Dégustation club AOC - Carte blanche à André Ostertag

 

Depuis quelques années, le club AOC programme une session délocalisée chez un vigneron alsacien qui accepte de nous recevoir et de partager avec nous sa passion pour son métier, ses terroirs et ses vins.

En 2017, c’est André Ostertag qui nous a fait l’amitié de nous inviter chez lui pour une dégustation « carte blanche » où il va nous emmener dans son univers vinique à travers une série de 10 vins sélectionnés dans la gamme actuelle du domaine.
J’ai comme l’impression qu’on va passer une soirée mémorable…

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Profitant des derniers rayons d’un beau soleil printanier, nous commençons notre séance dans la cour du domaine où nous grimpons sur le talus qui couvre la cave abritant le stock bouteilles pour voir la vigne de riesling et de pinot noir qu’André y a planté en répartissant les pieds de raisins noirs et les pieds de raisins blancs de manière à reproduire le symbole du Yin et du Yang, version végétale.

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Le groupe presque au complet en bas d’une parcelle de pinots blancs sur le versant nord de la colline du Fronholz qui jouxte la cour du domaine Ostertag.

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Sur le talus qui recouvre la cave de stockage du domaine…

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…et André qui nous présente sa vigne Yin-Yang…

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…qu’on voit bien mieux lorsqu’on s’élève un peu (merci Google Earth)

La suite de notre réunion se déroule dans la belle salle de dégustation préparée avec beaucoup de soin par notre hôte : un programme, deux verres et un crachoir individuel.

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Direction la salle de dégustation…

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…où nos postes de travail ont été soigneusement préparés.

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Le groupe est en place…on n’attend plus que le maître de cérémonie.

Avant de nous servir le premier verre, André nous fait un rapide historique de son vignoble et de son domaine.

Morceaux choisis :
- la qualité des terroirs et des vins d’Epfig est reconnue depuis toujours : « les grandes maisons de négoce du Haut-Rhin se sont toujours approvisionnées dans notre village »
- la maison Arthur Metz qui s’est installé à Epfig en 1969 – et qui y a toujours une unité de vinification à l’heure actuelle – a encouragé de nombreux vignerons du village à se limiter à la production de raisin…difficile de parler terroir et qualité dans ce contexte.
- André Ostertag a commencé à travailler au domaine en 1980 après une formation viti-oeno à Beaune : « Mon père qui avait toujours un esprit pionnier a décidé de me laisser les clés de la cave dès mon arrivée au domaine ».
- scientifique par sa formation et artiste par goût, André se lance dans son métier avec passion et multiplie les expériences à la vigne et en cave « certaines réussies et d’autres ratées » pour essayer de « créer son style de vin ».
- à la vigne les pratiques biologiques se sont imposées naturellement dès les années 80 avant de se convertir à la biodynamie en 1997 : les 15 hectares du domaine et les vins signés Ostertag sont certifiés Demeter depuis 1998.

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André Ostertag

Après cette courte présentation nous entrons dans le vif du sujet avec une série de 10 vins sélectionnés par André.
Nous goûterons une grande partie de la gamme actuelle du domaine tout en nous laissant guider par ce vigneron qui va essayer de nous faire comprendre comment naissent ses différentes cuvées et (peut-être) pourquoi ces vins brillent depuis longtemps au sommet de la hiérarchie qualitative alsacienne.

Les vins sont débouchés au moment du service et goûtés un par un, étiquettes découvertes.

Verres « Royal Glass » conçus par J.F. Lagneau (un ingénieur acousticien qui a crée la ligne « Vinum » de Spiegelau)

Soirée Club AOC du 5 mai 2017 à Epfig

 

Thème unique
Vins de fruits et vins de pierre : l’Alsace vue par André Ostertag

Sylvaner Les Vieilles Vignes de Sylvaner 2015 : nez charmeur et très ouvert, fruité bien mûr et touches florales délicates, matière pure et gourmande en bouche, silhouette opulente, gras sensible mais finale structurée par une présence saline marquée, sillage aromatique d’une longueur étonnante.
(terroir : argilo-graveleux en début de coteau + granit sur une parcelle dans le secteur du Winzenberg)André est un fervent défenseur du sylvaner car pour lui « c’est un vin essentiel, qui constitue la fondation de la gamme d’un domaine » et avoue avoir du mal à accepter les idées reçues au sujet de ce cépage : « il n’y a pas de grands et de petits cépages, il n’y a que des bons et des mauvais vignerons ».
Mais son attachement à ce cépage va bien au-delà de ces considérations professionnelles « il y a deux choses qui ont fondé mon goût : ma mère et sa cuisine et le sylvaner qu’on buvait quotidiennement et qui parfumait de nombreuses préparations culinaires ».
Issu de vieilles vignes (35 à 75 ans), ce sylvaner qui respire la gourmandise et qui étonne par la profondeur de sa structure est un bel hommage à ce beau cépage alsacien.
Petit conseil gastronomique de saison : « c’est un vin qui se marie à merveille avec des asperges ».

