Dégustation de vins du millésime 2005 chez Stéphane

Comme le festival d’Avignon notre club A.O.C. possède son « off » avec des opérations ponctuelles organisées à l’initiative de l’un des membres.
C’est ainsi que nous avons pu faire plusieurs dégustations mémorables notamment chez Guy avec des pinots noirs alsaciens, des crus bourguignons de 2014 ou des rieslings Schlossberg mais aussi chez Stéphane avec des pinots gris 2010.

Aujourd’hui encore c’est notre ami Stéphane qui a convié une petite dizaine d’amateurs avertis pour un petit voyage vinique dans l’année 2005.


Les vins sont servis un par un et dégustés à l’aveugle…mais dans leurs bouteilles d’origine.
Comme souvent lors de ces réunions conviviales et gourmandes, je ne prends que très peu de notes…mais je sais que Stéphane se fera un plaisir de compléter ces commentaires nettement plus concis que d’habitude et souvent indignes du respect qu’auraient mérité certaines grandes bouteilles débouchées à cette occasion.
Avec toutes mes excuses…

Première série : 5 flûtes alsaciennes

Riesling Clos Saint Ulrich – Domaine Mittnacht-Klack : très fatigué, notes végétales et liégeuses (malgré un bouchage plastique !), touche oxydative en finale.
Riesling Grand Cru Sommerberg – Domaine de l’Oriel : aromatique ouverte et très guillerette, matière suave assez légère, finale salivante.
Riesling Grand Cru Altenberg de Bergbieten – Domaine E. Loew : nez discret, matière épaisse, équilibre assez austère, amers minéraux en finale.
Riesling Grand Cru Kastelberg – Domaine G. Wach : nez intense, notes balsamiques et fumées, matière généreuse et gourmande en bouche, finale tonique.
Riesling Grand Cru Furstentum – Domaine P. Blanck : nez mûr, notes de fruits jaunes sur un fond miellé, matière souple, finale légère, longue persistance aromatique.
Riesling Grand Cru Zinnkoepflé – Domaine A. Bursin : nez intense et riche, matière opulente, finale douce avec de belles notes grillées.

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Voilà une série rassurante pour les vins d’Alsace, car excepté le riesling du domaine Mittnacht-Klack dont la bouteille était franchement défectueuse (peut-être le bouchage plastique…), les autres vins dégustés ont fait une fort belle impression tout en s’exprimant de façon très différente.
Mon coup de cœur du jour : le Kastelberg de Guy Wach.


Deuxième série : 4 bouteilles « bourguignonnes » en version blanche

Côtes d’Auxerre Biaumont – Domaine Goisot : nez très fatigué, matière fluette et vacillante en bouche, finale avec une acidité peu agréable et une touche oxydative.
Pouilly Fuissé En Carementrant – Bret Brothers : nez discret, nuances pierreuses, matière puissante en bouche, acidité vive et légère présence tannique en finale.
Meursault 1° Cru Charmes – Domaine Buisson-Charles : nez peu expressif, palette complexe, fruits blancs, amande fraîche et touche minérale, bouche bien en place avec du gras et une belle tension, finale légèrement boisée et relevée par de beaux amers minéraux.
Bienvenues-Bâtard-Montrachet – Domaine Carillon : nez complexe et racé, note de résine et de cire sur un fond citronné très frais, bouche parfaitement équilibrée, acidité traçante et toucher très soyeux, finale longue et tonique.

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Même si la première bouteille moribonde nous a fait craindre le pire, cette courte série de chardonnays bourguignons nous a prouvé que les oxydations prématurées n’étaient pas forcément une fatalité sur les vins de cette époque.
Le Pouilly-Fuissé des Brothers comme le Meursault Charmes de Buisson-Charles semblent encore dans la pleine force de l’âge mûr avec quelques belles années devant eux.
Le Grand Cru assume pleinement sa place au sommet de la hiérarchie en développant un jus dense et profond qui envahit le palais avec une telle véhémence qu’on oublierait presque les beaux vins qui l’ont précédé.
Mon coup de cœur du jour : BBM 2005…sans surprise !


