Club AOC : Morey Saint Denis et blancs du pourtour méditerranéen


La septième réunion A.O.C. de la saison 2013/2014 à La Wantzenau nous propose un programme très classique avec un thème « découverte » associé à une étude approfondie d’un sujet un peu plus connu :

1. Vins de Morey Saint Denis de l’appellation « Villages » au « Grand Cru
2. Découverte de quelques blancs du pourtour méditerranéen.

La sélection de Morey Saint Denis a été faite par Denis Marchand lors de notre visite au domaine Marchand frères à Gevrey Chambertin en 2013…et Guy nous a fait la surprise de compléter cette série avec  une magnifique bouteille sortie de sa cave personnelle.
Comme d’habitude, la collecte des bouteilles « exotiques » a été coordonnée par François.

Les Morey ont été débouchés le matin, 2 heures avant la dégustation ils ont été carafés et remis dans leurs bouteilles. Ils ont été servis 2 par 2 étiquettes découvertes.
Les blancs ont été débouchés au moment de la dégustation et servis 2 par 2, à l’aveugle.

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Soirée Club AOC du 4 avril 2014 à La Wantzenau


En guise d’introduction :

Crépy 2011 – Domaine de Senoche à Ballaison : nez agréable avec de belles notes de fleurs sur un fond légèrement miellé, bouche légère, sans grande profondeur mais avec une petite pointe saline en finale.

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Ces chasselas issus d’un coteau situé sur la rive sud-ouest du lac Léman ont généré un vin simple, accessible et d’une belle franchise qui réveille les papilles par son équilibre frais et digeste.
Sans prétention mais très bien fait !


Thème 1 : un crescendo pour comprendre le style de Morey avec les vins du domaine Marchand


Morey Saint Denis blanc Très Girard 2011 : nez charmeur et élégant sur les fruits à chair blanche avec une fine touche d’épices et de bois noble, bouche longiligne, remarquablement équilibrée, finale très aérienne avec un sillage vanillé et discrètement fumé.

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Issu d’une jeune vigne (10 ans) sur une parcelle située à l’est du village, ce Morey blanc, élevé durant 10 mois en fûts, séduit par son accessibilité malgré une classe bourguignonne déjà bien affirmée…ça commence bien. MIAM !

Morey Saint Denis Vieilles Vignes 2011 : nez frais et gourmand avec de beaux arômes de cerise mûre, matière en demi-corps et fine trame tannique en bouche, toucher soyeux et finale nette et sapide.

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Provenant d’une vigne d’un âge respectable (40 à 55 ans) cette cuvée éraflée à 100% et élevée en fûts de 1 à 3 vins, semble déjà tout à fait prête à boire. Svelte et voluptueux avec un fruité très séduisant ce Morey Villages est une vraie réussite.

Morey Saint Denis 1° Cru Les Faconnières 2011 : nez très réservé sur un registre minéral et délicatement fumé, bouche dense, concentrée mais avec une texture toujours très veloutée, finale bien vive avec un long sillage aromatique où on reconnait des notes de réglisse et de terre humide.
Morey Saint Denis 1° Cru Les Millandes 2011 : nez expressif qui s’ouvre sur des notes lactées avant de révéler une palette complexe sur les fruits rouges, le noyau de cerise et quelques senteurs florales, bouche tendre et charnue, boisé fin et trame tannique très soyeuse, finale bien longue où on discerne une belle minéralité (notes de craie).
Morey Saint Denis 1° Cru Le Clos des Ormes 2011 : nez dominé par une forte minéralité (mine de crayon) et un boisé noble et délicat déjà bien intégré, bouche ample, dense et finement tannique qui donne une grande sensation de profondeur, belle persistance en finale avec un sillage aromatique toujours très minéral.

