Le Zotzenberg selon Jean-Pierre Rietsch
LE ZOTZENBERG…
Il faut se rendre à l’évidence, malgré certaines routines construites progressivement depuis le début de ma quête, mon projet d’étudier en détail les 51 Grands Crus alsaciens avance de moins en moins vite.
J’ai bien conscience qu’un tel chantier nécessiterait un investissement quasi exclusif de ma part, mais le monde du vin est tellement riche dans sa diversité que je n’ai vraiment pas envie de me restreindre à un seul thème, fut-il aussi passionnant que cette étude des Grands Crus d’Alsace…
Mais bon, je continue tranquillement mon bonhomme de chemin…qui sait, j’arriverai peut-être au bout !
Me voilà donc de retour dans le Bas-Rhin où j’ai entrepris une remontée nord-sud qui a débuté par les terroirs de la Couronne d’Or, qui s’est poursuivie par le Kirchberg de Barr avant d’arriver à Mittelbergheim pour cette 13°étape sur le coteau du Zotzenberg en compagnie de Jean-Pierre Rietsch.
Hoppla, c’est parti !
Bien des choses ont déjà été écrites sur ces terroirs et un angle d’approche original et intéressant est à priori difficile à définir…mais je vais quand même essayer de relever le défi.
Je vous propose de me suivre dans mes ballades personnelles avec un peu de théorie (le socle nécessaire à une bonne compréhension), des documents photographiques et surtout des rencontres avec les vignerons qui travaillent dans ces parcelles classées.
Bon, ça je l’avais déjà dit…mais c’est pour les nouveaux.
Mittelbergheim est surement le village dont j’ai le plus souvent parlé sur la toile jusqu’ici : un lieu à l’esthétique pittoresque et au caractère encore très authentique où se côtoient un nombre impressionnant de grands vignerons (Seltz, Rieffel, Boeckel, Gilg, Rietsch…), quelle plus belle destination de sortie pour un ivrogne à tendance bucolique comme moi ?
Mittelbergheim à la fin de l’été
Mittelbergheim est un petit village de près de 700 habitants construit à flanc de coteau et partage son territoire entre les dernières collines sous-vosgiennes et les premiers replats du Ried. Située à une trentaine de kilomètres de Strasbourg, entre Barr et Andlau, cette bourgade vigneronne possède une unité de style architectural remarquable. Mittelbergheim, qui a su conserver le caractère de village viticole des XVII° et XVIII° siècles, est classé officiellement parmi les « Plus beaux villages de France ».
Le village de Mittelbergheim vu du Moenchberg d’Andlau
A travers l’histoire, le nom de ce lieu fait explicitement référence à sa situation particulière entre montagnes et collines. Ce village s’est appelé Mittelbergensis, Alsata Mediomentanus, Berghe ou Villa Bergheim avant de trouver sa dénomination actuelle au XVII° siècle : Mittel (milieu)-berg (montagne)-heim (village) qui peut se traduire par « Village au milieu des montagnes » ou « Village de la montagne du milieu ». Dans son livre « La grande encyclopédie des lieux d’Alsace » M. P. Urban nous propose une version un peu différente lorsqu’il présente ce village comme « élément médian d’une triade composée de Scharrachbergheim, Mittelbergheim et Bergheim, 3 villages en ligne droite le long de l’antique route du piémont des Vosges, séparées chacun d’une distance de 22 kilomètres, soit exactement 10 lieues gauloises ».
Avec deux versions cohérentes qui s’appuient sur des données topographiques indiscutables, il est difficile trancher pour définir la vérité historique…ceci dit, en étudiant le blason de la cité on devinera aisément le parti pris de ses concepteurs.
Le blason de Mittelbergheim…au milieu des montagnes ou montagne du milieu ?
L’origine avérée du site remonte au IX° où une charte relative à la fondation de l’abbaye d’Andlau mentionne l’existence mais certaines traces encore visibles aujourd’hui préfigurent l’existence d’une structure agraire pré-celtique ou celtique et des occupations successives de peuples francs et romains.
Jusqu’au milieu du XIII° siècle le village se trouvait sous la juridiction de l’évêque de Strasbourg et était administré par les Abbayes d’Andlau et du Mont Sainte Odile. De 1255 jusqu’à la Révolution ce furent l’évêque de Strasbourg, les seigneurs d’Andlau et les Berkheim (une famille de nobles qui à pris le nom du lieu) qui se partageaient le territoire : Mittelbergheim était alors administré par un prévôt nommé par Strasbourg, un maire et quatre échevins nommés par les seigneurs.
Parmi les nombreux témoignages du passé la fontaine de la « Sinn » qui date du XIV° siècle.
Contrairement à beaucoup de villages du piémont vosgien, Mittelbergheim ne fut jamais fortifiée : lors des attaques ou des invasions qui se sont succédé à travers l’histoire, la population fuyait vers les villes voisines telles que Dambach, Andlau ou les châteaux situés sur les hauteurs à proximité.
