Dégustation club AOC - Les blancs ouillés du Jura
Pour la dernière réunion AOC de la saison 2015/2016, nous reprenons enfin nos bonnes vieilles habitudes puisque nous regagnons notre base traditionnelle à La Wantzenau pour aborder une session classique à deux thèmes :
- la découverte de quelques grands blancs ouillés du Jura
- une petite virée entre Gaillac et Fronton
La série de vins du Jura a été préparée par mes soins avec des bouteilles collectées lors de mon pèlerinage de l’été 2015 et quelques flacons achetés chez un caviste strasbourgeois.
Les vins pour le second thème ont été collectés par Cyril, notre sommelier migrateur, lors d’une virée œnophile dans le sud ouest.
Les blancs ont été débouchés avant la réunion et servis à l’aveugle par doublette de même cépage, les vins rouges du sud-ouest ont été débouchés et laissés en bouteille ouverte 2 heures avant leur dégustation.
Verres Spiegelau Authentis 01
Soirée Club AOC du 10 juin 2016 à La Wantzenau
En guise de mise en bouche :
Riesling Steinacker 2015 – Domaine L. Sipp à Ribeauvillé : nez très flatteur, palette raffinée sur les fleurs et la poudre de craie, jus fruité très gourmand en bouche, finale légère et glissante avec une petite présence minérale qui fait saliver.
Avec son expression primesautière et son pouvoir de séduction presque irrésistible ce riesling né sur les sols sablo-limoneux et très caillouteux du Steinacker, est une vraie friandise qui se déguste dès aujourd’hui avec un plaisir absolu.
Voilà une bouteille qu’on pourra déboucher pour se régaler en attendant que les Grands Crus du domaine arrivent à maturité. MIAM !
Thème 1
Quand les blancs jurassiens ne sentent plus la noix…
Côtes du Jura A la Percenette 2013 – Domaine Pignier à Montaigu : nez expressif et complexe, croûte de pain grillé, citron vert, mandarine, touche florale très délicate, matière svelte et juteuse en bouche, équilibre très aérien, finale fraîche et cristalline.
(100% chardonnay – terroir : marnes calcaires du Lias et schistes cartons)
Arbois Pupillin Melon à Queue Rouge 2013 – Domaine de La Pinte à Arbois : nez séduisant, notes lactées à l’ouverture (caramel), palette fruitée après oxygénation (mirabelle, chair de poire bien mûre), matière ample et généreuse en bouche, très belle présence saline en finale.
(100% melon à queue rouge – terroir : argilo-calcaire avec veines de marnes bleues)
Travaillé à la « bourguignonne » en pièces de 225 litres, le vin du domaine Pignier impressionne par la complexité de sa palette et l’élégance de sa structure. Issu d’une variété rare de chardonnay, la cuvée du domaine de la Pinte qui a été vinifiée en cuves avant d’être élevée durant 12 mois en foudres et demi-muids, révèle un profil plus opulent tout en laissant entrevoir une trame minérale de très belle facture
Ces deux premières cuvées réalisées à partir de raisins cultivés en biodynamie ont surement été dégustées trop jeunes et présentent des profils aromatiques encore un peu marquées par leur élevage mais leurs présences en bouche absolument irréprochables révèlent le très haut niveau d’exigence de leurs concepteurs.
Arbois Pupillin Chardonnay Fonteneille 2012 – Domaine de La Pinte à Arbois : olfaction complexe et flatteuse, palette riche et évolutive, pêche blanche, sirop de sureau et notes florales raffinées, grande délicatesse en bouche, silhouette svelte et structure déliée, finale fraîche et bien nette mais un peu courte.
(100% chardonnay – terroir : calcaire)
Arbois La Mailloche 2005 – Domaine Stéphane Tissot à Arbois : premier nez peu avenant, lacté, fermentaire (notes de comté), pointe de volatile, fruité subtil et nuances pierreuses qui se révèlent après une longue aération, matière ample et très belle puissance en bouche, grain tannique sensible, salinité intense en finale.
(100% chardonnay – terroir : marnes argileuse)
Malgré son âge avancé la cuvée du domaine Tissot a eu besoin de beaucoup de temps pour purifier son expression aromatique perturbée par une réduction intense et tenace – en fait, il a fallu attendre la fin de soirée, vers 23 heures pour que cette bouteille développe des arômes plus « sympathiques » – mais en bouche on sentait une vraie énergie et une empreinte minérale de toute beauté.
