Dégustation club AOC - Vins blancs du sud-ouest

La session AOC de novembre reprend une configuration très classique en associant deux thèmes très éloignés puisque nous allons partir au-delà de la chaîne des Alpes pour goûter des rouges du Piémont avant de revenir en France pour découvrir quelques jolis vins blancs secs du sud-ouest.
Nos deux séries du jour seront constituées de :

- 8 vins rouges du Piémont
- 6 vins blancs secs du sud ouest et une petite surprise sucrée

Comme souvent, la série de rouges a été constituée avec des bouteilles dénichées par François qui n’a pas pu être présent ce soir et qui a laissé le soin de présenter ces vins à Stefan, notre pianiste moldave préféré.
La série de blancs marque le retour attendu de Cyril qui a profité d’un séjour dans le sud-ouest pour collecter les flacons qu’il va nous proposer ce soir.

Les rouges ont été débouchés et oxygénés (passage en carafe et retour en bouteille) une demi-heure avant dégustation et servis étiquettes découvertes seuls ou en doublettes.
Les blancs ont été débouchés au moment de la dégustation et servis étiquettes découvertes.

Verres Spiegelau Authentis 01

Soirée Club AOC du 4 novembre 2017 à La Wantzenau

En guise de mise en bouche :

Bourgogne Aligoté 2016 – Domaine N. Maillet à Verzé : nez ouvert et séduisant, palette expressive sur les fleurs blanches et le bonbon acidulé, matière élégante, jus fruité très gourmand, équilibre droit, finale fraîche et salivante.

Déniché lors de ma récente virée bourguignonne ce vin qui a été dégusté à l’aveugle a vraiment dérouté tous les dégustateurs présents puisque personne n’a identifié ni le cépage ni la région.
En revanche cet aligoté, surement un peu atypique, a fait l’unanimité ce soir…la soirée commence plutôt bien par un plébiscite mérité pour une très belle bouteille. Bravo monsieur Maillet !

Thème 2 : peut-on voir le sud-ouest en blanc...et en sec ?

On commence par voir le sud-ouest sur papier avec Cyril.

AOC Pacherenc de Vic Bihl Château Bouscassé-Les Jardins 2012 – Vignobles Brumont à Maumusson Laguian : nez tonique et stimulant, notes de citron mûr et d’allumette craquée, assez généreux en attaque de bouche, le vin tombe assez vite pour finir plutôt court et amer.
(petit courbu dominant + petit manseng – élevage en cuve)
AOC Pacherenc de Vic Bihl Château Montus 2012 – Vignobles Brumont à Maumusson Laguian : olfaction expressive qui s’ouvre sur des notes soufrées et citronnées (comme le premier vin) avant de libérer de beaux arômes d’ananas frais et un boisé vanillé très fin, matière très opulente, texture épaisse, équilibre un peu lourd, sensations moelleuses en milieu de bouche, finale longuement aromatique mais manquant de nerf et de fraîcheur.
(petit courbu + petit manseng – élevage en demi-muids)

La doublette qui ouvre la série nous a emmenés chez un vigneron dont le nom sonne haut et fort dans le vignoble de Madiran et pourtant aucun des deux vins n’a vraiment convaincu ce soir : un Bouscassé ouvert et charmeur au nez mais qui ne tient pas ses promesses en bouche et un Montus également très flatteur à priori mais définitivement trop lourd en bouche...un premier rendez-vous raté !

AOC Irouléguy Hegoxuri 2015 – Domaine Arretxea à Irouléguy : nez fin et complexe, palette florale et miellée, attaque franche et pure en bouche, matière longiligne très élégante, finale fraîche et salivante.
(80% gros manseng + 13% petit manseng + 7% petit courbu – élevage : foudres et demi-muids).

J’ai été ravi de pouvoir goûter à nouveau un vin de ce domaine que j’ai visité en 2008 (CR publié sur « degustateurs.com » qui n’est plus en ligne…mais on peut le lire ICI : Visite au domaine arretxea irouleguy 2008 ) d’autant plus que c’est cette cuvée qui m’avait particulièrement plu à cette époque.
Même si je n’ai plus de souvenirs gustatifs précis à son sujet, ce vin a réussi à m’éblouir une fois encore avec son expressivité et sa belle énergie. MIAM ému !