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Provenant de parcelles de vignes âgées de 40 à 50 ans situées sur des secteurs de Morey classés en premier cru, les raisins éraflés à 100% ont fermenté en cuves inox et ont été élevés en pièces bourguignonnes (neuves et de 1 an) pour produire ces trois superbes cuvées qui ont ravi l’assemblée de dégustateurs de cette soirée.
Avec Millandes, encore un peu marqué par l’élevage mais déjà très gourmand, Faconnières qui commence à se mettre en place en développant une minéralité de grande race et Clos des Ormes, puissant et concentré nous avons pu goûter 3 vins remarquablement travaillés qui nous ont offert des expressions bien typées des terroirs de Morey. Une triplette magique !

Clos de la Roche 2011 : nez peu expressif avec un fruité délicat et des notes d’élevage de très grande classe, matière puissante et volumineuse en bouche, finale déjà bien minérale, finement boisée et d’une longueur impressionnante.
Clos de la Roche 2001 : nez très complexe avec une palette évolutive (cire d’abeille, noyau de cerise, notes florales, eucalyptus), équilibre magnifique en bouche entre une chair gourmande et une acidité traçante bien droite, finale très longue.

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La décennie qui sépare ces deux Grands Crus a permis au plus âgé d’affiner sa structure et de complexifier son expression aromatique pour nous offrir un récital sensoriel d’une beauté majestueuse. Quelle classe !
Face à son ainé en phase de plénitude le 2011 a montré sa force et son grand potentiel, mais en voyant ce que la garde apporte à ces grands vins, on ne peut que regretter d’avoir débouché cette bouteille bien trop tôt !
Avis à l’heureux amateur qui en aurait l’une ou l’autre dans sa cave !


Pour conclure :

- je ne parlerai pas trop longuement de ce domaine de Gevrey Chambertin que j’affectionne particulièrement et dont j’ai déjà vanté les mérites dans d’autres contributions sur la toile : ICI et LA.
Ceci dit, il faut quand même relever l’homogénéité et le haut niveau qualitatif de cette sélection de 6 bouteilles produites par Denis Marchand : il est très rare que l’ensemble d’une série de vins obtienne un tel plébiscite de la part de notre assemblée d’amateurs. Bravo !

- les coups de cœur de la soirée sont évidents : il y a en premier lieu le Clos de la Roche 2001, très grand tout simplement et ensuite le Millandes 2011 qui commence à s’ouvrir et à révéler sa classe.
Pour des plaisirs plus accessibles et plus immédiats on peut évidemment se régaler avec Très Girard 2011 et Vieilles Vignes 2011…en plus ces vins sont lâchés pour 17 euros au domaine !
Faconnières, Clos des Ormes et Clos de la Roche se positionnent comme de superbes vins de garde qui méritent leur place dans la cave de tout amateur.

- ces vins au rapport qualité-prix très avantageux n’ont hélas qu’on seul défaut, c’est leur rareté : sur les 1° Crus de Morey Denis Marchand produit autour d’un millier de bouteilles par appellation et pour le Clos de la Roche le volume total se résume à une pièce bourguignonne par millésime…c’est peu !
D’ailleurs, la sélection des bouteilles dégustées ce soir a été prélevée par le vigneron dans la réserve du domaine pour nous permettre de nous plaisir ce soir.
Merci Denis…et bravo pour votre travail !

- Merci à Guy d’avoir amputé sa collection de cette très belle quille (Clos de la Roche 2001) qui nous a permis de nous faire une idée de ce que peut devenir ce Grand Cru si on lui laisse le temps de mûrir.


Thème 2 : voyage en blanc autour de la Méditerranée


Strofilia 2012 – Cave Viticole d’Anavyssos (Grèce centrale) : nez assez surprenant à l’ouverture (réduction ?) mais la palette se purifie après oxygénation, notes de sucre d’orge et de fleurs, léger et frais en bouche, fine amertume en finale.
50% roditis + 30% savatiaano + 20% sauvignon)
Sillogi 2012 – Domaine Moraitis à Naoussa (Ile de Paros) : nez discret un peu végétal, bouche légère, rafraîchie par un peu de CO2, finale fraîche mais assez plate.
(50% assyrtiko + 50% malagousia)

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Au niveau du vin, la Grèce est pour moi une sorte de « terra incognita » et ces deux bouteilles de vin blanc sec furent de réelles découvertes.
Ceci dit, malgré la notoriété avérée des domaines qui ont produit ces cuvées, je n’ai été convaincu ni par la première qui manquait de tenue en bouche ni par la seconde qui semblait souffrir d’un déficit de maturité.
Voilà deux vins qui auront étoffé un peu ma culture internationale (hélas vraiment rachitique !) mais qui ne remettront pas en cause mon « francocentrisme » vinique.

