Dégustation club AOC - Muscats d'Alsace

La session AOC de mars 2018 propose un programme qui rappelle celui du mois dernier puisque les 2 thèmes du soir vont nous faire voyager en direction du vignoble méridional avec une série de vins de Bandol avant de revenir dans notre région préférée pour découvrir ou redécouvrir quelques grands muscats d’Alsace.
La série « Bandol » a été constituée par notre trésorier qui a profité d’un séjour au bord de la Méditerranée pour récolter quelques jolies quilles sudistes.
La série de muscats provient une fois de plus de la cave de Stéphane, notre fournisseur officiel de raretés alsaciennes.


Les vins rouges ont été débouchés juste avant la dégustation et servis 2 par 2 étiquettes découvertes.
Les muscats ont été débouchés avant dégustation et servis un par un à l’aveugle.

Verres Spiegelau Authentis 01


Soirée Club AOC du 16 mars 2018 à La Wantzenau

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Ce soir la session AOC affiche « complet ».


En guise de mise en bouche :

Riesling Grand Cru Altenberg de Bergbieten 2014 – Domaine Mochel à Traenheim : nez très élégant, notes de citron frais et d’herbes aromatiques (origan, basilic…), nuances exotiques après aération (carambole, mangue fraîche), matière généreuse, acidité bien en place, équilibre frais et finale longue et intense, sillage zesté et citronné.

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Offert par Guillaume Mochel lors de son passage au club AOC à l’occasion de la soirée consacrée au Grand Cru Altenberg de Bergbieten, ce riesling encore bien jeune a réussi a faire l’unanimité dans l’assemblée : son équilibre impeccable malgré la richesse de la matière fruitée et son expression pure et épanouie ont vraiment convaincu tout le monde. MIAM !

 

Thème 2 : les muscats alsaciens sont des vins de plaisir et de temps…la preuve par 50.

 

Muscat 2016 – Domaine A. Mann à Wettolsheim : nez charmeur et expressif, notes de fleur de sureau et de raisin frais, attaque franche, milieu de bouche rond et bien gourmand, finale équilibrée et très digeste.

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La série s’ouvre avec un « jeune surdoué » issu d’un millésime où ce cépage précoce n’a pas été simple à travailler : jouant la séduction avec beaucoup de naturel ce vin flatteur dans son aromatique comme dans son équilibre est une belle réussite.


Muscat Fronholz 2015 – Domaine A. Ostertag à Epfig : fines notes lactées à l’ouverture, palette complexe et raffinée après aération, notes de raisin frais et de citronnelle sur un fond floral délicat, matière assez dense structurée en largeur par une acidité bien mûre, petite présence tannique stimulante, finale sapide relevée par quelques nuances épicées et minérales.

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Muscat 2015 – Domaine A. Boxler à Niedermorschwihr : nez assez timide, notes miellées et florales très discrètes, matière longiligne, équilibre très droit, finale fraîche et salivante.

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Les deux muscats de 2015 nous donnent une interprétation très singulière de ce millésime sec et chaud.Le Fronholz brille par sa matière généreuse et suave équilibrée par une belle présence minérale alors que le muscat de Boxler s’exprime avec une certaine timidité et surprend par sa droiture.
Si le premier montre son talent avec une certaine précocité, le second cache encore son jeu et aura peut-être besoin d’un peu de temps pour révéler son potentiel.


Muscat 2011 – Domaine Schoenheitz à Wihr-au-Val : nez vif et frais à l’ouverture, notes de groseille blanche et de feuille de cassis, belle palette florale (rose sauvage, violette) après aération, bouche agréable avec une matière souple et glissante, finale digeste rafraîchie par un sillage mentholé et des amers nobles.

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Muscat 2011 – Domaine Rolly-Gassmann à Rorschwihr : nez discret, notes florales et mentholées, présence assez envahissante en bouche, matière ample, équilibre très riche, finale très digeste, nuances minérales bien marquées.

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La paire de muscats issus du millésime 2011 a un peu bousculé les codes avec une cuvée signée Schoenheitz qui délivrait des arômes d’une grande fraîcheur tout en développant une matière très tonique en bouche et un vin du domaine Rolly-Gassmann qui nous a un peu surpris par la solidité de sa trame minérale qui soutenait fermement son jus riche et concentré.
Au vu du millésime, je m’attendais à un peu plus de douceur mais au bout du compte j’ai beaucoup apprécié la buvabilité de ces deux muscats qui trouveront facilement leur place à table.


