Périple sudiste 2017 - Visite au domaine d'Aupilhac à Montpeyroux
Des vignes, du ciel bleu et le Mont Baudile à l’horizon…on dirait le Sud
Avec des vacances de printemps placées au milieu du mois d’avril, la 7° édition de ce périple dans les vignobles du sud sera l’un des plus précoces jamais effectués.
L’habituelle étape dans la vallée du Rhône prévue lors mon voyage aller vers Port Camargue se fera à Pont-de-l’Isère au Clos des Grives.
Le lendemain, je vais migrer vers la vallée de l’Hérault en allant faire une première visite au Domaine d’Aupilhac à Montpeyroux avant de passer la traditionnelle soirée à Arboras en compagnie d’Eric et Marie-Ange Supply-Royer.
L’emploi du temps du dernier jour sera pris en charge par Yves Cortey et Dany Jaffuel avec un circuit autour du Pic Saint Loup agrémenté de quelques belles étapes viniques : le Château La Roque, L’Ermitage du Pic Saint Loup et le Château de Cazeneuve.
Hoppla, c’est parti !
Domaine d'Aupilhac à Montpeyroux
Après une soirée au calme dans ma villégiature habituelle de Port Camargue, je repars en direction des Cévennes et des gorges de l’Hérault pour une visite que je projette depuis de longues années : c’est parti pour une journée au pied du Mont Baudile et pour une première halte à Montpeyroux au domaine d’Aupilhac.
Montpeyroux au printemps 2017
L’entrée du village sous un soleil éclatant…
…et la façade du domaine, rue du Plô à Montpeyroux.
L’entrée du caveau
Sylvain Fadat et son épouse étant absents – mais ils avaient eu la courtoisie de me prévenir – c’est Laura, une collaboratrice du domaine, qui m’accueille et me propose de faire une visite des caves avant de déguster les différentes cuvées qui y naissent.
Ce domaine languedocien exploite aujourd’hui 25 hectares de vignes conduites en viticulture biologique depuis le début des années 2000 (certification ECOCERT en 2006) et en viticulture biodynamique certifiée DEMETER en 2014.
Les vendanges sont exclusivement manuelles et leur date est fixée lorsque les raisins sont arrivés dans leur phase de maturité physiologique optimale.
Les rouges sont réalisés à partir d’une vendange éraflée à 100%. Les raisins sont foulés avant d’être mis en cuve thermo-régulée pour la phase de fermentation alcoolique.
Une partie du grand cuvage du domaine d’Aupilhac
Les cépages fermentent séparément et chaque cuve de rouge subit une saignée de 3% de son volume : le jus prélevé permettra l’élaboration de la cuvée Lou Maset rosé.
Les rouges sont élevés en fûts ou en foudres : Cocaillères et Aupilhac en pièces et en demi-muids, La Boda exclusivement en demi-muids.
Le chai rouge avec des barriques pour l’élevage et des foudres pour l’affinage des cuvées assemblées
Les demi-muids signés « Adour » de La Boda 2015…
…et quelques noms de tonneliers réputés pour les autres fûts et foudres.
Les raisins blancs sont vendangés le matin « à la fraîche » et après le pressurage les jus sont refroidis avant d’être travaillés sous bois (fûts et foudres).
Fûts, foudres et œuf en béton dans le quartier blanc du domaine d’Aupilhac
Les cuves ovoïdes en béton brut commencent à faire leur apparition dans les caves du domaine d’Aupilhac…mais c’est vrai qu’on fête Pâques dans 4 jours !!!
Pour avoir la main sur l’ensemble des processus d’élaboration de leurs vins, le domaine s’est doté d’une unité d’embouteillage et d’habillage : « ainsi nous pouvons gérer intégralement chaque étape de la naissance de nos vins ».
La chaîne d’embouteillage et d’étiquetage du domaine d’Aupilhac.
Après cette promenade dans les espaces professionnels du domaine nous retournons vers l’espace dégustation pour voir comment se tiennent les différentes cuvées élaborée par Sylvain Fadat et son équipe.
Un petit bar bien sympathique pour goûter les vins du domaine
Les 9 vins qui constituent la gamme actuelle du domaine sont issus de deux terroirs principaux : les terrasses d’Aupilhac et les Cocalières.
