Périple vinique dans le vignoble ligérien - Visite au domaine des Huards à Cour-Cheverny

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Paysage viticole sur les hauteurs de Vouvray en automne 2022

L’idée de ce voyage trottait dans ma tête depuis fort longtemps car hormis une petite étape du côté d’Angers dans les années 80, je n’avais jamais visité ces vignobles réputés qui bordent la Loire…une lacune que je vais enfin combler avec cette longue promenade vinique entre Blois et Angers.

Cap à l’ouest toute pour une journée de voyage en direction de Blois avec une première halte au domaine des Huards à Cour-Cheverny.
La deuxième journée sera exclusivement vouvrillonne avec une visite au domaine Pichot et une visite au Domaine Boutet-Saunier.
La troisième journée me permettra de découvrir le vignoble de Savennières avec une visite au château d’Epiré et une visite au château de la Roche aux Moines.
Hoppla, c’est parti !

Domaine des Huards à Cour Cheverny

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J’ai découvert les vins de Cour-Cheverny avec notamment une cuvée moelleuse de 1993 conseillée par « Gault et Millau » et que j’ai commandée au domaine pour célébrer la naissance de mon ainé (mais je ne me souviens plus du domaine).
Depuis ce temps cette appellation avait disparu de ma cave…et de ma mémoire, jusqu’au jour où j’ai retrouvé quelques références du domaine des Huards sur les rayons du caviste de « La Vinoterie ».
J’ai pensé qu’Il était grand temps de remettre mes connaissances viniques à jour en programmant une étape à Blois durant mon voyage aller et profiter de l’occasion pour faire une visite dans ce domaine emblématique du vignoble de Cheverny et Cour-Cheverny.

Propriété de la famille Gendrier depuis 1846, le domaine des Huards s’étend sur 80 hectares avec 40 hectares de vignes travaillées en biodynamie depuis 25 ans et de 40 hectares de forêts, prairies et étangs.

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Des rangs de vignes autour du domaine…

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…et une belle forêt de feuillus à proximité.

Les sols de ce secteur reposent sur une base calcaire ou marno-calcaire avec des couches superficielles argilo-calcaires favorables à la culture du pinot noir et du romorantin et des couches superficielles siliceuses ou sableuses favorables à la culture du gamay.

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Un pied de vigne du domaine des Huards…

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…et des coupes géologiques présentées en bocaux au caveau du domaine

Depuis 1980, le domaine des Huards dispose d’une machine à vendanger qui est utilisée pour la récolte de la grande majorité des raisins : une solution pratique qui permet une grande réactivité « on peut choisir nos dates des vendanges avec une grands précision…et même les horaires, puisque cette année nous avons choisi de vendanger entre 2 heures et 10 heures du matin pour rentrer des raisins à bonne température ».

Les vinifications et les élevages se font principalement en cuve inox sauf pour deux cuvées de rouge, les cuvées « Ouvrage » et « Le Vivier » et une cuvée de blanc, la cuvée « Haute Pinglerie » mais 2018 sera le dernier millésime élevé sous bois pour ce vin.

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Le cuvage inox du domaine des Huards avec des cuves larges pour les rouges et les cuves hautes et étroites pour les blancs.

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Le chai à barriques qui contient une centaine de fûts de chêne.

Les élevages des différentes cuvées du domaine sont relativement courts – « les mises en bouteilles se font au printemps pour toutes les cuvées du domaine » – mais les vins bénéficient d’un élevage prolongé sous verre « afin de pouvoir les proposer à la vente quand ils sont prêts à être bus »

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Petite rencontre avec Michel Gendrier, le président des appellations Cheverny et Cour-Cheverny.

« Lors d’une année normale, le domaine des Huards produit environ 200 000 bouteilles » dont 50% partent à l’export (USA et Canada principalement) et le reste est diffusé par des cavistes ou vendu au caveau.

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L’entrée du caveau de dégustation du domaine…

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Allez, on goûte !

Cheverny Envol 2019 : fruité ouvert et charmeur au nez notes de petits fruits rouges (griotte, groseille), bouche très gourmande avec un équilibre bien frais, finale sapide avec un beau sillage fruité relevé par une pointe minérale.
(60% pinot noir + 40% gamay – élevage : cuve inox)
Cheverny Le Pressoir 2020 : nez un peu plus « sauvage » avec des notes de fruits noirs frais sur un fond végétal assez marqué, bouche juteuse et très profonde structurée par une maille acide/saline solide, finale puissante et persistante.
(80% pinot noir + 20% gamay – élevage : cuve inox)

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Vivant une relation très compliquée avec le cabernet franc depuis toujours – malgré de nombreuses tentatives de conciliation – je n’étais pas venu en Pays de Loire pour déguster du rouge, mais je dois reconnaître que ces deux assemblages pinot noir/gamay du domaine des Huards m’ont fait une fort belle impression. A côté d’une cuvée Le Pressoir 2020 qui a encore besoin d’un peu de temps pour s’harmoniser, la cuvée Envol 2019 m’a séduit par son côté friand et accessible tout à fait réjouissant. MIAM !


