Après une session de janvier qui nous a offert une balade dans des univers viniques qui me sont plutôt familiers, la dégustation de ce soir va nous proposer des voyages gustatifs plus inhabituels avec une petite sélection de vins orange et une découverte de quelques cuvées d’une appellation languedocienne assez peu connue : l’A.O.C. La Clape.
La série de vins orange a été composée par l’ami David qui n’est jamais le dernier lorsqu’il s’agit de prendre des risques pour bousculer les repères gustatifs de notre vénérable assemblée.
Les bouteilles du Languedoc ont été fournies par Martial, notre trésorier, qui a du solliciter des cavistes du sud pour trouver de quoi faire une série intéressante.
Les cuvées de rouge ont été débouchées deux heures avant la dégustation et servies deux par deux étiquettes découvertes.
Les bouteilles de vins orange ont été débouchées deux heures avant la dégustation et servies à l’aveugle en bouteille masquées ou en carafe.
Verres Spiegelau-Cremona 460ml
Soirée Club AOC du 25 février 2022 à La Wantzenau
Mise en bouche
La Clape Château Mire l’Etang blanc 2020 – EARL du Château à Fleury d’Aude : nez ouvert et séduisant, notes de bonbon au miel et de gomme à l’acacia sur un fond citronné, bouche élancée et légère, équilibre bien frais, finale gouleyante avec des amers salivants.
(bourboulenc + roussanne + grenache blanc)
La mise en bouche du jour constitue un petit avant-propos pour le second thème de la soirée avec un blanc languedocien remarquable de gourmandise et de buvabilité.
Le bourboulenc, cépage emblématique pour les vins blancs de La Clape, apporte à cette cuvée une énergie tout à fait réjouissante. MIAM !
Thème 1 : « huit nuances d’orange » ou « orange ô désespoir » ?
Le titre sera choisi après la dégustation…
Champagne Texture-Brut Nature – Vouette et Sorbée à Bruxière sur Arche : nez très agréable sur le froment et les fruits secs, bouche assez austère avec un équilibre très sec et une mousse virulente, limite agressive, finale tendue, assez rugueuse avec un sillage sur la noisette et la craie.
(100% pinot blanc)
La série commence par une bulle originale à base de pinot blanc, vinifiée en amphores géorgiennes après macération…avec un côté « orange » qui ne saute pas aux yeux à priori !
Cela étant, c’est un champagne qu’on peut apprécier pour son expression aromatique très charmeuse mais dont le côté revêche en bouche peut s’avérer rédhibitoire pour bien des dégustateurs…et je ne parle pas de son prix tout à fait dissuasif !
Nouvelle Zélande Pinot Grigio- The Ned 2019 – Marisco Vineyard à Marlborough : nez discret mais très agréable, notes de fruits blancs mûrs sur un fond miellé et délicatement épice, bouche assez légère, équilibre sec et présence saline sensible, finale gouleyante et sapide.
(100% pinot gris)
Grèce Blanc de Noirs-Balises 2016 – Domaine Tarala à Naoussa : nez discret mais assez complexe, notes épicées dominantes complétées par de fines touches fruitées, bouche consistante et solidement construite, équilibre très sec, finale salivante avec une légère présence tannique.
(100% xinomavro – cépage rouge cultivé en Grèce)
La seconde doublette nous emmène en voyage avec une jolie cuvée de pinot gris néo-zélandaise qui s’est livrée à la dégustation avec une spontanéité réjouissante et un blanc de noirs grec bien plus difficile d’accès avec sa texture une peu rugueuse et sa finale assez rude.
VDF Les Argales – N. Jacob à Cesancey : nez qui s’ouvre sur des notes d’acidité volatile assez prononcées avant de laisser s’exprimer une belle palette fruitée et balsamique, bouche bien charnue, équilibre très tendu, salinité marquée et légère tannicité, finale tonique et salivante.
