Visite au "Salon des Grands Vignobles" à Strasbourg

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Avec l’allégement des contraintes sanitaires, mon agenda vinique commence à se remplir à grande vitesse et mon tas de notes à mettre au propre grandit de façon inquiétante à côté de mon clavier d’ordinateur et pourtant, lorsque Philippe Blanck m’a invité pour une rencontre avec lui et d’autres amis vignerons venus des quatre coins de l’hexagone, je n’ai pas pu résister…d’autant plus que cet évènement vinique était organisé dans un salon de l’Hôtel Hilton à Strasbourg, à deux pas de chez moi.
Hoppla, c’est parti !

Img 4581Le salon de l’Hôtel Hilton aménagé en espace de dégustation ultra confortable

Le salon se déroule dans un espace accueillant et lumineux de l’hôtel Hilton et conformément aux directives sanitaires en vigueur, les dégustations se font obligatoirement à une table et en position assise.
Il n’y pas trop de monde, les vignerons et vigneronnes venus présenter leurs vins ont l’air très sympathiques et les conditions de dégustation sont plus que confortables (d’autant plus que l’ami Philippe Blanck m’a proposé un joli Spiegelau pour remplacer le verre fourni par l’hôtel)…voilà une occasion idéale pour faire un beau voyage dans les grandes régions viticoles françaises !

Etape bourguignonne : domaine Mosnier à Beine

Petit Chablis 2019 : aromatique pure et discrète, bouche vive et légère, finale saline et minérale…pas de doute on est bien à Chablis !
Chablis 2018 : légère réduction à l’ouverture puis joli développement aromatique sur les fleurs des prés et la pierre à fusil, jus dense et bien frais en bouche, finale longue et saline…magnifique expression d’une cuvée « village ». J’aime beaucoup !
Chablis 2017 : nez acéré avec une palette vive sur le citron frais et la pierre à fusil, bouche pleine et longiligne, finale tendue avec une salinité intense et un long sillage iodé…après un an de garde la signature iodée du Chablis commence à devenir lisible. On n’attend plus que le plateau de fruits de mer !
Chablis 1°Cru Beauroy 2018 : aromatique discrète et complexe soutenue par de belles évocations minérales, bouche ample et charnue, structure assez souple, finale longue et appétante avec des amers nobles et de belles notes de pamplemousse.

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Ce joli quatuor typé et bien agréable à déguster nous rappelle que cette partie du vignoble bourguignon regorge de très belles adresses vigneronnes où on peut trouver de grands chardonnays avec d’excellents rapports Q/P.


Etape ligérienne : château de Bellevue à Saint Aubin de Luigné

Anjou Blanc 2020 : aromatique séduisante sur la fleur d’acacia complétée par de fines notes exotique, bouche ample et charnue, finale bien tenue et stimulée par de beaux amers minéraux…un vin charmeur et digeste avec une très belle buvabilité.
(chenin dominant ° chardonnay – élevage : cuves inox)
Savennières La Croix Picot 2019 : nez discret mais très raffiné, notes de fleurs blanches sur un fond légèrement grillé, bouche ample et bien charnue, finale tonique avec une belle présence salin et iodée…une expression très pure de la minéralité unique des crus de Savennières.
(100% chenin – élevage : cuves inox – terroir : argilo-sableux + schistes)
Anjou Blanc Ecume de Bellevue 2019 : aromatique discrète mais belle complexité, notes de fruits blancs (poire, coing) sur un fond de caramel et de miel, jus bien consistant en bouche, finale fraîche et vibrante avec une longue persistance saline et épicée…une parcelle de vieilles vignes (plus de 80 ans) qui a généré un vin profond et minéral.
(100% chenin – élevage : fûts de 400 l de 3 à 6 vins – terroir : schistes gréseux)
Savennières Eclat de Schiste 2019 : nez très élégant avec une palette complexe sur les agrumes frais, l’acacia et la pierre à fusil, bouche puissante avec une chair riche et gourmande, finale longue et tendue avec un retour persistant sur les épices, la vanille et la résine…une très grande complexité aromatique et une tenue de grande classe pour ce grand vin taillé pour la garde et la gastronomie.
(100% chenin – élevage : fûts de 400 l neufs – terroir : schistes)

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Hervé Tijou est un vigneron sympathique et passionné qui produit une large gamme de vins sur les beaux terroirs autour de Savennières.
Les quatre vins blancs secs que j’ai choisi de déguster lors de notre rencontre ont affirmé une homogénéité qualitative de haut niveau avec, ce qui ne gâte rien, un excellent rapport Q/P…ah, si seulement ce vignoble angevin n’était pas si loin de l’Alsace !!!


