Dégustation d'agrément aux Hospices de Strasbourg - Edition 2019

Les bâtiments historiques de cette « ville dans la ville »

J’ai participé pour la première fois pour cette séance de dégustation en janvier 2017 et après avoir raté l’édition 2018 à cause d’un agenda personnel incompatible avec la date proposée, j’ai été ravi de pouvoir répondre favorablement à cette nouvelle invitation de la SICA « Chais des Hospices » pour goûter et évaluer quelques cuvées du millésime 2018 présentées par des vignerons alsaciens qui participent à la belle aventure de la Cave Historique des Hospices de Strasbourg.
Hoppla, c’est parti !

La salle des fêtes des Hospices de Strasbourg préparée pour la séance de dégustation.


Ambiance festive et bachique sur les murs.


Les tables préparées pour 6 dégustateurs…


…et des verres INAO estampillés.

 
Les étudiants en sommellerie du lycée hôtelier de Strasbourg se mettent au travail pour préparer la dégustation.


La Reine des Vins d’Alsace 2018-2019 et ses Dauphines sont également présentes pour participer à l’évaluation des vins.

Comme en 2017, la séance commence par les discours de bienvenue prononcés par Christophe Gauthier, le Directeur Général des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, et par Patrick Aledo, le Président de la S.I.C.A. de la Cave des Hospices de Strasbourg.

Discours officiels avant la séquence de dégustation.

Cette dégustation qui a lieu chaque mois de janvier permet de sélectionner les vins les plus prometteurs qui auront le privilège d’être élevés durant 6 à 10 mois dans les foudres de cette cave prestigieuse.
Le comité de dégustation, composé de professionnels et d’amateurs de vin, rassemble une centaine de personnes qui vont être chargées d’évaluer les échantillons proposés par les 26 viticulteurs qui participent à cette belle aventure.
Les vins sont prélevés sur cuve et présentés dans une bouteille neutre sans filtration.

Pour cette année, Thibaut Baldinger, l’actuel responsable de la Cave des Hospices de Strasbourg, a imaginé un nouveau protocole d’évaluation de ces vins de 2018 :
- chaque tablée de 6 dégustateurs est présidée par un professionnel du vin qui sera chargé de rédiger la synthèse des commentaires sur chaque échantillon,
- chaque vin est présenté à 2 jurys différents et s’il y a désaccord sur un vin, il sera dégusté une nouvelle fois par un 3°jury.
- les vins sélectionnés subissent une dernière analyse en laboratoire avant d’être confiés aux bons soins de Lucas Spinner, le nouveau maître de chai de la Cave des Hospices.

Les dégustateurs commencent leur « travail »…


…avec une table « présidentielle » dédiée à la sélection des cuvées de crémant.

Hormis la table présidentielle, réservée aux personnalités – Christophe Gauthier, Patrick Aledo, Serge Dubs, les consuls de Chine, d’Allemagne et du Maroc…– les autres places sont laissées au choix des dégustateurs.
Je me retrouve à la table présidée par Jean-Daniel Hering avec pour mission d’évaluer 8 cuvées de riesling et 6 cuvées de pinot gris.

Ma table présidée par Jean-Daniel Hering, secondé par Stéphane Wantz…


…et nos 13 flacons à déguster.

L’exercice est toujours aussi compliqué pour le simple amateur que je suis mais les débats sont ouverts et intéressants et l’expertise des deux vignerons nous est bien utile lorsqu’il s’agit de statuer sur le potentiel d’évolution des ces vins et sur leur aptitude à profiter d’un élevage en foudres.
Au bout du compte nous refusons 2 cuvées de rieslings sur 8 et 3 cuvées de pinot gris sur 6…mais, contrairement à ce qui s’était passé en 2017, nous ne connaitrons pas la provenance des différents échantillons dégustés.

Ceci dit, l’impression générale laissée par les rieslings 2018 était très prometteuse avec des jus riches et « goûtus » équilibrés par de très belles acidités.
Les cuvées exclues de la sélection l’ont été pour des problèmes œnologiques.
La qualité des jus de pinots gris 2018 était plus hétérogène avec 50% de cuvées refusées pour cause probable une maturité phénolique insuffisante (vendange trop précoce ou blocage de maturité suite à la sécheresse).
J’ai l’impression que 2018 sera un millésime où on trouvera facilement de très beaux rieslings mais où il faudra chercher un peu plus pour dénicher de grands pinots gris…

La session de dégustation se termine par la présentation par Serge Dubs du crémant de l’année…et là de suspense, le nom du lauréat est révélé : il s’agit du crémant de la cave Jean Geiler d’Ingersheim.

