Dégustation club AOC - Découverte des vins de Faugères

La séance AOC de novembre propose comme toujours deux thèmes viniques que tout (ou presque) oppose : d’un côté des rouges gorgés de soleil nés sur les schistes des coteaux du faugérois et de l’autre, des blancs produits par un vignoble situé dans la partie septentrionale de la Bavière.

Thème 1 : grands rouges de Faugères

Thème 2 : Weissburgunder de Franconie.

Les vins allemands ont été collectés par François qui a profité d’une sortie familiale pour dénicher quelques flacons rares dans un vignoble dont la majorité de la production est vendue et consommée sur place.
La série de Faugères a été commencée lors de ma visite printanière dans le sud et complétée par des achats auprès des cavistes strasbourgeois.

Les bouteilles de blancs ont été débouchées au moment de la dégustation et servies seules ou deux par deux, étiquettes découvertes.
Les bouteilles de Faugères ont été débouchées 2 heures avant le service et servies, une par une ou deux par deux, étiquette découverte.

Verres Royal Glass 400ml

Soirée Club AOC du 8 novembre 2019 à La Wantzenau

En guise de mise en bouche :

VDP de l’Hérault Nos Racines 2016 – Château de La Liquière à Cabrerolles : nez dicret et complexe, notes de fleurs blanches et de miel, bouche suave, milieu ample avec un gras sensible, finale un peu lourde avec un sillage marqué par des amers.
(30% terret + 20% carignan blanc + 20% grenache blanc + 20% bourboulenc + 10% clairette – élevage : fûts de 500 L)

La « mise en bouche » qui est plutôt une introduction au thème suivant, a été assurée par un blanc élaboré par un domaine réputé du faugérois…qui m’avait fait forte impression au printemps dernier mais qui s’est montré un peu décevant ce soir.

Thème 1 : les grands rouges sur schistes de Faugères.

Faugères Serral Quilleur- 2017– Domaine Les Serrals à Faugères : nez complexe et séduisant, notes de fleurs et de petits fruits rouges sur un fond d’épices (poivre), bouche souple et gourmande, finale digeste avec un joli retour fruité et épicé.
(syrah + grenache)
Faugères 2017 – Château de La Liquière à Cabrerolles : nez discret sur les fruits rouges et noirs frais et de fines nuances de pierre à fusil, bouche longiligne assez élégante, acidité vivre et droite qui donne du mordant aux tannins et resserre un peu la finale, sillage fumé et minéral.
(grenache + carignan – élevage : cuve)
Faugères Montfalette 2017 – Mas d’Alezon à Faugères : nez flatteur et très complexe, notes de fruits noirs, de fleurs odorantes (violette, pivoine) et d’épices douces, bouche ample et charnue, matière dense mais très déliée, finale longue et sapide avec de belles rémanences épicées et minérales
(80% mourvèdre + syrah et grenache – élevage : œuf béton + barriques de châtaignier)

Ces 3 bouteilles de Faugères du millésime 2017, nous présentent une image très parlante des caractères des vins de cette appellation : malgré des jus fruités riches et concentrés, les finales marquées par des présences minérales intenses, gardent toujours un côté sapide et digeste.
Serrals Quilleur m’a surpris par son aromatique séduisante et sa belle présence en bouche et la cuvée Montfalette de Catherine Roque s’est imposée comme l’une des meilleures quilles de la série – pour moi c’était le coup de cœur de la soirée – mais le vin de La Liquière que j’avais dégusté avec beaucoup de plaisir ce printemps, m’a un peu déçu par son style trop austère à mon goût.

