Dégustation club AOC - Verticale de Château Beaurenard

Après une première séance de reprise très festive chez notre amie Coralie, le club AOC reprend ses sessions thématiques en abordant, comme toujours, deux thèmes très différents mais qui ne vont pas nous faire sortir de nos frontières hexagonales puisque la dégustation du jour va nous emmener du vignoble nantais vers Châteauneuf du Pape pour une jolie diagonale vineuse.

Thème 1 : les crus de muscadet

Thème 2 : petite verticale de château Beaurenard

Les muscadets ont été dénichés par François qui a réussi à nous procurer une série de vins qui comporte 8 crus sur les 10 existants…une performance remarquable qui mérite largement un 10/10 !
Pour la série de Châteauneuf, la sélection a été opérée par Stéphane qui a profité d’une offre très intéressante de la part de notre caviste en ligne préféré.

Les bouteilles de muscadet ont été débouchées au moment de la dégustation et servies seules ou deux par deux, étiquettes découvertes.
Les bouteilles de Châteauneuf du Pape ont été débouchées 2 heures avant le service et servies, une par une, étiquette découverte.

Verres Royal Glass 400ml

Soirée Club AOC du 11 octobre 2019 à La Wantzenau


En guise de mise en bouche :

Riesling Grand Cru Winzenberg 2014 – Domaine H. Metz à Blienschwiller : nez très frais sur les fleurs blanches et les agrumes, bouche droite avec une matière étirée par une acidité vive et filante, finale un peu austère avec des amers minéraux et un long sillage sur le pamplemousse.

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Avec sa ligne acide très saillante et sa présence minérale impressive, ce riesling né sur le coteau classé du Winzenberg, ne joue vraiment pas la carte de la séduction à l’heure actuelle : c’est un vin droit et austère qui pourra trouver sa place à table face à un plateau de fruits de mer mais qui gagnera probablement en sociabilité après quelques années de garde.

Thème 2 : le châteauneuf du pape face au temps selon Beaurenard


Le domaine de Beaurenard cultive 32 hectares de vignes à Châteauneuf du Pape.
A l’heure actuelle, l’ensemble du vignoble de Beaurenard est certifié Demeter.
Pour cette cuvée de châteauneuf du pape est réalisée à partir d’un assemblage de 65% de grenache, 15% de syrah, 10% de mourvèdre et 10% d’autres cépages autorisés dans l’appellation.
La vendange est triée à la vigne et les raisins sont égrappés (en majorité) avant d’être foulés et mis en cuve pour les fermentations qui se font sous l’action exclusive de levures indigènes.
Les élevages qui durent 18 mois se font en fûts, en cuves tronconiques et en foudres.

Château de Beaurenard 2015 : expression aromatique complexe, notes de fruits rouges mûrs et d’épices, bouche puissante – limite violente – jus concentré et structure très solide, finale longue et tenue par une trame tannique un peu asséchante, retour aromatique sur les fruits et le poivre noir.
Après des muscadets vifs et élancés et malgré un petit intermède pain et saucisson, ce premier contact avec un châteauneuf du pape est un peu brutal : c’est un vin riche, musculeux et charpenté qui appelle la compagnie de plats aux saveurs méridionales comme une bonne daube provençale ou une épaule d’agneau aux épices.

Château de Beaurenard 2010 : nez un peu plus évolué dominé par des notes d’épices (poivre, curcuma) et de réglisse, bouche longiligne, texture plus patinée, finale assez légère mais un peu serrée.
Avec près de 9 années de garde, ce vin a certes gagné en élégance en développant le côté épicé de son aromatique et en affinant sa matière pour lui donner un côté vraiment très digeste mais la finale est restée un peu dure à mon goût…dommage !

Château de Beaurenard 2009 : nez complexe et raffiné, expression fruité et épicée très délicate, bouche à la fois gourmande et digeste, finale plutôt légère mais bien glissante.
Avec son aromatique assez classieuse et son équilibre très élégant en bouche, ce 2009 séduit par sa belle buvabilité mais peut dérouter – voire décevoir – l’amateur de châteauneufs classiques, plus puissants et plus expressifs.
C’est un vin d’autant plus étonnant lorsqu’on considère le millésime…

Château de Beaurenard 2005 : nez très évolué, note de quetsche et de prune confites, bouche assez maigre, équilibre droit, tanins secs, finale très austère.
Malgré un millésime prometteur, ce vin n’a pas vraiment convaincu ce soir : effet d’une fatigue passagère ou d’un épuisement définitif…j’ai ma petite idée et elle ne me pousse pas à l’optimisme.

Château de Beaurenard 2003 : nez fatigué avec une palette qui ressemble à celle du 2005, après une attaque en bouche plutôt harmonieuse le vin se durcit et se serre, finale peu plaisante avec des tanins mordants et quelques notes oxydatives.
Même caractère, même inquiétude et même conclusion que pour le vin précédent.

Château de Beaurenard 1998 : expression aromatique complexe et racée, bouche puissante avec une matière consistante et mâche bien gourmande, finale intense avec un beau sillage fruité et épicé.
Après les flacons de 2005 et 2003 qui ne semblaient pas un très grande forme, la doyenne de cette série de bouteille a été débouchée avec une certaine appréhension mais dès la première gorgée l’ensemble des dégustateurs a été rassuré : ce châteauneuf de plus de 20 ans nous a offert un joli récital gustatif…et sans donner l’impression qu’il va décliner dans les prochaines années. MIAM !

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Pour conclure :

Cette courte série de châteauneuf du pape dont l’hétérogénéité stylistique m’a étonné mais dont l’hétérogénéité qualitative m’a déçu, n’a pas vraiment plaidé en faveur de cette appellation réputée du vignoble sud-rhodanien.

Entre un 2015 assez prometteur et un sublime 1998, coup de cœur unanime de la soirée, les autres bouteilles n’ont pas vraiment convaincu l’assemblée avec une doublette 2005-2003 quasi-moribonde et une doublette 2010-2009 d’une austérité très peu avenante…dommage !

Ceci dit, j’ai quand même connu de très belles émotions gustatives avec des châteauneuf du pape, notamment lors de soirées gourmandes chez l’ami Cyril l’ardèchois et plus récemment lors d’un petit repas entre bons vivants.
Il faut croire que Châteauneuf produit des vins qui ne se révèlent vraiment bien qu’à table en compagnie de préparations culinaires aux accents méridionaux.
A bon entendeur…

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