Dégustation verticale de vins du Grand Cru Osterberg au domaine Louis Sipp

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Cela fait quelques années que ce domaine organise des dégustations thématiques autour des grands terroirs de Ribeauvillé mais je n’y avais encore jamais participé…une terrible lacune à laquelle il fallait absolument remédier !

Aussi, malgré un agenda vinique de printemps particulièrement bien rempli, j’ai donc décidé de réserver ce dimanche après-midi pour profiter de ce nouvel évènement organisé par Etienne Sipp autour des vins du Grands Cru Osterberg.
Hoppla, c’est parti !

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Le château Saint Ulrich au loin et le traditionnel jouer de fifre au milieu du village…on est bien à Ribeauvillé

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Je suis bien au bon endroit

Organisée par Etienne et Martine, assistés par des membres de l’équipe du domaine, cette séquence de dégustation nous propose de découvrir le terroir de l’Osterberg interprété par 9 millésimes de riesling et 6 millésimes de gewurztraminer.

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Tout est en place pour bien « travailler »

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Les participants sont installés…

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…et Etienne nous fait une présentation de ce fameux Grand Cru de Ribeauvillé

Comme son nom l’indique l’Osterberg est un coteau orienté à l’est avec un sol à dominante marno-calcaire. Il fait partie de la fameuse trilogie des Grands Crus de Ribeauvillé dont j’envisage de faire une étude approfondie dans un futur proche.
Bien évidemment, les documents et les renseignements fournis par Etienne Sipp à cette occasion me seront d’une grande aide pour ce projet.
Mais il est temps de passer aux travaux pratiques…allez, on goûte !

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Les rieslings sont servis par 3, en bouteille ou en magnum.
(N.B. les bouteilles ont été débouchées 2 heures avant l dégustation)


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C’est parti avec les millésimes 2020, 2017 et 2014 (de gauche à droite)

Alsace Grand Cru Riesling Osterberg

2020 : nez ouvert et complexe avec des notes d’agrumes frais et de craie évoluant vers des arômes de miel, bouche d’une élégance très monacale structurée par une acidité large et solide et stimulée par une légère présence tannique, finale longue et droite soutenue par de beaux amers minéraux.
(12,9° – S.R. : 0,5 g/l – A.T. : 4,5 g/l)
2017 : nez très séduisant qui développe de belles notes florales et mentholées, bouche très puissante avec une attaque franche et vive, un jus concentré qui tapisse le palais et une finale bien saline, « électrisée » par un léger grip tannique.
(13,3° – S.R. : 4,4 g/l – A.T. : 4,5 g/l)
2014 : nez expressif et complexe avec des notes de citron mûr sur un fond mentholé et poivré, bouche ample et pleine d’énergie, portée par une acidité large et une présence minérale un peu granuleuse, finale longue et salivante avec belle persistance fruitée/épicée.
(13° – S.R. : 2,3 g/l – A.T. : 5,2 g/l)

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Ce terroir a toujours été connu pour sa capacité à générer des vins sans concession avec des personnalités un peu austères : « les anciens disaient toujours que les vins de l’Osterberg étaient knorrig (osseux) »…un caractère que cette première triplette illustre à merveille.
Bien qu’ils soient issus de millésimes très différents et encore assez jeunes, ces trois vins nous proposent des signatures minérales bien lisibles avec des acidités larges, des salinités sensibles et des textures légèrement granuleuses.


2012 : nez complexe et raffiné avec des notes de citron frais sur un fond floral et mentholé, bouche consistante structurée par une acidité large, finale droite et sapide soutenue par de beaux amers minéraux.
(12,9° – S.R. : 6,2 g/l – A.T. : 4,6 g/l)
2010 : nez un peu plus évolué mais d’une belle complexité avec des notes de cire et d’épices sur un fond minéral discret, bouche très tonique avec une attaque vive et percutante, un centre ample et concentré, une finale longue et vibrante avec un sillage balsamique et poivré.
(12,6° – S.R. : 6,2 g/l – A.T. : 6,6 g/l)
2008 : nez assez charmeur avec des notes de fruits blancs frais sur un fond brioché, bouche droite avec un jus dense porté par une belle acidité, finale un peu austère avec des amers nobles et une longue persistance minérale (caillou, craie).
(12,7° – S.R. : 5 g/l – A.T. : 6,2 g/l)

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On poursuit cette verticale avec 3 bouteilles entrées dans leur deuxième décennie, qui se tiennent toujours remarquablement bien.
A côté d’un 2012 qui nous offre un récital classique en « riesling majeur », le 2010 et le 2008, issus de millésimes froids, ont bien intégré leurs acidités assez pointues tout en gardant une belle vivacité.
Le 2012 et le 2008 semblent avoir atteint leurs équilibres optimaux tout en disposant des ressources qui leur permettront de tenir encore de longues années à ce niveau alors que le 2010 aura probablement encore besoin d’un peu de garde pour trouver son point d’harmonie.


