Préparation des vendanges au domaine de l'Oriel - 2013

EN ATTENDANT LES VENDANGES AU DOMAINE DE L’ORIEL…


Alors que je m’apprêtais à me poser sur notre canapé pour siester paisiblement devant le poste de télévision, voilà le grand Claude qui m’appelle pour m’inviter à le rejoindre pour l’accompagner dans ses parcelles et vérifier l’état des raisins avant de faire un petit tour en cave à la découverte de quelques nouvelles cuvées produites sur 2011 et 2012.
Bon, je dormirai un autre jour…Hoppla c’est parti direction Niedermorschwihr !

dsc-0794.jpgLe Kougelhopf du Sommerberg en automne…avec la parcelle de jeunes vignes de Z-H.

La première phase de ma visite au domaine de l’Oriel est itinérante puisque Claude m’emmène pour une petite tournée dans ses vignes dans le but d’évaluer l’état des différentes parcelles : c’est une phase importante de la préparation des vendanges puisqu’elle va déterminer le calendrier de récolte des raisins.
Accompagnes par la fidèle « Bégonia » (« Bégo » pour les intimes…) nous partons d’abord vers la plaine pour constater l’état des fruits dans le secteur de la « Wald » près de Colmar.

dsc-0779-1.jpgUne vigne dans le secteur de la « Wald »…

dsc-0780-1.jpg…avec Bégo comme guide.

Le protocole mis en œuvre par Claude est immuable et bien rodé : passage dans les rangs avec dégustation et cueillette de grains, examen visuel des grappes, pressurage des grains cueillis, mesure de la densité du jus avec le réfractomètre et pour finir dégustation du jus.

Sur la première parcelle d’auxerrois, le réfractomètre annonce 11°5 et l’état sanitaire des raisins est correct.

dsc-0777.jpgLes auxerrois de la Wald

Les chardonnays où on constate pas mal de baies meurtries par la grêle sont mesurés à 11° potentiels et présentent quelques foyers de pourriture dans les secteurs plus humides.

dsc-0778.jpgLes chardonnays de la Wald avec des baies marquées par la grêle

La dernière parcelle est une jeune vigne d’auxerrois planté par Claude en haute densité (env. 7000 pieds/ha) est mesurée à 10°5 et présent un état sanitaire correct.

dsc-0781-2.jpgLa jeune vigne d’auxerrois plantée en haute densité.

La production des vignes de ce secteur est réservée au négoce, une grande partie des raisins serviront à l’élaboration de crémant. La vendange est programmée pour le surlendemain.

Après ces premiers prélèvements nous repartons vers Niedermorschwihr pour nous retrouver dans le secteur du Kalkoffen et des Pariser Matten en face du Kougelhopf du Sommerberg et de la carrière du Florimont.
Dans cette zone où les sols granitiques et argilo-calcaires se côtoient nous allons vérifier l’état de plusieurs parcelles bien différentes : muscats, gewurztraminer et pinots noirs.
La parcelle de muscat ottonel (que j’ai aidé à vendanger l’année passée) est belle avec des charges moyennes et un état sanitaire satisfaisant. Le jus est mesuré à 11°2 potentiels et se déguste superbement : un fruité net et une structure très aérienne…MIAM !

dsc-0787.jpgLa parcelle de muscat ottonel…

dsc-0786.jpg…les raisins.

La parcelle de muscat d’Alsace est également proche de la maturité optimale et les fruits donnent un jus à 11°5 potentiels qui montre une personnalité très différente du précédent : plus discret au plan aromatique mais avec une matière plus concentrée et plus structurée.

dsc-0789.jpgLa parcelle de muscats d’Alsace…

dsc-0790.jpg…les raisins.

A côté des parcelles de muscat, les gewurztraminers sont surprenants : les raisins sont dans un état sanitaire satisfaisant mais ne se goûtent pas trop bien…pourtant leur jus est mesuré à 12°5 et se boit avec un réel plaisir notamment à cause de sa balance sucre/acidité très gourmande.

dsc-0785.jpgLes gewurztraminers du lieu-dit Kalkoffen.

Sans richesse excessive les jus des muscats et des gewurztraminers montrent un très bel équilibre gustatif…pourquoi attendre plus !

Sur les Pariser Matten les pinots noirs sont atteints par de nombreux foyers de pourriture, « les températures élevées dans la journée et l’humidité apportée par les brumes matinales créent des conditions propices au développement de la pourriture…il ne faut plus traîner pour rentrer ces raisins »

dsc-0795.jpgClaude dans les rangs de pinot noir…il faut agir vite !

Après une rapide visite des parcelles de pinots blancs et d’auxerrois au pied du Kougelhopf nous partons vers les pentes du Sommerberg pour évaluer le niveau de maturité des rieslings.

dsc-0796.jpgUn tapis de menthe verte entre les rangs d’auxerrois.

Sur le Grand Cru les rieslings sont splendides : état sanitaire impeccable, petites grappes bien aérées mais charge très modeste « sur cette parcelle le rendement va se situer autour de 30 à 35 hl/ha ».

dsc-0797.jpgUn pied de riesling dans les sables granitiques du Sommerberg.

