Journée de vendanges au domaine Emile Beyer à Eguisheim

 

Comme je n’ai pas eu l’occasion de participer à une journée de vendanges en 2017 – si on excepte les quelques coups de sécateurs données lors d’une récolte de raisins en surmaturité chez les frères Bret – il fallait vraiment que je reprenne mes bonnes habitudes en allant couper quelques grappes dans mon vignoble préféré.

 

Après avoir annoncé mes disponibilités à Christian et Valérie Beyer, leur invitation à venir rejoindre leur équipe de vendangeurs n’a pas tardé.
On est jeudi, il fait beau et l’E.N. n’a pas besoin de moi aujourd’hui…voilà des conditions idéales pour aller accompagner l’équipe Beyer sur les coteaux d’Eguisheim.
Hoppla, c’est parti !

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Le coteau du Sundel et son Clos Lucas sous le ciel bleu de septembre 2018…et une belle journée de vendanges en vue !


Arrivé au domaine Beyer après le départ des vendangeurs, je retrouve Christian qui s’active dans sa grande cave afin de la rendre opérationnelle pour cette longue journée de vendanges.
Après un nettoyage minutieux du pressoir, la mise en place de la maie et des tuyaux qui vont convoyer les jus vers les cuves de débourbage – et, accessoirement, le chargement d’une commande en partance pour les U.S. – tout est prêt pour le pressurage des premiers raisins du jour et nous pouvons partir avec le tracteur et ses remorques en direction de la première parcelle à vendanger : il s’agit d’une parcelle de muscats ottonel située dans le secteur du Pfersigberg.

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Nettoyage du pressoir…

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...et chargement de quelques palettes à destination des Etats Unis.

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Mon « taxi » pour aller dans les vignes est prêt à partir.


Avant de rejoindre ses vendangeurs, Christian a prévu de s’arrêter au niveau du Clos Lucas pour vérifier l’état de maturité de ses rieslings : c’est une jeune vigne plantée en 2010 avec des pieds issus d’une sélection massale très qualitative.

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Les rangs de riesling du Clos Lucas…


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…avec ses grappes à petits grains, très aérées.

Les rieslings du Clos sont magnifiques, les baies sont sucrées, les pépins bien croquants et les peaux très fines « les grappes sont à maturité, il ne va plus falloir attendre trop longtemps avant de les récolter ».
Pour l’heure, ces raisins sont destinés à entrer dans la cuvée « Eguisheim » car Christian Beyer pense qu’il faudra encore patienter quelques années avant de voir apparaître les premières bouteilles du « Clos Lucas » : « Il y aura une cuvée Clos Lucas quand les jus issus de cette parcelle exprimeront pleinement la qualité et la typicité attendues ».

Après cette promenade dans les rangs du Clos et une dégustation conséquente de raisins, nous rejoignons l’équipe de vendangeurs qui termine la récolte des muscats ottonels.
Je me précipite sur les dernières grappes pour croquer quelques grains : une expression aromatique vraiment « explosive » et très bel équilibre des saveurs ...MIAM !!!

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Les muscats ottonel du domaine Beyer

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Fin de vendange sur la parcelle de muscats ottonel

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Tala, la mascotte des vendanges 2018 au domaine Beyer, qui surveille de près les vendangeurs…

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…mais qui ne déteste pas prendre la pose pour une photo…comme tout « cabot » qui se respecte !

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Les bottiches de muscats sont chargées et vont partir au pressoir sans tarder.


La suite du programme matinal prévoit la vendange de plusieurs parcelles de jeunes vignes de rieslings situées à la périphérie des secteurs classés du Pfersigberg.
Bon, il va falloir que je m’y remette !
D’abord trouver une bonne position même si ma vieille carcasse ne me propose pas d’alternative vraiment confortable : m’accroupir en faisant grincer le ménisque (ou ce qui en reste) de mon genou gauche ou me pencher et martyriser ma colonne lombaire…dur, dur !
Ensuite repérer mes doigts et ceux de mon vis-à-vis dans le feuillage pour ne pas risquer de couper autre chose que des grappes avec mon sécateur…concentration !
En revanche, cette année il n’y aura pas de problème de tri à la vigne : les raisins sont bien mûrs et parfaitement sains…on y va !
Mes gestes de vendangeur reviennent peu à peu mais je suis quand même bien plus lent que le reste de l’équipe qui avance avec rapidité et efficacité…c’est d’autant plus compliqué que cette première parcelle de riesling est assez « sportive » avec un sol raviné très dur et couvert d’une végétation « luxuriante ».

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Un rang bien végétalisé de la parcelle de riesling du domaine Beyer, une vigne qui n’a pas été rognée pour laisser le feuillage se développer vers le haut et produire un effet parasol protecteur, nécessaire en cette période de canicule prolongée.

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Des raisins toujours aussi beaux…

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…si beaux que même le boss se joint à l’équipe de vendangeurs pour couper quelques grappes !

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Pas mal mon seau…non !

