Petite étape vinique à Eguisheim

Des obligations familiales m’ayant conduit du côté du sud de l’Alsace je n’ai pas résisté à l’envie de faire une petite halte sur la route des vins pour faire quelques photos et saluer l’un ou l’autre vigneron.
Comme je savais qu’entre Thann et Colmar l’offre d’escapades viniques était vraiment pléthorique, je suis parti de Strasbourg avec déjà une petite idée derrière la tête qui m’a conduit à programmer mon escapade œnophile du côté d’Eguisheim.
La cité du Pape alsacien, que j’ai visitée à plusieurs reprises en 2012 garde toujours pour moi un fort pouvoir d’attraction…c’est parti pour une petite séquence photo sur l’Eichberg, une prise de contact avec Michel Ginglinger (Domaine Paul Ginglinger), un nouveau passage sur le Pfersigberg pour voir l’évolution du Clos Lucas conçu par Christian Beyer (Domaine Emile Beyer) et une rapide visite chez ce dernier vigneron afin de récupérer les quelques bouteilles de riesling Grand Cru Pfersigberg 2010 réservées l’année passée.

eguisheim.jpgEguisheim vu d’en haut…on ne s’en lasse pas (merci gogol earth)

Avec une météo assez terne et une carte du vignoble qui manque cruellement de précision je suis rapidement contraint d’abandonner mon projet de prises de vues sur le second Grand Cru d’Eguisheim…je reviendrai faire des photos de l’Eichberg sous le soleil !

2013-0067.jpgAu dessus de l’Eichberg, le village de Husseren les Châteaux dans les nuages

Malgré la faible luminosité ambiante je décide quand même d’aller faire une tour sur le Pfersigberg voisin pour voir comment a évolué le Clos Lucas depuis ma dernière visite.
Je suis content de constater que le projet de Chistian Beyer a bien avancé : le portail est en place, les délimitations du clos sont nettement dessinées et les jeunes vignes semblent aller pour le mieux au sortir d’un hiver assez rigoureux.
Tout est mis en œuvre pour que, sur ce coteau calcaire aux pentes régulières exposées au sud situé dans le secteur nord du Grand Cru, ce nouveau clos alsacien nous offrira quelques très grandes cuvées…Patience !

2013-0073.jpgLe portail est en place…

2013-0074.jpg…les jeunes vignes se portent bien…

2013-0075.jpg…et les murets de pierres sèches qui étayent les terrassent sont splendides.

De retour dans les rues de la vieille ville, où il fait bon se promener, même en hiver, je m’arrête quelques minutes dans le caveau du domaine Paul Ginglinger, histoire de saluer Michel Ginglinger qui me servira de guide dans mon futur travail sur le Grand Cru Eichberg.
Ce jeune vigneron semble particulièrement intéressé par les terroirs d’Eguisheim… c’est tout bon pour moi, vivement notre prochaine rencontre.

A quelques pas du domaine Ginglinger se trouve la maison Emile Beyer avec son caveau flambant neuf, clair, moderne et très accueillant…voilà une restructuration particulièrement réussie !
Comme mes rieslings sont encore stockés dans la nouvelle cave située à la périphérie du village, Christian Beyer me propose de le rejoindre sur place pour « goûter quelques trucs ».
Je ne dispose pas de beaucoup de temps et je n’ai pas de quoi prendre des notes (c’est le problème avec les visites improvisées…) mais les trois vins dégustés en cours d’élevage en cuves inox sont pleins de belles promesses :

Pinot gris Hostellerie 2012 : pur et discret au nez ce vin se montre parfaitement sec en bouche avec du gras du volume et une jolie minéralité en finale.
Sur cette cuvée, Christian Beyer a cherché une expression épurée et droite du pinot gris…personnellement je partage pleinement ce choix car je suis de plus en plus convaincu que ce cépage peut engendrer de grands vins secs en Alsace.
Il ne reste plus qu’à changer les repères d’une clientèle habituée à goûter des pinots gris demi-secs ou moelleux…vaste chantier en perspective !

Riesling Grand Cru Pfersigberg 2012 : l’aromatique est assez fermée avec un fruité très léger et des notes de craie humide déjà bien sensibles, la bouche est verticale avec un équilibre très frais et une finale tendue et minérale.
Riesling Grand Cru Pfersigberg 2011 : le nez est fin et suave avec une expression fruitée qui s’ébauche doucement et toujours ces notes crayeuses en fond, la bouche est assez proche de celle du 2012 avec une charpente acide ciselée et une matière élégante mais très droite.
Le choix de l’équilibre sec exprimé dans la conception du pinot gris se confirme sur ces deux jeunes rieslings : que ce soit le premier qui vient d’être filtré récemment ou le second qui va être mis en bouteilles prochainement, ces Grands Crus affirment fièrement leur style : un équilibre tonique, un caractère épuré mais une race évidente…deux belles cartouches !

2013-0077.jpg

De retour at home, je ne résiste pas au plaisir de déboucher un Riesling Pfersigberg 2010, histoire de compléter mon tiercé de Grands Crus : la robe d’un jaune éclatant annonce la couleur…attention les papilles ! Le nez franc et précis livre une palette classique mais parfaitement définie sur les agrumes (citron, mandarine) avec un fond crayeux et finement balsamique, en bouche, après une attaque vive et pointue, l’acidité très large glisse sur les bords de la langue et structure une matière assez riche, le fruité citronné est très pur et la finale longue et salivante distille de fines notes minérales.
Que dire de plus ? Plein de fougue et d’énergie positive, malgré sa jeunesse, ce 2010 est déjà très grand !
Malheureusement la cuvée est très rare (elle risque d’être épuisée avant d’apparaître sur le tarif du domaine) ceci dit, les millésimes suivants s’annoncent tout aussi réussis…avis aux amateurs !

Malgré ce triste hiver qui n’en finit pas, je me suis régalé en me promenant dans le vignoble alsacien : à l’ombre des trois châteaux perdus dans la brume, les coteaux de l’Eichberg et du Pfersigberg possèdent un charme indéniable et l’enroulement des rues de la vieille ville d’Egusiheim garde sa magie même dans la grisaille.
Les quelques vins dégustés au domaine Emile Beyer se sont montrés particulièrement fins et racés et Michel Ginglinger m’a confirmé qu’il était prêt à m’aider dans le décryptage des mystères de l’EIchberg.
Qui a dit qu’il faisait froid en Alsace !

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