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Pinot Gris Barriques 2015 : petites notes d’élevage à l’ouverture (croûte de pain grillé) puis palette très séduisante avec des arômes de fruits blancs et de fleurs printanières, matière caressante en bouche, toucher très sensuel, ligne acide souple, finale salivante relevée par de beaux amers minéraux
(terroir : argilo-graveleux sur Epfig + schistes de Villé sur Albé + granit sur Ribeauvillé)
Le premier pinot gris de la gamme est issu d’un assemblage de jus originaires de terroirs très diversifiés et comme tous les pinots du domaine Ostertag, il a été vinifié et élevé à la bourguignonne dans des fûts de chêne (1 pièce neuve sur 17).
C’est un vin généreux avec une très belle complexité aromatique et une digestibilité exemplaire. Certes, il me semble encore un peu jeune pour donner toute la mesure de son talent mais son pouvoir de séduction est déjà bien établi.
MIAM évident !


Pinot Gris Fronholz 2015 : nez discret mais bien complexe, palette raffinée avec des nuances minérales qui commencent à se révéler, bouche qui donne une vraie impression de puissance, matière ample et structure très verticale, caractère minéral profondément marqué en finale, belle tension et salinité intense.
(terroir : argiles et marnes en milieu de coteau)
Grâce à sa situation décrochée du massif vosgien, le Fronholz est un terroir lumineux et venté où les raisins mûrissent rapidement mais sans perdre leur acidité.
Avec cette empreinte minérale qui marque autant le goût que la texture, ce pinot gris qui a déjà parfaitement intégré son élevage et qui s’exprime avec une pureté remarquable nous fait entrer de la plus belle manière qui soit dans le monde des « vins de pierre » d’André Ostertag.
Comment peut-on encore affirmer qu’il n’y a pas de grands pinots gris en Alsace !!!


Pinot Gris Zellberg 2015 : nez assez mutique, palette un peu austère, notes pierreuses et légèrement fumées, matière ample avec un gras sensible, structure verticale mais présence très « organique » en bouche, finale salivante, sillage sur la poudre de craie avec une touche poivrée et un fumé discret.
(terroir : grès, argile, calcaire, « un chaos géologique »)
Le Zellberg tient son nom de l’allemand « Zell » qui évoque l’existence d’un ermitage (une cellule monacale) où les moines cisterciens de l’abbaye de Baumgarten venaient se recueillir et se ressourcer.
Sur ce coteau exposé au sud-est, au sol géologiquement très complexe, le pinot gris prend des allures de grand blanc bourguignon : racé, puissant, complexe et tendu par une acidité bien droite…pour moi c’est l’un des grands vins de garde du domaine Ostertag.
Petit conseil d’accord gastronomique « le pinot gris est un cépage de style roman et ses vins sont faits pour accompagner des produits en relation avec le terre »

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Le trio de pinots gris dégustés ce soir


Riesling Vignoble d’E 2015 : expression aromatique très pure, palette complexe, notes de groseille blanche et de citron sur un fond floral délicat, silhouette élancée en bouche, acidité franche et bien mûre, petit grip tannique très stimulant, finale fraîche avec une présence minérale sensible.
(terroir : sols de graves dominants + argile + granit + grès)
Réalisé à partir d’un assemblage de jus issus de plusieurs parcelles de vieilles vignes, ce premier riesling de la gamme Ostertag est un vin qui révèle son talent avec une grande précocité : une aromatique complexe, un équilibre magistral et une empreinte minérale déjà bien marquée en finale.
Voilà un « vin de fruit » qui pourrait entrer facilement dans la famille des beaux vins de terroir…ceci dit,  je ne vais pas remettre en question la classification du « chef » mais je vais plutôt profiter de l’aubaine et encaver quelques bouteilles.

Riesling Clos Mathis 2015 : nez ouvert et sociable, palette très fraîche sur le citron et les zestes d’agrumes, attaque fruitée et sensuelle en bouche, jus bien gourmand, finale qui se tend et s’étire en laissant persister des notes d’agrumes et de belles nuances pierreuses (silex).
(terroir : granit + gneiss)
L’intrus haut-rhinois de la cave est né sur les pentes du Hagel, un coteau pentu qui domine Ribeauvillé et « où les raisins mûrissent très lentement tout en gardant une belle acidité ».
C’est Hubert Mathis, chef de culture du domaine Ostertag et propriétaire de cette parcelle, qui est à l’origine du nom de cette cuvée : « Hagel, signifie grêle en alsacien et je n’avais pas envie de tenter le diable avec ce nom »…on n’est jamais trop prudent !
Cette cuvée est née en 2000 – avant les raisins entraient dans l’assemblage du riesling générique – séduit par sa spontanéité et sa vivacité…et constitue un véritable enrichissement pour la gamme de ce domaine.
MIAM gourmand !

