Pèlerinage en Bourgogne-Beaujolais 2014 - Domaine Masse à Barizey


La cinquième édition de mon périple automnal en terre burgonde sera pour le moins originale car le programme de mes visites ne prévoit aucune halte en Côte d’Or. Bien sûr, je sais qu’une tournée dans le vignoble bourguignon sans la moindre petite étape dans son cœur historique relève pratiquement du sacrilège…mais j’assume !
C’est ainsi qu’en 2014 nous ferons un parcours inédit qui nous conduira aux confins (ou presque) de la Bourgogne géographique et vinique.
La première journée sera consacrée à une incursion dans le chablisien avec une visite au domaine Besson suivie par un nouveau passage au domaine Masse en côte châlonnaise.
La seconde journée nous emmènera encore un peu plus au sud, dans le Mâconnais (Le Manoir du Capucin et La Soufrandière) et dans le Beaujolais (Domaine des Marrans).

Hoppla, c’est parti !

1chablis vu de valmurVue sur Chablis à partir du haut du Grand Cru Valmur.

 

Jour 1. : domaine Masse à Barizey


Après une courte pause méridienne au « Relais du Chablis » à Beine – correct sans plus mais on était content de trouver de quoi se restaurer à 13H30 – nous repartons en direction de la Côte d’Or pour nous rendre au domaine Masse à Barizey. Comme je ne conduis pas, je peux admirer les paysages remarquables que nous offre la traversée du vignoble auxerrois sous le soleil…et je fais bien d’en profiter car dès notre arrivée à hauteur de Beaune nous retrouvons un brouillard épais qui stagnera jusqu’à la nuit dans le val de Saône.
Grâce à un GPS performant, nous arrivons à bon port et à l’heure dans ce petit village de la côte châlonnaise où nous avons rendez-vous avec Fabrice Masse…et ses vins bien sûr !

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Ambiance « hamiltonienne » à Barizey

Pour commencer notre visite, nous partons en compagnie de Fabrice Masse vers le nouveau bâtiment attenant au chai à barriques pour découvrir quelques cuvées en cours d’élevage.

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Cuves inox et barriques dans la nouvelle cave du domaine Masse.

Pour se mettre dans l’ambiance nous débutons par 4 vins de 2014 : les jus issus d’une vendange assez précoce (entre le 10 et le 28 septembre) sont encore très perturbés par des fermentations alcooliques et malolactiques en cours mais il est toujours intéressant de déguster quelques cuvées en pleine gestation pour se faire une première idée du millésime.

Givry blanc Clos de la Brûlée et Clos de la Roche : matières riches, palettes aromatiques très prometteuses, structures acides encore acérées mais où on sent un joli potentiel.
Givry 1°Cru blanc En Choué : aromatique raffinée, fruit discret et croûte de pain grillée, belle impression de puissance en bouche.
Le classique Clos de la Brûlée et la nouvelle cuvée du Clos de la Roche (un lieu-dit qui prolonge le Clos Jus vers le nord) n’ont pas encore débuté leurs malos mais leurs premières expressions nous font une très belle impression générale et nous invitent à envisager le devenir de ces deux vins avec sérénité.
Prélevé sur un fût neuf, ce premier cru blanc que je découvre également cette année se situe dans la ligne des deux vins précédents tout en affirmant un supplément de densité et de profondeur en bouche.

Givry 1°Cru rouge Crauzot : nez toasté, notes de poudre à canon, bouche gourmande avec une très belle expression fruitée.
Givry 1°Cru rouge En Choué : nez plus austère, assez fermé, volume et puissance en bouche, matière ample structurée par une belle trame acide.
Ces jus équilibrés et déjà fort gourmands provenant de terroirs classés de Givry, près de Jambles pour Crauzot et de Russilly pour En Choué, sont très prometteurs et vont à coup sûr compléter la gamme du domaine Masse avec bonheur.

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Le magnifique chai à barriques, qui jouxte la nouvelle cave du domaine.

Nous poursuivons notre parcours gustatif par quelques vins de 2013 encore en cours d’élevage :

Givry 1° Cru rouge Crauzot : nez marqué par un boisé très élégant, bouche avec une acidité rectiligne bien mûre, jus profondément fruité.
Givry 1°Cru rouge La Brûlée : aromatique plus discrète, beaucoup d’harmonie en bouche, matière charnue et bien structurée par une trame acide/tannique parfaitement intégrée.
Givry 1°Cru rouge En Veau : boisé fin et fruité bien mûr au nez, matière ample, belle puissance, mâche très gourmande, fine présence tannique en finale.
Givry 1°Cru rouge Champs Lalot : nez délicat, nuances florales très séduisantes et boisé subtil, bouche alliant souplesse et concentration, équilibre magistral.

Cette belle brochette de premiers crus de Givry (le nouveau classement date de 2011) nous montre toute la richesse expressive des terroirs de la côte châlonnaise. Malgré leur jeunesse on perçoit déjà le dessin du profil de chaque cuvée :
- à l’instar de la cuvée 2014 Crauzot joue dans le registre du charme et de la gourmandise,
- La Brûlée brille par son équilibre magistral entre richesse et structure,
- provenant d’une vieille vigne (plus de 60 ans) située dans une zone plus argileuse (dans le prolongement du Clos Salomon), En Veau se positionne comme le grand vin de garde de la série,
- Champ Lalot brille par sa délicatesse et sa distinction.
Un joli carré d’as…Bravo !

