Visite au domaine Ratte à Arbois

La seconde sortie sportivo-vinique de cette année ne se déroulera que sur une journée entre le Doubs et le Jura – 600 km aller-retour, ce n’est pas le bout du monde ! – et me permettra de découvrir la via ferrata de Nans sous Sainte Anne et le domaine Ratte à Arbois.

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Le site de la via ferrata de Nans sous Sainte Anne dans le Doubs

Une via le matin et une rencontre vinique dans l’après-midi…voilà un rythme qu’un néo-sexa peut encore assurer sans risquer le surmenage !
Hoppla c’est parti !

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Arbois vu du vignoble (le coteau des Corvées pour être plus précis)

Comme me l’a demandé Françoise Ratte, j’arrive au domaine en tout début d’après-midi : « c’est déjà pour que nous ne soyons pas trop pressés par le temps car je dois assister à une réunion de pré-vendanges à 15H30 ».
On est le 21 août et on parle vendanges dans tous les vignobles de France…j’ai l’impression que 2018 ne sera pas un millésime comme les autres !

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Les nouveaux bâtiments du domaine Ratte à Arbois

Michel-Henri et Françoise Ratte se sont lancés dans l’aventure de la production de vin en bouteilles en 2010.
A l’heure actuelle, ce domaine exploite 9 hectares de vignes sur les plus beaux terroirs d’Arbois : des parcelles familiales – les parents de Françoise Ratte étaient vignerons-coopérateurs – et quelques acquisitions récentes qui complètent ce patrimoine et rendent cette entreprise viable.

Après quelques millésimes vinifiés dans une ancienne cave en ville, ces vignerons disposent depuis 2016 de locaux plus spacieux et plus fonctionnels situés dans un quartier périphérique d’Arbois.
Ces nouvelles installations sont utilisées depuis 2 millésimes mais les premières bouteilles avec l’étiquette du domaine Ratte datent de 2015.

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Une partie du cuvage 100% inox dans le grand chai climatisé.

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Le parc de pièces bourguignonnes pour l’élevage de certaines cuvées…

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…avec quelques fûts neufs…mais pas trop !

Les vignes du domaine Ratte sont travaillées en biodynamie depuis 2010 et la certification Demeter a été validée en pour le millésime 2014…c’est donc la fruitière d’Arbois qui a bénéficié de ces raisins en biodynamie jusqu’en 2015.

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Un dynamiseur en cuivre…pas de doute, on est bien chez des biodynamistes !

Les sols sont travaillés de façon superficielle et les vignes traitées avec les préparats classiques de la biodynamie (bouse de corne, silice…) et avec des tisanes : « des décoctions réalisées à partir de plantes qu’on trouve sur place, comme la reine des prés, la valériane ou la consoude ».
Le cuivre est utilisé avec parcimonie « 900 grammes par hectare en moyenne » et le SO2 n’intervient qu’au moment de la mise à hauteur de 2 grammes par hectolitre.

Les vendanges sont exclusivement manuelles et les raisins sont transportés en caissettes jusqu’au pressoir.
Les raisins rouges sont triés et égrappés à la vigne grâce à un crible…je n’avais encore jamais entendu parler de cette pratique !

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Le crible en érable pour égrapper les raisins rouges et les caissettes sont prêts pour la vendange.

En cave, une hygiène impeccable – facilitée par l’usage des cuves en inox – et le travail sur une matière première de grande qualité permettent de limiter les interventions œnologiques à leur strict minimum : pas de levurage, pas de filtration et un sulfitage très léger à la mise.
Les élevages se font en cuve inox ou en fûts de chêne.

La gamme du domaine Ratte compte actuellement une petite dizaine de références : 3 vins blancs, 5 vins rouges, 1 crémant et un macvin…mais 2018 verra apparaître 2 nouveautés : un vin oxydatif typé jurassien et une cuvée de melon à queue rouge.
Allez, on goûte !

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Le coin dégustation du domaine Ratte…

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…et la gamme disponible actuellement au domaine.

Arbois Grand Curoulet 2016 : nez très engageant sur le citron, la mélisse et la poudre de craie, attaque vive et franche en bouche, ligne acide droite et centrée, jus fruité très dense, finale tendue et légèrement tannique, sillage salin et iodé.
(100% chardonnay – élevage en pièces bourguignonnes anciennes – terroir : calcaire à gryphées)

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Née sur une parcelle de 1,5 hectares de très vieilles vignes (80 ans) exposées au couchant, cette cuvée de chardonnay est une petite merveille d’équilibre et d’énergie minérale…quelle belle entrée en matière, MIAM !


Arbois Naturé 2017 : nez fin et élégant, palette aromatique d’une grande complexité avec des notes de pamplemousse rose, de pierre chaude et d’épices douces, matière voluptueuse qui enrobe une ligne acide bien mûre, finale sapide avec des amers nobles et de discrètes nuances fumées.
(100% savagnin – élevage : - 60% cuve et 40% pièces bourguignonnes – terroir : marnes bleues du lias)

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Le nom de cette cuvée ne fait pas référence à un type particulier de vinification mais évoque la dénomination locale du cépage savagnin.
C’est un blanc ouillé concentré (13°5) et particulièrement complexe qui affirme d’ores et déjà les qualités d’un très grand vin de terroir. MIAM !


