Périple sudiste 2020 - Visite au domaine Supply-Royer à Arboras

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Vue du haut du Mont Baudile : le vignoble des terrasses du Larzac, Montpeyroux, Gignac…le Mont Saint Clair et la mer au loin.


J’avais programmé cette sortie dans les vignobles rhodaniens et languedociens au printemps (comme d’habitude) mais en 2020 une petite bêbête très méchante m’a obligé à abandonner cette routine…c’est donc avec quelques mois de retard que je m’en vais rendre visite à mes amis du grand sud… Il était temps !

Ma première étape vinique se fera lors de mon voyage aller avec cette halte toujours très sympathique du côté de la Roche du Glun pour une troisième rencontre avec Christelle Betton.
Mon séjour en Ardèche me permettra de partager une nouvelle journée autour du Mont Ventoux avec mon ami Cyril, une escapade gourmande où nous aurons le plaisir de découvrir deux domaines : la Combe au Mas à Mormoiron et le château Simian à Piolenc.
Mon périple sudiste se terminera dans le Languedoc avec une soirée en compagnie de mes amis Eric et Marie-Ange du domaine Supply-Royer et une journée de visites œnophiles avec l’indispensable Dany Jaffuel qui m’emmènera du côté de Saint Chinian pour retrouver Cyril et Nadia Bourgne au domaine La Madura avant de faire une visite inédite au domaine de l’Arjolle à Pouzolles.

Hoppla c’est parti !


Domaine Supply-Royer à Arboras


Après un début de journée peu agréable avec un voyage entre l’Ardèche et la Camargue compliqué – des bouchons partout…et pas ceux que je fais sauter avec plaisir – je reprends la route en direction des terrasses du Larzac pour aller retrouver mes amis Marie-Ange et Eric dans leur village d’Arboras.
C’est toujours avec le même plaisir que je retrouve ces deux vignerons languedociens avec lesquels je partage chaque année des moments de gourmandise et d’amitié qui me sont devenus très précieux.

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Arboras en août 2020…

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…et le vignoble des terrasses du Larzac vu du village

Ma visite 2020 commence par une dégustation des vins du domaine dans la nouvelle cave que j’ai découvert l’année dernière.
Avant de servir le premier vin, Eric Supply évoque rapidement le millésime en cours : après 2018 et 2019 qui ont exigé beaucoup de travail à la vigne, le millésime 2020 est resté dans la même ligne avec un « épisode de gel au printemps » et des « attaques de mildiou assez virulentes qui nous ont obligés à suivre de très près nos parcelles pour les traiter en temps voulu »...avec des produits exclusivement BIO, bien entendu.
Grâce à un mois de juin un peu plus humide que d’habitude (80 mm de pluie), les vignes du domaine ont assez bien résisté à la sécheresse et aux fortes chaleurs de cet été mais il ne va pas falloir attendre trop longtemps avant de récolter les raisins : « je pense que nos vendanges commenceront après le 15 août »…à quelques jours près, j’aurai pu participer.

Bon, il est temps d’aller voir comment vont les vins de 2019…allez on goûte !

 
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Le chai climatisé où les différentes cuvées de 2019 terminent leur phase d’élevage…et notre ami Eric qui prélève le premier vin pour la dégustation.

La Marsanne de Labade 2019 : olfaction très séduisante, fruité suave sur un fond délicatement vanillé, bouche très gourmande, équilibre assez rond mais très digeste, finale puissante mais avec un poil de chaleur.
Avec son jus toujours très opulent et son aromatique qui s’affine millésime après millésime, cette cuvée de marsanne très prometteuse commence à trouver sa place dans la belle gamme de blancs proposée par ce domaine…et, bonne nouvelle, il y a un peu plus de vin que l’année passée.

La Roussane du Bramaïre 2019 : expression aromatique discrète, palette florale complexe et raffinée, attaque vive en bouche, matière généreuse solidement structurée par une belle trame acide/saline, finale digeste et légèrement tannique.
Comme souvent à ce stade, cette cuvée s’exprime avec une certaine retenue mais l’édition 2019 nous propose un jus vraiment incroyable de concentration et de minéralité…voilà une grande bouteille en devenir !

Les Intillères blanc 2019 : nez ouvert et séduisant sur les fruits blancs mûrs et de fines touches balsamiques, bouche ample avec un beau développement aromatique, finale longue et sapide.
Réalisée avec un assemblage de chenins (13 rangs) et de bourboulenc (5 rangs) plantés sur le « triangle » des Intillères à côté de la parcelle de carignans, cette cuvée continue de nous impressionner par la précocité avec laquelle elle révèle l’étendue de son potentiel…un conseil, dépêchez vous de mettre cette petite pépite en cave car il n’y aura que 450 bouteilles à la vente.

