Le Kanzlerberg selon Sylvie Spielmann

LE KANZLERBERG...
 
Pour respecter l’alternance entre nos deux départements alsaciens, me voici donc de retour dans le Haut-Rhin, à Bergheim, pour essayer de percer les mystères du plus petit des Grands Crus, le Kanzlerberg.

Bien des choses ont déjà été écrites sur ces terroirs et un angle d’approche original et intéressant est à priori difficile à définir…mais je vais quand même essayer de relever le défi.
Je vous propose de me suivre dans mes ballades personnelles avec un peu de théorie (le socle nécessaire à une bonne compréhension), des documents photographiques et surtout des rencontres avec les vignerons qui travaillent dans ces parcelles classées.
Bon, ça je l’avais déjà dit…mais c’est pour les nouveaux.


Le grand cru Kanzlerberg se trouve sur le ban communal de Bergheim, un magnifique village fortifié.
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photo-aerienne.jpgVue aérienne de Bergheim et ses fortifications.
 
Pour les ratés qui n’ont pas encore réussi à se payer un hélico à 50 ans, la vue plongeante sur cette belle cité médiévale se gagne au prix d’une petite grimpette sur le Grasberg, entre vignes, bosquets et prés fleuris (avec des orchidées SVP…)
 
photo-033.jpgBergheim vue du Grasberg

photo-030.jpg« Ophrys abeille » du Grasberg
 
Les origines de Bergheim remontent au néolithique comme en témoignent les nombreux vestiges de l’âge de bronze, mis à jour sur le site de fouilles archéologiques du Grasberg.
La civilisation gallo-romaine a également marqué de son empreinte le site de ce village, mais c’est en 705 qu’apparaît pour la première fois le nom de « Berchheim », contraction phonétique de Berg (montagne) et Heim (habitation).
Par la suite, ce village connut une histoire particulièrement mouvementée en changeant plus de 30 fois de propriétaire durant le Moyen-Age. Les historiens n’hésitent pas à affirmer « qu’aucun lieu en Alsace n’a aussi souvent changé de maître ».
C’est sous la domination des Ribeaupierre que Bergheim fut incendiée en 1287, lors de leur terrible guerre de succession.
Pour éviter de nouveaux malheurs aux habitants de cette cité, Henri de Ribeaupierre décida de la fortifier en 1312.
 
photo-010-copie-1-1.jpgMurs d’enceinte autour de la villephoto-017.jpg
 
Peu de temps après, Bergheim, qui avait été élevée au rang de « ville », passa aux mains des archiducs d’Autriche qui dotèrent cette cité de droits et de privilèges proches de ceux accordés aux « villes libres ».
 
sans-titre.jpgLe blason de Bergheim : la symbolique d’une ville fortifiée et souveraine.
 
En fait, Bergheim a constitué un objectif stratégique convoité lors des nombreuses guerres qui ont marqué l’histoire de cette région durant une longue période allant du Moyen-Age jusqu’à la fin du XVII° siècle.
Curieusement, les tribulations historiques de Bergheim cessèrent peu après le rattachement de l’Alsace à la France par le Traité de Westphalie en 1648.
Même durant les deux dernières guerres mondiales, ce village a été miraculeusement épargné, alors qu’il se trouvait dans une zone où les combats ont été particulièrement violents et destructeurs.
Aujourd’hui encore, l’habitat de Bergheim se concentre principalement au-dedans d’un rectangle de 300m sur 500m, délimité par une double enceinte médiévale, conservée jusqu’à nos jours dans presque toute sa longueur.
 
photo-012.jpgLa Tour-Haute, entrée ouest de la cité.
 
Ce village de 1850 habitants a su garder son authenticité et offre au promeneur la possibilité d’admirer des édifices de l’époque gothique ainsi que de nombreuses maisons vigneronnes de style renaissance…sans pour autant être importuné par des alignements d’échoppes attrape-touriste, comme dans certaines autres localités de la route des vins qui ont préféré vendre leur âme au dieu euro-dollar.
 
photo-014.jpgRues pavées, façades et portails anciens…il y a juste les calèches modernes qui jurent un peu !photo-016-copie-1-1.jpg
photo-013-copie-1-2.jpgUn bas relief datant de l’époque médiévale placé à l’entrée du village et symbolisant le droit d’asile accordé à Bergheim : le personnage fait un pied de nez et montre son derrière à ses poursuivants. Son nom, le « Lack Mi » ne peut pas être traduit sans passer outre certaines règles de bienséance…
 
Le coteau du Kanzlerberg se trouve sur le versant d’une petite colline à l’entrée de la vallée de Thannenkirch. Les parcelles assez pentues se situent entre 230 et 255 m d’altitude et bénéficient d’une exposition sud – sud/ouest.
La superficie totale de ce petit Grand Cru est de 3,23 ha.
 
kanzlerberg.jpgLe Kanzlerberg avec en bas à droite Bergheim, le Tempelhof en remontant vers la gauche et au dessus le domaine de S. Spielmann.
 
