Club AOC : carte blanche à Pierre Gassmann 2

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Le nouveau bâtiment du domaine Rolly-Gassmann au dessus des vignes de Rorschwihr

Cette sortie initialement prévue en mai mais retardée suite aux conséquences de ce tragique épisode pandémique, marque la reprise des activités du club AOC après une longue interruption imposée par les mesures de confinement.
La saison 2019/2020 aura été amputée de deux séances mais va surement se terminer en beauté par cette visite dans la nouvelle « cathédrale du vin d’Alsace » en compagnie de Pierre Gassmann.

Hoppla, c’est parti !

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Le groupe AOC qui profite du panorama sur la grande terrasse qui entoure l’espace de dégustation du domaine.

Journée Club AOC du 20 juin 2020 à Rorschwihr - Partie 2

Après une visite complète des différents niveaux de ce grand bâtiment, notre groupe se retrouve dans le vaste espace dégustation (800 m²) pour partir à la découverte de la gamme de vins proposés actuellement par le domaine Rolly-Gassmann.

Sur ce grand vignoble autour de Rorschwihr où les géologues ont identifié 21 types de sols différents, Pierre Gassmann a repéré 13 terroirs qui vont imprimer leur marque particulière dans ses vins et dont le nom va figurer sur l’étiquette de chaque bouteille.

Comme il nous l’a expliqué précédemment, les vins signes Rolly-Gassmann sont toujours très opulents…une tradition issue de l’histoire de ce vignoble qui a vu les familles protestantes exploiter des vignes proches de la montagne « pour produire des vins secs et légers, destinés à une consommation rapide » et les familles catholiques qui ont choisi de cultiver les terres plus riches près du village pour élaborer des vins de longue garde « des vins qui pouvaient vieillir plusieurs dizaines d’années et qui étaient vendus très chers ».Allez on goûte !

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L’espace dégustation du domaine Rolly-Gassmann


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Une partie des bouteilles prêtes à être servies.

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A vos marques – prêts – partez !

Sylvaner Réserve Millésime 2017 : nez très avenant, notes de noisette et d’abricot sur un fond grillé/fumé, bouche tendre et souple, finale bien sapide.
(terroir argilo-calcaire)
Sylvaner Weingarten de Rorschwihr 2011 : nez plus vif sur les fruits blancs, matière généreuse avec une acidité bien large, finale citronnée marquée par une belle salinité.
(terroir : calcaire oolithique)

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Auxerrois Rotleibel de Rorschwihr 2017 : nez très expressif avec de très belles notes florales, bouche mûre et gourmande, finale riche mais bien « glissante ».
(terroir : marno-calcaire avec placage de loess)

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Auxerrois Moenchreben de Rorschwihr 2016 : nez flatteur sur l’abricot et le sucre d’orge, matière ample, acidité large et bien enrobée, finale longue et salivante.
(terroir : argilo-marneux, grès et calcaire)
Auxerrois Rorschwihr 2003 : nez complexe sur les fruits jaunes bien mûrs, les fleurs sur un fond légèrement fumé, bouche volumineuse, structure sphérique avec un joli gras, finale étirée et bien digeste.
(terroir : marno-calcaire)

Ces 5 premiers vins nous emmènent directement dans l’univers gustatif des vins signés Rolly-Gassmann : des jus fruités très généreux, des acidités confortablement enrobées, des équilibres construits autour de la salinité et une belle tenue dans le temps comme nous le prouve cette cuvée d’auxerrois de 2003 qui ne semble vraiment pas prête à entamer sa phase de déclin.