Epousant la cause de la Réforme dès 1530, Mittelbergheim a vu cohabiter pacifiquement les deux religions à partir de 1545 et a bénéficié du statut de ville libre jusqu’en1680, année où elle devint française en même temps que Strasbourg, 32 ans après le traité de Westphalie.
La grande réforme administrative de 1790 fera de ce village une véritable municipalité dépendant du canton de Barr.
L’église protestante : construite à l’emplacement d’une chapelle du XII° siècle elle possède une base romane mais les fenêtres sont de forme gothique (XVII° siècle) et la flèche effilée date du XIX° siècle.
L’église catholique en grès date de la fin du XIX° siècle
Au cours du XVIII° et du XIX° siècle le village connaît un développement harmonieux avec des activités diversifiées où seulement 5% de la population active vit de la production viticole.
Le XX° siècle fut celui du développement de la viticulture à Mittelbergheim. Après 1950 le commerce du vin est florissant et devient l’activité principale du village. Aujourd’hui encore près de la moitié de la population en vit, puisqu’on dénombre 64 exploitations officiellement recensées : la plupart étant restées de dimension familiale, leurs revenus proviennent à plus de 80% de la vente directe aux particuliers.
Cette situation particulière explique le dynamisme des vignerons locaux qui organisent régulièrement des manifestations festives autour du vin. Avec un sentier viticole très pédagogique qui parcourt le Zotzenberg et un nombre impressionnant de caves particulières où le visiteur est reçu dans de beaux caveaux de dégustation, l’œnophile trouve dans ce très beau village un « terrain de jeu » presque unique en Alsace.
Comme la plupart des maisons du village ont été construites entre 1540 et 1630, le promeneur féru d’histoire et d’architecture pourra admirer ces constructions datant de l’époque de la Renaissance allemande.
Les rues de Mittelbergheim avec ses maisons de style Renaissance d’une grande unité de style architectural : cours fermées par un porche, toits hauts et pointus
Au XVI° siècle, Mittelbergheim comptait plusieurs dizaines de pressoirs en bois, aujourd’hui il en reste 8 qui datent du XVIII° siècle et qui décorent les rues du village : celui de la cour dîmière (27 rue Principale) et celui qui se trouve devant l’entrée du domaine Rietsch méritent qu’on s’y arrête un instant pour admirer ces éléments en chêne massif qui ont résisté à l’usure du temps…Impressionnant !
Les pressoirs fleuris de Mittelbergheim : rue Principale (en haut) et à côté du domaine Rietsch (en bas)
Le touriste randonneur trouvera une foule d’itinéraires balisés qui le mèneront à travers vignes et forêts sur les hauteurs vosgiennes où ils découvriront de magnifiques points de vue et quelques beaux châteaux forts datant du moyen-âge, comme le Bernstein ou le Haut Andlau.
En montant vers le Mont Sainte Odile, vue sur le Haut Andlau.
Comme Niedermorschwihr dans le Haut-Rhin, Mittelbergheim s’impose comme l’un des plus beaux fleurons de la route des vins bas-rhinoise…une étape incontournable – ENCORE UNE ! – pour tout œnophile désireux de s’imprégner de l’esprit du vignoble alsacien
Une étape sur le chemin de promenade du tour du village : les automates animés autour d’un pressoir datant du XV° siècle.
Le Grand Cru Zotzenberg se situe dans une combe régulière qui se dessine sur le flanc sud de la colline de Mittelbergheim.
Le Zotzenberg vu du haut, vers l’ouest.
Exposées au sud et au sud-est les parcelles du Grand Cru, dont l’altitude varie entre 225 et 320 mètres, occupent une superficie totale de 36,45 hectares
Le Zotzenberg, un tracé complexe…à l’image de sa géologie.
Le climat qu’offre le Zotzenberg est particulièrement propice à la viticulture : protégées des vents d’ouest et de la pluie par le massif des Vosges, ses pentes douces exposées principalement au sud donnent à la vigne de très bonnes conditions d’ensoleillement.
Avec des étés secs et chauds et de longs automnes ensoleillés, la vigne arrive à maturité sans difficulté même dans des millésimes réputés plus compliqués, comme il y en a eu quelques uns ces dernières années…
Le Zotzenberg ou « L’automne en pente douce »…
Sur le plan géologique ce Grand Cru est classé dans les terroirs marno-calcaro-gréseux : ce sont des « sols bruns calcaires du Bajocien et du Lias sous-jacent, avec en amont des sols bruns calcaires sur conglomérat de l’Oligocène » (« Les unités de paysage et les sols du vignoble alsacien » – CIVA).
Comme le Kirchberg voisin, le Zotzenberg est situé dans le champ de fracture de Barr. Ses sols sont essentiellement formés par divers ensembles de roches sédimentaires tels que des grès vosgiens, des calcaires oolithiques et des marnes calcaires et gréseuses. Les couches superficielles ont une épaisseur qui varie de quelques mètres à plusieurs décamètres et sont constitués de sédiments récents et de roches altérées de nature argilo-sablo-limoneuse
L’aspect physique des sols témoigne de cette grande diversité géologique : plutôt bruns beiges à bruns gris légèrement caillouteux en amont ils deviennent plus argileux et plus sableux vers le bas et prennent une teinte brune-orangée.