Sur le plan géologique ce Grand Cru fait partie de la famille des calcaires : un sol très lourd argilo-calcaire, composé de marnes grises et noires à gypse du Keuper recouvre une roche mère constituée de calcaire du Muschelkalk.
Ce socle dur et compact contient des minéraux rares comme la barytine ou la fluorine.
 
photo-02d4.jpgDes pieds de vigne sur des parcelles du haut du Kanzlerberg, une terre grise et argileusephoto-02d2.jpg
C’est un micro-climat frais où le raisin murit lentement : le Bergenbach, un ruisseau qui coule au bas du coteau, et les vents qui viennent du massif boisé du Taennchel font office de régulateurs naturels de température.
 
photo-022-1.jpgLe coteau du Kanzlerberg (au soleil) au pied du Grasberg (dans l’ombre)
 
Sur le plan historique, le Kanzlerberg tire son nom de la Commanderie des Chevaliers de Saint Jean de Jérusalem qui possédaient ce coteau : Kanzlerberg peut se traduire par
« montagne de Jean » ou « mont Saint Jean »
Il faut remonter à 1312 et la suppression de l’Ordre de Malte pour trouver une mention précise de ce lieu-dit : il s’avère que ces chevaliers avaient déjà identifié l’exceptionnelle qualité de ce terroir, puisqu’ils vinifiaient séparément les vins du Kanzlerberg.
La terre prédisposée à produire de bons vins ne pouvait échapper à la convoitise des Templiers, qui, comme les autres chevaliers et moines du Moyen-Age, avaient développé la culture de la vigne sur les plus belles parcelles. Véritables précurseurs dans la reconnaissance de la qualité de ce terroir, ces dignitaires de Bergheim ont œuvré pour l’accession de ces vins parmi l’élite des crus alsaciens. Leur Commanderie, le « Tempelhof », érigée en 1558 se trouve à l’extérieur de Bergheim au bas du Kanzlerberg.
 
photo-020-1.jpgLe Tempelhof, devant le Kanzlerbergphoto-024.jpg
En 1877, dans son livre « L’Ancienne Alsace à table » Charles Gerard citait « les excellents crus du Tempelhoff et du Canzelberg » (ces 2 noms désignaient en fait le même coteau). A la fin du XIX°siècle jusqu’au début du XX°, le prestige de ce cru était tel que, pour répondre à la demande de la clientèle, on vendait une partie des vins de l’Altenberg voisin sous le nom de Kanzlerberg.

Au niveau de la viticulture, le Kanzlerberg convient à la fois au riesling et au gewurztraminer. Ces deux cépages qui demandent en principe des terrains bien différents pour s’épanouir trouvent là un terrain propice à une maturation lente, qui va générer des vins amples et structurés.
Il y a deux domaines qui se partagent la quasi-totalité de la surface de ce Grand Cru : Sylvie Spielmann qui pratique une viticulture bio-dynamique et la maison Lorentz où l’on est adepte d’une viticulture plus traditionnelle. Il y a encore quelques particuliers qui possèdent de petites parcelles (dont l’actuel propriétaire du Tempelhof) mais la plupart revendent leur raisin à la maison Lorentz. Tout ceci fait que, malgré sa petite taille, le Kanzlerberg n’échappe pas à cette hétérogénéité méthodologique qui règne au niveau des pratiques culturales dans parcelles classées alsaciennes.
 
photo-02f1.jpgDes vignes du domaine Spielmann sur le Kanzlerberg, la nature qui s’exprime pleinement.
 
 
…SELON SYLVIE SPIELMANN
 
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Le domaine Spielmann se situe à l’extérieur de la cité de Bergheim sur la route de Thannenkirch, juste au dessus du Kanzlerberg.
Cette propriété de 8,5 hectares regroupe des parcelles situées en grande partie autour de l’ancienne carrière de gypse dont la famille de Sylvie Spielmann a exploité les ressources durant plus d’un siècle.
Le domaine Spielmann possède des vignes sur les 2 Grands Crus de Bergheim ainsi que sur d’autres terroirs tout à fait intéressants comme l’Engelgarten (sols graveleux) et le Blosenberg (au dessus du Kanzlerberg).