Ca Rugate DOC Soave Classico 2012 – Domaine Ca Rugate à Montecchia di Crosara : nez fin et tonique sur l’ananas frais et le citron vert, attaque souple mais belle énergie qui se déploie dès le milieu de bouche, finale vive et minérale.
(100% garganega)
Valcanzjria IGT Sicilia 2012 – Domaine Gulfi à Chiaramonte Gulfi : nez complexe sur le miel, les fleurs et le coing frais, bouche généreuse, assez large avec une matière un peu brute, finale pointue qui laisse une impression de fraîcheur agréable.
(chardonnay + carricante + albanello)

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Cette seconde paire méditerranéenne s’est montrée un peu moins éloignée du style de vins blancs que j’ai l’habitude de déguster. Le domaine sicilien Gulfi a été classé meilleur domaine italien en 2012, pourtant la cuvée Valcanzjria 2012 n’a pas vraiment convaincu ce soir : avec 18° potentiels ce vin vraiment trop démonstratif manque cruellement d’élégance aujourd’hui…à garder peut-être ?
Provenant d’un terroir volcanique situé à l’est de Verone, la cuvée Ca Rugate 2012 est beaucoup plus aboutie…c’est pour moi la belle surprise de la série.

Fiumeseccu AOC Corse Calvi 2012 – Domaine d’Alzipratu à Zilia : nez séduisant sur un registre floral et finement musqué, équilibre digeste en bouche avec une acidité bien nerveuse et un léger CO2, finale un peu amère.
(100% vermentino)
Nowat Côtes de Provence 2009 – Domaine Dupéré-Barrera à Carnoules : nez exubérant avec un boisé marqué complété par de superbes arômes de bergamote, d’abricot sec et d’épices douces (badiane, cannelle, girofle), bouche ample et volumineuse avec un toucher gras, une aromatique épanouie et une finale sapide tendue par une acidité mûre et droite.
(vermentino + semillon + ugni blanc)

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A côté de la puissance du Côte de Provence, le blanc de Corse, pourtant fort agréable à déguster, a eu du mal à trouver sa place avec son style léger et fringant.
L’expressivité un peu baroque du Nowat a suscité bien des commentaires et n’a pas manqué de segmenter l’assemblée, mais la qualité de la présence en bouche a forcé le respect de tous.
Bien sûr, en tant qu’aficionado de longue date du domaine Dupéré-Barrera je me suis régalé.


Pour conclure :

- J’attends toujours avec curiosité et impatience la sélection de bouteilles destinée à élargir mon champ de connaissances viniques et à questionner mes repères en termes de goût. Même si cette courte série ne fut pas simple à constituer – les blancs de ces contrées ensoleillées sont assez rares chez les cavistes alsaciens – nous avons quand même pu goûter quelques vins très intéressants. Hélas, le temps nous a un peu fait défaut pour être plus complet sur ce thème, en intégrant notamment un blanc libanais (Bekaa) et un blanc espagnol (Penedés)…mais nous feront mieux la prochaine fois, promis !

- Pour ce qui est de ma sélection personnelle, le blanc de Laurent Barrera remporte facilement le petit match de ce soir (OK je suis un peu partial, mais j’assume !) mais j’ai également beaucoup apprécié la beauté profonde mais très accessible de la cuvée Ca Rugate 2012…deux vins qu’on ne peut pas comparer tant ils sont différents mais dont l’originalité et le niveau qualitatif forcent l’admiration.

- Merci à François d’avoir glané ces quelques flacons originaux pour poursuivre son œuvre d’ouverture culturelle au club AOC.

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