Dégustation club AOC - Vins du Priorat

Avec une tablée de 15 dégustateurs, la réunion AOC de février annonce « complet » pour la première fois depuis l’implantation du club à la Wantzenau.

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Il faut dire que notre club œnophile a pris du volume en 2016 : 16 membres permanents…c’est encourageant, mais il va falloir faire preuve de prudence dans le service des vins !
En plus les deux thèmes du jour me semblent particulièrement intéressants avec deux séries de bouteilles qui vont nous proposer :

-un match entre blancs de Chassagne et blancs de Saint Aubin.
- un voyage en Espagne avec une sélection de vins du Priorat.

Comme toujours la série de vins espagnols a été réalisée par notre duo de spécialistes de l’étranger – Stefan et François – quant à la série de chardonnays bourguignons, elle a été composée essentiellement avec des bouteilles piochées dans la cave de Stéphane et dans la mienne et complétée par des flacons achetés par mes soins chez des cavistes strasbourgeois.

Les chardonnays ont été débouchés avant la réunion et servis 2 par 2 – un Chassagne + un Saint Aubin – étiquettes cachées.
Les rouges du Priorat ont été débouchés et carafés environ 2 heures avant la dégustation et servis 2 par 2 étiquettes cachées, les deux blancs du Priorat ont été débouchés juste avant d’être servis.

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Soirée Club AOC du 5 février 2016 à La Wantzenau


En guise de mise en bouche :

Sans Rancune 2014 – Domaine Ozil à Lagorce : nez sur les fruits à chair blanche bien mûrs, notes végétales agréables (herbe coupée, cône de houblon), bouche suave, fluide et glissante, pas trop de profondeur, finale courte.

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Ultime souvenir de mes dernières vacances ardéchoises, ce viognier travaillé « nature » par lesfrangins vignerons de Lagorce, n’a pas manqué de susciter le débat : les « anti vin libre » ont mis le véto, d’autres ont apprécié la facilité d’accès de cette cuvée, moi j’ai retrouvé avec plaisir ce côté simple, juteux et gouleyant d’un vin qui a coulé généreusement durant l’été dernier.


Thème 2
Les vins du Priorat vont-ils nous mettre à genoux ?


D.O. Montsant Pater 2008 – Celler Ficaria Vins à La Figuera : nez discret, notes très fraîches à la limite du vert, matière très concentrée, impression de chaleur et de lourdeur, finale peu avenante, amertume prononcée.
(100% grenache)
D.O.Q. Priorat La Guinardera 2006 – Celler Balaguer i Cabré à Gratallops : notes fruitées agréables (cerise mûre) mai perturbées par des sensations alcooleuses et une pointe de volatile, bouche juteuse mais acidité et tannins très rustiques, finale rugueuse.
(100% grenache)

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En général, j’aime bien les vins espagnols et les sensations olfactives perçues lors de la préparation des bouteilles étaient plutôt encourageantes…malheureusement ces deux vins m’ont déçu : malgré leur âge avancé, ils sont restés durs, acerbes et plutôt disgracieux dans leur constitution…je suis inquiet pour la suite !


D.O.Q. Priorat L’obila 2006 – Celler Costers del Ros à Gratallops : nez douteux avec des notes oxydatives qui masquent une expression fruitée discrète, attaque souple et avenante en bouche, matière dense avec une acidité intense qui devient dominatrice, finale tannique très austère.
(60% carignan + 30% grenache + 10% cabernet sauvignon)
D.O.Q. Priorat Roquers de Porrera 2007 – Celler de l’Encastel à Porrera : olfaction très bordelaise, palette complexe, fruits rouges mûrs, réglisse, graphite et boisé subtil, matière charnue très voluptueuse, finale puissante mais très digeste.
(40% carignan + 40% grenache + 20% merlot et syrah)

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C’est étrange…le vin qui m’a vraiment plu ressemble à un cru bordelais alors que son assemblage ne fait qu’une petite place à un cépage girondin !
Il n’en reste pas moins que Roquers de Porrera 2007 est pour moi la plus belle bouteille de la série.
L’obila 2006 m’a semblé bien moribond avec une aromatique polluée par des notes oxydatives et une structure vacillante en bouche…de plus, son prix caviste de près de 50 euros en fait surement l’un des pires rapports Q/P de la soirée…Ouille !!!