Troisième série : 6 bouteilles « bordelaises » en version blanche et rouge

Pessac Léognan Château Larrivet Haut Brion : expression olfactive assez noble avec un fruit discret et un boisé léger, matière ample, équilibre généreux, finale un peu lourde mais belle longueur aromatique.
Coteaux du Languedoc Montpeyroux – Domaine d’Aupilhac : nez intense, limite violent, palette sudiste avec des notes de fruits noirs confits et de plantes aromatiques, matière musculeuse, structure puissante, finale marquée par l’alcool.
Moulis en Médoc Château Chasse-Spleen : expression olfactive raffinée, notes de cerise noire sur un fond boisé/mentholé, équilibré et élégant en bouche, finale nette et bien fraîche.
Margaux Château Rauzan-Gassies : palette similaire à celle du Moulis avec un caractère un peu plus austère, matière moins dense, structure anguleuse, finale tannique.

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Les trois quilles bordelaises ne donnent aucun signe de fatigue et « font le job » sans pourtant susciter une quelconque émotion chez moi : même si je reconnais volontiers que Chasse-Spleen se tient remarquablement bien…je continue à m’ennuyer ferme lorsque je déguste des vins de Bordeaux !!!
Le caractère encore très « explosif » du cru languedocien a fait un peu « désordre » parmi ces lisses et disciplinés…ceci dit, je n’ai pas été séduit par cette cuvée vraiment trop spectaculaire mais lors de ma récente visite au domaine, j’ai l’impression que les vins produits actuellement par Sylvain Fadat avaient vraiment gagné en finesse.


Quatrième série : 5 bouteilles « bourguignonnes » en version rouge

Chinon – Domaine P. Alliet : notes végétales peu avenantes au nez, sec et austère en bouche, finale fraîche et tendue, sillage sur la groseille avec une légère amertume.
Moulin à Vent Château des Jacques – L. Jadot : expression olfactive noble et complexe, chair dense et juteuse, milieu de bouche riche, presque sudiste, finale fraîche avec une belle allonge.
Côtes du Rhône Villages L’Ebrescade – Domaine M. Richaud : aromatique ouverte et intense au nez, notes de fruits rouges bien mûrs et d’herbes de garrigue (romarin, genévrier…), matière puissante et concentrée, finale intense mais grande sapidité.
Pommard 1° Cru Les Rugiens – Domaine J. Voillot : nez très élégant, palette complexe avec des notes d’épices douces sur un fond végétal noble, matière longiligne et bien concentrée, trame tannique veloutée, finale longue et tendue.
Gevrey Chambertin 1° Cru Les Cherbaudes – Domaine L. Boillot : fruité riche et complexe au nez, notes de fruits noirs et touches pierreuses, matière puissante avec une texture avenante malgré une maille tannique serrée, finale tonique et sillage aromatique d’une longueur exceptionnelle.

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Bon je ne vais pas évoquer une fois encore ma relation très compliquée au cabernet franc – rien à faire, je n’y arrive pas ! – mais je vais plutôt laisser parler mon enthousiasme face à ce Moulin à Vent étonnant de jeunesse et d’énergie et à ces deux crus bourguignons d’une classe absolue…avec quand même une légère préférence pour le Gevrey qui me semble avoir atteint son optimum de maturité et qui exprime parfaitement la sombre beauté d’un cru nuiton bien né. MIAM !
Le vin de Marcel Richaud n’a pas démérité mais il est encore un peu too much aujourd’hui…il faudra le regoûter dans 10 ans !

 

Tout d’abord mille mercis à Stéphane d’avoir organisé cette rencontre avec ce millésime et de nous avoir régalés avec une série de vins de très grande qualité.

2005 est reconnu comme étant l’un des très grands millésimes de ce siècle et ceci dans tous les vignobles français.
Après 12 ans de vieillissement la plupart des vins dégustés aujourd’hui se trouvent encore dans une forme éblouissante.
Les crus alsaciens sont à la hauteur de leur réputation de grands vins de garde, les cuvées bordelaises sont au niveau attendu (et convenu !) et les appellations du sud pêchent encore par un excès de chaleur et devront attendre encore.
Comme je m’y attendais un peu, la palme d’excellence revient à la Bourgogne qui nous a fourni les plus belles bouteilles de la journée : des vins venus d’une époque où l’amateur pouvait encore les acheter par cartons de 6 sans risquer de compromettre l’équilibre de son budget familial…

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Le casting du jour au complet.

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