Dégustation club AOC - Champagnes produits par de grandes maisons champenoises

Une fois n’est pas coutume, cette séance AOC de mars va associer 2 thèmes très différents :

Thème 1 : une première prise de contact avec des vins « nature ».

Thème 2 : quelques cuvées de champagne élaborées par de grandes maisons champenoises.

Même si la sélection de bouteilles pour ces 2 thèmes ne nous fera pas sortir des frontières hexagonales, nous dégusterons quand même des vins aux styles presque opposés : originalité, fantaisie et non-conformisme pour ces cuvées expérimentales vinifiées sans SO2, rigueur et constance qualitative pour les champagnes produits par les grandes maisons.

La série de vins « nature » a été composée par mes soins avec des bouteilles achetées chez des cavistes locaux…dont un nombre grandissant commence à privilégier ce style de vin.
La série de champagnes a été constituée par notre trésorier qui a fait jouer ses relations familiales dans la région pour bénéficier de l’aide de l’un des œnologues de la maison Perrier.


Les vins « nature » ont été carafés 2 heures avant la dégustation et servis 1 par 1 à l’aveugle.
Les champagnes ont été débouchés juste avant le service et servis 2 par 2, étiquette découverte.

Verres Royal Glass 400ml


Soirée Club AOC du 8 mars 2019 à La Wantzenau

 

En guise de mise en bouche :

Riesling Grand Cru Osterberg 2012 – Cave de Ribeauvillé : nez très typé riesling calcaire avec des notes de miel de fleurs sur un fond terpénique assez prégnant, matière consistante en bouche, tenue par une acidité mûre et longue, équilibre sec, finale assez douce mais bien sapide.

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Fourni par notre caviste en échange de la bouteille défectueuse de la soirée de février, ce riesling, invité pour une seconde chance, s’est montré conforme à nos attentes en développant une matière riche structurée par une belle trame acide/saline qui lui donne ce caractère « sérieux » qu’on retrouve souvent sur les vins de Ribeauvillé…session de rattrapage validée !

 

Thème 2 : les cuvées de champagne élaborées par les grandes maisons…peut-on relever le défi de la qualité sur de (très) gros volumes.



Laurent Perrier La Cuvée Brut : nez agréable et engageant, notes florales avec une petite touche beurrée, bouche élancée, équilibre sec, mousse légère avec une bulle très fine, finale tonique et appétente.
(50% chardonnay + 30% pinot noir + 20% pinot meunier)

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Laurent Perrier Cuvée Rosé : nez très discret, notes de fraise des bois et de craie, bouche assez vineuse, mousse un peu invasive, finale droite avec des amers assez austères.
(100% pinot noir)

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La série commence avec deux bouteilles proposées par une grande maison de la vallée de la Marne : un blanc classique, facile d’accès et bien agréable à boire et un rosé mono-cépage séduisant à l’œil mais un peu trop austère en bouche.


Canard-Duchêne Authentic Brut : nez sur le beurre et les fleurs blanches avec une légère touche oxydative, équilibre sec, mousse fine et qualitative, finale agréable sur la brioche et l’amande grillée.
(40% pinot noir + 40% pinot meunier + 20% chardonnay)

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Bollinger Spécial Cuvée : nez très agréable sur la brioche au beurre, le pain de mie toasté et la noisette, matière assez consistante, équilibre sec, mousse fine mais persistante, finale longue et salivante.
(60% pinot noir + 25% chardonnay + 15% pinot meunier)

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A côté d’un champagne de la maison Canard-Duchêne plutôt agréable mais dans un style légèrement oxydatif, la cuvée signée Bollinger nous séduit par son élégance et sa pureté…voilà une expression très aboutie du classicisme champenois. MIAM !