En 2009, le domaine a pu fêter ses 50 ans de vente de vins en bouteilles et Sylvie la vinification de son vingtième millésime…et elle n’a que 44 ans ! (mais chut, on ne dit pas l’âge des dames).

Sylvie Spielmann me reçoit dans le caveau de dégustation du domaine et, malgré un agenda digne d’un ministre, elle se prête avec beaucoup de gentillesse et de simplicité au jeu des questions-réponses sur le sujet du jour.


Comment définir ce terroir ?
Le Kanzlerberg est un éperon rocheux composé d’une roche métamorphique très dure contenant des cristaux de fluorine violette et de barytine et recouvert d’une couche de terre arable argilo-marneuse de couleur grise. Une faille géologique le sépare de l’Altenberg de Bergheim : même si les parcelles des deux Grands Crus se jouxtent, les sols y sont très différents.
Le Kanzlerberg est un terroir froid et riche où les raisin mûrissent lentement : la terre argileuse est fraîche et retient assez bien l’eau, de plus le coteau est climatisé naturellement par les vents qui viennent du haut des forêts vosgiennes.
Ce n’est pas par hasard que le lieu-dit au dessus des parcelles du Grand Cru s’appelle le Blosenberg, « la montagne où ça souffle »…
 
25.jpgS. Spielmann donnant une petite leçon de viticulture sur le Blosenberg
 
Quels sont les cépages les mieux adaptés ?
Sylvie Spielmann cultive 90 ares de riesling et 50 ares de gewurztraminer sur le Kanzlerberg.
Ces deux cépages forts différents par nature donnent une interprétation très personnelle de ce terroir petit par la taille mais visiblement grand par la puissance de son registre, puisqu’il marque même le gewurztraminer de traits de caractère très particuliers.

Quels caractères spécifiques ce terroir transmet-il aux vins ?
Le terroir tempéré du Kanzlerberg favorise la maturation prolongée des raisins et la formation lente des arômes tout en développant une structure acide très profonde. Les marqueurs du terroir se trouvent essentiellement au niveau de la structure : « Mes vins ne sont pas des vins de nez mais des vins de bouche…ils sont dotés d’une acidité très verticale mais sans agressivité et d’une structure ample et puissante».
Les oligo-éléments qui proviennent de cette roche mère extrêmement riche en minéraux contribuent surement à apporter des éléments de typicité et de complexité supplémentaires.
Frais, élégants et discrets dans leur jeunesse ces vins sont dotés d’un potentiel de garde impressionnant. « Les vins du Kanzlerberg sont intéressants après 4 ou 5 ans mais leur vraie maturité se trouve plutôt entre 8 et 10 ans et se prolonge de façon presque illimitée »
Ce sont des vins timides et un peu renfermés qui ne se révèlent pas d’emblée, pas de tape à l’œil ou de flagornerie : « qui veut comprendre le Kanzlerberg doit faire preuve de patience ».
Les rieslings jeunes possèdent un fruité subtil avec des notes d’agrumes (citron vert et pomelo) et une acidité rectiligne mais très mûre. L’âge leur confère de la complexité et de la densité : la palette aromatique s’enrichit de notes florales, épicées et anisées et la bouche s’arrondit en gagnant de l’ampleur et de la minéralité.
Les gewurztraminers jouent dans le même registre avec de la retenue et de la profondeur : pas de fruit exubérant mais des épices, de la structure et de la fraîcheur.
En fait, quel que soit le cépage, le Kanzlerberg engendre de « grands vins de garde et de gastronomie ».

Quelles perspectives pour ce terroir ?
Les vignerons du Kanzlerberg ne conçoivent pas d’envisager le développement de ce Grand Cru sans l’associer à son illustre voisin l’Altenberg. Une dégustation des vins de terroir de Bergheim a lieu chaque année dans l’ancienne synagogue de la ville.
Sylvie Spielmann est persuadée qu’il faut absolument œuvrer pour valoriser la diversité et la complexité du vignoble de Bergheim : « il n’y pas moins de 14 lieux-dits répertoriés et reconnus sur notre ban communal, nous devons exploiter cette richesse ».
Face aux deux conceptions qui déchirent actuellement le vignoble alsacien, Sylvie Spielmann prend clairement position pour une primauté aux vins de terroir :
« En France et même en Europe, nous avons vocation à produire des vins de terroir…le cépage doit être considéré comme un médiateur qui permet au terroir de s’exprimer ».
Ceci dit, elle reste persuadée que c’est au vigneron de sélectionner les cépages ou les assemblages les mieux adaptés pour valoriser chaque terroir particulier : une conception finalement plus proche de celle de R. Fritsch (sur le Steinklotz à Marlenheim) que de son voisin J.M. Deiss, ardent défenseur de la complantation.
Pour le reste, la beauté du site, la dimension historique de la ville et la proximité du magnifique château du Haut Koenigsbourg constituent de puissants pôles d’attraction touristiques sur lesquels les vignerons du secteur peuvent s’appuyer pour élargir leur clientèle et développer la notoriété de leurs crus.
 