Etape jurassienne : domaine Grand à Passenans

Côtes du Jura Chardonnay 2017 : nez discret mais d’une belle pureté, palette florale et citronnée, bouche tonique et longiforme, tenue par une acidité vive et une trame minérale très impressive…un chardonnay jurassien subtil et raffiné.
(fermentation et élevage : barriques de chêne ayant contenu du savagnin sous voile)
Côtes du Jura Chardonnay-La Grande Chaude 2018 : nez fin et discret, notes d’agrumes frais sur un fond toasté/fumé et épicé, bouche très élégante un avec un jus en demi-corps et  équilibre bien droit, finale longue et épicée…un vin qui s’exprime avec beaucoup de retenue mais doté d’une belle énergie.
(terroir : marnes rouges – fermentation et élevage : foudres)
Arbois Savagnin-En Guille Bouton 2019 : expression aromatique plus ouverte, palette florale très séduisante sur les fruits blancs et les fleurs des champs, bouche avenante, structure assez souple avec une salinité marquée qui répond à la densité du jus fruité, finale longue et sapide…une très belle version d’un savagnin ouillé !
(terroir : marne grise – fermentation et élevage : cuve)

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Château Châlon En Beaumont 2013 : nez intense et typé, palette complexe sur les fruits secs et les épices avec une petite touche d’éthanal, matière concentrée, acidité très solide et salinité marquée, finale puissante et longue sur les épices et la pierre à fusil…un grand vin jaune qui étonne par la force de sa présence minérale.
(terroir : marnes bleues – fermentation ; cuve inox – élevage : fûts de chêne)

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Crémant du Jura Extra Brut : nez complexe sur la noisette, l’amande fraîche et les épices (fenugrec), bouche tonique avec une bulle fine mais assez virulente, finale fraîche et appétante…un crémant sec et vivifiant…idéal pour se désaltérer et pour s’ouvrir l’appétit.

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J’ai découvert les vins du domaine Grand il y a bien longtemps lors d’une visite dans le Jura et depuis j’ai pu les goûter assez régulièrement lors du Salon des Vignerons Indépendants de Strasbourg mais je suis toujours aussi séduit par le style de ces belles cuvées de blancs qui intérprètent les terroirs jurassiens avec un classicisme parfaitement maîtrisé.


Etape bordelaise : château Lafargue à Martillac

Pessac Léognan Cuvée Alexandra 2018 : expression aromatique ouverte et séduisante,  notes florales et touches boisées nobles, bouche généreuse avec du volume et du gras mais équilibre très digeste, finale fraîche sur les agrumes…un blanc diablement séduisant, une vraie petite friandise.
(75 à 80% sauvignon blanc + 25 à 20% sauvignon gris – terroir : graves + argilo-calcaire – macération pelliculaire à froid + vinification et élevage sous bois adapté à chaque parcelle)
Pessac Léognan Cuvée Alexandra 2017 : expression aromatique plus tonique avec des notes de citron frais et d’épices, bouche pleine d’énergie avec un jus consistant et une trame acide/minérale assez incisive, finale tendue avec un beau retour épicé…une version plus virile mais tout aussi convaincante de cette cuvée.
(75 à 80% sauvignon blanc + 25 à 20% sauvignon gris – terroir : graves + argilo-calcaire – macération pelliculaire à froid + vinification et élevage sous bois adapté à chaque parcelle).

Pessac Léognan 2016 : expression aromatique toute en finesse, notes de petits fruits rouges sur un fond légèrement fumé, bouche très élégante avec un jus bien gourmand, une trame tannique souple et une finale longue et digeste...un très beau Pessac Léognan tout en élégance et en gourmandise.
(merlot majoritaire + cabernet sauvignon, cabernet franc et petit verdot – terroir : graves et argilo-calcaire – vinification en cuve inox – élevage : 12 mois en barriques dont 1/3 en chêne neuf)
Pessac Léognan Prestige 2016 : nez envoûtant avec un fruité profond et complexe rehaussé par de belles nuances empyreumatiques, bouche volumineuse et puissante avec une mâche tannique onctueuse et une acidité  bien en place, finale fruitée/torréfiée, longue et sapide…la cuvée prestige de ce domaine qui révèle un vrai caratctère de vin de garde et de gastronomie.
(cabernet sauvignon majoritaire + merlot, cabernet franc et petit verdot – terroir : graves et argilo-calcaire – vinification en cuve inox – élevage : 14 à 16  mois en barriques dont 50% en chêne neuf)

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Provenant d’une région viticole dont je ne goûte plus trop les vins, ce joli quatuor de Pessac Léognan m’a procuré de belles émotions gourmandes cet après-midi…si en plus on sait que ce domaine pratique une politique tarifaire très sage, la probabilité d’un retour en grâce des vins de Bordeaux dans mes sélections vineuses devient de plus en plus grande.