Comme leur nom l’indique, les terrasses d’Aupilhac sont des terrasses argilo-calcaires riches en marnes bleues et exposées sud-sud/ouest.
« Ce sont les premières vignes de Sylvain Fadat » et c’est là que naissent les carignans et les mourvèdres qui composent pour l’essentiel les deux cuvées originelles du domaine (« Cuvée Aupilhac » et « Le Carignan »)
Les terrasses d’Aupilhac
Situé à une altitude de 350 mètres dans un amphithéâtre exposé nord-nord/ouest les vignes des Cocalières poussent sur un sol de calcaire, d’argile et de basalte. Sylvain Fadat a acquis cette grande parcelle en 1998 et entre 1999 et 2000 il y a replanté des cépages blancs (roussanne, marsanne, rolle, grenache blanc et clairette) et des cépages rouges (syrah, mourvèdre et grenache noir).
Les Cocalières
Nous commençons par déguster les deux cuvées de blancs :
AOP Languedoc Cuvée Aupilhac 2016 : nez frais et charmeur, notes de pêche blanche et de citron, matière longiligne, équilibre fringant, finale salivante, sillage sur les agrumes avec de beaux amers minéraux.
(40% grenache blanc + 40% clairette + 20% ugni blanc – élevage : 6 mois en foudres).
AOP Languedoc Les Cocalières 2015 : nez discret mais raffiné, notes de fruits jaunes et de poudre de craie, matière concentrée, texture caressante avec un joli gras, acidité souple qui se met en place dès le milieu de bouche pour tenir solidement la finale.
(30% rolle + 25% roussanne + 20% marsanne + 20% grenache blanc + 5% clairette – élevage : foudre et barriques non neuves)
Ces deux vins blancs qui ouvrent la gamme du domaine d’Aupilhac s’expriment de façon très différente : la cuvée Aupilhac séduit par son expression aromatique très primesautière et sa belle énergie alors que la cuvée des Cocalières se montre un peu plus sérieuse avec un corps assez plantureux et un solide squelette minéral.
Ceci dit, j’ai quand même l’impression que pour l’heure ces deux vins sont davantage influencés par leurs millésimes que leurs terroirs.
AOP Languedoc Lou Maset 2015 : aromatique un peu réservée, palette fruitée délicate (petits fruits rouges), léger, juteux et terriblement gourmand en bouche, finale relevée par de belles nuances minérales.
(50% cinsault + 30% grenache + 10% mourvèdre + 10% carignan – élevage : 6 mois en foudres).
IGP Mont Baudile Le Carignan 2015 : olfaction noble et profonde, palette plutôt sombre, notes de fruits noirs, de graphite et de bois de réglisse, matière épaisse et texturée qui donne un caractère très vigoureux à la présence en bouche, finale tendue et intensément minérale.
(100% carignan – élevage : 23 mois en petits foudres).
La première doublette de rouges nous fait découvrir deux cuvées qui affirment des personnalités bien distinctes avec un Lou Maset gouleyant et croquant à souhait et un Carignan plein de sève et d’énergie minérale : un séducteur gourmand et accessible face à un athlète charpenté encore un peu revêche…voilà un couple complémentaire qui permettra à l’amateur de disposer d’un choix de vins pour de multiples occasions.
Grand vin de garde et cuvée « historique » du domaine, Le Carignan dispose de son oenothèque particulière dans les caves de la famille Fadat.
AOP Languedoc-Montpeyroux Cuvée Aupilhac 2014 : nez complexe et charmeur, palette fruitée bien mûre, notes de prune, de mûre et de pêche de vigne sur un fond délicatement mentholé, structure sphérique en bouche, matière concentrée, finale fraîche et digeste, sillage long sur les herbes aromatiques et les épices douces.
(32% mourvèdre + 28% carignan + 20% syrah + 15% grenache + 5% cinsault – élevage : 22 mois en foudres et barriques non neuves).
AOP Languedoc-Montpeyroux Les Cocalières 2014 : nez raffiné et complexe, notes d’herbes de garrigue et de pierre chaude avec une légère touche fumée, bouche très bien balancée, équilibre frais, jus fruité délicat, toucher velouté, finale puissante et marquée par de belles nuances minérales.
