Une tournée dans les Dentelles de Montmirail

Dentelles2

Voilà un grand nombre d’année que je tourne autour des dentelles, entre restaurants et vignerons et parfois à vélo quand les jambes et le cœur avaient encore envie que je leur inflige quelques sévices ! De Vallon pont d’arc, nous ne sommes pas très loin en voiture et pour un week-end entre amis, j’ai pensé à cette destination avec cette fois, enfin, la ferme intention de ne plus me contenter de contempler les Dentelles d’en bas mais de les gravir pour profiter du paysage que je supposais fantastique. Ni une ni deux, j’ai appelé la Ferme St Martin, notre lieu de pèlerinage avec grand Pierre car l’endroit et les vins me comblent de plaisir depuis des années et j’avais envie de partager ce moment.
Ensuite, j’ai voulu faire étape à l’hôtel restaurant des Florets, dont je savais la cuisine gouteuse et la carte des vins fournies. Je pensais bien entrainer avec moi quelques uns pour trainer dans un ou deux caves supplémentaires, arguant du fait que ceux moins intéressés par le divin nectar, pourraient barboter dans une piscine au pied des Dentelles voire se boire une petite bouteilles de blanc en attendant (ce fut 2 !)
Enfin, l’ascension des Dentelles proprement dite, cette ligne de rochers pointus que j’avais toujours vu en levant la tête.
Allez, c’est parti pour une petite virée tout en dentelles !


La Ferme St Martin

Je ne vais pas encore présenter le domaine avec la photo carte postale que l’on prend tous les ans avec Pierre, dominant le Ventoux, le château de Barroux et les plaines du Vaucluse. Nous sommes passés il y a peu de temps et vous pouvez trouver un compte rendu complet ICI J’ai dégusté à nouveau quasi ces mêmes cuvées, avec toute la gentillesse de Marie Sophie Jullien qui nous a reçu et à qui, chose promis chose due, j’ai donné une bouteille de crémant de Jean-Pierre Riestch. A ajouter quand même la cuvée de Ventoux Gérine 2015 qui est une véritable gourmandise et qui, en magnum en version sans sulfites ajoutés, va nous régaler j’en suis certain en attendant les cuvées de Baumes de Venise sur ce millésime. Une confirmation, sur 2014, la Cuvée St Martin domine pour l’instant de la tête et des épaules avec un vin équilibré, gourmand, long.

Hotel restaurant les Florêts

Depuis un bon moment, je rodais sur leur site internet, à l’affut de la lecture des menus et de la carte des vins, une des plus belles et plus fournies du secteur. C’était donc une évidence d’aller là bas, sachant que le chemin de randonnée montant dans les Dentelles est au pied de l’hôtel. Il y a pire comme camp de base ! L’établissement est un peu caché dans les arbres, isolé, juste voisin du domaine viticole des Florets. Tout de suite, on se sent bien, par de simples attentions, de la gentillesse, du calme, du professionnalisme. J’avais un peu peur que notre côté parfois « adolescents attardés » qui en plus a des anniversaires à fêter, viennent contrarier un peu leur quiétude, mais nous avons eu droit à une salle un peu à l’écart qui nous a permis de laisser libre court à nos paroles et nos rires, et même, présence d’ex-étudiants en médecine oblige, à quelques chansons de gaudrioles, sans ne gêner personne je crois……
Un joli menu, fait de saveurs simples, bien cuisiné sur la base de produit de qualité.

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J’ai choisi les vins avant le repas avec M. Bernard, prenant des initiatives d’une part, et suivant ces conseils d’autre part. Un quasi sans faute !
Saint Peray Les Pins 2014  - Domaine Gripa : je pensais partir sur un vin plus tranchant, mais mes amis n’aiment pas les vins « rasoirs » Ce St Peray est un bon compromis, l’élevage lui donne du gras et la rondeur, et le terroir de la vivacité avec une pointe acide qui porte bien le vin. L’ensemble est pas mal même si je préfère un peu plus de tension sur les vins de cette appellation.

