Si Banyuls m'était conté...

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Je vous ai déjà parlé de mon petit coin de paradis? Banyuls ? Nous avons découvert cet endroit par hasard voilà 15 ans et depuis quasi tous les ans, voire plusieurs fois par an, nous retournons sur cette terre étrange. Etrange parce que coincée entre mer et montagne, étrange car, sous des aspects de carte postale, une force voire parfois même une certaine violence, émane de ce lieu bâti sur le schiste et balayé par des vents qui peuvent parfois vous retourner en un rien de temps. Nous ne sommes plus tout à fait en France, pas encore tout à fait en Espagne. En Catalogne !?
Jadis terre de contrebandiers, passage frontalier qui a vu passer tant d’épisodes de notre histoire, avec des traditions ancrées, on ressent parfois tout le poids du passé dans ce lieu. Aujourd’hui le tourisme très présent fait vivre en grande partie le village mais sans trop le défigurer, pour l’instant… (Quoi que les constructions qui se rapprochent de Notre Dame de la Salette, quelle erreur et quelle horreur !)
Et puis il y a les vignes ! Le poumon de Banyuls. Mon moment de plaisir est de me balader dans les parcelles sur le bord du littoral, au pied du massif des Albères, ou alors près de la Salette, voire sur la route du col de Banyuls. Le paysage est sublime. Alors en quelques photos et commentaires sur ceux qui ont accompagné ma « vie Banyulenc », je partage avec vous un moment que j’espère de plaisir.
Mais vous le gardez pour vous, Chuuuutttt !!!

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Le domaine de la Casa Blanca
C’est un des tous 1ers vins de Banyuls que j’ai bu, sur un millésime de fin des années 90. Je garde depuis un œil sur la production du domaine et les 2015 sont très bien nés avec une Cuvée Iluminari juteuse, pleine de vie, une Cuvée Domaine qui respire le sud, les fruits noirs et la même en magnum sans sulfites ajoutés qui se livre sans fard, pleinement. Au vu des derniers millésimes bus, on sent une nette évolution vers des vins plus accessibles, plus équilibrés mais gardant leur identité. Hmmmm….

Le Casot des Mailloles
Je garde en tête pleins de moments passés avec Alain Castex, notamment des moments ou le vin réchauffe les cœurs et fait chavirer les têtes (haaa, la soirée chez Antoine…) Un jour, lors d’un pique nique sur la plage, il m’a offert une bouteille de 1999, juste parce que je lui avais dit la veille en soirée que ma fille était de ce millésime. J’ai été très touché par ce geste. Ses vins sont parmi les 1ers vins dits « nature » que j’ai goûté grâce à Edgar Lefort alors propriétaire de la cave St Jacques. Alain fait partie des plus grands avec les Overnoy et Cie dans le monde de ces vins là. Le temps passe, l’histoire s’écrit, Alain a passé la main (gardant une production quand même, les vins du cabanon) Le Rosé de Zaza 2015 est dans la filiation du Canta Manana, floral, épicé, petits fruits rouges et il me tarde de goûter l’ensemble des vins du nouveau propriétaire.

La Coume Del Mas
Si ma mémoire ne me trahit pas, j’ai bu les vins de Philippe Gard depuis le 1er millésime 2001 et je n’en ai pas raté beaucoup. Il a su se démarquer alors de la production qui était présentée, et, si l’on parle des Bizeul, Gauby, etc…qui ont apporté un renouveau indéniable dans d’autres coins du Roussillon à la fin des années 90, Gard à mon sens, l’a été sur l’appellation Collioure. Des vins plus concentrés, avec un élevage plus présent mais souvent très bien intégré, et une qualité technique indéniable. Mais je prends moins de plaisir aujourd’hui, évolution de ma part sans doute, avec ses vins. Le Folio 2015 bu récemment avait trop de tout, d’alcool, de concentration, d’élevage…Néanmoins je continuerai à goûter régulièrement les vins du domaine pour étalonner mon palais et notamment la Cuvée Schistes dont j’ai bu tous les millésimes.