Cour-Cheverny Romo 2019 : nez très engageant avec des notes de pomelo et de miel de fleurs sur un fond minéral sensible, bouche ample avec un jus dense appuyé sur une acidité très large, finale bien sapide avec de beaux amers et un sillage frais et minéral.
(100% romorantin – élevage : cuve).

Cour-Cheverny François 1er 2019 : nez discret et racé avec des notes de fruits jaunes frais soutenues par une présence minérale intense, bouche consistante et solidement tramée par une maille acide/saline serrée, finale tonique avec une longue persistance fruitée et minérale.
(100% romorantin – élevage : cuve).

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On enchaine avec deux cuvées vinifiées à partir de ce cépage particulier qui donne son identité aux vins de Cour-Cheverny et qui est particulièrement choyé au domaine des Huards.
Née sur une parcelle de vieilles vignes de romorantin (plus de 75 ans), la cuvée François 1° reste encore un peu timide sur le plan aromatique mais développe une matière qui lui garantit un très joli potentiel de garde, alors que la cuvée Romo, issue de vignes plus jeunes, nous offre d’ores et déjà une interprétation de ce cépage toute en élégance et en buvabilité. MIAM !


Cheverny Pure 2020 : nez expressif sur la groseille et les fleurs blanches, attaque bien franche en bouche, jus longiligne et bien tonique, finale droite et salivante.
(85% sauvignon + 15% chardonnay – élevage : cuve)
Cheverny La Haute Pinglerie 2018 : nez engageant et complexe, notes florales et boisées sur un fond de poudre d’amande fraîche, bouche ample avec un joli gras, équilibre digeste, finale très agréable avec une belle persistance fruitée/boisée.
(85% sauvignon + 15% chardonnay – élevage : fûts de chêne non neufs)

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Les deux vins d’appellation Cheverny révèlent des aromatiques très expressives, tout en développant des matières solidement structurés et bien sapides en bouche.
La première cuvée qui porte bien son nom nous offre une version très épurée d’un sauvignon soutenu par une pointe de chardonnay alors que la seconde propose une interprétation plus raffinée et plus gourmande de cet assemblage…à titre personnel j’aime beaucoup cette Haute Pinglerie 2018 qui a vraiment bien profité de son passage de quelques mois sous bois pour s’affiner et se complexifier.


Cour-Cheverny JM Tendresse 2016 : nez complexe et charmeur avec une belle palette florale, miellée et minérale, bouche riche (28 g de SR) avec du gras, équilibrée par une acidité fondue et un léger grip tannique, finale sapide avec une belle persistance sur les agrumes et la pierre à fusil.
(100% romorantin – élevage : cuve)

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Réalisée à partir de raisins légèrement passerillés ou botrytisés cette cuvée très séduisante nous propose une interprétation pure et gourmande du romorantin.
6 ans après sa naissance, ce vin se goûte aujourd’hui avec grand plaisir mais pourra encore se bonifier durant de longues années en cave. MIAM !


Ma tournée vinique dans le « Far West » commence par une belle visite dans un domaine réputé de l’appellation Cheverny et Cour-Cheverny : un accueil sympathique et une jolie dégustation de quelques vins de la gamme proposée actuellement par cette famille vigneronne installée dans cette région depuis le milieu du 19° siècle.

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Dans le caveau de dégustation, l’arbre généalogique de la famille Gendrier, vignerons depuis le 16° siècle.

La famille Gendrier met en œuvre des pratiques viti-vinicoles particulièrement vertueuses pour produire des vins très purs qui expriment leurs terroirs avec beaucoup de sincérité.
Les cuvées dégustées ce jour se sont livrées avec une grande spontanéité tout en laissant deviner de beaux potentiels de garde.

Dans cette gamme très homogène tant au plan qualitatif que stylistique, j’ai été particulièrement séduit par une cuvée l’Envol 2019 remarquable de gourmandise et par les 3 cuvées de cour-cheverny, ciselées avec une précision d’orfèvre.

Bravo à l’équipe du domaine des Huards pour leur travail et merci à Aude pour son accueil.

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