Riesling Fronholz 2015 : nez très délicat alliant finesse et complexité, palette florale et minérale, jus fruité dense, structure rectiligne organisée autour d’une acidité puissante et bien mûre, finale marquée par une salinité intense et des amers nobles, longueur aromatique remarquable.
(terroir : sables siliceux et quartz au sommet du coteau)
Située sur les sols légers et drainants de la partie sommitale du coteau du Fronholz, cette parcelle de riesling a généré un vin profond et racé qui révèle une personnalité très mature malgré sa jeunesse.
Après un pinot gris très convaincant ce riesling apporte une preuve éclatante que le Fronholz est un très grand terroir qui mérite amplement de faire partie de la sélection pour un classement en 1° cru.
MIAM enthousiaste !

Riesling Heissenberg 2015 : nez encore un peu discret mais très séduisant, palette exotique bien mûre, matière riche, structure sphérique tenue par une acidité souple et rayonnante, finale sapide qui révèle de beaux amers minéraux.
(terroir : coteau très pentu – granit + grès)
« Le Heissenberg est un terroir particulier qui se situe à la jonction entre un terroir gréseux et le premier terroir granitique du vignoble bas-rhinois ».
Avec ses pentes raides exposées au sud, ce coteau qui porte bien son nom – « Heissenberg » peut se traduire par « montagne chaude » – permet à André Ostertag de produire un riesling au profil solaire et voluptueux qui reste cependant d’une parfaite digestibilité grâce à une trame minérale très impressive.
Voilà un riesling où on sent que l’expression minérale du terroir a réussi à tempérer l’énergie débordante d’un jus riche et fruité pour faire naître un vin généreux mais parfaitement équilibré …du beau travail !

Riesling Grand Cru Muenchberg 2015 : nez encore sur la retenue, mais la palette aromatique qu’on devine est pure et complexe, notes de fleurs et de fruits blancs accompagnées par de discrètes nuances de pierre à feu et de fumée, bouche sublime avec une attaque  bien franche, une matière souple et ample qui se pose avec beaucoup d’emphase avant de rebondir pour nous offrir une finale longue et tonique marquée par une profonde salinité et une belle touche fumée.
(terroir : amphithéâtre exposé au sud – grès rose + sédiments volcaniques)
Le Muenchberg est situé dans un environnement « qui est beau à voir » et où on ressent une puissante énergie : je dois avouer que malgré mon esprit désespérément rationnel, je ressens des ondes positives et apaisantes à chaque fois que je me promène dans les vignes du Muenchberg.
« C’est un endroit puissant qui dégage de l’énergie »…c’est un grand terroir tout simplement.
Dégusté bien trop jeune, ce Muenchberg a pourtant révélé une classe incomparable et s’est imposé sans discussion possible dans ce petit duel amical qui l’opposait à 4 très beaux rieslings.
Je suis resté bouche-bée devant ce Grand Cru qui affirme sa personnalité dès son plus jeune âge : équilibre, complexité et raffinement extrême…les éléments qui caractérisent un grand vin sont déjà présents.
MIAM admiratif et respectueux !

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Quinté magique de rieslings signés Ostertag


Gewurztraminer Fronhoz-A l’Orient d’Eden 2013 : nez ouvert et complexe, palette qui associe notes florales (rose) et fruitées (fruits jaunes) sur un fond finement végétal (peau de raisin, rafle), attaque franche et directe, jus moelleux avec une texture onctueuse, équilibre moelleux mais finale énergique, sillage aromatique agréable sur un registre empyreumatique.
(terroir : argiles et marnes en milieu de coteau)
La série se termine dans la douceur et la suavité avec un gewurztraminer riche (54 g de SR) qui glisse en bouche sans peser sur la langue tout en libérant des arômes sensuels et épanouis….le bouquet final d’un beau feu d’artifice gustatif !

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La séance se poursuit dans l’espace cuisine des vendangeurs où nous dégustons un trio de comtés d’âge différent affinés par la maison Lorho (9 mois, 20 mois et 36 mois).
Pour accompagner cette petite collation André Ostertag a débouché deux flutes alsaciennes « mystère » et un pinot noir 2015 provenant de son domaine chilien.