Bruno Duchêne
Comme avec Alain Castex, j’ai des souvenir de soirées arrosées(un peu moins…), avec un Bruno courant sur des tonneaux par exemple…mais aussi et surtout des vins bus avec délectation notamment cette Cuvée la Luna, très souvent achetée en magnum parce que le plaisir en 75cl, c’est souvent court…Là encore, j’ai du boire des vins du domaine dès le 1er millésime, ou quasi. Parfois je n’ai pas accroché, pas grave, tant le goût de « reviens-y » est une marque déposée au domaine. J’ai toujours au moins une bouteille de Duchêne dans ma cave, on ne sait jamais, l’envie d’un plaisir immédiat…

Domaine Vial Magnères
J’en ai déjà parlé, ce vin blanc Armenn 1999 que l’on a bu maintes et maintes fois avec un plaisir fou. Cette cuvée devenu Petit Couscouril, hommage je crois à Madame Sapéras, j’ai continué à la goûter régulièrement. Et puis la cuvée Al Tragou, monument des monuments que peuvent être les rancios de ce secteur ! Sans compter le banyuls blanc, un des tous meilleurs. Mr Sapéras, homme d’élégance que je croisais parfois dans les rues, n’est plus là, mais le domaine continue… Il faut que je reprenne le fil…

Domaine de la Rectorie
J’entends des dents qui grincent mais, à l’instar de la Casa Blanca, les vins de ce domaine sont parmi les tous premiers bus sur site, au restaurant le Fanal et les magnums de Coume Pascole 1999 étaient en nombre dans ma cave. Petit à petit, mes goûts ont changé, leurs vins aussi et je ne retrouve plus le même plaisir. Il n’empêche que je continue de goûter à tous les millésimes de l’Argile et j’ai toujours en cave 2/3 bouteilles d’Orientale pour accompagner couscous et autres tagines.

Les vins « natures »
Pourquoi ce sujet balancé en plein milieu. Parce que c’est à Banyuls que j’ai découvert ces vins. Grâce à une personne, Edgar Lefort. Jadis propriétaire de la cave St Jacques, fondateur du site vinscheznous.com et un des artisans des 9 caves. Il a su se démarquer dans le village et tous ses environs et sans aucune contestation possible, a permis à pas mal de vignerons de s’exprimer dans cette voie. Un souvenir, Stéphane Morin domaine Léonine, jeune vigneron, entre dans la cave avec son petit panier et des échantillons de vins. On goûte tous les deux, pas très bien pour ma part. Edgar lui a déjà décelé un talent chez ce gars. Il va commercialiser ses vins. C’est bien parfois de rappeler l’histoire… Je vais découvrir et recontrer les « Natureux du Roussillon » les Castex, Fhal, Duchêne, Laffitte, Nicq etc etc…apprendre à goûter les vins, les aimer souvent, les détester de temps à autre, car la nature a parfois bon dos pour nier les défauts. Mais j’ai pu élargir mes horizons, aiguiser ma curiosité, et çà je lui en serais gré éternellement. J’ai fait nombre de compte rendus quand j’écrivais sur dégusteurs.com, de ces domaines à l’époque inconnus des guides et snobés par les professionnels de la profession. J’avais peu de rebonds sur mes posts mais un compteur « vues » incroyablement haut pour des vins connus de quelques initiés seulement. Je recevais des messages de France et de Navarre par des gens interpellés par des domaines dont il n’avait jamais entendu parler. Je leur répondais : « Allez à Banyuls voir Edgar ! »

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La Guinelle
Oui d’accord, on est sur Ports Vendres, et c’est une vinaigrerie, OK. C’est du copinage ? Complètement ! Mais elle produit des vinaigres de vins de Banyuls quand même… Et puis de toute façon, cette histoire ne pourrait être complète sans en parler. J’ai essayé un jour de faire un compte rendu de dégustation de vinaigre, mais c’est assez difficile. En fait je crois que mon plus grand plaisir, c’est d’entendre Natou en parler. Comme cette terre de Banyuls, ça secoue, çà virevolte, ce n’est que passion, parfois exacerbée, mais tout cela transpire la beauté, avec une énergie folle pour porter le tout et déplacer les montagnes par grand vent. Je ne peux pas relater tous les moments passés là bas mais j’ai croisé en ce lieu beaucoup des plus beaux vignerons, de grandes bouteilles, de belles personnes. Un lieu symbolique ou l’on parle, beaucoup, on rit, souvent, on s’engueule, parfois, on boit, on mange, on …..Ben oui aussi ... On vit quoi ! Et moi là bas, je vis bien !

Vinaigrerie

 


Voilà une petite histoire personnelle mais qui reste de plain pied dans la passion du vin qui nous occupe sur ce site. On a de la découverte, du partage, de la passion, de l’orage, de la joie et en l’occurrence sans jamais aucune tristesse. C’est encore mieux que la vraie vie alors ? Ben en tout cas, c’est un bout de la mienne…

Schistes

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Cyril Amelin - Septembre 2016

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