Faugères Léonides 2016 – Domaine du Météore à Faugères : nez intense et envoûtant, notes de pivoine, de feuille de cassis et d’épices, bouche souple et gourmande, finale digeste avec un beau sillage aromatique sur le poivre vert et la pierre à fusil.
(30% syrah + 30% grenache + 20% mourvèdre + 20% carignan – élevage : cuve).
Faugères Les Malpas 2016 – Château de La Liquière à Cabrerolles : nez complexe mais très « sombre », fruits noirs, réglisse, graphite…, bouche assez massive, jus dense et consistant, finale un peu serrée marquée par une puissante minéralité.
(syrah dominante + mourvèdre – élevage : fûts de 500 l)
Faugères La Maison Jaune 2016 – Domaine Alquier à Faugères : nez discret mais assez frais sur les fruits rouges (cerise, framboise, groseille), bouche élégante, équilibre souple et gouleyant, texture soyeuse, finale étirée et appétante.
(70% grenache + 25% syrah + 5% mourvèdre)

Même s’ils ont affirmé des identités marquées et très différentes, les 3 Faugères du millésime 2016 ont fait belle impression : Léonides nous a agréablement surpris par la force de son expression aromatique et sa parfaite buvabilité, La Maison Jaune d’Alquier a crée un large consensus autour de son style classique et de son équilibre très fin, seule la cuvée parcellaire de La Liquière a un peu divisé l’assemblée par son caractère sombre et austère…mais c’est probablement le grand vin de garde de la série.

Faugères Chemin de Ronde 2015 – Domaine Prés Lasses à Autignac : nez expressif et racé sur les petits fruits rouges et la pierre chaude, bouche longiligne, matière souple étirée par une fine acidité, finale un peu courte mais assez digeste.
(grenache + syrah + mourvèdre + carignan + cinsault)
Faugères 2015 – Domaine Barral à Lentheric-Cabrerolles : nez très agréable, très mûr sur les fruits rouges compotés et les épices douces, bouche volumineuse, équilibre assez riche, tanins un peu serrés qui durcissent la finale.
(carignan + grenache + cinsault – élevage : cuve béton)

La série se termine par 2 vins de 2015 qui montrent de belles qualités avec des expressions aromatiques très épanouies et des jus qui révèlent une grande buvabilité.
Le vin des Prés Lasses séduit par sa matière déliée et son accessibilité mais manque un peu de fond alors que le vin du domaine Barral se goûte avec beaucoup d’agrément tout en développant une finale qui nous rappelle qu’il pourra profiter de quelques années de garde supplémentaires pour donner le meilleur de lui-même.

Pour conclure :

J’ai découvert le vignoble de Faugères lors de mon escapade printanière avec l’ami Dany et j’ai été impressionné par la beauté de ces paysages du piémont cévenol et par la parfaite homogénéité géologique de ce terroir viticole.
J’ai rencontré des vignerons très impliqués dans le combat pour la préservation de leur environnement et désireux de produire des vins qui expriment avec authenticité l’âme des schistes du faugèrois.

Les 8 bouteilles de ce soir ont réalisé une prestation plutôt convaincante avec des expressions aromatiques et des concentrations bien sudistes mais des des structures acides/minérales qui donnent cette énergie particulière qui émane des grands terroirs de schistes.

Mon coup de cœur du soir sera pour le vin de Catherine Roque (Mas d’Alezon Montfalette 2017) qui a vraiment fait l’unanimité parmi les dégustateurs…un domaine classé 2 étoiles dans le guide vert et qui assume brillamment son statut de référence à Faugères.
A côté de la cuvée du domaine des Serrals qui a étonné son monde par sa gourmandise et sa buvabilité, les vins de La Liquière (le blanc et les deux rouges) m’ont un peu déçu : certes, ils étaient bons – voire très bon pour Malpas – mais ils se sont exprimés avec une retenue que je ne leur connaissais pas et qui ne correspondait pas à ce que j’attendais d’eux après les avoir goûtés sur place.
En terme de rapport Q/P, la palme revient incontestablement au Faugères du domaine du Météore : une expression aromatique séduisante et une belle gouleyance gourmande pour moins de 10 euros…qui peut résister !

Vue sur le vignoble de Faugères...c'est beau non !