’épices douces, matière riche et concentrée, léger perlant qui apporte une belle énergie, finale étirée et très sapide.

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Face à deux vins d’âge respectable qui se tenaient encore parfaitement bien, l’assiette composée par le maître fromager de Colmar nous présentait un crottin de Chavignol, un munster fermier et un bleu d’Auvergne.
Le chèvre s’est accordé correctement sans plus avec le riesling mais a été écrasé par la force du gewurztraminer.
Face au munster le gewurztraminer a réalisé le bel accord classique attendu mais en ce qui me concerne c’est le mariage avec le riesling qui a été le plus étonnant.
Avec le bleu, mon ressenti a été très tranché : ce fromage n’était pas à sa place avec un riesling qui est devenu un peu amer à son contact mais il a crée un vrai festival gustatif avec le gewurztraminer. MIAM !


Le dessert : figues fraîches rôties à la cannelle et glace vanille Bourbon

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Désolé j’ai pris la photo après avoir commencé à manger…mais ça avait l’air tellement bon !

Gewurztraminer G.C. Zinnkoepflé 2005 – Seppi Landmann : nez discret et délicatement floral, épais et assez gras en bouche, finale très légère.
Gewurztraminer Altenbourg-Cuvée Sainte Catherine 2001 – Weinbach-Faller : nez mûr et exubérant, notes de fruits jaunes, abricot et d’épices douces, botrytis sensible, matière ample, grande puissance, structure large assez envahissante, finale plus étirée, long sillage épicé.

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Cette préparation aux saveurs douces et suaves a conclu ce dîner avec une jolie touche de fraîcheur et de légèreté et les vins qui l’ont accompagnée ont prouvé une fois encore que la richesse et la variété de la production vinique alsacienne permettent au gastronome d’imaginer de beaux accords gustatifs…même avec des desserts !
Très friand mais manquant un peu de consistance, le Zinnkoepflé, a été écrasé par les saveurs fruitées et épicées qui émanaient de l’assiette.
En revanche, l’Altenbourg a magnifiquement réagi face à l’association figue/cannelle/vanille proposée par ce dessert : son expression aromatique s’est affinée et complexifiée et le dialogue entre les deux partenaires a été particulièrement agréable à suivre. MIAM !

 

Avec la famille Guggenbuhl aux fourneaux et un maître échanson comme Thierry Meyer, ce dîner « Très Grands Flacons d’Alsace » ne pouvait être qu’une réussite : il y avait des vins exceptionnels (comme toujours), des assiettes généreuses et raffinés (comme toujours), un groupe de convives sympathique et un maître de cérémonie qui a su parfaitement faire partager sa passion pour le vin et la bonne chère…quelle belle soirée !

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Le casting vinique du soir au grand complet.

Pour faire court : on a bu de grands vins, on a dégusté des mets savoureux et on a pu apprécier les fabuleux mariages gastronomiques proposés par Thierry et Jean-Philippe.

Pour faire encore plus court : on s’est vraiment régalés !

Mille mercis à tous ceux qui ont contribué à la réussite de ce dîner.



NB : si vous voulez lire d'autres commentaires et voir des photos de meilleure qualité rendez vous sur le blog de Stéphane.

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