Week-end gourmand à L'Auberge du Cheval Blanc à Lembach -
J'ai eu la belle surprise d'être invité au Cheval Blanc à Lembach (2 étoiles au Michelin) pour la fête des Pères.
Direction donc ce bel établissement et pour commencer sa piscine cosy avant les agapes culinaires.
Passant la nuit sur place, nous pouvons ensuite nous consacrer au menu Epicure dans une salle bondée. Le confinement n'a heureusement pas eu d'incidence et les amateurs se pressent dans ce lieu réputé.
J'opte pour commencer pour un muscat Kamm 2018 du domaine Pfister. J'avais eu l'occasion de le boire il y a quelques semaines pour profiter des asperges alsaciennes de saison. Ce vin confirme que c'est un bon choix pour débuter. Il possède un beau nez, est taillé pour la table dans un registre sec mais avec une bouche pleine, bien équilibrée et d'une belle longueur. Son amertume noble en finale le rend bien digeste et il accompagne fort bien les goûteuses petites bouchées d'Alsace.
Je choisi l'option des vins servis en harmonie avec le menu. Le jeune sommelier, qui vient de la région bordelaise, prend soin de demander mes goûts.
L'œuf de caille poché à la diable puis le bœuf d'Alsace mariné au sésame et à la cacahuète grillée sont deux sympathiques plats où aucun vin n'est servi. Il faut dire que toutes les tables sont occupées et que le service a un peu de mal à suivre. On sent que la reprise n'a pas encore permis de retrouver le rythme et sans doute les mesures liées à la crise sanitaire ne facilitent rien.
Ce n'est pas dramatique. L'équipe est jeune et souriante et fait tout pour que les convives même nos deux enfants (qui ont opté pour du fort bon foie gras) passent une belle soirée.
Le sommelier me propose un verre de riesling Neuberg 2015 (parcelle sur le Bollenberg) du domaine Zusslin pour accompagner la chair de tourteaux et son caviar Osciètre. Le vin est servi légèrement trop frais mais comme le service est ralenti, j'ai le temps de le réchauffer pour l'apprécier à sa juste valeur. C'est un vin vif aux notes de pétrole, puissant, d'une belle longueur qui accompagne comme il se doit cet excellent plat. Un bel accord.
Vient ensuite la lotte bretonne rôtie aux épices douces, son artichaut poivrade (excellent !) et sa soupe de poisson au Safran d'Alsace. Le sommelier choisit de me faire goûter un vin blanc IGP des Bouches du Rhône Minna blanc 2014. C'est un vin rond, frais, gras, aromatique sans grande minéralité. Il manque à mon sens un peu de répondant face à ce très bon mets. La soupe de poisson au safran d'Alsace est fort bien dosée et réjouit nos papilles pendant longtemps. Le vin l'accompagne certes de manière honorable mais manque de longueur et de puissance face à la complexité du plat.
On passe ensuite au homard bleu avec sa poêlée de girolles, sa courgette violon et son jus de rascasse. Le sommelier choisit de me faire goûter un Meursault Les Rougeots 2013 de Vincent Girardin. C'est une belle déclinaison classique de l'appellation avec du gras, de la matière pour répondre au côté beurré et citronné du homard. Mais les épices prennent le dessus sur le vin qui est un choix classique mais pas optimal à mon humble avis sur ce mets.
Notons que le sommelier est très à l'écoute des impressions du convive et qu'on peut échanger avec lui.
Après un interlude fleur de sureau, pomme Granny Smith et gingembre, nous dégustons de petites morilles farcies et pochées au jus de viande avec des petits pois et de la volaille d'Alsace. Pour accompagner ce très beau plat, le sommelier choisit de me surprendre avec un vin allemand : un Pinot Noir 2012 de chez Hans Erich Dausch dans la Pfalz. C'est une belle découverte : un vin puissant mais pas trop et qui sait accompagner l'assiette et ses multiples délicieuses saveurs. C'est ce genre de choses que j'attends à vrai dire dans de tels endroits.
Le filet de canard de chez Madame Burgaud rôti aux cerises d'Alsace aura droit à un verre de Crozes-Hermitage Les Pends 2017 du domaine des Entrefaux.
C'est une belle déclinaison de cette appellation avec une jolie matière, une grande longueur, du corps avec une franchise et une richesse qui rendent hommage à la belle assiette.
Pour accompagner les deux desserts à savoir la framboise d'Alsace au fromage blanc de la ferme Suss, puis les fraises d'Huttendorf, le sommelier me propose un verre de Vouvray demi-sec 2017 du domaine Huet. Le gourmand que je suis aurais préféré un vin plus liquoreux mais le sommelier n'aime pas le sucre (donc pas de vin de chez Rolly-Gassmann sur la carte en ce jour où Pierre faisait une grande visite chez ce vigneron que j'apprécie beaucoup, ni de vin de chez Ernest Burn, autre grand coup de cœur de ma part depuis très longtemps).
Le vin est délicat, assez long, fait plus dans l'épure quand dans le démonstratif pour accompagner les desserts. Je comprends et respecte la démarche du sommelier même si j'ai les papilles qui salivent en pensant à quelques belles bouteilles de gewurztraminer ou pinot gris des deux vignerons alsaciens que j'ai cités.
Au final, 6 verres choisis par le sommelier avec de vrais choix et de belles possibilités d'échanger avec lui. Je ne regrette pas d'avoir pris cette formule.
Pour finir avec les gourmandises de fin de repas, je demande un verre de liquoreux au sommelier et lui laisse carte blanche. Il me propose avec un vin à l'aveugle qui sent la pomme avec des arômes de truffe également. Le vin est plutôt dans le registre demi-sec. Il est agréable et je n'arrive pas à le situer. Il s'agit en fait d'un verre de Jurançon Gros Manseng du domaine Larredya je crois.
Le chef mérite assurément ses 2 étoiles au Michelin. Le repas a été très bon.
Le service, malgré quelques lenteurs au démarrage, est agréable, très professionnel et délicat.
J'en connais à Sessenheim à l'auberge au Boeuf qui feraient bien de s'en inspirer au lieu de mépriser les clients de base et se consacrer aux plus fortunés.
Encore merci à mes enfants et à ma compagne pour ce beau cadeau !
Philippe PISTER - 21 juin 2020
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