Pommery Brut : nez frais et flatteur sur le citron mûr et la poudre de craie avant de délivrer de belles notes de fruits jaunes, matière élancée et bien équilibrée en bouche, bulle fine mais mousse un peu trop invasive, finale fraîche et sapide
(chardonnay + pinot noir + pinot meunier)

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Piper-Heidsieck Brut : aromatique classique sur le beurre frais et la brioche au sucre sur un fond empyreumatique (allumette craquée), bouche longiligne, équilibre sec, mousse vive et intense, finale citronnée, très droite..
(50% pinot noir + 35% pinot meunier + 15% chardonnay)

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La troisième doublette nous présente deux bouteilles aux profils très différents : avec sa structure assez carrée et sa bulle un poil agressive, le Piper me semble un peu austère pour être goûté seul mais trouvera plus facilement sa place à table, alors que le Pommery qui possède de nombreux « atouts-charme », aurait pu concourir pour le titre de meilleure bouteille de la série s’il n’y avait pas eu cette effervescence vraiment trop « vindicative »…dommage !


Gosset Grande Réserve : nez fin et très agréable, notes de fruits blancs frais et de plâtre, matière svelte et étirée en bouche, équilibre très digeste, finale classieuse avec un long sillage citronné et minéral.
(45% chardonnay + 45% pinot noir + 10% pinot meunier)

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Nicolas Feuillatte Brut Millésimé 2006 : nez sur la pomme verte avec de fines notes grillées et légèrement oxydatives, matière riche, effervescence un peu trop intense, finale assez pesante.
(1/3 pinot noir + 1/3 pinot meunier + 1/3 chardonnay)

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Avec pas moins de 4500 apporteurs de raisin, la maison Nicolas Feuillatte mérite vraiment le qualificatif de « grande maison champenoise »…même si cette cuvée millésimée classée Grand Cru n’a pas vraiment suscité l’enthousiasme.
La Grande Réserve du domaine Gosset révèle un caractère plus racé avec sa bouche vineuse et élancée et sa finale marquée par une belle présence minérale.


Delamotte Blanc de blancs 2007 : nez discret, notes de chair de poire et de fleur d’oranger sur un fond légèrement grillé, bouche élégante, bulle parfaite, équilibre très sec, finale fraiche et salivante, long sillage fruité et floral.
(100% chardonnay – dégorgé en 2015)

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De Saint Gall Orpale-Blanc de blancs 2002 : nez charmeur sur la brioche au beurre et le citron mûr, bouche vineuse avec une mousse très qualitative, finale fraiche et sapide avec des notes d’agrumes frais et d’écorce pilée.
(100% chardonnay – plus de 10 ans sur lattes avant dégorgement)

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La série se termine par deux bouteilles de haut niveau avec un superbe Blanc de blancs 2007 signé Delamotte, un champagne qui assume pleinement son statut de « second vin » de la célébrissime maison Salon, et une rarissime cuvée Orpale 2002, un Grand Cru qui n’est produit que sur les plus beaux millésimes. Double MIAM !

 

Pour conclure :

Après une séquence placée sous le signe de la fantaisie et de la créativité avec son lot de surprises, bonnes et moins bonnes, nous sommes revenus vers un univers vinique plus traditionnel avec une série de champagnes produite par ces grandes maisons dont la recherche d’une constance esthétique et qualitative constitue un leitmotiv largement partagé.

Mis à part la bouteille très fatiguée de la maison Nicolas Feuillatte, ces champagnes ont réalisé des prestations tout à fait honorables en se livrant au dégustateur avec une belle spontanéité gourmande.

Mon coup de cœur du soir ira à la superbe cuvée de la maison Delamotte – le seul champagne de la série où j’ai senti la présence d’un grand terroir – qui devance d’une courte tête, le blanc de blanc Orpale, impressionnant d’énergie et d’équilibre.

En terme de rapport Q/P, la palme reviendra à « La Cuvée » proposée par la maison Laurent Perrier, un champagne très polyvalent dont on pourra faire sauter le bouchon pour arroser un évènement festif ou pour remplacer un blanc sec à table.

Merci à Martial et à son conseiller pour cette belle série.

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