Riesling Réserve Millésime 2014 : nez riche, palette sur les agrumes mûrs sur un fond zesté, bouche consistante avec une matière dense tendue par une structure acide bien marquée.
(terroir : argilo-calcaire)
Riesling Rorschwihr-Cuvée Yves 2011 : expression olfactive très proche du vin précédent, bouche concentrée avec un profil un peu plus anguleux, finale marquée par une belle salinité et un long sillage épicé.
(terroir : marnes calcaires du Keuper)
Riesling Silberberg de Rorschwihr 2016 : nez ouvert et engageant avec de belles notes de citron vert et de citronnelle, bouche gourmande et très tonique, finale salivante, très longue et profondément minérale.
(terroir : calcaire du Muschelkalk décarbonaté)

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Riesling Kappelweg de Rorschwihr 2014 : aromatique subtile et délicate sur les fleurs blanches, bouche longiligne, équilibre assez vif avec une fine présence tannique, finale acidulée.
(terroir : marnes bleues du Rupelien)
Riesling Plaenzerreben de Rorschwihr 2012 : nez très complexe, notes fruitées (agrumes) et florales, bouche ample et opulente avec un joli gras, finale légèrement tannique avec un retour aromatique sur le pamplemousse.
(terroir : calcaire du Muschelkalk)
Riesling Rorschwihr-Cuvée Yves V.T. 2010 : nez expressif sur le citron mûr et les zestes d’agrumes sur un fond pierreux, bouche puissante et solidement tendue, finale longue et digeste.
(terroir : marnes calcaires du Keuper)
Riesling Silberberg de Rorschwihr S.G.N. 2009 : nez mûr et charmeur sur les fruits jaunes confits, bouche très dense, équilibre moelleux, finale sapide avec un long sillage grillé/épicé.
(terroir : calcaire du Muschelkalk décarbonaté)
Riesling Rorschwihr S.G.N. 2010 : nez intense sur le citron confit et les épices, bouche puissante et concentrée, finale étirée par une acidité longue et acérée.
(terroir : calcaire oolithique)
Riesling Silberberg de Rorschwihr S.G.N. 2015 : nez dominé par de très beaux arômes d’ananas rôti, bouche riche et puissante toujours marquée par des notes exotiques, finale intense avec une persistance aromatique d’une longueur incroyable.
(terroir : calcaire du Muschelkalk décarbonaté)

Les cuvées issues de ce grand cépage alsacien nous offrent un joli récital en interprétant les terroirs et les millésimes avec une incontestable virtuosité : malgré leur richesse, ces vins parviennent à conserver un équilibre élégant et digeste grâce à cette acidité propre à tous les jus de riesling et à cette présence saline/minérale qui marque les finales pour les rendre très sapides.
Coup de cœur absolu pour le terroir du Silberberg avec un 2016 qui confirme de façon éclatante la très belle impression faite lors de ma précédente visite et une SGN 2015 tout à fait hors norme, une friandise qui assume ses 243 grammes de SR sans fatiguer les papilles. Double MIAM !

Pinot Noir Rorschwihr-Réserve 2012 : nez complexe et engageant sur la griotte et les cassis sur un fond fumé/épicé, bouche concentrée et puissamment structurée, finale assez pointue avec un long retour sur le poivre et la réglisse.
(terroir : calcaire)
Faisant suite à deux premières cuvées – un pinot noir de Rorschwihr 2016 et un pinot noir de Rodern 2013 – qui ont eu un peu de mal à succéder aux rieslings liquoreux, ce vin rouge de 2012 élevé en barriques révèle une classe toute bourguignonne et un très beau potentiel de garde.

Après cette longue série, nous demandons à Pierre d’accorder un petit entracte à nos papilles pour nous faire découvrir sa collection de minéraux et de fossiles.

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Présentation des différents types de tartre qui tapissent les foudres du domaine : « chaque terroir a son propre type de tarte »

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Un bloc de roche calcaire avec une cheminée de gaz

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La collection de calcaires oolithiques

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Les calcaires avec des incrustations de minerai de fer…

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…et une « anthologie » des granits alsaciens.

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Le chasseur de mammouth du club AOC.

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La réciprocité de la relation entre le sol et la plante mise en évidence par ces roches transformées par la vigne

Après cette leçon de géologie alsacienne faite par Pierre Gassmann qui nous a impressionnés par ses connaissances sur ce sujet, nous revenons vers notre table pour continuer notre parcours vinique dans la gamme du domaine Rolly-Gassmann.