Née sur un terroir bien particulier de calcaire pur, la cuvée Fonteneille a fait l’unanimité par son aromatique raffinée et sa prestance fine et déliée en bouche !
Côtes du Jura Les Bélemnites 2010 – Domaine Buronfosse à Rotalier : nez vif et énergisant, citron frais et pierre chaude, bouche puissante, matière ample avec un gras sensible et une tension acide très solide, salinité intense, finale sapide et discrètement épicée.
(70% savagnin jaune + 30% chardonnay – terroir : marnes bleues profondes)
Côtes du Jura 2012 – Domaine Macle à Château Chalon : expression olfactive très séduisante, fraise des bois, bonbon anisé (Anis de Flavigny), notes florales délicates, structure très élégante mais présence enveloppante en bouche, finale qui se resserre pour filer très droit, sillage aromatique citronné et minéral.
(50% savagnin jaune + 50% chardonnay – terroir : argilo-calcaire)
Elevée durant 18 mois en fûts de chêne de 228 litres, la cuvée du domaine Buronfosse est visiblement entrée dans sa phase de pleine maturité et donne une belle impression de force et de sérénité. Plus jeune mais déjà bien en place la cuvée ouillée du domaine Macle montre une sociabilité assez surprenante tout en laissant transparaître sa vraie nature de grand vin de terroir.
Avec leur assemblage classique jurassien, ces deux vins ouillés nous offrent une transition de toute beauté vers les deux savagnins qui vont clore cette série.
Côtes du Jura Les Chalasses Marnes Bleues 2012 – Domaine Ganevat à Rotalier : nez discret et évolutif, notes d’ache des montagnes (le « maggi » des alsacos) à l’ouverture, puis beaux arômes de citron et de pêche blanche, bouche puissante, équilibre très droit, minéralité pénétrante en finale.
(100% savagnin vert – terroir : marnes bleues)
Arbois Savagnin 2008 – Domaine de La Pinte à Arbois : nez raffiné et bien ouvert, notes de gelée de coing et bouquet floral bien complexe, matière ample, équilibre d’une précision absolue, finale appétante avec une belle tension et des amers minéraux très délicats.
(100% savagnin jaune – terroir : marnes bleues du Lias)
Travaillé « Nature » avec un élevage de 2 ans en demi-muids, le savagnin de Ganevat est encore un peu jeune pour être apprécié à sa juste valeur mais on y sent déjà très distinctement l’âme d’un cru jurassien d’exception.
Vinifié de façon plus traditionnelle (en cuves inox) et élevé durant 3 ans en foudres de 52 hl, le vin du domaine de La Pinte a conquis l’assemblée par sa gourmandise et sa tenue en bouche.
Je ne m’y attendais pas forcément mais c’est cette bouteille qui a fait l’unanimité ce soir. MIAM !
Pour conclure :
- Je connais le vignoble et les vins du Jura depuis de longues années mais j’avoue que ce n’est que très récemment que je me suis intéressé de plus près à ces cuvées ouillées dont le niveau qualitatif s’est élevé de façon spectaculaire durant cette dernière décennie…en fait, le déclic s’est produit après ma première visite au domaine Pignier en 2011 (suivant les conseils éclairés de maître Thierry).
Depuis ce jour, je me suis intéressé à ces vignerons qui mettent en œuvre des pratiques très vertueuses à la vigne et en cave – tous les vins dégustés ce soir sont labellisés en bio ou en biodynamie – et qui élaborent ces cuvées remarquables élevées à l’abri de l’air.
La programmation de cette série s’est donc imposée comme une évidence au club AOC et j’ai bien l’impression que les membres présents ce soir ont apprécié !
- Si on excepte le vin de Tissot qui a suscité quelques interrogations (réduction ou problème de bouchage) les autres bouteilles ont affirmé un niveau qualitatif vraiment irréprochable : il y avait de la gourmandise, de l’élégance, de l’équilibre et une minéralité vraiment bien définie dans chaque vin…que demander de plus !
Avec des prix situés pour la plupart entre 15 et 25 euros, ces beaux flacons offrent une possibilité d’alternative tout à fait intéressante pour l’amateur qui ne peut plus accéder aux grands blancs bourguignons…qu’on se le dise !
- En ce qui me concerne, le coup de cœur de la série ira évidemment au superbe Savagnin 2008 et la médaille d’or du meilleur rapport Q/P sera attribuée sans hésiter au chardonnay Fonteneille 2012.
Il faut noter que ces deux bouteilles sont produites par le domaine de La Pinte que j’ai visité l’été dernier…belle performance !
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