Petits repas entre bons vivants - Décembre 2019

pierre_radmacher Par Le 23/12/2019 0

Dans Petits repas entre bons vivants

Ce petit compte-rendu est destiné à partager avec vous un instant de convivialité où quelques bouteilles ont été débouchées et dégustées sans prises de notes : les commentaires sont rédigés à postériori en se basant sur des sensations en mémoire et (si possible) sur une nouvelle dégustation des fonds de bouteilles…à table !


Apéritif : crème de buttenut à l’huile de noix et rillettes de thon au curcuma

Pfalz Riesling Grosse Lage Forster Jesuitengarten-Spätlese 2013 – Von Bassermannn-Jordan : nez riche et complexe, notes de fruits jaunes bien mûrs (abricot, mirabelle) et d’ananas frais, bouche généreuse avec un centre bien moelleux, développement aromatique intense, acidité large et assez envahissante qui rafraîchit progressivement la finale qui se prolonge avec de beaux arômes fruités et épicés.
Wachau Riesling Ried Loibenberg-Federspiel 2013 – Knoll : nez qui laisse deviner une petite déviance liégeuse – largement confirmée après quelques heures d’ouverture – matière longiligne, structure très élégante, équilibre sec, finale qui révèle de belles nuances minérales…mais toujours un peu de liège !

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Le défaut de bouchon qui brouille l’expression du riesling de Knoll est d’autant plus regrettable que la matière était vraiment belle avec un équilibre droit et minéral très classe alors que le riesling du Palatinat s’est livré avec une spontanéité gourmande tout à fait réjouissante même si la fin de bouche nous rappelait le millésime et ses acidités souvent redoutables.
Avec l’élimination du riesling autrichien il n’y a pas eu de match en ce qui concerne les accords mais le riesling du « Jesuitengarten » a fait le job sans faillir : après un accord évident sur la douceur et l’onctuosité avec le velouté au butternut, le vin a démontré son caractère en tenant très bien sa place à côté saveurs plus intenses de la préparation au thon…décidément ces petites friandises allemandes ont vraiment de la ressource !


Entrée : noix de saint jacques et velouté petits pois-menthe

Chablis Grand Cru Vaudésir 2012 – Domaine Buisson-Charles : nez intense et charmeur, notes de chair de fruits blancs bien mûrs, de miel millefleurs sur un fond crayeux, bouche juteuse avec une acidité large et mûre, finale assez généreuse où on devine de belles nuances salines et iodées
Puligny-Montrachet 1° Cru Les Combettes 2012 – Domaine F. Carillon : nez discret, palette balsamique (résine, zeste) et minérale (pierre chaude), notes florales délicates à l’aération, bouche concentrée avec un équilibre tonique, finale sapide avec de beaux amers et un retour minéral persistant.

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A côté d’un Puligny Combettes qui s’exprime avec un classicisme d’école – droit, profond et minéral – le Vaudésir qui a été élevé dans une cave murisaltienne bien connue, nous fera patienter jusqu’à la finale pour dévoiler la salinité caractéristique de son terroir.
Si en dégustation pure, c’est certainement le Puligny qui a fait la plus belle impression, face au plat qui alliait des saveurs végétales et légèrement mentholées avec des effluves marins pas trop marqués, j’ai trouvé que le Chablis était bien plus à sa place. Comme souvent, au contact des saint jacques, le chardonnay beaunois a fait apparaître ces saveurs iodées que je n’aime pas beaucoup…je pense qu’un poisson de rivière ou une volaille à la crème l’auraient bien mieux accompagné.


Plat : foie gras d’oie de la maison Hirsch de La Wantzenau

Château d’Yquem 1988 : nez ouvert et d’un raffinement extrême, palette évolutive et très complexe, citron confit, mandarine, vanille, cannelle…sur un fond délicatement balsamique (résine, cèdre), attaque bien franche, liqueur suave et concentrée, soutenue par une acidité bien en place, finale parfaitement digeste avec une persistance aromatique d’une longueur magistrale, retour des notes d’agrumes confits, d’épices, de caramel, de raisin de Corinthe…

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La « star » de ce déjeuner s’est vraiment montrée à la hauteur de nos attentes : mon premier Yquem a été un 86, grandissime bouteille et souvenir impérissable qui date de l’époque de mes premiers pas dans le monde des grands vins, et depuis j’ai dégusté 5 ou 6 autres millésimes (de mémoire : 1985, 1987, 1991, 1999, 2001, 2015…et j’en oublie peut-être) sans pour autant retrouver l’intensité de cette première émotion.
Il a fallu attendre cette rencontre avec un 88 dans la force de l’âge en compagnie de quelques fins dégustateurs pour revivre ces instants magiques.
En ce qui concerne l’accord, j’ai choisi d’organiser un  mariage classique mais inratable avec foie gras d’oie de la maison Hirsch…comme au début des années 90 pour l’Yquem 86. MIAMMMMM !!!


Plat : bœuf mijoté à la provençale – purée maison

Clos de Vougeot Musigni 2014 – Domaine Gros frère et sœur : nez racé et complexe, notes de petits fruits rouges, de rose fanée, de bois de réglisse sur un fond très légèrement fumé/torréfié, bouche longiligne mais avec une chair bien consistante, acidité centrée et trame tannique caressante, finale longue, digeste et appétante.
VDP de l’Hérault Domaine de la Grange des Pères 2011 : nez complexe, fruits noirs confits, prune bien mûre, herbes de garrigue et une petite pointe alcooleuse, bouche assez puissante mais équilibre élégant et digeste, finale bien fraîche avec une belle persistance fruitée et réglissée.

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Malgré sa jeunesse et un millésime réputé difficile, le Clos de Vougeot m’a étonné et séduit – comme toute notre tablée d’ailleurs – par cette finesse et cette classe incomparables qui caractérisent les grands crus de Bourgogne bien nés et bien travaillés.
A côté de ce modèle d’élégance, le vin de la Grande des Pères a relevé le défi en assumant pleinement son origine sudiste mais sans tomber dans la caricature d’une expression trop exubérante et d’une richesse excessive.
Face au plat, aux saveurs méridionales la Grange a joué en terrain conquis pour réaliser un accord régional évident…efficace mais un peu convenu.
Malgré l’impression de finesse qu’il dégageait lors de la dégustation préliminaire, le Clos de Vougeot a montré qu’il avait de vraies ressources gastronomiques en s’accordant parfaitement avec les saveurs du plat tout en réussissant à garder la main en finale…très grand vin !

 

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