Le jus de ces raisins est vif, tendu et délicatement aromatique mais pour l’heure il ne pèse que 11° potentiels : cette vigne attendra encore deux bonnes semaines…

Cette petite promenade de deux heures dans les vignes m’a permis de vérifier une fois de plus la qualité du travail cultural du grand Claude et de me faire une petite idée sur le style de vins que ce millésime engendrera au domaine de l’Oriel : les jus sont modérément riches mais se caractérisent par grande finesse aromatique et une balance sucre/acide très bien équilibrée.
J’ai comme l’impression que sur 2013 la gamme « Tradition » de Claude et Sandrine Weinzorn marquera un retour vers des expressions plus classiques des cépages alsaciens…pour les Grands Crus, on peut logiquement se montrer optimiste même s’il est encore un peu tôt pour se prononcer.
Wait and see !


Pour clore cette demi-journée nous dégustons quelques nouvelles cuvées proposées sur la carte actuelle du domaine :

Pinot Noir 2012 : le nez est discret avec un fruité grenadine assez élégant, la bouche souple et glissante possède une matière de demi-corps bien équilibrée mais la finale montre un côté un peu austère.
Récolté dans des conditions très difficiles sur des parcelles granitiques autour de Niedermorschwihr (j’y étais…), ce pinot noir surprend agréablement par son côté délié et assez gourmand…seule une petite dureté en finale rappelle le millésime. Ceci dit, la bouteille a fait un bel effet sans réserve le même soir en compagnie d’un hachis parmentier.

Pinot Blanc 2012 : le nez est fin et délicat avec des notes d’herbe sèche et de noisette fraîche, la bouche est simple mais très bien équilibrée avec un joli gras et une finale très franche.
Récolté sur des parcelles assez pentues situées près du village en direction de la montagne ce pinot blanc aimable et désaltérant se boit avec plaisir et facilité.cimg4808.jpg
Sylvaner 2012 : le nez est très pur sur les fruits à chair blanche, la bouche est volumineuse et charnue avec un gras sensible mais la finale montre un côté plus frais, finement acidulée et marquée par une délicate amertume.
Etonnamment riche mais très sapide, ce sylvaner issu d’un assemblage entre parcelles argileuses et parcelles granitiques me fait penser à certains grands millésimes du Grand A de Julien Schmitt…Très belle réussite !

Riesling 2012 : le nez est encore très réservé développe un registre fruité (citron frais, groseille blanche) complété par quelques notes minérales, la bouche est droite avec une matière lisse mais bien tendue, en finale on commence à entrevoir la marque saline du granit.
Assez loin de l’expressivité très exotique des millésimes précédents (2009, 2011) ce riesling issu en grande partie d’une jeune vigne sur le Sommerberg se présente à nous avec une personnalité plus classique mais d’une noblesse évidente…Comme d’habitude, c’est l’une des très bonnes affaires de la carte du domaine !cimg4809.jpg
Pinot Gris 2012 : le nez très intense développe des notes de poudre à canon, de pierre chaude et de fumée, la bouche ample et concentrée affiche un équilibre sec en prolongeant de beaux arômes fruités et minéraux en finale.
Quand on a l’habitude de déguster les pinots gris du domaine de l’Oriel on ne peut être que dérouté face à la personnalité de cette cuvée pleine de chair et de minéralité qui assume avec beaucoup d’élégance un style pur et droit…Personnellement j’aime beaucoup !

Muscat 2012 : le nez révèle une palette délicate et complexe sur le raisin frais et les fleurs printanières, la bouche est suave, équilibrée et très gouleyante.
Le jus léger et aromatique de ces muscats (ottonel et Alsace) que j’ai pu déguster au moment des vendanges a tenu ses promesses…ce vin aérien subtilement parfumé est un régal !

Riesling « S » Vendange Tardive 2011 : l’aromatique est complexe et raffinée avec de discrètes notes fruitées soutenues par quelques évocations minérales naissantes, en bouche la balance entre richesse et tension est parfaite, les notes d’ananas rôti et d’épices se développent progressivement, la finale est longue et saline.
Riche et sensuel ce riesling issu du Sommerberg est pourtant structuré par une solide charpente minérale. Déjà pleinement accessible cette cuvée « S » est évidemment taillée pour la garde.

Muscat « A » Vendange Tardive 2011 : le nez révèle une palette aromatique subtile et raffinée sur le raisin mûr, la pêche et le miel, la bouche est onctueuse et douce sans jamais donner une impression de lourdeur.
Issue d’une parcelle de muscat d’Alsace récoltée en surmaturité cette superbe cuvée de muscat V.T. est une grande première pour Claude...coup d’essai et coup de maître. Bravo !

Comme notre sortie bucolique entre Brand, Florimont et Sommerberg a duré bien plus longtemps que prévu, la deuxième phase de ma visite chez les Weinzorn a du être un peu écourtée mais j’ai quand même pu découvrir quelques nouvelles cuvées proposées dans au tarif du domaine de l’Oriel :
- sur 2012 les vins de la gamme « Tradition » sont toniques et charnus : les palettes aromatiques sont moins explosives mais affichent une belle complexité, les matières sont denses mais tenues par une structure plus ferme.
Est-ce le millésime qui parle ou le grand Claude qui s’assagit ? En tous cas c’est bon…voilà bien là l’essentiel !
- les deux cuvées de V.T. réalisées en 2011 sont de très belles réussites…profitant d’une matière fruitée encore plus riche qu’à l’accoutumée Claude a élaboré deux vins moelleux et bien équilibrées sur des cépages qu’il vinifie habituellement un peu plus sec…même si riesling Arnaud du Sommerberg assume régulièrement une belle générosité.
En tous cas, ces cuvées ne verront pas le jour en 2012 et probablement pas en 2013…à moins que… !

dsc-0782.jpgLa carrière du Florimont et la parcelle de riesling GC de Claude juste en dessous.

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