Dégustation club AOC - Les trois couleurs de Marsannay

La première session de l’année 2018 est consacrée à une appellation bourguignonne assez méconnue située aux confins nord du vignoble de la Côte de Nuits : l’A.O.C. Marsannay qui a comme particularité de proposer des vins dans 3 couleurs différentes avec, en règle générale, un très bon rapport Q/P.
Notre club reprend donc ses activités viniques avec une soirée à thème unique :

« Les trois couleurs de Marsannay »

Comme d’habitude, la série a été principalement constituée avec des bouteilles dénichées par François et Stéphane a complété la sélection déjà bien fournie en sortant de sa cave personnelle deux flacons un peu plus âgés.


Tous les vins ont été débouchés une demi-heure avant dégustation et servis étiquettes découvertes seuls ou en doublettes.

Verres Spiegelau Authentis 01


Soirée Club AOC du 12 janvier 2018 à La Wantzenau


En guise de mise en bouche :

Riesling Grand Cru Kastelberg 2011 – Domaine Moritz à Andlau : nez intense, palette végétale affirmée avec des notes d’aspérule, de groseille blanche et d’écorce sur un fond pierreux et fumé, matière dense, équilibre très rigoureux, acidité qui tapisse la bouche, finale dominée par des amers minéraux.

Dsc 1627   Dsc 1628

Ce Grand Cru qui avait fait une forte impression lors d’une dégustation in-situ avec Claude Moritz semble s’être vraiment replié sur lui-même pour ne laisser apparaître que le côté monacal et austère du Kastelberg.
Une bouteille à oublier en cave pour les prochaines années…

 

Thème unique
Trois couleurs pour une appellation : Marsannay, une exception bourguignonne.

Des blancs :

Marsannay 2015 – Domaine Huguenot à Marsannay-la-Côte : nez discret sur un registre minéral assez austère, bouche droite avec un jus dense et une ligne acide très vive, finale un peu rustique.
Marsannay Clos du Roy 2015 – Domaine J. Fournier à Marsannay-la-Côte : nez intense, notes de fruits blancs sur un fond lacté encore très présent, matière assez consistante en bouche, texture grasse mais équilibre tonique avec une finale fraîche et glissante.

Dsc 1630

Même s’ils sont issus du même millésime, ces 2 premiers blancs se présentent à nous avec des profils très différents : matière généreuse et élevage très (trop) ambitieux pour le vins du domaine Fournier, structure rectiligne et minéralité marquée pour le vin du domaine Huguenot.
Des bouteilles agréables sans plus qui n’ont pas convaincu grand monde ce soir…


Marsannay blanc 2013 – Domaine G. Kohut à Couchey : nez un peu brouillé, notes de miel sur un fond floral discret, fluide et assez maigre en bouche, finale courte et sans énergie.
Marsannay Le Clos 2010 – Domaine R. Bouvier à Gevrey-Chambertin : nez désagréable, notes de fromage et de vielle cave, oxydation marquée en bouche.

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Marsannay Les Vignes Marie 2002 – Domaine du Vieux Collège à Marsannay-la-Côte : bouchonné, imbuvable.

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Les 3 Marsannay plus âgés nous proposent un exposé complet de tous les vilains défauts qu’on peut trouver dans un vin. La bouteille du domaine Kohut est buvable mais révèle un état de fatigue inexplicable après ces quelques années en bouteille.
Les 2 autres ne sont pas consommables : oxydation et notes liégeuses (surtout le lendemain) pour le vin du domaine Huguenot, TCA « explosive » pour celui des Guyard.
Voilà 3 bouteilles victimes probables d’un bouchage défectueux. Dommage !


Un rosé :

Marsannay rosé 2014 – Domaine G. Kohut à Couchey : nez prometteur, palette suave, notes de fraise et de bonbon anglais, matière gourmande mais filiforme, finale fraîche et un peu amère.

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Avec son expression aromatique fruitée plutôt séduisante, le seul rosé de la série a un peu déçu par sa présence vraiment trop légère en bouche…c’est un bon petit vin de soif mais pour une appellation bourguignonne je dirai que ça manque quand même d’ambition.


Des rouges :

Marsannay En Champs Perdrix 2013 – Domaine G. Kohut à Couchey : nez dominé par des notes empyreumatiques (caoutchouc, goudron) qui écrasent des arômes fruités délicats mais discrets, rustique et bien « machu » en bouche, équilibre très droit, finale un peu dure.
Marsannay Les Genelières 2012 – Domaine G. Kohut à Couchey : nez discret avec une palette complexe, notes de fruits rouges et fines nuances torréfiées, bouche élégante, matière en demi-corps, finale fraîche et sapide.

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Après une série de blancs hétérogène et plutôt décevante et un rosé sans envergure, les 2 premiers rouges de cette sélection nous présentent une image bien plus sympathique de cette appellation bourguignonne…sans nous éblouir pour autant : le Champs Perdrix 2013 est vraiment un peu brut de décoffrage – le millésime peut-être…– alors que le Genelières 2012 qui s’exprime avec une vraie distinction manque un peu de fond.