Sols du Zotzenberg vers l’amont…
…et vers l’aval
Pour complexifier encore un peu le profil, une faille géologique sépare le Grand Cru au niveau de la route entre Barr et Mittelbergheim en délimitant un secteur oriental où dominent les marnes gréseuses ferrugineuses recouvertes de limons et d’argiles et qui se trouve près du centre du village.
Pour des informations plus détaillées je vous renvoie au lien suivant : http://www.zotzenberg.com/index.php?include=page61&geologie=geologie#oligocene
Une parcelle du Grand Cru au dessus de la route qui matérialise la faille.
Une vigne dans le « Berg », le secteur oriental du Zotzenberg
Un pied de vigne dans le secteur gréseux ferrugineux du Zotzenberg.
Sur le plan historique, l’implantation de la vigne à Mittelbergheim est aussi ancienne que les origines du village et le lieu-dit « Zoczenberg » était déjà identifié et reconnu au XIV° siècle (le nom apparaît dans un document datant de 1364). A partir du XV° siècle, avec le développement du commerce du vin, les vignerons du village décident de tenir un registre sur le prix du vin (le « Weinschlagbuch ») dont la tradition perdure jusqu’à nos jours.
C’est au XVI° siècle que le nom définitif du Grand Cru est mentionné pour la première fois : la dénomination Zotzenberg apparaît en 1541 dans un document d’archives de Mittelbergheim. Malgré de nombreuses hypothèses l’origine avérée de ce toponyme n’est toujours pas déterminée à l’heure actuelle : racines latines, slaves, germaniques ou gitanes…le choix reste ouvert.
La viticulture connaîtra un véritable âge d’or durant les XVI° et XVII° siècles : la plupart des riches demeures vigneronnes parfaitement restaurées aujourd’hui ont été construites à cette époque.
Sur le porche des maisons, le blason taillé dans le grès avec la date de construction.
Le sylvaner est apparu en Basse-Alsace au cours du XVIII° siècle et a été implanté sur le Zotzenberg à la fin du XIX°. Après un long travail d’observation et d’expérimentation, les vignerons de Mittelbergheim ont pu mesurer la qualité que pouvaient avoir les vins issus de sylvaner sur ce terroir. Dès le début du XX° siècle le Zotzenberg est commercialisé sous son nom, en associant tout naturellement le sylvaner à ce lieu-dit : des documents prouvent qu’on trouvait du sylvaner Zotzenberg dès 1921 et certains témoignages d’anciens nous rappellent que lorsqu’ils commandaient du Zotzenberg, on leur proposait systématiquement du sylvaner.
Le décret du 17 décembre 1992 reconnaît le lieu-dit Zotzenberg comme une dénomination géographique au sein de l’appellation Grand Cru, mais en exclut le cépage sylvaner qui fut en grande partie à l’origine de la réputation de ce terroir.
Considérant ce cépage comme faisant partie intégrante de l’identité de ce Grand Cru les vignerons de Mittelbergheim se sont battus pour obtenir une mesure dérogatoire de l’A.O.C. ; ils ont obtenu gain de cause avec le décret du 25 mars 2005, qui autorise le sylvaner dans l’appellation Grand Cru Zotzenberg.
Au niveau de la viticulture, cette adéquation naturelle presque parfaite entre le terroir du Zotzenberg et le sylvaner a poussé les vignerons de Mittelbergheim à défendre ce cépage contre vents et marées en s’inscrivant dans une démarche qualitative exemplaire.
Ce cépage roturier qui peut se montrer très productif est lié à une image de vin d’entrée de gamme, simple, peu aromatique, dilué et se vendant à bas prix. Mais comme le dit Albert Seltz, président du syndicat viticole local « le sylvaner est un cépage subtil, fragile, délicat (…) bien vinifié il fait découvrir quelque chose que l’on ignore encore en Alsace, parce que jamais l’on ne s’est donné la peine de chercher à savoir ce qu’un sylvaner peut donner quand il est produit dans les mêmes conditions et avec les mêmes rendements qu’un pinot gris ou un gewurztraminer ».
Les producteurs de ce village ont vraiment du mobiliser des convictions profondes en affirmant leur confiance absolue dans la valeur de ce terroir pour réussir à faire survivre le sylvaner dans ce Grand Cru. Aujourd’hui encore cette solidarité et cette exigence qualitative se retrouvent toujours dans les pratiques en vigueur sur le Zotzenberg : démarche environnementale forte avec une viticulture propre et un respect de la biodiversité dans les vignes, rendements sévèrement contrôlés et entente cordiale entre vignerons pour continuer la promotion de leur production.
Enherbement et labour plus ou moins profond…les pratiques viticoles propres sont dominantes sur le Zotzenberg.