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Petite repas convivial pour terminer la séance


Le premier vin m’emmène immédiatement vers la Bourgogne avec une aromatique subtile et bien complexe, un équilibre sec mais un toucher gras et soyeux et une finale tendue qui prolonge un sillage minéral très racé.
Sans l’indice de la forme de la bouteille, j’aurais parié qu’on était à Puligny mais l’origine alsacienne supposée du vin, m’a fait penser que cette première bouteille pouvait être un pinot gris né sur un millésime assez frais…pourquoi pas 2008 ?
Solution de l’énigme N°1 :c’est un pinot gris Zellberg 1998.

Le second vin goûté à l’aveugle développe une palette complexe et raffinée avec des notes de zestes d’agrumes confits et d’herbes aromatiques relevées par quelques nuances minérales qui se montrent après aération. La bouche présente une silhouette longiligne très élégante avec un équilibre frais et une finale intensément minérale qui laisse persister un sillage complexe associant des amers nobles et une profonde salinité.
Comme pour le vin précédent, je ne me suis pas trompé sur le cépage mais je n’ai été capable de trouver ni le terroir ni le millésime…la ligne acide bien étirée m’avait fait partir sur un terroir granitique (Clos Mathis) mais il est vrai que la puissance de la finale aurait du m’orienter vers un terroir plus puissant…et pour ce qui est du millésime, jamais je n’aurai pensé que ce riesling était déjà entré dans sa troisième décennie !
Solution de l’énigme N°2 :c’est un riesling Grand Cru Muenchberg 1993.

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Les bouchons des deux bouteilles mystère


Pour conclure, André nous propose de quitter l’Alsace et de l’accompagner dans son domaine chilien où il produit un pinot noir rare et original qui commence à être reconnu et récompensé par la critique oenophile.

Montsecano pinot noir 2015 : c’est un vin à l’expression aromatique très complexe avec une matière charnue, un équilibre frais et une finale discrètement épicée et texturée par une belle présence minérale.
Ce pinot noir vinifié par André Ostertag est né au Chili sur des coteaux granitiques très pentus situés à une dizaine de kilomètres de l’océan Pacifique.
Les vignes sont plantées en haute densité (9000 pieds/ha), conduites en biodynamie et les sols sont travaillés au cheval.
Les rendements sont extrêmement modestes (12 hl/ha en 2015) et les vins sont vinifiés « nature » et élevés exclusivement en cuves béton ovoïdes.
J’ai été content de terminer cette dégustation par ce vin surprenant qui bousculait un peu les codes esthétiques habituels du pinot noir mais qui montrait une belle pureté, un caractère bien trempé et une buvabilité impeccable.

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Voilà encore une session AOC qui fera date dans l’histoire de notre club oenophile : la douzaine de chanceux qui ont pu participer à cette soirée se souviendront longtemps de cette rencontre avec un vigneron rare et avec quelques très belles bouteilles.

André Ostertag a dirigé cette séance de dégustation avec un vrai sens pédagogique en distillant des explications compréhensibles par tous et en répondant de façon franche aux questions posées tout en restant attentif aux commentaires suscités par ses vins…c’est bien simple, je n’ai jamais senti une attention aussi soutenue et une ambiance aussi studieuse dans une réunion AOC !

J’ai appris à connaître un peu mieux ce vigneron qui a accepté de me guider dans mon travail sur le Muenchberg (en 2014) et j’ai encore renforcé ma conviction qu’André Ostertag mérite plus que jamais sa place parmi l’élite de la production viticole alsacienne.
Ses vins sont conçus avec un respect absolu pour les terroirs qui leur donnent leur identité : les pratiques à la vigne et en cave sont marquées par le souci de ne rien dénaturer pour permettre à chaque cuvée d’exprimer leur message minéral avec une parfaite lisibilité.

Dans cette série vinique d’un niveau exceptionnel où nous avons pu goûter un sylvaner particulièrement gourmand, de très grands pinots gris secs et des rieslings vibrants et profondément minéraux, je vais quand même isoler quelques vins qui m’ont retenu mon attention ce soir.
En premier lieu, je citerai le pinot gris Zellberg 1998, une bouteille débouchée par André pour accompagner notre petit en-cas fromager et qui a prouvé que ce cépage pouvait générer des cuvées capables de rivaliser avec les grands blancs de la côte de Beaune…exceptionnel !
Pour « redescendre sur terre » je choisirai volontiers le « modeste » sylvaner littéralement transcendé par ce vigneron et qui nous a permis de vérifier que, lorsqu'on le travaille avec passion sur des terroirs appropriés, ce cépage pouvait générer des très belles cuvées.
Et pour finir, je ne résiste pas au plaisir de relever la prestance remarquable du riesling Fronholz, un grand vin né sur ce très grand terroir à qui André Ostertag a donné (ou redonné) ses lettres de noblesse en l'interprétant avec bonheur à travers 4 cépages.

Mille mercis à André pour cette très belle soirée.

 

Et pour lire les notes toujours aussi précises et pertinentes de Stéphane n'hésiter pas à cliquer ICI.

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