Marsannay Le Finage 2014 – Domaine R. Bouvier à Gevrey-Chambertin : nez agréable, palette complexe avec de belles notes de fruits noirs (myrtille, cassis), structure très élégante en bouche, matière concentrée, équilibre frais, finale nette et droite avec un long retour fruité et épicé.
Marsannay La Morisotte 2012 – Domaine R. Bouvier à Gevrey-Chambertin : olfaction dominée par des notes de torréfaction (moka, fumé), fruité discret mais raffiné, matière dense et solidement charpentée en bouche, trame tannique serrée, finale encore un peu dure.

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Avec cette doublette du domaine Bouvier nous montons de quelques marches dans l’échelle qualitative même si l’expression de ces deux vins nous a un peu surpris : issu d’un assemblage de 7 parcelles, la cuvée Le Finage a brillé par sa finesse et son accessibilité alors que la cuvée parcellaire de La Morisotte s’est révélée encore bien trop marquée par son élevage et par la virulence de ses tanins.
Un 2012 dur et boisé et un 2014 ouvert et fondu…c’est un peu le monde à l’envers, non ?


Marsannay Cuvée Saint Urbain 2015 – Domaine J. Fournier à Marsannay-la-Côte : nez discret et bien complexe, encore un peu marqué par l’élevage, matière longiligne, équilibre frais et texture soyeuse, finale nette et bien sapide.
Marsannay Champs Perdrix 2015 – Domaine Huguenot à Marsannay-la-Côte : après une attaque marquée par d’intenses notes de réduction, l’expression aromatique s’ouvre peu à peu pour libérer une palette raffinée sur les fruits noir, la fumée et la mine de crayon, bouche assez gourmande, matière dense et charnue, tanins fondants, toucher velouté, finale équilibrée et appétante.

Dsc 1635

Ces deux Marsannays signés par des vignerons connus et reconnus dans l’appellation sont au niveau attendu.
Le vin du domaine Fournier est encore un poil marqué par le bois mais contrairement à l’impression laissée par la cuvée de chardonnay du même domaine, ce jus semble assez puissant pour intégrer parfaitement cet élevage dans les années  à venir.
Même s’il s’est montré un peu difficile d’accès à l’ouverture, le vin du domaine Huguenot nous a régalés : expression complexe, jus corsé mais bien équilibré en bouche, digestibilité parfaite en finale…mon coup de cœur de la série.


Marsannay Clos du Roy 2015 – Domaine S. Pataille à Marsannay-la-Côte : nez mûr et complexe, matière concentrée et voluptueuse en bouche, mâche tannique très gourmande, finale fruitée et réglissée avec une petite pointe de chaleur alcooleuse.
Marsannay Les Grasses Têtes 2014 – Domaine S. Pataille à Marsannay-la-Côte : nez charmeur avec une belle palette sur les fruits frais sur un fond boisé noble, matière svelte, équilibre tendu, tannins un peu accrocheurs en finale.

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Les deux Marsannay signés Pataille se sont montrés particulièrement sociables tout en reflétant assez fidèlement les caractéristiques de leurs millésimes respectifs : un 2015 riche et gourmand qui affiche un petit excès de chaleur et un 2014 fruité et bien nerveux qui glisse presque tout seul malgré une accroche tannique un peu vive en finale…deux jolis vins malgré tout !


Marsannay Les Echezeaux 2003 – Domaine Bart à Marsannay-la-Côte : nez fin et élégant, registre fruité bien mûr, attaque suave, matière ronde et concentrée étirée progressivement par une acidité minérale bien marquée, sillage aromatique très long mais petite pointe de chaleur en toute fin de bouche.

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Vinifié par un grand nom de Marsannay ce vin mûr, avenant et bien structuré n’a pas encore tout à fait intégré la puissance de ce millésime solaire.
Ceci dit c’est une très belle bouteille qui porte fièrement sa petite quinzaine d’années. MIAM !


Cette séance à thème unique nous a permis de faire un tour assez complet d’une appellation originale de la Côte de Nuits – 215 hectares pour 3 couleurs – avec la dégustation de quelques-uns des climats les plus qualitatifs vinifiés par des vignerons réputés…nos fournisseurs de bouteilles nous ont gâtés ce soir, mille mercis à eux !

Bien sûr, on oubliera très vite les blancs et le rosé qui n’ont pas vraiment brillé pour ne retenir que le joli tir groupé des 9 quilles de rouge qui ont donné une image très positive de cette appellation où l’amateur peut encore dénicher des vins avec des rapports Q/P tout à fait intéressants.

Sur mon podium personnel, le magnifique Champs Perdrix 2015 du domaine Huguenot occupera la plus haute marche entouré par Le Finage 2014 du domaine Bouvier, un vin qui nous a ravis par son élégance et sa gourmandise, et pour finir Les Echezeaux 2003 du domaine Bart, une cuvée d’un âge respectable qui nous a étonnés par sa vitalité.

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