Muscat Moenchreben de Rorschwihr 2017 : nez intense et flatteur sur la fleur de sureau, bouche suave et gourmande, finale douce avec une belle persistance aromatique.
(terroir : argilo-marneux, grès et calcaire)
Muscat Moenchreben de Rorschwihr V.T. 2003 : nez très séduisant avec de très belles notes de chlorophylle et de menthe fraîche, matière très riche, finale longue et puissante
(terroir : argilo-marneux, grès et calcaire)
Muscat Moenchreben de Rorschwihr S.G.N. 2003 : expression olfactive très intense avec une palette aromatique proche de celle du vin précédent, bouche opulente avec une sucrosité bien intégrée et une longue finale sur les fleurs et les épices.
(terroir : argilo-marneux, grès et calcaire)

Avec leurs présences en bouche dont l’intensité est en cohérence avec la force de leurs expressions aromatiques, ces 3 muscats impressionnants d’énergie et de générosité sont des modèles du genre.
Certes ils ne pourront pas réaliser les accords attendus avec les asperges ou le saumon fumé (quoique… !) mais à vrai dire, ils se suffisent à eux-mêmes. MIAM !

Pinot Gris Rotleibel de Rorschwihr 2011 : nez très ouvert, palette classique sur les fruits jaunes frais, bouche opulente, équilibre demi sec mais finale bien digeste.
(terroir : marno-calcaire avec placage de loess)
Pinot Gris Brandhurst de Bergheim 2013 : nez pur et séduisant, notes de fruits blancs et de fleurs des prés, bouche riche mais équilibre très aérien, finale longue et salivante.
(terroir : marnes bleues et calcaires à gryphées)

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Pinot Gris Réserve 2013 : nez discret et complexe, bouche assez tonique avec une ligne acide bien marquée enrobée par un jus fruité très gourmand.
(terroir : argilo-calcaire)
Pinot Gris Réserve 2007 : aromatique complexe et raffinée, bouche riche avec un matière concentrée, structure longiligne, finale longue et soutenue.
(terroir : argilo-calcaire)
Pinot Gris Rotleibel de Rorschwihr V.T. 2009 : nez sur les fruits jaunes mûrs et le pralin, bouche puissante avec une matière généreuse tenue par une arête acide/saline longue et centrée, finale digeste avec un long sillage sur le caramel et les fruits secs grillés.
(terroir : marno-calcaire avec placage de loess)
Pinot Gris Rotleibel de Rorschwihr V.T. 1996 : nez très racé sur l’abricot frais et la truffe, bouche puissante avec du moelleux et de la tension, finale complexe avec un retour sur la truffe, les épices et la fumée.
(terroir : marno-calcaire avec placage de loess)

Ces différentes cuvées de pinot gris montrent une fois encore que la famille Rolly-Gassmann a établi une relation privilégiée avec ce cépage : même s’ils flirtent à chaque instant avec « l’excessif », ces vins nous régalent toujours et encore par leur gourmandise et leur buvabilité.
Sur cette belle série, mon coup de cœur sera pour le sublime Brandhurst 2013 qui m’a vraiment impressionné par la qualité et la profondeur de sa trame minérale…très grand vin !

Gewurztraminer Kapelweg de Rorschwihr 2016 : nez floral et réglissé, équilibre très flatteur en bouche, finale digeste et bien glissante.
(terroir : marnes bleues du Rupelien)
Gewurztraminer Haguenau de Bergheim 2015 : nez expressif avec de belles notes grillées et épicées, matière généreuse équilibrée par une acidité très stimulante, finale sapide avec une belle présence saline.
(terroir : marnes à gypse)
Gewurztraminer Oberer Weingarten de Rorschwihr V.T 2008 : nez complexe et bien mûr, notes de raisin sec et d’herbes aromatique sur un fond légèrement grillé, bouche riche et puissante, finale longue et intense.
(terroir : lentilles argilo-limoneuses sur calcaire oolithique)
Gewurztraminer Haguenau de Bergheim S.G.N. 2007 : olfaction délicate et raffinée sur la rose fanée, la vanille et les herbes aromatiques, bouche superbe avec une matière opulente structurée par une trame saline/minérale très solide, finale longue et sapide avec un retour rafraîchissant sur la menthe et les épices douces.(
terroir : marnes à gypse)