Avant le décret définissant les Grands Crus d’Alsace, le sylvaner occupait 1/3 de la superficie du Zotzenberg, après une diminution logique suite au texte législatif qui excluait le cépage de l’appellation, il couvre près de 40% de la surface de production aujourd’hui.
Implanté principalement dans des parcelles à mi-coteau le sylvaner est resté le roi du Zotzenberg même si d’autres cépages nobles sont à même d’engendre de très grands vins sur ce terroir : les rieslings dans les secteurs les plus hauts (plus calcaires), les gewurztraminers et pinots gris dans le secteur proche du centre du village (gréseux et ferrugineux). Le muscat qui a cédé sa place au sylvaner dans le cahier de charge du Grand Cru depuis 2005 a pratiquement disparu sur le Zotzenberg.
Les vins du Zotzenberg sont avant tout des vins de garde car ils demandent toujours quelques années pour montrer leur classe. Comme l’affirme S. Dubs en parlant des vins de sylvaner « Après 4 à 5 ans de garde, il développe du gras, de la complexité et une minéralité qui lui est propre, qui signe ce terroir et en fait l’un des meilleurs sylvaners du monde ».
Les rieslings sont également d’une grande complexité aromatique avec une palette florale (petites fleurs de printemps, acacia) et fruitée (pèche, bigarreau), leur structure plus fine que puissante leur confère un degré de raffinement supplémentaire.
Les pinots gris sont ronds et assez exubérants et les gewurztraminers souvent assez riches, exhalent de délicieuses senteurs florales (violette, muguet, rose).
Vue à partir de l’extrême ouest du Zotzenberg.
…SELON JEAN-PIERRE RIETSCH
Le domaine Rietsch se trouve au cœur du village de Mittelbergheim, à côté de l’église protestante et juste au dessus du coteau du Stein.
Vue estivale du de Mittelbergheim avec les toits du domaine Rietsch à droite du clocher.
Vue du domaine sur les vignes du Stein dans les brumes de cette fin d’automne…juste pour montrer qui fait parfois aussi un peu moins beau en Alsace !
Après une rapide escapade sur le coteau du Zotzenberg pour constater que le brouillard persistant ne me permettra pas de prendre quelques photos supplémentaires pour illustrer cet article, je me rends au domaine Rietsch où Jean-Pierre m’attend pour notre entrevue au sujet du Grand Cru.
Entre l’église protestante et le pressoir ancien, la maison très « style Mittelbergheim » du domaine Rietsch
En ce jour d’automne brumeux et frisquet où le mercure peine à passer la barre des 5°, je m’installe volontiers dans la douillette ambiance du caveau de dégustation du domaine. Les Spiegelau sont sur la table, une série de bouteilles attend dehors au frais et Jean-Pierre s’est réservé toute cette après-midi pour répondre aux habituelles questions de votre serviteur…voilà une visite qui commence plutôt bien !
Comment définir ce terroir ?
Le terroir du Zotzenberg est profondément ancré dans l’histoire de la vigne à Mittelbergheim : « il bénéficie d’une reconnaissance d’usage depuis le début du XX° siècle ».
L’étude des sols du Grand Cru montre une grande diversité géologique « on aurait même pu séparer le Zotzenberg en 2 terroirs distincts : le secteur Ouest à dominante marno-calcaire et le secteur Est, gréseux et ferrugineux ».
Près du cimetière dans le secteur baptisé « Rotland » (Terre rouge) le sol est gréseux-ferrugineux
Malgré cette diversité, ce coteau mérite pleinement sa réputation, notamment par « son aptitude à produire avec une grande régularité des fruits équilibrés matière première indispensable pour réussir des vins équilibrés »...et dignes du label Grand Crus d’Alsace.
Une bien belle grappe oubliée par les vendangeurs dans le secteur haut du Zotzenberg
Malgré une pluviométrie faible la vigne n’est que très rarement soumise au stress hydrique sur le Zotzenberg, mais les raisins y ont tendance à atteindre très facilement un haut degré de maturité. Cette qualité apparente peut parfois poser des problèmes à un vigneron comme Jean-Pierre qui pense que « une maturité excessive peut brouiller la pureté de l’expression du terroir ».
Face à la complexité et la force de ce coteau du Zotzenberg ce vigneron avoue ne pas encore avoir saisi toutes les subtilités de ce terroir « même si je commence à être en phase avec le Zotzenberg pour le riesling, l’expression idéale du sylvaner reste encore énigmatique pour moi… ».
Jean-Pierre, qui pense que pour approcher l’essence profonde d’un vin il faut chercher à épurer sa matière, a bien conscience qu’il n’est pas encore au bout de sa quête…
Quels sont les cépages les mieux adaptés ?
Il est clair que la complexité géologique du Zotzenberg rend son terroir naturellement polyvalent et donc apte à produire des vins dignes d’intérêt avec les 4 cépages autorisés, mais il n’en reste pas moins que « c’est effectivement le sylvaner qui exprime très bien l’identité du sol du Zotzenberg ».