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Pause matinale devant une autre parcelle de rieslings à vendanger…

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…et le groupe qui profite d’un petit temps calme avant de repartir au travail.


Cette seconde parcelle est un peu plus facile à vendanger : le sol est plus régulier, la végétation un peu moins sauvage et les raisins toujours aussi beaux.
Je commence à prendre le rythme…mais il est déjà midi passé et le déjeuner vigneron nous attend.

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Repas de midi dans les vignes…

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…avec Valérie au service du plat principal…

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…et Victor chargé de distribuer les petits gâteaux pour accompagner le café.


Après cette pause gourmande accompagnée par quelques vins du domaine Beyer nous repartons au travail dans une dernière parcelle de rieslings.

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L’équipe des vendangeurs du domaine Beyer repart au travail : position de coupe accroupie pour certains…

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…ou debout-penché pour d’autres.


Le ciel commence à s’assombrir mais il reste encore une vigne de sylvaners à vendanger : comme ces grappes sont saines et à parfaite maturité, Christian Beyer aimerait bien les rentrer en cave avant la pluie « il serait dommage que de si beaux raisins soient altérés par un orage ».

Nous partons au pas de charge entre les rangs de cette parcelle de sylvaners mais malgré tous nos efforts pour faire au plus vite, nous avons droit à une petite série d’averses courtes mais très rafraîchissantes : une petite douche pour « rincer » ses vendangeurs en fin de journée…pas de doute, les Beyer sont vraiment soucieux du bien-être de leurs employés !

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Les nuages d’orage s’accumulent progressivement au dessus du vignoble d’Eguisheim…

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…et les vendangeurs prévoyants ont sorti les impers…

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…les autres s’abritent comme ils peuvent : ici la version « musclée »…

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…là, une version plus « cool » avec une pause clope sous un seau de vendangeur…

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…et enfin, la version « bernard l’ermite » dans une bottiche vide.

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Malgré cette petite douche, c’est un vrai plaisir que de couper de si belles grappes de sylvaner.

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Mon dernier seau de la journée.

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Fin de journée de vendange avec des vendangeurs bien mouillés, des bottiches bien pleines…

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…et un superbe arc en ciel pour conclure en beauté !


De retour dans la cave du domaine Beyer, je retrouve Christian qui me propose de découvrir les premiers jus du millésime 2018.

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Le nouveau cuvage du domaine Beyer où ça glougloute sec.


La cuvée de muscat réalisée par un assemblage de jus de muscats d’Alsace vendangés il y a quelques jours et de jus de muscats ottonel pressés du jour est une vraie friandise : une aromatique pure et intense, une matière riche (13°5 naturels) équilibrée par une présence acidulée assez pointue.
Je ne suis pas forcément bien placé pour prédire l’avenir d’une cuvée à ce stade…mais je sens que je vais vraiment aimer le muscat 2018 du domaine Beyer !

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Le muscat 2018 signé Beyer…future bombinette !


Le jus des rieslings vendangés aujourd’hui est également bien concentré (12° naturels) et l’acidité qui sous-tend la structure est parfaitement mûre…aucune sensation malique perceptible.
Ça fait vraiment plaisir de découvrir que le résultat de notre travail du jour est tout à fait prometteur !

La cuvée de pinot blanc est en pleine fermentation mais se laisse goûter avec beaucoup de plaisir : malgré un CO2 bien présent, on perçoit un jus généreux et bien gourmand avec un fruité déjà très expressif…voilà une cuvée d’entrée de gamme qui augure l’arrivée d’une très belle gamme de 2018 au domaine Beyer !

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Le pinot 2018 du domaine Beyer avec son fin cordon de bulles


Après cette nouvelle expérience de vendangeur au domaine Beyer, je ne peux que recycler une partie de ma conclusion de l’automne 2016 : avec ce soleil éclatant, cette ambiance conviviale et ce couple de vignerons heureux d’accueillir un vieil ivrogne qui s’essaie à l’art de la vendange, ma journée dans le vignoble d’Eguisheim ne pouvait être qu’une belle réussite…merci à Valérie et Christian pour leur accueil toujours aussi chaleureux.

J’ai apprécié cette équipe sympathique et performante qui m’a intégré sans difficulté…même si j’ai mis beaucoup de temps à suivre leur rythme de travail.
J’au été heureux de pouvoir refaire ces gestes ancestraux qui se trouvent à l’origine de tous les grands vins et j’ai pu vérifier que les raisins étaient vraiment d’un niveau qualitatif exceptionnel.

Christian Beyer est confiant, « c’est une très belle année, les raisins sont à maturité et dans un état sanitaire impeccable mais pour ce qui nous concerne, les rendements restent tout à fait normaux ».
On est à la mi-septembre et il reste encore une bonne semaine de vendanges – «  les Grands Crus et les gewurztraminers » – mais il est évident que cette année la nature a été plutôt clémente avec les vignerons d’Eguisheim.
Christian Beyer dispose aujourd’hui d’une matière première de très grande qualité…à lui maintenant de faire parler sa maîtrise en cave pour nous sortir de très grands vins.

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