(80% chardonnay + 20% savagnin)
VDF Soleil 28 2021 – N. Reynaud à Rochefort du Gard : nez très charmeur avec des notes de fruits blancs mûrs sur un fond floral délicat, attaque en bouche bien gourmande, jus dense et bien mâchu, finale marquée par une forte amertume.
(viognier + picardan)
Même si elle a eu besoin de beaucoup d’aération pour gommer cette première aromatique fort disgracieuse, la cuvée vinifiée par Nicolas Jacob s’est montrée très convaincante avec une présence en bouche pleine d’énergie et de minéralité.
A l’inverse, la cuvée de viognier m’a charmé dès le premier nez avant de me décevoir par une fin de bouche peu avenante...mais ce sont des impressions assez habituelles pour moi avec ce cépage.
Alsace L’Orange Gaulois 2020 – Domaine Bohn à Reichsfeld : nez complexe et raffiné, notes d’agrumes mûrs et d’épices douces, bouche bien juteuse avec un équilibre frais et une présence saline sensible, finale salivante avec un long retour épicé.
(gewurztraminers macérés dans du jus de riesling)
Alsace Schieferberg Zéro 2019 – Domaine Bohn à Reichsfeld : nez marqué par une réduction intense (mercaptan), après une aération conséquente on décèle de belles nuances fruitées, bouche pleine et bien charnue, finale un peu serrée avec des amers un peu austères.
(50% pinot gris + 50% riesling)
La doublette suivante nous ramène en Alsace chez des vignerons que je connais depuis de longues années et dont la gamme compte quelques cuvées originales comme « L’Orange Gaulois », une pépite vineuse élevée dans un fût d’acacia, ou le « Schieferberg Zéro », un monolithe minéral taillé pour une très longue garde…deux vins de macération qui nous confirment que Bernard et Arthur Bohn maîtrisent très bien cette technique. Bravo les amis !
Pinot gris Grand Cru Engelberg-Comme un Rouge 2019 – Domaine Bechtold à Kirchheim : nez fruité discret, jus bien consistant en bouche tenu par une acidité mûre et large, finale sapide avec une fine présence tannique.
(100% pinot gris)
L’étonnant pinot gris de l’Engelberg qu’on avait découvert lors d’une petite visite au domaine Bechtold a fait une très belle impression ce soir avec sa couleur vraiment incroyable et sa présence en bouche à la fois bien gourmande et remarquable de profondeur et de minéralité…belle réussite !
Cette petite série très éclectique nous a permis de découvrir quelques vins orange qui, tout compte fait, se sont plutôt bien dégustés ce soir.
Je goûte ces vins de macération depuis quelques années et je suis souvent gêné par les textures trop rugueuses et les palettes aromatiques marquées par des notes végétales peu agréables, qu’on trouve assez régulièrement sur ce type de vin.
Ceci dit, quand cette technique de vinification est bien maîtrisée, elle peut générer des cuvées vraiment intéressantes comme celles qu’on a pu apprécier ce soir.
Mes coups de cœur seront pour les deux très belles bouteilles alsaciennes – ne m’accusez pas de chauvinisme SVP – avec le surprenant Pinot Gris Grand Cru vinifié en rouge par Théo Bechtold et L’Orange Gaulois du domaine Bohn, remarquable de complexité et de sapidité.
Pour compléter ce podium, je choisirai le vin de Nicolas Jacob qui, passé une longue phase de « bouderie », a révélé une vraie personnalité et un niveau qualitatif proche de celui des quilles alsaciennes.
Ce premier voyage dans le monde des vins orange était programmé pour ouvrir un peu plus nos horizons viniques.
C’est chose faite maintenant, même si nous savons que les quelques bouteilles servies ce soir ne nous ont donné qu’une idée très incomplète sur ce sujet...pas impossible que nous y revenions prochainement avec des thématiques un peu plus ciblées comme « Les vins orange alsaciens » ou, comme me l’a suggéré l’ami Cyril, « Les vins orange du Roussillon ».
Merci à David d’avoir eu le courage de braver notre conservatisme gustatif en nous proposant cette jolie série.
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