Malgré ce constat, Jean-Pierre reconnaît qu’il est encore dans l’expectative face à ce cépage : « Nos sylvaners proviennent d’une vieille vigne bien implantée qui s’équilibre naturellement chaque année autour de 60 hl/ha mais qui produit souvent une vendange trop riche en degrés ». Comme il pense que les sucres résiduels sont « des éléments perturbateurs dans l’expression d’un terroir », il se définit comme étant encore « en recherche » pour trouver la bonne méthode culturale et le bon processus de vinification qui lui permettront de réussir un grand vin sec avec ce cépage.
Avec le riesling les choses sont un peu moins compliquées : « grâce à son acidité naturelle plus importante, ce cépage engendre des vins qui s’équilibrent plus facilement ». Sur le millésime 2010, le riesling Zotzenberg, conçu avec une vinification sans intrants et sans SO2, correspond bien à l’image que Jean-Pierre se fait de ce Grand Cru.
Quels caractères spécifiques ce terroir transmet-il aux vins ?
« L’expression du terroir est une chose éminemment compliquée…et quitte à te décevoir, je ne sais pas vraiment définir cela aujourd’hui pour le Zotzenberg »
Moi qui essaye de me construire un système de repères fiables sur les Grands Crus pour éviter de me couvrir de ridicule lorsqu’on me met au défi d’en reconnaître l’un ou l’autre…je sens que je vais encore repartir bredouille. Ca commence à bien faire !
Ceci dit, comme je connais Jean-Pierre depuis quelques années, je n’ai pas été surpris : face aux phénomènes complexes qui interagissent dans la conception d’un vin ce vigneron se garde bien d’énoncer des vérités définitives. « Même lorsque nous dégustons entre collègues de Mittelbergheim nous avons des difficultés à déterminer ce qui dans un vin provient du terroir, du millésime ou de la patte du vigneron ».
Lors de dégustations comparatives de crus du Zotzenberg, du Brandluft et du Stein, ce sont le plus souvent le millésime et le vigneron qui sont reconnus avant le terroir. « Le mieux c’est peut-être de faire des travaux pratiques sur une série de bouteilles : même si notre rapport au terroir se décrypte à travers nos sens, les mots pour en parler ne sont pas toujours faciles à trouver…mais en échangeant des impressions avec autrui on avance plus facilement ».
Voilà une sage décision : ouvrir quelques bouteilles, partager des sensations et des émotions…quel plus beau chemin vers davantage de savoir !
Nous commençons par une série de Riesling Grand Cru Zotzenberg :
2000 : le nez est direct et pur, finement floral avec des notes terpéniques en fond, la bouche est équilibrée avec un milieu bien frais et une finale longuement aromatique, marquée par de beaux amers et une sensation presque tannique à la base de la langue
Malgré un équilibre très strict ce riesling surprend par sa texture très grenue et sa grande longueur aromatique.
2001 : le nez est plus mûr sur le miel, la pêche et quelques notes grillées qui apparaissent après oxygénation, en bouche l’attaque est assez ronde mais dès le milieu on sent une puissante salinité et de beaux amers qui s’élargissent pour soutenir la finale.
Voilà un riesling expressif, équilibré et minéral qui s’affirme comme une belle réussite sur ce grand millésime dont on n’a surement pas encore exploré tout le potentiel.
2003 : le nez franc et agréable s’exprime sur un registre fruité et floral bien complexe, la bouche qui se montre généreuse dès l’attaque possède une ampleur réelle mais la salinité est moindre par rapport aux cuvées précédentes et la finale finement épicée révèle une amertume un peu plus rugueuse.
Ce riesling flatte au premier abord mais ne convainc pas au palais, même s’il y a un véritable air de famille avec les deux vins précédents…comme quoi il ne faut pas que de la chaleur pour réussir une grande cuvée !
2007: le nez est pur, précis et très gourmand sur les fruits à noyau, les agrumes et les fleurs, la bouche très juteuse possède une palette dédiée à l’orange (jus et zeste) et aux épices, la minéralité qui reste un peu en retrait face à cette richesse aromatique s’impose progressivement pour marquer puissamment la finale.
Ce riesling en pleine force de l’âge s’exprime avec un peu d’arrogance mais garde une grande classe…un vin déjà « bu et approuvé » il y a quelques jours chez moi mais que j’ai regoûté aujourd’hui sans bouder mon plaisir. Pourquoi se priver quand c’est bon !
2008: le nez est subtil et élégant avec une palette complexe qui prend son temps pour se livrer, la bouche très vive dès l’attaque possède une belle tension qui met en exergue la salinité et donne une grande profondeur à ce vin.
Tout en élégance et en raffinement ce riesling établit un certain contraste avec le précédent en plaçant son pouvoir de séduction dans un registre différent mais tout aussi efficace. Très beau vin !