2005 : nez ouvert et très racé avec des notes d’orange sanguine, de bergamote et d’épices douces, bouche ample et puissante avec un joli gras et un centre assez riche tenu par une belle trame acide/saline, finale longue et intense stimulée par un léger grain tannique.
(13,7° – S.R. : 12,4 g/l – A.T. : 5,1 g/l)
2004 : nez très avenant avec des notes de céréales, de sous-bois et d’aspérule, bouche assez puissante qui développe une aromatique progressivement dominée par des notes végétales, finale fraîche et très digeste.
(13,2° – S.R. : 6,2 g/l – A.T. : 4,9 g/l)
2001 : nez expressif et mûr avec des notes de citron confit, de miel et de raisin sec, bouche ample et généreuse avec un centre rond et suave qui enrobe une acidité large et souple, finale longue et intense, rafraîchie par une belle présence saline
(13,7° – S.R. : 24 g/l – A.T. : 4,7 g/l)

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La série se termine par une belle triplette du début de ce siècle avec un 2004 qui se goûte encore très bien même si on y décèle peu à peu la marque aromatique de ce millésime particulier, un sublime 2005, puissant, complexe et imprégné par une profonde minéralité et un très grand 2001 qui révèle une richesse un peu inhabituelle mais qui se livre à la dégustation avec une spontanéité gourmande tout à fait réjouissante.

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Les rieslings 2005, 2004 et 2001 avec des robes qui commencent à trahir leur âge


Alsace Grand Cru Gewurztraminer Osterberg

2017 : nez intense et charmeur avec des notes florales accompagnées par de fines touches épicée, attaque en bouche douce et suave puis montée en puissance progressive avec une acidité qui s’élargit et une fine trame tannique plus centrée, finale longue et tonique avec un sillage sur des épices plus ardentes (poivre noir, piment).
(13° – S.R. : 25 g/l – A.T. : 2,3 g/l)
2014 : nez agréable avec une palette complexe sur la rose fraîche et les épices soutenue par de légères notes fumées, bouche en demi-corps, élégante et longiligne équilibrée par une acidité fondue, finale très digeste avec une longue persistance poivrée et pimentée.
(13,4° – S.R. : 21,1 g/l – A.T. : 4 g/l)
2004 : nez expressif et complexe avec de belles notes exotiques et pimentées, bouche puissante avec un jus riche, concentré et bien onctueux, finale sapide, longue et épicée, stimulée par des amers nobles.
(13,1° – S.R. : 33,4 g/l – A.T. : 3 g/l)

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Ces gewurztraminers issus d’une vieille parcelle avec « une grande diversité génétique », on été pressés très lentement « pour extraire un peu de tannins »…et cela se ressent particulièrement sur la cuvée la plus jeune qui se distingue par sa belle complexité aromatique et son équilibre très digeste.
Les deux autres bouteilles nées dans des années plutôt compliqués, se tiennent remarquablement bien après 10 et 20 ans de garde…deux vins qui nous prouvent que le terroir de l’Osterberg est vraiment « un terroir qui tempère fortement l’effet millésime ».


1994 : nez complexe mais avec un profil aromatique assez austère sur les épices, la craie et le sous-bois, bouche fraîche et droite avec une matière un peu diluée, finale épicée et marquée par des amers persistants.
(15,5° – S.R. : 2,4 g/l – A.T. : 3 g/l)
1985 : nez discret sur les épices, bouche longiligne avec une matière en demi-corps, équilibre très sec, finale bien sapide avec un sillage assez « piquant » sur le poivre.
(13,5° – S.R. : 2,4 g/l – A.T. : 3 g/l)
S.G.N. Cœur de Tries 2000 : nez exubérant et complexe avec des notes de raisin sec, d’abricot mûr et de pain d’épices, bouche puissante avec un jus concentré qui libère de beaux arômes de fruits sur-mûris, finale sapide, assez pointue avec une longue persistance fruitée et épicée.
(12° – S.R. : 156,5 g/l – A.T. : 4,8 g/l)

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Les deux premières bouteilles de la dernière série nous font encore sauter une et (presque) deux décennies de plus avec une cuvée de gewurztraminer de 1994 toujours « droit dans se bottes » mais qui a dépassé depuis quelques temps sa phase de maturité optimale et une cuvée de gewurztraminer de près de 40 ans, toujours très cohérente, qui nous rappelle que 1985 fut un très grand millésime en Alsace.
La dernière bouteille nous offre une version liquoreuse d’un gewurztraminer Osterberg…un vin remarquable de richesse et de complexité avec un équilibre parfaitement digeste équilibré, un vin taillé pour une très longue garde.

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La soirée se termine par la dégustation d’une très belle assiette de fromages accompagnée par quelques verres de rieslings ou de gewurztraminer de l’Osterberg


Vigneron érudit et pédagogue, Etienne Sipp a été un guide parfait pour nous initier aux mystères de ce grand cru de Ribeauvillé. Grâce à un exposé concis et précis, illustré par quelques très beaux flacons sortis de l’œnothèque du domaine, il nous a permis de comprendre un peu mieux la nature profonde des vins de l’Osterberg.

Bref, une fois encore j’ai passé de très beaux moments de gourmandise et de culture vinique au domaine Sipp et une fois encore, je me dis que le vignoble alsacien est vraiment une terre bénie pour les amateurs de vin.

Bravo et merci à tous ceux qui ont œuvré pour la réussite de cet évènement.

NB si vous voulez lire d'autres commentaires sur cette dégustation rendez-vous sur le blog de Stéphane.

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