Châteauneuf blanc 2015 - Le Vieux Donjon : l’avantage de prendre un peu de bouteille, est d’arriver à écouter les conseils de quelqu’un qui a priori ne vous veut que du bien. Les Châteauneuf blanc ne sont que rarement à mon goût. Ce vin est superbe, de la race des grands blancs, bâti sur un support «  salin » un vin plein, puissant mais très équilibré, avec une aromatique entre le miel et le floral et une longueur magistrale. Il monte sur le podium des blancs que j’ai bu cette année sans problème. Du très bel ouvrage !

Cotes du Rhône 2012 - Château des Tours : je savais d’avance le coup gagnant, connaissant ce vin par cœur. Je l’ai choisi comme transition entre blanc et rouge, entre entrée et plat principal. Gagné, le fruit exubérant, les épices qui giclent littéralement du verre séduiraient même une vieille nonne retirée dans un couvent depuis 100ans !

Ajaccio Granit 2012 - Domaine Vaccelli : un souvenir commun nous lie à la Corse ou l’espace d’une semaine ils m’avaient attribué le nom de « Beau cuze »… Un vin dans un registre confit au départ, sur la figue, très solaire, qui au fil de l’aération va s’étirer, s’affiner, jouer dans un registre plus fin, plus soyeux avec un support minéral qui finit par s’imposer. Il a souffert de la grande proximité du château des Tours. Ce vin demande du temps pour s’imposer.

Gigondas Lieu Dit 2010 - Domaine des Bosquets : sur la commune qui nous promet « joie et allégresse », boire un vin du crû était incontournable. 2010 est un millésime serré, et après réflexion, j’aurai du écouter mieux et prendre 2011. Puissant, structuré, un coup de carafe va lui permettre de se livrer sur les fruits noirs, le poivre avec une touche de cuir. Le grenache a ici une identité élégante voire distinguée. J’aimerai bien goûter ce vin à 10 ans d’âge !

Muscat Baumes de Venise 2012 - Domaine Durban Leydier : la seule fausse note de cette soirée. J’aime ce vin quand il pète le muscat à plein nez, avec fraicheur ! Là il est renfrogné, pas séducteur,  très loin de l’expression attendue. Problème de bouteille, peut être…palais fatigués, sans doute, tant pis, ainsi va la vie du vin…

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C’est le genre de soirée qui chez nous peut finir jusqu’au bout de la nuit. Là, nous sommes restés sages, avec juste une petite chansonnette poussée en fin de repas sur la terrasse, mais chuuutttt !..........en tout cas, un joli moment de plaisir partagé avec l’aide de ce formidable outil de communication qu’est le vin. Ils auraient du boire du vin dans la tour de Babel, car il est une langue universelle qui vous éloigne de la crainte des dieux et vous permet parfois d’atteindre des sommets !!!

A noter que cet établissement appartient à la famille Bernard, famille qui officie aussi, dans une autre branche, au Domaine de la Garrigue. Je n’ai pas fait un compte rendu détaillé, ce n’était pas le moment, mais les vins sont assez charpentés, sudistes, une gamme étendue ou chacun peut trouver son bonheur avec un Gigondas 2014 qui à mon sens sortait du lot ainsi que le Vacqueyras La Cantarelle 2011 qui offrait un beau fondu et beaucoup de gourmandise.
Enfin, petit arrêt au caveau de Vacqueyras, cave tenue par une jeune fille adorable qui connaît son métier et les vins de son secteur parfaitement. Une belle découverte, le Vacqueyras 2015 du Domaine Roucas Toumba  délicieux et le muscat Baumes de Venise plein de fruit du Domaine L’arche des Garances à Aubignan qui travaille en bio sous la houlette de Claude Pleindoux

Le lendemain matin, dans la brume des esprits encore emprunts des effluves de la veille, nous avons attaqué d’un pas plus proche de celui du cueilleur de fleurs que celui du chasseur alpin, l’ascension des dentelles côté Gigondas avec un tour autour du Cayron et du rocher du turc. Un paysage grandiose ou je me suis plu à scruter, du haut des 700m d’altitude,  Cairanne, Rasteau, Sablet, Séguret, Gigondas d’un côté et Lafarre, Suzette et le Ventoux de l’autre côté. Mais pas besoin d’être amateur de vin pour apprécier le panorama, tout être normalement constitué prendra un plaisir sans fin à se balader au sein des dentelles de Montmirail !
Encore un beau moment de vie et de partage !

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Dentelles5

Cyril Amelin - Septembre 2016

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