2009: le nez est encore marqué par des arômes fermentaires mais après aération il révèle de beaux arômes d’orange amère et de zeste, la bouche est ample avec une salinité toujours très affirmée et une finale longue qui révèle des notes de cuir et d’épices.
Cette cuvée a fermenté depuis plus de 2 ans pour manger ses sucres et se présenter à nous aujourd’hui comme un riesling sec complexe et minéral…comme quoi si on choisit de laisser vivre sa vie à un vin il faut parfois savoir être patient.
2010: le nez est discret mais d’une grande pureté avec une palette subtile sur les fruits blancs et les fleurs, la bouche est solidement tenue par une acidité très large, la finale est puissamment saline.
Cette cuvée vinifiée « Nature » n’a pas été revendiquée en Grand Cru bien qu’elle provienne exclusivement du Zotzenberg. Lorsqu’il a décidé de tenter l’expérience sur cette cuvée Jean Pierre n’a pas voulu pendre de risque…mais au bout du compte ce riesling se tient magnifiquement bien et exprime avec une grande force la minéralité de son terroir.
Cette série de rieslings nous confirme que, même si la marque saline du terroir est omniprésente en fin de bouche sur chaque vin, l’influence des millésimes et la patte du vigneron (dont on a pu suivre l’évolution des conceptions durant cette dernière décennie) pèsent vraiment sur la nature de ces différentes cuvées.
Pour compléter notre formation pratique nous poursuivons avec une petite série de Sylvaner Grand Cru Zotzenberg :
2000 Zotz : le nez est fin et raffiné sur un registre floral très aérien, en bouche l’attaque est assez souple, le milieu se montre un peu fuyant mais la finale se tient grâce à une fine amertume.
Un sylvaner qui fait une belle impression au nez mais qui ne tient pas toutes ses promesses en bouche. Peut-être un peu passé…
2005 Mystère Sylvaner: le nez est mûr et complexe sur les agrumes confits avec une belle touche minérale, la bouche est dense, très aromatique, avec d’intenses notes de fleur d’oranger qui se manifestent après oxygénation et une belle salinité finale.
On se régale vraiment avec ce vin qui montre que le Zotzenberg peut produire de grands sylvaners…mais Jean-Pierre reste dubitatif « c’est bon, mais trop riche…ce vin n’est plus dans l’esprit de ce que je recherche aujourd’hui ».
2010 : le nez est perturbé par des arômes fermentaires mais la bouche révèle une matière charnue, dense, équilibrée et très minérale.
Ce vin prélevé sur foudre n’a toujours pas fini ses sucres et fermente encore doucement…la recherche de vins secs demande parfois beaucoup de patience mais les sensations du jour sont très prometteuses.
Cette courte série de sylvaner nous fait découvrir trois vins travaillés dans un esprit très différent…la preuve que Jean-Pierre continue de chercher à percer le secret de ce cépage sur ce Grand Cru.
Pour terminer cette session Jean-Pierre me propose deux cuvées particulières :
2007 Ni vu ni connu : le nez est marqué par l’oxydation mais des notes citronnées très vives apportent une touche de fraîcheur très agréable, la bouche est tendue et bien concentrée, la finale est longue sur la noix et les épices.
Ce sylvaner 2007 récolté sur le Zotzenberg a été élevé durant 3 ans et 7 mois en foudre (avec un petit voile durant 1 an et demi) Ce vin possède une personnalité originale et fortement typée qui le fait sortir des normes alsaciennes mais qui a trouvé son public dès sa sortie : les 700 bouteilles produites sont parties en quelques jours…au Japon notamment. Un « exercice de style » réussi !
Sylvaner G.C. Zotzenberg - Sacré Sylvaner 2005 : le nez est très expressif sur le citron mûr, le champignon blanc et une pointe minérale très fine, en bouche, l’attaque est marquée par le raisin sec, le développement est moelleux et gras avec une salinité qui se manifeste progressivement depuis le milieu pour laisser en finale une belle sensation de sapidité.
Rentré avec une maturité S.G.N. ce vin liquoreux (100 g de SR) mais puissamment salin montre vraiment « la force de ce terroir ». Superbe !
Ces deux cuvées extrêmes nous proposent des interprétations diamétralement opposées du sylvaner sur le Zotzenberg : le premier vin est structuré par un élevage oxydatif et le second par la richesse d’une vendange botrytisée…comme quoi ce Grand Cru permet vraiment au vigneron de laisser libre cours à sa créativité !
Y-a-t-il dans votre mémoire de vigneron le souvenir d’un vin mythique sur ce Grand Cru ?
Pour changer, la spéciale Thierry Meyer va encore faire un flop aujourd’hui car, malgré mon insistance un peu pesante, Jean-Pierre affirme sans hésiter que son vin mythique sur le Grand Cru est cette cuvée Riesling Nature 2010 qu’on vient de déguster à l’instant…
Et pourtant, chaque année, lors des « Journées Portes Ouvertes » du domaine les vieux millésimes ont une place de choix dans les dégustations proposées aux visiteurs : on ne peut pas croire un seul instant qu’il n’y a pas une culture des vins d’antan chez les Rietsch mais bon, la parole est au vigneron et je ne suis là que pour la relayer : « ce riesling colle parfaitement à la vision que j’ai du Zotzenberg, je sens ce vin en phase avec son terroir…et avec moi »…on ne saurait être plus clair !