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Gewurztraminer Stegreben de Rorschwihr-Cuvée Anne Marie S.G.N. 2011 : nez sur le raisin confit avec des nuances fumées/grillées délicates, bouche puissante et liquoreuse, finale riche sur la vanille, les épices et la torréfaction.
(terroir : conglomérat de calcaire oolithique et marnes interstratifiés)
Gewurztraminer Oberer Weingarten de Rorschwihr S.G.N. 1994 : nez jeune et frais sur le citron mûr et la menthe poivrée, bouche généreuse, texture fluide et caressante, finale nette et très digeste avec un long retour épicé.
(terroir : lentilles argilo-limoneuses sur calcaire oolithique)

Nous franchissons la ligne d’arrivée de notre marathon vinique avec une longue série de gewurztraminers fidèles à ce profil exubérant qui caractérise ka production du domaine Rolly-Gassmann.
Ce sont des vins puissants et expressifs qui équilibrent la concentration de leur jus grâce à une minéralité qui a souvent besoin de temps pour s’imposer comme cette superbe S.G.N. de 2007 – coup de cœur personnel sur cette série – où cette S.G.N. de 1994 qui a été mise en vente il y a peu et qui a étonné tout le monde par sa jeunesse.

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Une petite carte pour se repérer.


Pour conclure :

Initialement prévue à la mi-mai, cette visite plus qu’attendue par les membres de notre club AOC, a vraiment tenu toutes ses promesses…et dieu sait qu’avec tout le battage médiatique qui a accompagné le projet de Pierre Gassmann, les attentes étaient très élevées
Bien que préparés à vivre une expérience marquante dans ce bâtiment aux dimensions hors normes nous avons tous été abasourdis et par le gigantisme de ce projet avant de nous interroger sur les raisons qui ont pu pousser ce vigneron à se lancer dans cette aventure incroyable.
A vrai dire, je n’ai pas vraiment de réponse à ce sujet mais avec cette construction « faite pour durer 200 ans » Pierre Gassmann prouve sa confiance dans l’avenir du vignoble alsacien en lui « offrant » une structure oeno-touristique dont la réputation a déjà franchi les limites de nos frontières régionales et nationales.

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Les pièces de charpente en bois des Vosges prêtes à soutenir cette construction pour les siècles à venir.

Ma première rencontre avec des vins signés Rolly-Gassmann remonte tout au début de ma longue carrière de picoleur compulsif (c’était dans les années 80) mais à chaque fois que je débouche une bouteille de ce domaine je retrouve cette expressivité et cette opulence qui caractérisent le style unique et un peu intemporel de ce domaine de Rorschwihr. Vigneron féru de géologie et d’histoire alsacienne, Pierre Gassmann perpétue cette tradition familiale en récoltant des raisins mûrs et souvent botrytisés pour nous proposer une gamme incroyable de vins qui interprètent avec force la diversité des terroirs autour de Rorschwihr.
Certes les amateurs de droiture et d’austérité ne trouveront pas forcément de quoi se satisfaire parmi la soixantaine de références en vente mais chez les Rolly-Gassmann ont fait des vins « catholiques » et on assume…
Ceci dit qui ne craquera pas devant l’une de ces cuvées d’auxerrois qui sont de vraies caresses papillaires ou face à un verre de ce magnifique riesling Silberberg 2016 – pour moi le coup de cœur absolu de cette série – ou encore devant une bouteille de S.G.N. dans la force de l’âge, remarquable de densité et de minéralité comme ce gewurztraminer Haguenau 200 !

Mille mercis à Pierre Gassmann pour cette après-midi instructive et gourmande.

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