Dégustation de Châteauneuf du Pape 2007

Naissance oblige, j’avais encavé pas mal de bouteilles dans les domaines que je fréquente sur Châteauneuf du Pape. J’avais goûté tous les vins en élevage ou presque et, si évidemment ils n’avaient pas l’équilibre suprême des 2005, j’avais plutôt bien aimé ce millésime, solaire certes, mais avec suffisamment de jus, de corps pour à mon sens traverser les âges.

Au fil des repas, j’ai donc ouvert quelques bouteilles afin de faire un état des lieux de leur évolution :

Domaine Bois de Boursan : tout d’abord la sensation d’une volatile assez haute qui viendra se confirmer par la suite. Néanmoins ses jolies notes de garrigue, d’herbes séchées, de cerise prennent le dessus. Il y a un fond de quelque chose qui me gène sur la finale avec une animalité qui ne colle pas avec par exemple le fabuleux 2010 bu récemment. A revoir donc sur une autre bouteille.
Domaine Raymond Usséglio : un vin qui s’exprime lentement et qui offre beaucoup de complexité, sur les petits fruits noirs, les épices, le poivre noir, et la réglisse. Dynamique, structuré, d’une jeunesse insolente, il s’étire en longueur avec beaucoup de saveurs. C’est un vin de très grande qualité qui va voyager encore et dont le plateau de maturité sera je pense atteint pour ses 20 ans. Je l’avais goûté plus fermé et plus renfrogné 2/3 ans auparavant.
Les Cailloux - Domaine André Brunel : un domaine dont je bois finalement assez peu de bouteilles mais dont ce millésime m’avait plus. Le vin est dense, très fruits noirs un peu compotés avec un côté animal. La bouche est au diapason mais avec une touche réglissée qui vient lui donner heureusement un peu de pep’s. J’ai gouté de meilleures bouteilles, celle-ci manquait d’énergie.

Serie 1

Domaine de Ferrand : drôle de vie pour ce drôle de vin ! En élevage il était tellement bon que ma femme m’avait demandé si l’on pouvait emmener l’échantillon prélevé sur cuve pour le boire chez nous ! les 1ères bouteilles ouvertes étaient très bien et puis 2/3 par la suite complètement à l’envers. Tout de suite je sens que je suis bien tombé. Expressif tout de suite dans un festival d’odeurs qui vont des herbes aromatiques au poivre en passant par la prune. La matière est enrobée, charmeuse, et en même temps avec une pointe fraîche de menthol qui porte l’ensemble. C’est très bon…à nouveau !
Domaine Eddie Ferraud : charmé par son 2006 qui était mon Châteauneuf préféré sur ce millésime, j’avais acheté les yeux fermés ce 2007. Mais le vin est très marqué, solaire, pruneau, herbes rôties. La bouche reste agréable mais manque de ressort et d’énergie. A revoir pour s’assurer que ce n’est pas une bouteille en dessous mais il n’y a aucun marqueur défectueux simplement je crois qu’elle aurait dû être bu et décline.
Domaine Charvin : j’avais une grosse confiance en Laurent pour ce millésime car il gère bien les années chaudes et devenant lui aussi papa pour la 2ème fois, j’imagine qu’il s’est appliqué ! Effectivement c’est le vin qui présente le plus de finesse, vraiment sur la cerise mûre, les épices douces. Il n’envahit pas, il se développe lentement mais surement avec beaucoup de délicatesse.

Serie 2

Domaine Durieu : Ce domaine avait lui aussi sorti un remarquable 2006 et j’avais bien goûté ce 2007 à sa naissance. Très ouvert, sur les olives noires, les fruits mûrs, mais avec une touche très fraîche et dynamique de thym frais, de sarriette. C’est un vin absolument délicieux qui tapisse le palais à chaque gorgée, plein de saveurs et d’énergie. Une grande réussite !

Durieu

7 bouteilles pour un retour sur 2007. On ressent sur quasi toutes les bouteilles la solarité du millésime mais certains ont su l’amadouer pour sortir de jolies réussites. En tout cas Durieu et Raymond Usséglio sortent en tête de la dégustation avec deux très beaux Chateauneuf, Charvin et Ferrand les compères sont juste derrière, Bois de Boursan, Ferraud et Les Cailloux semblent plus marqués et moins capable de s’améliorer dans le temps mais la vérité d’une bouteille n’est pas toujours celle d’une autre donc à revoir.

Cyril Amelin - février 2021
En tout cas le Titi aura loisir pour ses 20 ans et plus de goûter je pense quelques beaux flacons ! J’espère qu’il m’invitera à les partager avec lui…

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