Balade à Bandol - Visite au domaine Ray-Jane
Depuis près de 30 ans mon intérêt pour le monde vinique m’a fait voyager, par la pensée et aussi bien évidemment physiquement dans la plupart des coins de France. Au gré des déplacements, des rencontres, des vacances, j’ai visité au fil du temps la quasi-totalité du vignoble Français avec la chance de voir souvent des paysages magnifiques et permis la rencontre des gens passionnés. Pourtant il me reste encore quelques endroits à cocher et notamment une appellation de très grande renommée : Bandol !
D’aucun diront qu’aller vers la côte d’azur est incontournable mais pour ma part, je n’ai aucune attirance pour ces lieux. J’ai la chance c’est vrai d’habiter déjà dans le sud de la France et j’ai mon compte de soleil annuel. D’autre part le littoral azuréen et de plus en plus l’arrière-pays est tellement urbanisé et fréquenté que je préfère utiliser mon temps libre à fréquenter des lieux plus reposants, plus « nature ». Mais les hasards de la vie sont ainsi faits que je me suis retrouvé à la Seyne sur mer pour quelques jours bon gré mal gré…j’ai pu donc enfin prévoir une visite dans ce vignoble réputé royaume du Mourvèdre et rendre visite à 3 domaines que j’avais coché pour 3 raisons différentes :
Le domaine Ray-Jane, un domaine historique de l’appellation
Le domaine Gaussen car j’avais promis de longue date à Mireille Gaussen que j’avais rencontré à Lyon d’aller à sa rencontre sur place
Le domaine des Trois Filles récemment crée et pas encore faisant partie des plus connus
Domaine Ray-Jane au Castelet
J’ai été très gentiment reçu par M. Constant dès l’ouverture du caveau. J’ai pu échanger avec lui et goûter une bonne partie de la gamme assez large de vins. Voilà un des plus anciens domaines de l’appellation, 30 Hectares avec quelques vignes largement centenaires ! Il est dit qu’il est dans la famille depuis…1288 ! Résolument bio, sans utilisation de produits chimiques n’ayant jamais pris le virage technologique d’après-guerre avec engrais, intrants etc…, il n’a cessé cependant d’essayer d’améliorer les conditions de travail et de vinification avec notamment l’usage de la thermo régulation dont ils sont précurseurs en France. Les sols sont argilo calcaires et évidemment le cépage roi est le Mourvèdre. Les vins sont vinifiés en vendange entière. Les élevages sont faits soit en cuve inox soit en foudre de chêne avec des durées pouvant aller jusqu’à 24 mois.
Ce domaine de passionnés a même été jusqu’à créer un musée avec une magnifique collection d’outils agricoles, de tonnellerie et de tout ce qui touche aux métiers de la vigne.
Enfin, si vous voulez accorder les vins au mieux, vous pouvez acheter des légumes fraichement cueillis dans leur jardin et faire comme moi une ratatouille d’anthologie !!!
9h du matin, c’est l’heure de déguster !
Vin de pays du Var blanc 2020 : très agréable, floral, fruité avec un équilibre très sec. Voilà une bonne entrée en matière.
Vin de pays du Var rosé 2020 : une aromatique discrète, un fruité franc, net, pas de sucres trainants. Il fait le job
Bandol rosé 2020 : un assemblage Mourvèdre, grenache et cinsault : un 1er nez très agrume que l’on retrouve en bouche, pamplemousse. Pas mal de ressort avec un côté salin qui réveille les papilles. On est clairement sur un rosé de repas pour accompagner des plats sudistes.
Bandol rosé Sanary 2019 : on retrouve tous les éléments du précédents mais avec un supplément de corps et de persistance sans doute dû à l’année supplémentaire de bouteilles notamment et peut être au millésime.
Vin de pays 2018 rouge : un très joli vin fait notamment de carignan, fruité, souple, très agréable.
Vin de pays Mourvèdre 2014 : on change complètement de registre, plus confit, un peu pruneau, je n’ai pas bien goûté ce vin que j’ai senti déclinant.
Cuvée de la ville de Sanary 2015 : un assemblage fait à 60% de Mourvèdre complété de cinsault et carignan et élevé 22 mois en foudre. Le nez évoque la vendange entière avec un registre végétal complété par un joli fruité évoquant la fraise. C’est un vin plein, dense avec beaucoup de mâche. Il demande à s’assouplir pour en profiter pleinement
Bandol rouge 2016 : à 90% Mourvèdre, c’est le vin qui m’a le plus séduit avec une belle fraîcheur mentholée, des notes de fraises écrasées, des épices, une belle matière qui commence à se fondre pour faire un ensemble long et savoureux !
Bandol rouge 2015 : le registre est plus confit, solaire, fruits noirs. On a toujours cette fraîcheur mentholée amenée par la vendange entière avec une finale légèrement sur le cacao voire le café. Moins équilibré à mon goût que le précédent mais à revoir dans le temps.
Bandol rouge 2014 : le vin se montre beaucoup plus souple avec moins de corps et de persistance et un côté épicé dans le verre plus présent, presque épices orientales. Un vin à boire aujourd’hui.
Bandol rouge 2013 : on retrouve à peu près tous les marqueurs des précédents mais avec un côté très asséchant en bouche qui ne me séduit pas.
Bandol rouge Cuvée du Falun 2013 : un élevage long pour ce vin issu des plus vieilles vignes centenaires du domaine. Le grenache et le carignan complètent le mourvèdre. Le nez est complexe et l’on retrouve les notes des précédents avec également des senteurs de tabac voire de cendre. Un vin de repas et d’hiver.
C’est donc pour moi une première, déguster à Bandol ! C’est rare de déguster dans un domaine qui a un tel patrimoine et une gamme de vins aussi étendue avec à la vente des millésimes de plusieurs années. C’est Idéal pour découvrir le travail du domaine. Je ne sais pas si la vendange entière systématique n’a pas tendance à marquer les vins sur certains millésimes avec des notes végétales et parfois asséchantes. Cependant dans un pays de soleil et de sécheresse, elle ramène aussi certainement de la fraîcheur sur les vins. L’élevage en foudre ne marque pas les vins. Reste ce fameux cépage Mourvèdre à l’identité si particulière et encore plus dans son fief de Bandol. C’est clair qu’il a une identité propre donnant des vins colorés, plutôt massifs et riches en tanins mais ce n’est pas un hasard s’il se sent si bien dans ce coin de France car sur aucun des vins je n’ai constaté un manque de maturité ni un excès de chaleur et d’alcool. D’ores et déjà, je constate avec cette première approche qu’il faut du temps pour que les vins se fondent et c’était tout l’intérêt notamment d’une visite dans ce domaine qui présente plusieurs millésimes. Je vais donc poursuivre ma balade afin d’approfondir cette découverte qui commence on ne peut mieux !
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