AOC Bergerac Château Tour des Gendres-Anthologia  2014 – Famille de Conti à Ribagnac : nez assez entêtant, avec d’intenses notes de groseille blanche, ample et gras en bouche, acidité présente mais qui n’arrive pas à répondre à la richesse de la matière, finale avec une belle pointe saline mais au bout du compte c’est la sensation de lourdeur qui garde la main.
(100% sauvignon – élevage en foudres)

Avec son aromatique explosive et sa générosité hors norme, ce Bergerac blanc nous propose une interprétation exacerbée du sauvignon.
C’est un vin qui s’exprime de façon tellement spectaculaire qu’il frise la caricature…Dommage !

AOC Jurançon Vitage Viehl 2011 – Clos Lapeyre à Jurançon : nez discret et engageant avec de très beaux arômes de citron vert et de fleurs des prés, matière svelte étirée par une acidité longue et mature, équilibre très droit, finale fraîche et sapide.
(60% gros manseng + 30% petit manseng + 10% petit courbu – élevage en foudres et en barriques).
AOC Jurançon Mantoulan 2011 – Clos Lapeyre à Jurançon : nez mûr et complexe, notes de miel, de citron confit et avec une discrète pointe vanillée, matière ample, chair gourmande, finale vive et digeste, belle persistance fruitée.
(70% Petit manseng + 15% petit courbu + 15% camardet – élevage en foudres)

Après un début de série plutôt inégal les deux dernières bouteilles ont réussi à convaincre toute l’assemblée de dégustateurs en réalisant une prestation de très grande qualité.
Le premier, issu de très vieilles vignes, est un vin vif et tendu qui séduit par sa structure élégante et sa belle buvabilité.
Le second qui provient d’une parcelle plantée en haute densité, se livre avec une vraie gourmandise tout en révélant une classe absolue dans sa constitution : densité, profondeur, équilibre…tout est là.
C’est le plus grand vin de la soirée pour moi. MIAM !

AOC Saussignac  Le Saussignac de la Tour des Gendres 2014 – Famille de Conti à Ribagnac : nez expressif et séduisant, notes de coing frais, de vanille et d’épices douces, bouche riche avec une sucrosité présente mais fondue dans un jus très harmonieux, arômes suaves qui nous portent vers une finale digeste et bien glissante.
(80% sémillon + 20% sauvignon – élevage 24 mois en amphores)

Si le premier vin de ce domaine m’a laissé un peu perplexe par son caractère excessif, cette cuvée moelleuse, véritable merveille d’équilibre et de finesse, m’a vraiment comblé. Les 126 gammes de sucres résiduels sont parfaitement intégrés dans une liqueur douce et parfumée qui glisse dans la bouche avec une déconcertante facilité.
MIAM !

Pour cette deuxième série de vins on traverse les Alpes et on migre en direction de l’Atlantique pour nous retrouver dans une région où le bien boire et le bien manger sont une vraie tradition.

Plus connu pour les rouges et les liquoreux, le sud-ouest produit également de grands vins blancs secs et Cyril s’est chargé de nous en présenter quelques-uns ce soir.
Certes il y a eu quelques cuvées qui ne m’ont guère convaincu mais je dois bien reconnaître que la bouteille d’Irouléguy et surtout les deux cuvées de Jurançon m’ont donné envie de me lancer une nouvelle fois dans la grande diagonale pour aller me promener dans les vignobles au pied des Pyrénées.

Mon coup de cœur ira sans hésiter au Jurançon Mantoulan 2011, un vin dense, charpenté et néanmoins très gourmand qui a véritablement survolé les débats lors de cette réunion.
Je compléterai ma sélection personnelle par l’autre vin du Clos Lapeyre qui nous offre un rapport Q/P vraiment exceptionnel et par l’étonnant liquoreux de Saussignac dont j’ai apprécié la suavité et la digestibilité.

Merci à Cyril d’avoir partagé ces souvenirs de vacances avec nous.