Arbois Pinot Noir 2017 : nez encore sur la retenue, fruité discret et fines notes fumées, matière longiligne, tanins mûrs et déjà bien souples, finale sapide qui laisse apparaître de belles nuances minérales (pierre chaude, craie).
(100% pinot noir – élevage : 100% en pièces bourguignonnes, 1 pièce neuve pour 8hl – terroir : calcaire à gryphées)

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Je ne connais que très peu les vins rouges jurassiens car les quelques vins goûtés jusqu’ici ne m’ont pas forcément donné envie de me pencher plus précisément sur ce sujet mais j’avoue que ce superbe pinot noir m’a fait réfléchir…
Réalisé à partir de 2 parcelles situées sur le coteau du Grand Curoulet (une jeune vigne de 20 ans et une vieille vigne de 80 ans) ce vin plein d’énergie et de gourmandise révèle un beau potentiel dès son plus jeune âge…j’aime beaucoup et je sens que les rouges de la famille Ratte vont remettre en question mes idées sur la question.


Arbois Clos Maire 2017 : nez intense et complexe avec une palette florale particulièrement séduisante, matière riche et juteuse, équilibre bien suave, finale fraîche et sapide.
(pinot noir + trousseau en complantation – élevage 90% cuve + 10% fûts)

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Malgré sa mise récente (il y a un mois) cette cuvée montre déjà un profil très séduisant avec sa parfaite sociabilité et sa gourmandise « redoutable ».
Voilà un vin qu’il faudrait probablement encore un peu oublier en cave…mais qui en sera capable ? Pas moi…MIAM !


Arbois Les Corvées 2017 : nez opulent et bien mûr, notes de fruits noirs confits avec une petite touche de fraise écrasée, matière ample et bien charnue en bouche, finale franche et longue, sillage fruité et épicé.
(100% trousseau – terroir : marnes rouges)

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Cette cuvée réalisée avec une variété ancienne de trousseau (le trousseau « à la dame ») récolté sur le lieu-dit Les Corvées – « le meilleur terroir d’Arbois » – nous a régalés avec un récital aromatique de toute beauté et un jus voluptueux et digeste en bouche. Grand vin !


Le domaine Ratte produit encore un crémant et un macvin que je n’ai pas dégusté mais aussi une autre cuvée de rouge issue d’un assemblage de trousseau, pinot noir et poulsard et baptisée « Rubis » qui n’a pas pu être produite sur ce millésime suite aux fortes gelées de 2017 qui ont durement impacté les vignes de poulsard.
Pas grave, je reviendrai !

Comme il nous reste encore un peu de temps après cette dégustation, Françoise Ratte me propose de faire un petit tour dans les vignes pour voir quelques parcelles cultivées par le domaine.

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Une parcelle du domaine Ratte sur Les Corvées…

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…avec des raisins de trousseau « à la dame » : petites grappes, petits grains, petits rendements…mais grande qualité !

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Une jeune vigne de trousseau dans les Corvées du bas.

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Vue plongeante sur une jeune vigne de savagnin plantée au pied du coteau des Corvées.

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La vieille vigne complantée sur le lieu-dit « Prélevron » où naît la cuvée « Rubis »…

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…avec des pieds de poulsard vraiment spectaculaires…et en bien meilleure « forme » qu’en 2017 !


J’ai toujours bien aimé les projets ambitieux et vertueux qui réussissent…et c’est pour cette raison que j’ai vraiment beaucoup de plaisir à partager cette belle adresse jurassienne avec vous.
Ce domaine encore bien jeune n’a pas eu besoin de beaucoup de temps pour faire reconnaître la qualité de leur travail et de leurs vins dans les milieux œnophiles français…mais surtout à l’étranger car pour l’heure près de 80% de la production du domaine Ratte part à l’export.

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Une bonne adresse jurassienne à noter dans vos carnets œnophiles.

A l’heure actuelle, c’est Quentin Ratte, le fils de Françoise et Michel-Henri Ratte, qui assure le suivi des vignes avec le souci de mettre en œuvre des méthodes culturales très vertueuses. En cave, Michel-Henri bichonne ses jus en veillant à limiter ses interventions au strict minimum pour donner naissance à des vins bien imprégnés par leurs terroirs d’origine et Françoise Ratte assure la gestion commerciale ainsi que l’accueil au caveau…une vraie histoire de famille !

Les 2 cuvées de blanc sont vraiment remarquables : des jus bien concentrés, des profils ciselés par des acidités fines et structurantes et des présences salines/minérales qui se font sentir dès leur prime jeunesse.
Double MIAM enthousiaste !

Je n’étais vraiment pas un grand fan des rouges jurassiens jusqu’à aujourd’hui – en fait, je crois que je n’en ai encore jamais acheté – mais avec cette triplette très convaincante du domaine Ratte, je n’ai pas résisté à l’envie d’encaver quelques flacons.
Avec leurs matières voluptueuses et pleines d’une énergie communicative ces 3 vins m’ont vraiment bluffé même s’ils ont été dégustés bien trop jeunes pour donner la pleine mesure de leur talent…autant dire que je suis impatient de déboucher l’une ou l’autre de ces bouteilles après quelques temps en cave.

Mille mercis à Françoise Ratte pour son accueil.

 

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