Après cette série très convaincante, Fabrice Masse nous invite à regagner le caveau de dégustation situé dans les anciens bâtiments du domaine dont les espaces libérés vont servir essentiellement au stockage des bouteilles.

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L’entrée du caveau de dégustation du domaine Masse

Nous terminons ce petit tour d’horizon de la production du domaine Masse par la découverte des vins en bouteille actuellement proposées à la vente :

Givry Clos de la Brûlée blanc 2013 : nez bien défini et très avenant, arômes de fougère avec une pointe de gingembre frais, droit et bien tonique en bouche, finale longue et délicatement citronnée.
Comme le haut du coteau du Clos de la Brûlée a été classé 1° Cru en 2011 (1° Cru La Brûlée), c’est sur les vignes de la partie basse que Fabrice Masse produit ces chardonnays qui lui permettent de réaliser ce blanc doté d’une belle énergie et d’un vrai pouvoir de séduction. MIAM !

Bourgogne Côte Chalonnaise Vieilles Vignes 2013 : nez ouvert avec un fruité pur, très direct et une fine touche réglissée, bouche droite, un peu rustique mais avec un beau fruit, présence tannique un peu serrée en finale.
Provenant de parcelles situées sur des terroirs proches de Mercurey, ce vin rouge est un solide gaillard gorgé de fruit mais solidement charpenté…voilà une cuvée d’entrée de gamme qui demandera un peu de garde pour s’harmoniser.

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Fabrice au service dans le caveau de dégustation

Givry Le Village 2013 : nez vraiment « sexy » avec de belles notes de cerise mûre sur un fond grillé/torréfié (caramel), bouche souple et particulièrement gourmande, belle ouverture aromatique, présence finale digeste et soyeuse.

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Cette cuvée née sur 3 parcelles différentes situées autour du village est encore un peu marquée par son élevage (15% de fûts neufs) mais révèle un côté accessible, presque irrésistible, dès son plus jeune âge. On sent une filiation très directe avec les 1° crus dégustés en cours d’élevage, avec un peu de concentration en moins mais de la gourmandise en plus. Très belle réussite !

Givry 1° Cru La Brûlée 2012 : nez de grande classe avec un fruité raffiné qui pointe et un élevage bien fondu, silhouette oblongue et très racée en bouche, fruité juteux, finale laissant persister un sillage fumé et discrètement minéral.

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Après avoir fait quelques caprices en cave (une malo très tardive) cette cuvée a nécessité 18 mois d’élevage, mais au bout du compte, on se retrouve avec dans le verre un vin qui caresse le palais en déployant une matière douce et sensuelle, parfaitement équilibrée. MIAM !

Givry 1° Cru Champ Lalot 2012 : nez encore un peu marqué par l’élevage (notes de poudre à canon) où on devine un fruité discret mais très classieux, matière concentrée avec une belle trame acide et tannique mais l’ensemble manque encore d’harmonie.

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Après La Brûlée, épanoui et déjà bien en place, ce Champ Lalot surprend par son côté encore un peu désorganisé mais cette cuvée possède une énergie exceptionnelle avec des éléments constitutifs de toute beauté qui demanderont encore un peu de temps pour entrer en synergie…Un grand vin en devenir !

Givry 1°Cru En Veau-Vieilles Vignes 2012 : expression olfactive discrète sur un registre proche de Champ Lalot, bouche plus massive, droite, puissante, concentrée et solidement structurée.
Comme pour le millésime 2013, En Veau 2012 marque les esprits par la force qui émane de sa présence en bouche et confirme son statut de vin de garde du domaine Masse. Impressionnant !


Cette seconde visite au domaine Masse confirme vraiment l’excellente impression que nous avait laissé notre passage en 2010 : les vins élaborés par Fabrice Masse sont de véritables petites pépites qui témoignent de la grande qualité du travail fourni par ce jeune vigneron de la côte châlonnaise.
Que ce soit sur 2012 ou sur 2013 (et même sur 2014 d’ailleurs) nous avons dégusté des vins pleins et charnus qui exprimaient des palettes fruitées d’une très belle pureté et qui possédaient des matières extraites avec beaucoup de pertinence et élevées sous bois avec un doigté digne des plus grands vinificateurs.
Bref, on s’est vraiment régalés…

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Fournisseur quasi-exclusif de la futaille au domaine Masse.

Avec des locaux professionnels bien agrandis, une gamme de vins qui s’est vraiment enrichie grâce à quelques cuvées de négoce de très haut niveau et des bouteilles habillées façon « grand vin », Fabrice Masse s’est donné les moyens pour continuer à avancer vers les sommets de la hiérarchie bourguignonne…et après cette nouvelle rencontre je suis certain qu’il s’en approche à pas de géant !

Mes coups de cœur du jour iront évidemment vers le splendide Givry rouge La Brûlée 2012 mais aussi et peut être surtout vers tous ces jus dégustés en cours d’élevage qui forcent l’admiration par leur homogénéité qualitative...aucun doute, il y a une série impressionnante de très belles cuvées en gestation au domaine Masse, qu’on se le dise !

Mille mercis à Fabrice Masse pour sons accueil.

 

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