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Visite au domaine de la Casa Blanca
C’est un domaine dont j’ai parlé souvent et pour cause. Dès le début ou nous sommes allés du côté de Banyuls, nous avons bu les vins de ce domaine au restaurant le Fanal ou nous descendions. Je me souviens avoir rentré des magnums du millésime 99 puis chaque année, j’ai essayé de goûter les millésimes qui sortaient.
C’est un domaine historique de Banyuls, crée à la fin du 19ème siècle. Aujourd’hui, aux commandes, Laurent Escapa s’est associé avec Hervé Levano dans un 1er temps puis Valérie Reig, compagne d’Hervé les a rejoints. Le domaine de 8Ha environ est en conversion Bio avec à la vigne l’abandon depuis longtemps d’engrais chimiques, un travail de labour notamment avec cheval effectué sur les sols, et à la cave, pas d’utilisations d’enzymes et un travail avec levures indigènes. Depuis quelque temps, un groupement pastoral a même été crée en côte Vermeille et des brebis viennent brouter l’herbe dans les vignes. Tout un travail très cohérent est effectué au fil du temps qui n’a rien d’un effet de mode mais bien d’une démarche sincère et profonde de personnes d’abord et avant tout amoureuses de leur terre.
Les parcelles sont plantées de grenache évidemment, noir blanc et gris, mais aussi de Carignan mourvèdre et syrah. J’ai pu faire un tour d’horizon des vins actuellement à la vente.
Collioure blanc 2015 : grenache blanc et gris au parfum délicat, floral, avec une touche de miel. Plus en longueur qu’en largeur, il s’étire en bouche avec un poil d’évanescence. Je lui trouve un manque de tension qui viendrait redynamiser l’ensemble mais c’est néanmoins très agréable à boire.
Collioure rouge Lluminari 2015 (mourvèdre, carignan, syrah) : une belle sensation de fraîcheur s’impose avec un mélange de fruité floral très agréable. Clairement encore jeune, le vin est encore un peu serré et le tout demande à se fondre. J’aime beaucoup cette jolie finale réglissée qui laisse une bouche propre.
Collioure 2015 : la cuvée classique du domaine essentiellement faite de grenache se montre là encore très expressive, sur les fruits noirs, des notes sudistes, un peu de poivre. Beaucoup plus fondu, le vin développe une bouche pleine empreinte de douceur, de gourmandise sans aucune lourdeur. Un très beau Collioure prêt à boire !
Banyuls blanc Les Escoumes 2015 (grenache blanc et gris) : ce vin muté sent bon la poire, la pâte d’amande, un alcool bien intégré, pas de sucres trainants qui alourdiraient l’ensemble. Le tout est très doux, suave même.
Banyuls Rimage Pineil 2014 : une vigne face à la mer, 100% grenache noir, on sent la cerise à plein nez, les épices. En bouche on retrouve le tout soutenu par un trait minéral important qui donne de la fraîcheur et du ressort à l’ensemble. Le millésime en la matière a du jouer aussi. C’est très bon
Banyuls Rimage Roudoulère 2015 : un banyuls plus classique sur des arômes de fruits cuits, de pruneau, de cacao avec un vin plus massif ou l’on ressent plus le sucre. C’est moins mon truc.
Banyuls hors d’âge : les vins oxydatifs et moi, c’est une histoire un peu compliquée…Mais j’ai parfois été séduits par certains vins dans cette contrée. Elevé dans des très vieux fûts, le vin exhale des parfums de miel, de pâte de fruit, d’épices orientales. Je ressens un peu l’alcool qui remonte et me prive d’un plaisir accompli mais c’est très bien fait !
A noter, j’ai bu récemment le Collioure rouge 2015 en magnum, sans sulfites ajoutés et c’est une bombe de fruit et de plaisir rejoignant en cela le Collioure rouge 2013 en version sans sulfites avec lequel je me régale encore.
Voilà un petit tour d’horizon du domaine de la casa Blanca. C’est toujours très intéressant de suivre le fil de l’évolution d’un domaine à travers le temps. Les millésimes de la fin des années 90 et début 2000 faisaient des vins plus robustes, avec plus de tanins et une sensation d’alcool plus présente. Lentement on évolue vers des vins plus subtils, avec des textures plus douces, plus étirés et souvent des parfums délicats. On reste néanmoins dans un profil sudiste très affirmé souligné par un trait minéral, donc l’identité première du terroir est bien respectée. Je n’ai pas eu de bouteilles à ce jour qui partaient dans tous les sens avec des volatiles très élevées, des réductions prégnantes voire une impression de présence de Bretts comme je le ressens malheureusement parfois chez des vignerons qui partent dans des démarches bios et pour lesquels la nature a bon dos… Des jeunes vignes ont été plantées, la démarche s’affine encore, les années qui viennent devraient porter haut les couleurs de ce domaine que j’affectionne tant.
La vigne de Cosprons
Cyril Amelin - février 2017
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