D.O.Q. Priorat Clos Martinet 2007 – Mas Martinet à Falset : nez avec une pointe de volatile mais fruité agréable, boisé fin, notes d’amande, nuances empyreumatiques en fond, matière charnue et concentrée en bouche, tannins serrés et un poil trop rustiques qui assèchent la finale.
(65% grenache + 20% carignan + 10% syrah + 5% merlot et cabernet sauvignon)
D.O.Q. Priorat Coranya 2001 – Celler Sangenis i Vaque à Porrera : nez évolué et très brouillon, notes épicés discrètes, puissance affirmée en bouche, matière dense qui pèse un peu sur la langue, finale qui manque de fraîcheur.
(50% grenache + 50% carignan)

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Le Clos Martinet rate la première marche de mon podium personnel en raison d’une trame tannique vraiment trop virile pour mes « petites papilles fragiles » mais le vin a de l’allure, c’est incontestable !
Née il y a près de 15 ans, la cuvée Coranyia semble avoir glissé depuis quelques temps sur la pente du déclin…je crains qu’il faille lui proposer les derniers sacrements sans trop tarder !


D.O. Montsant Matraketa do Montsant 2013 – Celler Ficaria Vins à La Figuera : nez assez expressif sur les fruits jaunes et le bâton de réglisse, matière ample avec un joli gras en bouche, finale fraîche et aromatique.
(100% grenache blanc)
D.O.Q. Priorat Lo Coster Blanc 2008 – Celler Sangenis i Vaque à Porrera : nez fin et charmeur, notes florales, touches miellées et anisées, léger et digeste en bouche, finale très courte.
(50% grenache blanc + 50% macabeu)

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La série se termine avec deux blancs intéressants qui se sont laissé boire avec plaisir et facilité mais bon, même si la qualité de ces flacons est indiscutable, il faut quand même admettre qu’on trouve beaucoup mieux par chez nous…je sais, mon chauvinisme est irrémédiable !

Pour conclure :

Une fois encore cette série de vins étrangers a contribué à combler une de mes nombreuses lacunes en culture vinique internationale mais sans pour autant remettre en question ma prédilection pour les vins de notre « mère-patrie » COCORICOOOO !

Situé dans un ilot de schistes à l’ouest de la ville de Tarragone, le Priorat est un vignoble qui date du moyen-âge et qui a été mis en valeur par des moines chartreux venus de Provence…d’où le nom qui vient de « prieur ».
Oublié pendant de longues années, ce vignoble connaît un renouveau depuis le début des années 80 et produit aujourd’hui des vins reconnus comme faisant partie des « grands d’Espagne ».

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Une petite carte pour situer le vignoble du Priorat et de Montsant

Personnellement j’ai trouvé ces vins très durs avec des grains tanniques et des acidités souvent agressives…et ceci malgré l’âge avancé des bouteilles de cette sélection.
Mon coup de cœur de la série fut assez facile à choisir (pour une fois !) : Roquers de Porrera 2007 est la seule bouteille que je mettrais volontiers dans ma cave…mais pour l’heure, il n’y a pas de place !

Avant de conclure, il faut également relever le niveau très élevé des prix de ces bouteilles dont certaines flirtent allègrement avec les 50 euros et à ce tarif on peut trouver pléthore de flacons présentant un rapport Q/P bien meilleur en France…COCORICOOO bis !

En tous cas merci et bravo aux organisateurs d’avoir su dénicher ces flacons qui m’ont permis d’élargir mes horizons oenophiles !

Commentaires

  • Per Warfvinge

    1 Per Warfvinge Le 20/02/2016

    Over the last 10 years, I have tasted at least 100 different Priorats and 90% fall into the category jammy, "hot" and/or excessively tannic. 100% of them fall into the category "too expensive".

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