Quelles perspectives pour ce terroir ?
Jean-Pierre est convaincu que le combat pour le sylvaner sur le Zotzenberg a eu des répercussions positives pour la viticulture à Mittelbergheim :
- les débats pour faire amender la loi sur les Grands Crus a souvent placé le Zotzenberg sur le devant de la scène médiatique.
- la défense de ce projet a nettement resserré les liens de solidarité entre vignerons.
L’existence d’une œnothèque régulièrement approvisionnée prouve que les vignerons de ce village croient vraiment en la qualité de leur Grand Cru : située dans la cave voutée de l’Hôtel de Ville, elle regroupe une collection de flacons sélectionnés lors d’une dégustation annuelle pour conserver la mémoire des millésimes anciens.
L’entrée de l’Œnothèque de Mittelbergheim
Profitant de son classement parmi les « Plus Beaux Villages de France » Mittelbergheim attire facilement les touristes qui vont flâner dans les rues et se laisser tenter par l’une ou l’autre visite dans l’un des nombreux caveaux : une manne bénie pour les vignerons qui, comme les Rietsch, ont particulièrement soigné leurs espaces d’accueil et proposent régulièrement des animations au sein de leur domaine.
En levant un peu la tête dans les rues du village…les tentations sont nombreuses !
Les vins du domaine : quelle conception ?
La famille Rietsch est profondément enracinée à Mittelbergheim puisque sa présence dans le village est attestée depuis le 17° siècle. En 1970, Pierre et Doris, les parents de Jean-Pierre ont choisi d’abandonner la polyculture pour se consacrer exclusivement à la vigne. Aujourd’hui, cette exploitation familiale de 12 hectares est passée aux mains des enfants du couple fondateur, Jean-Pierre, Annelise qui poursuivent l’œuvre parentale aidés par leurs conjoints respectifs.
Au niveau de la viticulture, le domaine Rietsch à fait le choix exigeant de pratiques culturales respectueuses de l’environnement : en conversion bio depuis 2008 pour le pinot noir et 2009 pour les autres vins, la production sera officiellement labellisées AB en 2011 pour ses rouges et en 2012 pour l’ensemble de la gamme. Avec l’enherbement et le travail intégral du sol, les parcelles sont traitées dans le souci de préservation de la faune et de la flore indigènes pour permettre à la vigne de s’épanouir dans un milieu naturel sain et équilibré.
La tulipe sauvage qui fleurit au printemps entre les pieds de vigne du Zotzenberg (photo empruntée sur http://lerustre.over-blog.com avec l’aimable autorisation de l’auteur)
Les vendanges sont uniquement manuelles, ce qui permet une trie précise et précoce. Les raisins sont pressés en douceur et sur une période assez longue dans un pressoir pneumatique, ce qui permet de limiter l’extraction des bourbes et d’économiser éventuellement une opération de filtration.
Au niveau des vinifications, la philosophie du domaine est claire « des interventions minimales et douces » : pas de levurage, pas de chaptalisation, pas d’acidification ou de désacidification, pas de collage, les vins subiront juste une filtration légère et un petit sulfitage pour les stabiliser le vin avant la mise : « Il n’y a pas d’intervention anodine sur un vin…dès qu’on agit sur les processus naturels le vin subit des transformations considérables ».
Aujourd’hui, Jean-Pierre est de plus en plus convaincu par la conception de vins Nature « c’est une démarche difficile et risquée mais c’est ce style de vin que j’ai envie de boire ».
Pour réussir ce type de vins il faut avant tout produire et récolter des fruits de qualité irréprochable : un état sanitaire parfait, une maturité optimale et un rapport malique/tartrique équilibré.
En second lieu il y a l’obligation de mener à leur terme les processus fermentaires pour stabiliser les vins : des fermentations malo-lactiques systématiques et des fermentations alcooliques complètes, même si dans certains millésimes elles ont besoin de beaucoup de temps pour aboutir. Les élevages se font majoritairement dans des foudres.
Inox et béton dans la cuverie du domaine Rietsch.
Dans le chai : foudres et demi-muids et quelques œuvres d’art à l’occasion de la journée « Portes Ouvertes » au domaine.
Pour résumer, Jean-Pierre Rietsch a choisi de concevoir ses vins en laissant le plus possible la nature faire son œuvre : « l’œnologie peut sauver une cuvée le cas échéant mais baser la réussite d’un vin sur l’œnologie ne correspond pas à ma vision du métier de vigneron ».
Chez Jean-Pierre Rietsch le rendement moyen sur le Zotzenberg se situe autour de 40 à 50 hl/ha pour les rieslings et autour de 50à 60 hl/ha pour les sylvaners.
