Périple vinique dans le vignoble ligérien - Visite au domaine Pichot à Vouvray

Paysage viticole sur les hauteurs de Vouvray en automne 2022

L’idée de ce voyage trottait dans ma tête depuis fort longtemps car hormis une petite étape du côté d’Angers dans les années 80, je n’avais jamais visité ces vignobles réputés qui bordent la Loire…une lacune que je vais enfin combler avec cette longue promenade vinique entre Blois et Angers.

Cap à l’ouest toute pour une journée de voyage en direction de Blois avec une première halte au domaine des Huards à Cour-Cheverny.
La deuxième journée sera exclusivement vouvrillonne avec une visite au domaine Pichot et une visite au Domaine Boutet-Saunier.
La troisième journée me permettra de découvrir le vignoble de Savennières avec une visite au château d’Epiré et une visite au château de la Roche aux Moines.
Hoppla, c’est parti !

Domaine Pichot à Vouvray

 

L’entrée du domaine Pichot à Vouvray

J’ai découvert quelques cuvées de ce domaine lors d’une dégustation en compagnie des cavistes de « La Vinoterie » de La Wantzenau (encore eux !) avec notamment un vouvray demi sec, « Le Peu de la Moriette » 2009, de toute beauté.
Il n’en fallait pas plus pour que je notre cette adresse sur mon carnet de visites à effectuer dans ce vignoble…d’autant plus que j’ai appris par la suite que leurs caves taillées dans le calcaire vouvraisien valaient vraiment le détour.

La famille Pichot est installée à Vouvray depuis plus de 200 ans et exploite aujourd’hui un patrimoine de 28 hectares de vigne travaillées de façon très vertueuse depuis 20 ans avec une certification HVE niveau 3 depuis 2020 et une certification en viticulture biologique en cours.

Les vignes du domaine sont plantées sur des terroirs argilo-calcaires qu’on trouve sur des lieux-dits qualitatifs de Vouvray comme le « Peu de la Moriette » ou le « Clos de la Biche ».

Le vignoble sur les hauteurs de Vouvray…


…et des pieds de chenin taillés en gobelet.

C’est Louis Pichot, arrivé récemment au domaine après des études d’informatique à Nantes, qui va me faire visiter les installations du domaine avant de me faire déguster quelques vins.

Le pressoir situé en hauteur pour permettre le travail par gravité.


Le cuvage inox pour le débourbage et l’élevage de certaines cuvées


Les barriques sous les voûtes de la cave dont la majeure partie a été creusée par le père et le grand-père de Louis Pichot…


…des caves où les bouteilles sont stockées à température constante…


…et où l’air est régénéré à l’aide de puits qui remontent jusque dans les parcelles de vigne


Ces caves gigantesques permettent à la famille Pichot de conserver certaines cuvées durant de longues années comme ici avec des bouteilles de vouvray « Peu de la Moriette » 2002.

Le domaine Pichot produit en moyenne 150 000 bouteilles par an dont une grande partie est vendue à l’export (90%) mais conformément à une tradition à Vouvray, il y a une belle collection de millésimes anciens qui reposent dans la fraîcheur des caves du domaine…et d’après Louis Pichot « les plus vieilles bouteilles datent de 1947 ».

Après cette petite promenade au frais nous nous installons dans le caveau du domaine pour déguster quelques vins de la gamme actuelle.

Le caveau de dégustation…


…et la présentation des cuvées actuellement en vente au domaine

Vouvray Clos Saint Mathurin 2016 : nez très séduisant sur les fruits secs et les fleurs blanches, bouche assez droite avec une bulle très vive mais d’une belle finesse, finale sapide et désaltérante.
(100% chenin – 5 années sur lattes – dosage : 3 g/l).

Avec sa mousse bien crémeuse qui marque un élevage long, son aromatique expressive et sa belle fraîcheur en bouche, ce crémant constitue une entrée en matière idéale pour un repas festif…ou pour une séance de dégustation de vin.