Etape rhodanienne : domaine Roger Perrin à Orange

Côtes du Rhône Prestige 2020 : nez charmeur avec une belle palette florale, grande suavité en bouche, équilibre rond avec un joli gras mais finale très digeste…une vraie petite friandise !
(30 à 35% grenache blanc + 15 à 25% viognier + 15 à 20% clairette + 10 à 15% marsanne + 5 à 10% roussanne – élevage : cuve)
Châteauneuf du Pape 2019 : expression aromatique délicate et raffinée, bouche riche et corsée, jus consistante avec un petit grip tannique stimulant, finale longue et digeste…un blanc de caractère né sur un terroir de galets et de safres, belle bouteille !
(50% grenache + 20% roussanne + 20% clairette + 7% picardan + 3% bourboulenc – élevage : cuve inox + barrique neuve pour une partie de la roussanne)
Côtes du Rhône Villages Cuvée Vieilles Vignes 2019 : nez expressif, notes florales et épicées, bouche très puissante avec une matière concentrée et une trame tannique serrée mais parfaitement mûre, finale très sapide…issue de vignes de plus de 60 ans, cette cuvée développe une très belle énergie tout en proposant un excellent rapport Q/P.
(75% grenache + 20% syrah + 15% mourvèdre – élevage : cuve)
Châteauneuf du Pape Réserve des Vieilles Vignes 2016 : expression aromatique complexe et séduisante sur les fruits rouges confits et les épices, bouche puissante, matière très charnue et solidement charpentée, finale longue et tonique sur les épices et les herbes de garrigue…issue de parcelles de vignes d’âge respectable (de 70 à plus de 100 ans avec une des parcelles qui a été plantée avant la première guerre mondiale), ce grand rouge rhodanien est taillé pour défier le temps et donner la réplique à des plats de haute gastronomie.
(70 à 75% grenache + 15 à 20% syrah + 10 à 15% mourvèdre – élevage : 12 à 15 mois en barriques avec 20% de bois neuf).

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A quelques jours de mon départ pour un nouveau « périple sudiste », la présence à Strasbourg de ce domaine m’a permis d’effectuer un petit « tour de chauffe » fort agréable dans le vignoble de Châteauneuf du Pape en dégustant une série de vins sincères et précis offrant un excellent rapport Q/P…l’adresse est notée.


Etape alsacienne : domaine Paul Blanck à Kientzheim

Muscat d’Alsace 1991 : nez « explosif » avec une palette florale très séduisante, notes de muguet et de rose fraîche sur un fond mentholé, bouche fraîche et légère mais très aromatique, finale tonique avec une longueur aromatique exceptionnelle…un muscat de 30 ans éblouissant de fraîcheur et d’énergie, voilà le genre de vin qui me fait monter les larmes aux yeux. Superbe !!!
Riesling Patergarten 2009 : nez fin et complexe sur les agrumes et les plantes aromatiques, bouche pleine et charnue, équilibre frais, finale acidulée et bien saline…né sur un terroir de graves ce très beau riesling nous prouve qu’un bouchage avec une capsule à vis n’empêchait pas un vin d’évoluer harmonieusement dans le temps.

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Pinot Noir F 1990 : nez discret mais d’une grande pureté, bouche concentrée, d’une grande profondeur mais avec une structure ronde et bien souple, trame tannique veloutée, finale fraîche avec un long sillage fruité et minéral…Philippe sait depuis longtemps que le terroir du Furstentum est capable de produire de grands pinots noirs et cette très belle cuvée qui porte sa trentaine avec une grande élégance, nous en apporte une preuve très convaincante.

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Riesling Grand Cru Furstentum 2004 : nez très fin sur le miel et les fleurs printanières, bouche élancée et bien fraîche marquée par une intense salinité, finale longue et salivante avec un beau sillage citronné et minéral…voilà un riesling qui nous rappelle qu’un grand terroir est capable de générer des vins de haute tenue dans un millésime compliqué. Joli travail !

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Fidèle à son habitude, Philippe Blanck a choisi de partager avec nous quelques pépites tirées de l’impressionnante œnothèque du domaine pour nous montrer comment les grands vins d’Alsace se tenaient dans le temps…quatre bouteilles d’une jeunesse étonnante et d’un niveau qualitatif exceptionnel. Chapeau !


Organisé dans un lieu accueillant qui offrait de très bonnes conditions de dégustation, ce salon que je découvrait cette année m’a permis de rencontrer des vignerons heureux de faire connaître leur production vinique et de partager leur passion avec quelques amateurs privilégiées…on était loin de la cohue et des bousculades qu’on trouve dans les salons plus importants – comme le Salon des Vignerons Indépendants – et les œnophiles qui, comme moi, ont eu la bonne idée d’aller y faire un tour n’ont pas été déçus.

J’ai pu faire une jolie promenade dans les grands vignobles de l’hexagone et j’ai pu goûter une série de cuvées de haute tenue…quel beau début de week-end !
Merci Philippe d’avoir pensé à m’inviter.

 

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