Muscat Grand Cru Altenberg de Bergbieten 2009 – Domaine F. Mochel à Traenheim : nez riche et complexe, notes exotiques et fines touches anisées, petites nuances fumées après aération, matière ample, acidité fondue, finale bien tenue par de beaux amers minéraux.

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Muscat Grand Cru Mambourg 2008 – Domaine M. Schoech à Ammerschwihr : nez ouvert et charmeur, notes de citron confit relevées par de fines nuances anisées, matière charnue, acidité structurante et belle présence saline, finale longuement aromatique.

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La troisième doublette nous fait découvrir des muscats plus évolués : des vins issus de deux millésimes très contrastés mais qui s’expriment avec une grande élégance.
La cuvée du domaine Mochel trouve un équilibre très joliment balancé grâce à l’empreinte minérale laissée par le terroir de l’Altenberg de Bergbieten.
La cuvée du domaine Schoech semble avoir atteint sa maturité optimale et nous livre une version pleine et complexe d’un grand muscat de terroir. MIAM !


Muscat Grand Cru Hatschbourg  1998 – Domaine J.M. Vorburger à Voelgtlingshoffen : nez évolué mais frais avec de belles notes de chlorophylle avec un fond légèrement grillé, attaque vive et précise, développement aromatique très agréable mais qui retombe très vite, finale un peu amère.

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Le Hatschbourg est un coteau connu pour son aptitude à produire de grands muscats de garde et ce n’est pas vin élevé dans la Cave des Hospices de Strasbourg qui va remettre en cause cette réputation.
Malgré quelques signes de fatigue bien normaux après 20 années en cave, ce vin est encore bien vivant et se goûte avec un réel plaisir.


Muscat Réserve Spéciale 1976 – Domaine J. Fritsch à Marlenheim : nez très évolué sur les céréales, le sous-bois et le champignon blanc avec une fine touche mentholée, matière filiforme, équilibre très sec, finale courte, sillage réglissé.

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1976 fut une année de canicule (et de baccalauréat pour moi) et un millésime réputé pour les vins d’Alsace…autant dire que ce muscat était particulièrement attendu !
Avec son apogée qui semble dépassé depuis bien longtemps, le muscat du domaine Fritsch s’est contenté d’un service minimum sans donner de grande émotion.
C’est une petite déception…mais je crois qu’on ne pouvait pas demander beaucoup plus à une cuvée générique qui entame sa cinquième décennie.


Muscat Sigillé 1966 – Cave Vinicole d’Eguisheim : nez qui s’ouvre sur des notes de mousse de bière et de torréfaction, fines nuances mentholées après aération, matière étirée en bouche, équilibre très droit, belle fraîcheur en finale.

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C’est avec un respect presque « religieux » que j’ai goûté ce vin qui fêtait son demi-siècle cette année…et j’ai été bluffé par l’impression de jeunesse laissée par ce vaillant quinquagénaire.
Un MIAM plein de dévotion pour finir cette belle série.


J’ai toujours aimé le muscat d’Alsace et même si mon goût en matière de vin a bien évolué après plus de 30 ans de picole, je reste toujours fidèle à cette première dilection vineuse.
Finalement assez peu répandu dans le vignoble alsacien (450 ha en tout soit moins de 3% de la superficie totale), le muscat est connu pour sa capacité à produire des vins légers et séducteurs avec des qualités aromatiques remarquables…mais on oublie trop souvent que lorsque que ce cépage est planté sur de grands terroirs, il peut donner naissance à des vins mémorables qui étonnent par leur aptitude à défier le temps qui passe.

Cette série historique concoctée par Stéphane nous a permis un voyage de 50 ans dans la production vinique alsacienne pour nous prouver que les muscats d’Alsace sont des vins qui méritent une place de choix dans toute cave d’oenophile : séducteurs expansifs dans leur jeunesse, ils prennent un caractère de plus en plus gastronomique en vieillissant avant de basculer dans le monde des vins de méditation après plusieurs décennies de garde.

En tant qu’amateur de muscats jeunes, j’ai beaucoup apprécié la cuvée 2016 du domaine Mann et le superbe Fronholz du domaine Ostertag, le premier pour son irrésistible gourmandise et le second pour son expression complexe et raffinée.
Ceci dit, je vais donner mon coup de cœur au superbe Mambourg 2008 du domaine Schoech, une bouteille qui me fait regretter de n’avoir pas eu la bonne idée de laisser vieillir quelques muscats dans ma cave.

Merci à Stéphane d’avoir partagé ce moment d’histoire vinique avec nous.

 

NB : si vous voulez lire les commentaires de Stéphane ==> CLIC

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