La carte du domaine propose une bonne vingtaine de références avec des cuvées classées selon une typologie particulière : Vins Classiques – Vins Nature – Vins Insolites.
La gamme Rietsch sur un tableau à double entrée…original !
Le domaine Rietsch s’appuie sur une solide base de clients alsaciens fidèles et réguliers « ils me suivent dans ma démarche depuis de longues années » et manifestent beaucoup d’intérêt pour « ces cuvées de vins originaux vendus entre 7 et 10 euros où je peux me lâcher et laisser libre cours à ma créativité ».
Il y a également quelques cavistes locaux spécialisés dans les vins Nature, qui contribuent à faire connaître le domaine.
Au niveau des exportations les destinations principales se situent en Europe et outre atlantique sans oublier le Japon qui depuis quelques années montre un intérêt réel pour les cuvées particulières Bio et Sans soufre.
Et dans le verre ça donne quoi ?
Après la dégustation de cette belle série de Zotzenberg décrite plus haut, nous n’avons évidemment plus le temps de voir en détail le reste de la production du domaine Rietsch mais en cherchant un peu sur le site vous verrez que, suite à mes visites régulières à Mittelbergheim, les commentaires ne manquent pas pour vous donner un petit aperçu gustatif des différentes cuvées au tarif actuellement.
Ceci dit, je ne résisterai pas au plaisir de mettre en avant deux vins absolument « indispensables » :
Riesling Stein 2010 : déjà évoqué lors de ma tournée dans le vignoble avec Cyril l’ardéchois, ce vin issu d’un autre grand terroir de Mittelbergheim, flatte les sens par sa pureté et sa profondeur aromatique tout en proposant une bouche très droite mais pleine de tonus et d’énergie.
Coup de Coeur 2010 : cet assemblage de pinot gris et de gewurztraminer récoltés sur le Zotzenberg, séduit dès le premier abord mais sans trop en faire : les cépages se fondent dans un registre aromatique fin et très agréable, citronné et légèrement exotique, la bouche est parfaitement équilibrée, gourmande et facile d’accès…MIAM !
Pour conclure, un petit bilan sur cette treizième expérience de visite approfondie d’un terroir Grand Cru (attention je risque de me répéter…) :
- J’ ai renforcé ma conviction qu’une bonne compréhension d’un vin passe évidemment par la dégustation mais s’enrichit considérablement si on fait la démarche d’aller sur place, sentir l’énergie des terroirs où il naît et rencontrer les gens qui le conçoivent…je ne boirai plus jamais des Zotzenberg comme avant !
- Le Zotzenberg est un terroir complexe à plus d’un titre : avec une géologie très diversifiée et une histoire assez tortueuse ce Grand Cru recèle encore bien des mystères non élucidés à l’heure actuelle.
Les vins du Zotzenberg n’annoncent pas forcément leur identité à travers un registre olfactif spécifique mais sont marqués par une salinité très forte qui construit des équilibres souvent bien particuliers. Le leitmotiv de ce Grand Cru pourrait se trouver au niveau de la sensation que ses vins laissent en fin de bouche : des amers nobles et délicats, des impressions tactiles presque tanniques et une présence minérale qui marque réellement le goût.
- Jean-Pierre Rietsch est un vigneron qui a choisi d’accorder autant d’importance à ses émotions et ses sensations qu’à sa raison pour décider de la meilleure façon de concevoir ses différentes cuvées. Pour lui, son travail consiste à accompagner un vin avec beaucoup d’attention de la vigne à la bouteille pour l’aider à tracer sa destinée…une démarche très socratique en quelque sorte.
Son profond respect de la Nature va au-delà de la simple conscience écologique : la préservation de l’environnement est certes une valeur fondamentale dans les pratiques viticoles du domaine mais Jean-Pierre a choisi d’aller plus loin en dépouillant son travail en cave de toute intervention œnologique superflue pour approcher une forme de pureté absolue dans l’expression de ses vins.
Bien évidemment certaines de ses cuvées ont des personnalités qui peuvent segmenter une assemblée de dégustateurs mais elles lui correspondent et il les revendique avec ferveur « je m’applique, à faire des vins qui me plaisent…secs, digestes et fidèles à leur origine ».
Jean-Pierre a conscience qu’en s’orientant vers le vin Nature, il n’a pas forcément choisi le chemin le plus facile, mais aujourd’hui il ne se voit vraiment pas en emprunter un autre…qui l’aime le suive !
En ce qui me concerne, j’apprécie depuis de longues années les vins et la compagnie de ce vigneron cultivé, ouvert aux autres et profondément humain…et j’ai été particulièrement heureux de pouvoir réaliser ce travail avec lui.
Mille mercis !
Vu de l’extrémité nord du Zotzenberg, le coteau du Kirchberg de Barr…eh oui, lorsqu’on quitte un Grand Cru, le suivant n’est jamais très loin.
Première pubication de cet article : 2011
Ajouter un commentaire