Dégustation club AOC - Crus bordelais de plus de 30 ans

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Cette séance AOC nous fait mettre le cap au sud pour nous emmener dans deux régions que tout (ou presque) sépare, avec le bordelais, ses coteaux en pente douce et son climat océanique…et l’Alto Adige – encore appelé « Sud Tyrol » – son vignoble montagnard avec ses parcelles escarpées situées à des altitudes parfois très élevées (entre 200 et 1000 mètres).
Voilà un nouveau voyage vinique qui s’annonce bien dépaysant avec pour thèmes :

- les rouges bordelais de plus de 30 ans

- les blancs de l’Alto Adige

La série de vieux vins rouges du bordelais a été constituée par Stéphane qui a bien voulu partager avec nous ces quelques « antiquités » extraites de sa réserve personnelle.
La série de blanc italiens a été constituée par François qui a réussi à trouver le bon caviste capable de nous proposer une sélection intéressante pour illustrer ce thème très original.


Les bouteilles de rouges ont été débouchées une heure avant la dégustation et servies une par une, étiquettes découvertes.

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Opération de débouchage des vieux flacons par Stéphane…

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…avec des bouchons plus ou moins abîmés mais au bout du compte, plus de peur que de mal…il n’y aura pas de flotteurs dans les vins c soir !

Verres Royal Glass 400ml


Soirée Club AOC du 7 février 2020 à La Wantzenau


Mise en bouche :

Chablis 2017 – Domaine Besson à Chablis : nez frais et expressif, notes de citron et de pierre sur un fond légèrement tourbé/iodé, bouche assez dense, texture un peu grenue, acidité droite très large, finale saline et citronnée.

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Ce chablis plein de fougue et de minéralité est encore un peu brut de décoffrage à l’heure actuelle mais la qualité de son jus et de sa structure laisse présager un joli potentiel d’évolution.
C’est une bouteille qu’on pourra déboucher dès aujourd’hui pour accompagner des fruits de mer tout en sachant que quelques années supplémentaires en cave lui permettront de développer son profil gastronomique


Thème 1 : la longévité des vins rouges bordelais…mythe ou réalité ?


Margaux Château Paveil de Luze 1989 : nez complexe sur les fruits noirs cuits et la terre humide sur un fond légèrement torréfié, bouche svelte et légère mais assez élégante, finale fraîche avec un joli sillage floral.
(80% cabernet sauvignon + 20% merlot).

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La série commence par un trentenaire du vignoble margalais en pleine forme avec une aromatique assez agréable et un jus encore bien vivante en bouche même si on peut lui reprocher un petit manque de consistance et de profondeur…mais il faut reconnaître que la tenue dans le temps de ce modeste « bourgeois » force le respect.


Pomerol Château Haut-Tropchaud 1989 : nez agréable sur les fruits noirs et la violette, matière plus consistante en bouche, équilibre très droit, finale marquée par une présence tannique assez austère.
(100% merlot)

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La seconde bouteille qui nous vient d’un domaine situé dans un secteur très qualitatif de Pomerol – Trottanoy, Pétrus et Le Pin ne sont pas loin – est également née en 1989 et porte également bien sa trentaine d’années en développant une matière un peu plus corsée mais qui brutalise un peu nos papilles par sa finale trop rugueuse.


Saint Emilion Grand Cru Classé Château Soutard 1988 : fruité complexe et assez séducteur au nez, bouche élancée avec une fraîcheur presque juvénile, finale durcie par une acidité mordante et des tanins un peu secs.
(70% merlot + 30% cabernet franc)

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Produit par un domaine réputé sur un beau millésime, ce Saint Emilion a gardé une belle jeunesse au nez comme en bouche mais une fois de plus sa finale est vraiment trop austère pour moi….dommage !


Moulis en Médoc Château Poujeaux 1978 : nez évolué mais très élégant, palette bien complexe avec des notes de fruits noirs et de sous-bois sur un fond balsamique/médicinal (camphre, iode…), matière svelte, étirée par une acidité assez vive qui tient une finale longue mais très sèche, sillage fruité et végétal.
(50% cabernet sauvignon + 40% merlot + 10% cabernet franc et petit verdot)

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La quatrième bouteille qui nous fait sauter une décennie et qui nous ramène dans le vignoble médocain, nous séduit par sa complexité aromatique très prometteuse avant de nous décevoir par son caractère un peu trop agressif en bouche.
Certes, ce quadra est encore bien vaillant…mais pour ce qui est de la douceur et de la sensualité, il va falloir repasser !


Saint Emilion Grand Cru Château Cormeil-Figeac 1975 : robe bien trouble, nez évolué mais assez agréable avec des notes de fruits secs et de torréfaction, matière concentrée et bien mâchue en bouche, finale nette et propre mais un peu dure, sillage aromatique persistant sur la violette et le camphre.
(75% merlot + 25% cabernet franc)

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Ce cru de Saint Emilion né en 1975 nous a offert un joli récital gustatif avec une aromatique raffinée et une texture bien patinée…il ne reste que la finale pour nous évoquer la fermeté des trames tanniques qui a caractérisé les vins de ce « fameux » millésime bordelais.


Pomerol Château Petit Village 1967 : nez discret mais net, notes de torréfaction, de sous bois et de terre humide, bouche ample avec une matière concentrée qui enrobe une structure acide/tannique bien ferme, finale tonique avec un retour aromatique sur le café fraichement torréfié.
(75% merlot + 18% cabernet franc + 7% cabernet sauvignon)

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Le « camarade de classe » de notre ami Guy porte son demi-siècle bien entamé avec une vraie grâce…et sans donner de signes qui pourraient annoncer un déclin.
C’est un vin élégant et raffiné qui se trouve sur son plateau de maturité optimale et qui ne semble pas prêt à le quitter de sitôt…impressionnant !

 

Pour conclure :

Cette courte série composée de doublettes du Médoc, de Saint Emilion et de Pomerol, toutes nées il y a plus de trois décennies, nous a apporté une réponse nette et précise à la question initiale : les belles quilles du vignoble bordelais sont vraiment de grands vins de garde !

En ce qui me concerne, mon manque d’intérêt actuel pour les vins de ces vignobles girondins, n’a pas été remis en cause par ces 6 bouteilles dont la longévité n’a pas manqué de susciter l’admiration sans pour autant me procurer de grandes émotions gustatives : j’ai l’impression que ces vins parlent davantage à mon intellect qu’à mes sens…et comme je suis toujours plus sensoriel (sensuel) que cérébral lorsque je bois un canon ma relation avec les vins du bordelais reste problématique.

Ceci dit, même si je ne parlerai pas de réel « coup de cœur », je dois avouer que la bouteille du Château Petit Village 1967 aura quand même fédéré l’ensemble des dégustateurs du soir autour de sa tenue remarquable après plus de 50 ans de garde…chapeau bas !

Merci à Stéphane d’avoir partagé avec nous une partie de sa collection d’antiquités vineuses.

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