(40% syrah + 30% grenache + 30% mourvèdre – élevage : 18 mois en foudres et barriques)
Si la Cuvée Aupilhac affirme un caractère sudiste affirmé avec un jus mûr et solidement tramé, Cocalières nous propose une version plus « soft » avec une expression aromatique plus retenue et une présence en bouche qui brille plus par son élégance que par sa force.
Ceci étant, ce sont deux grands vins qui pourront se bonifier en cave durant de longues années mais qui s’offriront avec bonheur à l’amateur impatient dès aujourd’hui…s’il prend le temps de leur offrir un petit passage en carafe.
Double MIAM !
AOP Languedoc-Montpeyroux La Boda 2014 : nez discret, palette complexe et raffinée, fruits rouges frais, épices douces et aromates méridionales, silhouette longiligne très élégante en bouche, texture soyeuse, finale longue avec une présence minérale sensible et rafraîchissante.
(45% syrah des Cocalières + 45% Mourvèdre d’Aupilhac + 10% carignan d’Aupilhac – élevage : 24 mois en demi-muids).
AOP Languedoc-Montpeyroux Le Clos 2013 : nez expressif et envoûtant, notes de fruits noirs confits, d’épices et d’herbes aromatiques, matière opulente, acidité puissante, trame tannique serrée, finale un peu rustique avec une tension sensible et longue rémanence épicée et minérale.
(40% carignan + 40% mourvèdre + 20% syrah – élevage : 24 mois en barriques neuves ou de un vin + 12 mois en bouteilles)
La Boda est le vin qui symbolise l’union des deux terroirs emblématiques du domaine et qui exprime à merveille cet équilibre subtil entre le caractère incandescent des terrasses d’Aupilhac et la retenue montagnarde des Cocalières.
Affirmant un caractère très sociable dès sa prime jeunesse, cette cuvée est taillée pour tenir dans le temps.
Réalisé à partir d’une sélection en cours d’élevage des meilleurs jus provenant des vieilles vignes plantées sur les terrasses d’Aupilhac dans des secteurs riches en marnes bleues, Le Clos est un grand vin de garde qui aura besoin de quelques années en cave pour donner toute la mesure de son potentiel…c’est le vin de temps du domaine d’Aupilhac.
Cela faisait quelques années que je passais devant la porte de ce domaine – j’emprunte toujours la rue du Plô pour aller chez les Supply-Royer à Arboras – et que je me disais qu’il fallait absolument que j’aille rendre visite à ce vigneron dont j’avais déjà pas mal goûté de vins : j’ai donc préparé mon périple sudiste 2017 en attribuant le statut d’étape prioritaire au domaine d’Aupilhac.
Certes, je n’ai pas réussi à faire concorder mon agenda avec celui de Sylvain Fadat, mais j’ai néanmoins pu faire une visite complète du domaine d’Aupilhac en compagnie d’une collaboratrice sympathique et compétente qui n’a pas compté son temps pour me faire comprendre comment étaient élaborés ces vins qui font partie depuis des années de l’élite vinique languedocienne.
Avec la mise en œuvre d’une viticulture biologique certifiée en 2006 et un passage à la biodynamie validé en 2014, Sylvain Fadat a fait le choix courageux de l’exigence et du respect de la nature pour produire des raisins de très grande qualité, éléments fondamentaux dans la genèse de tout grand vin.
Les principes qui régissent son travail en cave sont marqués par le souci de limiter les interventions œnologiques au strict minimum pour créer des vins qui expriment la pureté du fruit tout en laissant entrevoir très vite la profondeur le l’empreinte minérale de leur terroir.
Les vins de Sylvain Fadat que j’ai pu déguster aujourd’hui ont montré un caractère languedocien bien assumé tout en se distinguant par un équilibre assez particulier où les acidités et les présences salines contrebalancent les richesses naturelles des jus pour laisser une belle impression de fraicheur et de buvabilité.
J’ai été charmé par l’expressivité très guillerette des vins blancs et par la spontanéité gourmande de Lou Maset.
J’ai été impressionné par la stature des 5 grandes cuvées rouges du domaine : des jus fruités denses, des mâches voluptueuses, des squelettes acides/salins solides et bien typés…tous les éléments qui définissent le grand vin sont là. Bravo !
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