Après une intervention du professeur Claude Muller qui a évoqué l’histoire de la relation privilégiée entre l’Alsace et la Suisse, la parole est donnée à des scientifiques qui ont étudié la mémoire métabolique des vieux vins – Régis Gougeon, chimiste à l’Université de Bourgogne et Jasmine Hertzog et Philippe Schmitt-Kopplin de l’Université de Munich – et qui ont fait une analyse chimique précise du fameux vin de 1472 conservé dans la cave des Hospices de Strasbourg. Cette étude inédite qui s’appuyait sur des résultats obtenus en utilisant la spectrométrie de masse a révélé que ce vin mythique comptait plus de 50 000 composants…incroyable !!!

Un petit graphique pour les initiés.

Pour terminer cette matinée en beauté, nous sommes invités à partager un déjeuner au « Bistrot des Copains », un restaurant situé sur les bords de l’Ill à quelques pas de la cave des Hospices de Strasbourg.

Le bistrot des copains


Le restaurant est préparé pour accueillir le groupe de dégustateurs.

 
C’est parti pour un moment de convivialité fort sympathique.

Après un verre de crémant brut « Cuvée des Hospitaliers », une bulle festive d’une parfaite gourmandise, nous dégustons une série de cuvées des Hospices de Strasbourg avec un menu qui propose une pressée de lentilles au foie gras, une pièce de veau cuite à basse température et un dessert ananas coco…MIAM !

Une jolie bulle apéritive pour commencer…


…suivi par quelques jolies bouteilles dont un superbe pinot noir 2016 provenant du domaine Hering…


…et pour terminer en beauté, un marc de gewurztraminer 2010.

L’hôpital civil de Strasbourg est un hôpital pavillonnaire dont les plus anciens bâtiments datent du XIV° siècle.
Créée dès 1396, la Cave Historique des Hospices de Strasbourg participait à l’autosuffisance alimentaire de cet hôpital géré par des religieux qui assuraient les soins aux malades mais proposaient aussi le gîte et le couvert aux pèlerins et aux pauvres.
A partir du XVII° siècle cet hôpital s’est médicalisé et les quantités de vin distribuées aux malades ont diminué progressivement, provoquant une baisse régulière de l’activité de cette cave, si bien qu’en 1990 l’utilisation en propre de ces chais historiques avait définitivement cessé.
Grâce à l’action conjuguée de la direction de l’hôpital et d’une trentaine de domaines alsaciens la Cave des Hospices de Strasbourg a repris ses activités en 1996 avec la création d’une S.I.C.A. dont on a célébré les 20 ans lors de la dégustation d’agrément de janvier 2017.

Cette matinée en bonne compagnie m’a permis de me faire une idée plus précise de la qualité du millésime 2018 et de constater une fois encore le sérieux du protocole de sélection des vins qui entreront dans cette cave historique.
Comme ont pu le confirmer Jean Daniel Hering et Sébastien Wantz, 2018 fut un très beau millésime à la vigne avec une vendange saine et généreuse mais une fois en cave le travail de ces vins pouvait s’avérer assez compliqué à cause notamment d’un volume global inhabituel qui a posé des problèmes de stockage dans certaines caves.
Il y a également des jus très prometteurs à la sortie du pressoir qui ont fait des caprices lors des phases de vinification et d’autres qui auront du mal à s’harmoniser du fait d’une richesse excessive. Bref, cette année, plus que jamais, c’est l’expertise du vigneron qui sera déterminante dans la réussite de ces vins que tout le monde attend à un très haut niveau qualitatif.

Je crois que ceux qui pensent que 2018 sera un millésime facile où on pourra acheter les vins les yeux fermés se trompent : il va encore falloir goûter avant de mettre en cave…et c’est bien mieux comme ça !

En tous cas, bravo à la SICA des Hospices pour son action en faveur de notre patrimoine culturel et vinique…et merci à tous ceux qui ont œuvré pour permettre la réussite de cette belle journée.

Pour en savoir plus je vous invite à aller voir sur le site Vinéonews Alsace : CLIC