photo-027-3.jpgSur le Grasberg, le village de Rorschwihr et le Haut-Koenigsbourg au fond
 
Les vins du domaine : quelle conception ?
Comme nous l’avons dit plus haut Sylvie Spielmann s’occupe du domaine familial depuis 20 ans.
Après avoir fait des études à Avize et à Beaune (B.T.S. viti-oeno.), elle est partie à la découverte des vignobles du monde en faisant étape aux Etats Unis et en Australie : « Sur le plan personnel, c’était une démarche d’ouverture sur le monde, une émancipation par rapport au milieu familial…Au niveau de la viticulture, c’était pour essayer de comprendre d’autres conceptions du vin…mais, en définitive, j’ai surtout pris conscience de ce qu je ne voulais pas faire… ».

De retour à Bergheim, elle a pris en charge l’exploitation familiale avec des convictions fortement ancrées sur la nécessité d’une viticulture respectueuse de l’environnement produisant des vins les plus naturels possibles.
Le cheminement vers la biodynamie s’est fait progressivement :
-    les cycles de formation continue à Rouffach (avec Claude Bourguignon notamment) sur les sols et sur la nécessité absolue de réduire l’usage des pesticides
-    les échanges avec Jean-Pierre Frick sur le principe du respect de la bio-diversité dans les vignes.
-    la rencontre avec les théories philosophiques de Rudolf Steiner : « la prise de conscience d’une vraie convergence intellectuelle sur la compréhension du monde »
-    la rencontre avec Jean Claude Rateau, le précurseur bourguignon de la biodynamie : « en 1999, c’est l’amour qui a levé les derniers obstacles… »

Sur ses terroirs à gypse Sylvie Spielmann expérimente la taille des pinots (blancs, gris et rouges) en cordon de Royat pour « une utilisation plus rationnelle de l’espace, des raisins mieux répartis sur la plante et une production de baies plus petites avec plus de peau et moins de jus ».
 
photo-019-2.jpgUne parcelle conduite en cordon de Royat.

photo-015.jpgDes rangs de vigne sur terroir à gypse au niveau de l’ancienne carrière.
 
Sur le Kanzlerberg comme pour tous les Grands Crus c’est une conduite en Guyot double avec des rendements qui se situent entre 45 et 50 hl/ha en moyenne.
Les vendanges sont programmées en fonction de la maturité des raisins : « sur le Kanzlerberg, je recherche une maturité optimale, ce terroir n’est pas destiné à générer des monstres de puissance…les vins dépassent rarement les 12°5 d’alcool »
Chaque parcelle est vinifiée séparément, sans chaptalisation et avec un minimum d’intrants : « aucune levure, un sulfitage ultra-léger et une clarification sur Kiesselgur ».
Les vins blancs restent en foudres sur lies, en général jusqu’en juin.
 
photo-035-1.jpgDes foudres dans l’une des caves du domaine.
 
Les Grands Crus ne sont commercialisés qu’après quelques années de vieillissement : pour le Kanzlerberg ce sont les millésimes de 1999 à 2002 qui sont en vente à l’heure actuelle. Les autres attendent leur tour dans les caves du domaine.
Soucieuse de prouver aux sceptiques l’extraordinaire potentiel de garde de ses vins Sylvie Spielmann s’est constitué une oenothèque de plus de 8000 flacons, du millésime 1976 à nos jours, ce qui lui permet d’organiser régulièrement des séquences de dégustations verticales sur ses crus.
Une belle preuve de confiance dans la qualité de ses vins mais aussi une véritable attitude de respect par rapport à sa clientèle d’amateurs !
 

Et dans le verre ça donne quoi ?

Riesling G.C. Kanzlerberg 2006 : un fruit pur et discret, une bouche avec du gras et une rondeur avenante, des arômes de pamplemousse rose et une finale très saline.
Trop riesling et pas assez Kanzlerberg pour Sylvie…moi je suis séduit par son équilibre gourmand (16g de SR).