Vouvray Electron Libre 2021 : nez très élégant avec des notes miellées sur un fond lacté/boisé délicat, bouche juteuse avec un centre très suave et un gras sensible mais l’équilibre reste digeste grâce à une belle présence acide/saline, finale tonique avec un long sillage boisé/épicé.
Réalisée à partir d’une sélection de chenins récoltés sur plusieurs parcelles, cette cuvée a été vinifiée et élevée durant une année en fûts neufs.
La marque d’un élevage ambitieux est encore bien sensible mais ce jus riche (15 à 17 g de SR) et solidement charpenté est tout à fait capable d’intégrer harmonieusement ces nuances boisées…c’est un vin très prometteur qui sera mis en vente au printemps 2023.

Vouvray Clos Cartaud 2020 : nez discret et très complexe, bouche ample avec un joli gras, équilibre sec (3g de SR), présence saline sensible, finale fraîche et salivante.
Vouvray Coteau de la Biche 2009 : nez ouverte et charmeur, notes de coing frais, de miel d’acacia et d’épices douces, bouche ample, souple et suave (7g de SR), toucher très soyeux, finale très digeste avec un beau sillage épicé/vanillé.

Ces deux cuvées de chenin sec représentent bien le style du domaine avec leurs aromatiques délicates et leurs équilibres très élégants.
Avec son élevage mixte (cuve et fûts) et son jus solidement tendu, le Clos Cartaud 2020 est très prometteur mais aura besoin d’encore un peu de temps pour donner toute la mesure de son potentiel alors que le superbe Coteau de la Biche 2009, élevé en fûts,  semble avoir atteint son pic de forme pour nous proposer une expression très aboutie d’un grand chenin ligérien. MIAM !

Vouvray Le Peu de la Moriette 2015 : nez discret et très complexe, notes de fruits blancs mûrs et de miel de fleurs, bouche riche avec une structure très élégante et un gras sensible, présence saline marquée, finale longue et digeste avec un beau sillage fruité et minéral.
Vouvray Le Marigny 1997 : nez mûr et plus évolué avec une palette complexe sur la gelée de coing, le miel et le sous-bois (mousseron, humus), bouche consistante mais sapide avec un joli développement aromatique sur le raisin confit et le miel, finale riche avec une très longue persistance miellée et épicée.

A côté d’une cuvée Le Marigny 97 riche et sapide (70 g de SR) qui est loin d’avoir dit son dernier mot, la cuvée du Peu de la Moriette 2015 est nettement moins riche (20 g de SR) mais développe un jus d’une classe absolue…j’ai l’impression que ce vin va marcher dans les pas du superbe 2009 dégusté à la Vinoterie. MIAM !

Vouvray Les Larmes de Bacchus 1997 : nez intense avec des notes d’abricot confit, de miel et d’épices douces, bouche puissante et concentrée, équilibre liquoreux (140 g de SR) mais bien digeste grâce à une assise acide vive et longue, finale riche, salivante et marquée par une persistance sur le caramel et les épices.

Réalisée à partir de chenins triés sur pied cette cuvée rarissime (rendement 1 hl/ha) élevée durant 18 mois en fûts de 300 litres, nous caresse les papilles tout en nous laissant deviner qu’elle a encore des ressources pour se bonifier dans le temps durant de longues années…en plus c’est le millésime de mon « petit dernier ». MIAM !

Le point d’orgue de la dégustation du jour…de l’or en bouteille !

J’ai été très heureux de pouvoir faire cette visite dans ce domaine familial de Vouvray qui produit une très belle série de chenins ligériens.
Affinés longuement dans leurs caves magnifiques, creusées dans la craie, les vins du domaine sont d’une grande pureté et développent des matières toujours bien sapides : de la bulle travaillée avec une grande exigence à la superbe cuvée liquoreuse, les vins produits par la famille Pichot sont d’une qualité irréprochable.

Dans cette série très homogène goûtée ce jour, j’ai été particulièrement séduit par la cuvée Coteau de la Biche 2009, un vin charmeur et raffiné, et par la cuvée du Peu de la Moriette 2015, un vin qui respire la plénitude et la sérénité mais qui est armé pour défier le temps qui passe.
J’ai également été ravi de trouver ces remarquables liquoreux nés la même année que mon fiston…la preuve que cette belle tradition vouvraisienne qui consiste à proposer de vieux millésimes à la vente est encore vivace au domaine Pichot. Bravo !

Merci à Louis Pichot pour son accueil.