Le millésime 2007...10 ans après.

J’ai encavé pas mal de 2007, naissance oblige je l’ai déjà écrit, mais aussi parce que le millésime m’avait bien plus lors de différentes dégustations. De plus, en parcourant les écrits de certains contributeurs que je suis depuis plusieurs années sur internet, j’avais lu que dans pas mal de coins de France, 2007 se présentait plutôt bien. J’ai déjà plusieurs fois produit des écrits sur le millésime, mais en ce week-end de Pâques, traditionnellement un moment de l’année ou le tire-bouchon fonctionne à plein régime chez nous, j’ai pu organiser la rencontre de deux grands Pierre : Grand Pierre d’Alsace VS Grand Pierre de Lyon ! On ne peut pas les taxer du tout de buveurs d’étiquettes, férus de découvertes qu’ils sont, mais l’occasion était trop belle pour faire prendre l’air à quelques demoiselles de renom n’ayant pas vu la lumière depuis 10 ans.
Attention, 6 tours de tire-bouchon, plop pam pom wiz…chargez les canons !

Riesling Stein 2007 – Jean Pierre Riestch : sa couleur est d’un jaune soutenu, sur le verre coulent de belles larmes et il se montre tout de suite expressif au nez fait de vanille, caramel et fruits exotiques. Avant même de le porter en bouche, on ressent un vin riche. Effectivement, d’une texture assez glycérinée, il se montre rond, gourmand avec une sensation de sucres résiduels. Il a tendance à retomber un peu vite mais le plaisir est au rendez vous
Le vin a tenu la rampe mais, ayant bu quelques millésimes, je le trouve un peu atypique par rapport aux millésimes qui ont suivi beaucoup plus en tension.

Riesling Rothstein 2007 – Clément Lissner : beaucoup plus clair de couleur, il exhale des parfums plus classiques notamment minéral, du caillou humide et chaud « riesling sur grès » dit Pierre tout de suite ! On est sur une ligne assez tendue avec une touche saline sur la langue et un côté citronné, zest de citron.
Pierre l’avait goûté récemment et le vin s’était moins bien présenté. Pour le coup, il a fait l’unanimité pour lui ce soir !

Alsace

Bienvenues- Bâtard-Montrachet 2007 – Louis Carillon et fils : à peine versé dans le verre, il montre les muscles avec un élevage encore assez présent, une pointe citronnée, des épices et une impression de pierre mouillée après la pluie. Le vin tapisse la bouche sans être omnipotent mais on ressent une grande puissance. Nous lui trouvons un côté résineux, essence, avec une évolution certaine vers de l’orange amère. A mon sens un peu comprimé, il ne s’étire pas comme j’aurais pu l’imaginer, mais le plaisir de boire un grand cru est au rendez- vous.
Un apport de Grand Pierre d’Alsace, vestige d’un temps ou nous pouvions encore approcher les grands crus de Bourgogne. Le lendemain, le vin avait un peu gagné en ampleur.

Chablis Grand Cru Les Clos 2007 – Dauvissat : il faut bien dire que j’ai été inquiet au départ car le vin était peu expressif. « Maaa Cyril, le Kabliss de Dauvissatte, c’est formidable » m’aurait dit Andréa Sottimano ! Il a bien raison car au fil de l’aération, ce chablis va monter sans cesse en puissance au point de regretter de n’avoir pas un magnum. Bâtie sur une trame minérale, il trace sa ligne sans faillir, même si en chipotant on peut ressentir un léger creux en milieu. Et ça pousse, ça pousse sans jamais montrer les muscles comme le BBM, mais tout en tension, en ligne droite.
Je suis heureux d’avoir partagé cette bouteille qui m’avait été donnée pour la naissance de mon fils. C’était un beau cadeau auquel nous avons fait honneur jusqu’à la dernière goutte !

Grands crus

Pic Saint Loup Les Grenadières 2007 – Mas Bruguière : un vin que je connais bien pour en avoir bu 6 bouteilles au moins depuis sa naissance. Il est resté toujours dans ce style très suave, floral, délicat avec une rondeur gourmande qui se montre généreuse mais correcte. Avec le temps, de nettes odeurs de truffe ont apporté au vin un peu plus de complexité encore. C’est très bon !
Alerté que ce vin était délicieux, j’en avais encavé pas mal, bien m’en a pris, car hormis une bouteille en dessous, il m’a régalé. Il reste un magnum ! hmmm…

Vin de Pays de l’Hérault Grange des Pères 2007 : sur les conseils du père Nico, j’ai pris l’habitude d’ouvrir les GDP le midi pour le soir et juste goûter avant. 2007 a un côté très sudiste, fruits noirs et herbes aromatiques tel le thym. Ces parfums sont même un peu entêtants comme je le ressens parfois sur les vins de Reynaud. La bouche est plus conforme, structurée avec un côté un peu sanguin. C’est une bouteille assez virile !
J’ai la chance d’avoir pu boire pas mal de millésimes de Grange et c’est un plaisir renouvelé. 2007 a un côté un peu « too much » mais tellement séduisant que la bouteille a été vidée le soir même !

Languedoc

Châteauneuf- du- Pape 2007 – Domaine Ferrand : goûté sur cuve à sa naissance, nous avions adoré. Les 3 ou 4 bouteilles ouvertes depuis ont été bonnes mais sans retrouver ce plaisir. Encore une fois, le vin est très perlant et même en l’aérant, ce n’est pas facile de faire disparaitre ce trait qui ne me convient pas. Conforme au millésime, solaire, ample, avec des tanins un peu sucrés, plus il prend l’air, plus il redevient conforme à mon souvenir. Je vais donc laisser tranquille pendant pas mal d’années les autres avant de les ouvrir !
Grand amateur de Châteauneuf, je me devais d’en ouvrir un mais ce ne fut pas le plaisir escompté même si encore une fois, la qualité des vins de ce domaine n’est pas à démontrer.

Cornas 2007 – Guillaume Gilles : Je n’avais pas encore touché une bouteille car je sais les Cornas souvent long à se détendre. Je m’attendais à un côté sanguin, un peu sauvage alors que le vin s’est montré au contraire très civilisé, délicat, avec des notes de menthol rafraîchissantes. Une expression de syrah tout en finesse, en retenue ou l’on ressent un jus frais acidulé. C’est bon mais je l’ai trouvé assez atypique.
La prochaine bouteille, je débouche et je sers juste pour voir…Le lendemain, le vin a pris un côté très animal, pas très agréable.
 
Nous avons passé un délicieux moment de rencontre et de partage autour de ces jolis flacons prétexte à rapprocher les êtres et réchauffer les cœurs. 2007 est un joli millésime voire beaucoup plus en certains endroits comme dans le sud est de la France. Bien m’en a pris d’en encaver pas mal et surtout d’endroits différents. J’ai découvert par exemple les vins alsaciens avec ce millésime et les vins se sont souvent montrés très à leur aise. La plupart était à mon sens sur un plateau de maturité hormis peut-être chablis et BBM qui pourront évoluer encore favorablement mais surtout le Châteauneuf. Une bon repas de Pâques dignement arrosé !

Agneau
Et une épaule d'agneau couverte de légumes printaniers...juste avant d'aller au four pour 7 heures...il fallait bien ça pour tenir compagnie à toutes ces belle bouteilles. MIAM !!!


Cyril Amelin - avril 2017

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