Riesling G.C. Kanzlerberg 2005 : une nez assez puissante et bien typé, les agrumes sont fidèles au poste avec quelques notes fumées. La bouche est toujours très ronde malgré une belle tension acide. La finale est longue et presque tannique avec des arômes d’eucalyptus.
Les balbutiements du terroir sur une matière riche et puissante (13g de SR) qui laisse présager d’une longue garde.

Riesling G.C. Kanzlerberg 2002 : un nez complexe de citron vert, de fleurs (peut-être un peu de violette ?) et de verveine. Une matière concentrée, un équilibre tonique et une finale fraîche sur des notes de fruits jaunes et d’épices douces.
On entre dans l’univers du Kanzlerberg : un vin de bouche gras alliant puissance et élégance.

Riesling G.C. Kanzlerberg 2001 : un nez précis et pur avec des notes de miel et de fenouil. La bouche associe gras et vivacité, la finale est puissamment saline avec des nuances mentholées.
Un peu plus austère que le précédent mais la structure en bouche est toujours aussi remarquable.

Riesling G.C. Kanzlerberg 2000 : un nez très aérien et complexe avec des nuances fruitées (poire) et végétales (fenouil, origan). La bouche est bien rectiligne avec une acidité longue et fraîche, de belles notes minérales (silex) et une finale longue et délicatement anisée.
Une palette complexe et bien typée : un riesling archétype pour s’initier au terroir du Kanzlerberg.

Riesling G.C. Kanzlerberg 1995: un nez de miel, de raisin sec et de caramel et une bouche ronde et ample avec une finale acidulée bien fraîche.
Une surmaturité perceptible (15g de SR) et un riesling charmeur et flatteur…mais la force du terroir semble avoir cédé face à la puissance du fruit. Etat définitif ou passager…qui peut savoir ?

Riesling G.C. Kanzlerberg 1987 : un nez fin et discret avec des notes de bourgeon de cassis, de groseille blanche et quelques nuances naphtées. La bouche présente un équilibre sec avec du gras, de délicats arômes de sous-bois et une finale longue et minérale.
Un millésime difficile mais un vin droit dans ses bottes, prêt à affronter les prochaines décennies.

Gewurztraminer G.C. Kanzlerberg 1985 : un nez étonnamment discret avec de timides notes de fruits blancs mûrs mais une bouche où les arômes explosent littéralement (cumin, poivre, vanille…). La finale est longue, fraîche et très épicée.
Un gewurztraminer qui se fait tout petit…on n’entend que le Kanzlerberg mais c’est très beau !

Gewurztraminer GC Kanzlerberg S.G.N. 1997 : un nez fin, discret et complexe avec des arômes d’abricot sec et de figue. La bouche est massive mais parfaitement équilibrée avec une acidité fine et longue qui soutient l’édifice jusque vers une finale somptueuse, profondément saline.
150g de SR parfaitement intégrés pour un vin qui porte la marque du terroir malgré une matière première impressionnante, issue d’un millésime avec une arrière saison très chaude.

Pour conclure, un petit bilan sur cette quatrième expérience de visite approfondie d’un terroir Grand Cru (attention je vais de me répéter…) :
-    J’ ai renforcé ma conviction qu’une bonne compréhension d’un vin passe évidemment par la dégustation mais s’enrichit considérablement si on fait la démarche d’aller sur place, sentir l’énergie des terroirs où il naît et rencontrer les gens qui le conçoivent…je ne boirai plus jamais des Kanzlerberg comme avant !
-    Le Kanzlerberg donne naissance à des vins pour esthètes patients et cultivés : ici pas de « blink-blink », mais des personnalités discrètes et complexes qui se laissent approcher sur la pointe des pieds.
Ce sont des vins de temps qui distillent leurs qualités avec lenteur et parcimonie et qui invitent l’amateur curieux à se mettre un peu en marge des trépidations du monde moderne pour entrer dans leur univers…ZEN !
-    Sylvie Spielmann est la figure emblématique de ce Grand Cru, qu’elle comprend surement mieux que quiconque et qu’elle défend avec ferveur. Elle fut une hôtesse patiente, pleine de sincérité et d’humanité : merci pour ce bon moment !

Pour info. : Sylvie organise des dîners gastronomiques avec la complicité de Henry Gagneux, le chef du restaurant La Palette à Wettolsheim, j’ai déjà eu l’occasion d’y participer…c’est fantastique !
Vous trouverez d’autres renseignements sur le site du domaine.
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Première publication de cet article : 2009

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