Le Bourboulenc de Nega Saumas 2019 : nez discret avec une palette florale et minérale d’une grande subtilité, bouche longiligne, très élégante, équilibre bien tendu, finale longue et salivante.
Cette cuvée souvent assez difficile à déguster au printemps se montre bien plus avenante après quelques mois d’élevage supplémentaire : son caractère de grand blanc languedocien de garde et de gastronomie s’affirme avec une grande évidence mais là encore, il ne va pas falloir attendre pour en mettre quelques flacons en cave car la production de 2019 se limite à 300 bouteilles. Quel dommage !!!

Le Mourvèdre des Cargadous 2019 : nez séduisant avec de belles notes florales et épicées, jus frais et très gourmand en bouche, finale vive et gouleyante.
La nouveauté 2020 du domaine Supply-Royer est issue d’une parcelle de vigne plantée il y a 40 ans par le grand-père d’Eric. C’est un vin plein de vie et de générosité qui se livre à la dégustation avec une belle franchise et une grande spontanéité. MIAM !

Les Intillères rouge 2019 : nez assez discret avec des notes de prune et d’herbes de garrigue, bouche puissante et concentrée avec des tanins poudrés et une finale longue et sapide.
Réalisée à partir d’un assemblage des carignans des Intillères et des mourvèdres des Crouzets (20%), cette cuvée m’étonnera toujours par son expression très aboutie et sa belle tenue en bouche qui se révèlent avec une incroyable précocité…voilà le « surdoué » de la cave Supply-Royer !

La Syrah de Pey Cherres 2019 : nez ouvert et très avenant sur les fruits noirs confits et les épices douces, bouche puissante avec un jus ultra concentré équilibré par une acidité large et une maille tannique serrée mais parfaitement mûre, finale intense avec un long retour aromatique fruité et épicé.
Avec ses 16 degrés au compteur, cette syrah pourra surprendre – voire heurter – des palais peu habitués à la virulence expressive de certaines cuvées sudistes mais celui qui saura attendre quelques années avant de le déguster ne le regrettera pas…Pey Cherres 2019 est un vin qui force le respect et apprend la patience.

Le Grenache du Badaïre 2019 : nez riche et expressif, notes de cerise à l’eau de vie, d’amande amère et d’épices, bouche généreuse avec un beau développement aromatique sur les fruits noirs confits stimulé par une présence acide assez vive, finale un peu austère avec des tanins un peu asséchants.
Cette cuvée de grenache qui se goûte d’habitude assez facilement à ce stade, nous « secoue » un peu les papilles par son caractère fort et sans concession…je pense qu’il va falloir faire preuve d’un peu de patience pour permettre à ce vin de nous donner la pleine mesure de son potentiel.

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Eric qui sert un grenache du Badaïre prélevé sur cuve

Le Grenache de Costas 2019 : olfaction complexe sur les fruits rouges bien mûrs et les épices orientales, bouche puissante avec un équilibre assez viril, finale plus apaisée avec un long retour fruité et épicé,
Souvent plus rétive que la cuvée du Badaïre, la cuvée de grenache de Costas 2019 se montre d’une étonnante amabilité aujourd’hui…certes, on n’a pas besoin de chercher longtemps pour ressentir sa fougue caractéristique mais j’ai l’impression que ce vin vit une phase de jeunesse bien plus « calme » que d’habitude.


Pour terminer nous dégustons quelques vins en bouteille.

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La Cuvée des 3 Feuillettes 2018 : nez charmeur et complexe, notes de fruits noirs et de cacao sur un fond floral très élégant, matière dense et bien charnue en bouche, finale sapide et persistante.

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Cette cuvée créée pour marquer l’arrivée dans la nouvelle cave est un assemblage de syrah (de Pey Cherres) et de grenache (de Costas) qui a été élevé dans 3 feuillettes.
Ce vin qui m’avait assez impressionné par sa puissance lors d’une première dégustation en cours d’élevage, a gagné en équilibre et en harmonie pour révéler aujourd’hui une belle buvabilité et un profil gastronomique très intéressant.

La Syrah de Pey Cherres 2018 : nez discret mais très agréable sur la prune, la violette et la réglisse, jus opulent avec une structure sphérique, finale puissante avec une longue persistance fruitée et épicée.

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A l’instar de la version 2017, cette syrah révèle une plénitude et un équilibre que je n’ai pas l’habitude de trouver à ce stade.
C’est peut-être le nouveau style de cette cuvée qui garde toujours cette belle énergie sudiste tout en montrant un caractère bien plus serein…ça goûte très bien !

Le Grenache de Costas 2018 : olfaction séduisante avec une palette florale très élégante, matière bien gourmande à l’ouverture avant de se resserrer pour faire sentir une trame tannique assez ferme qui donne un côté un peu austère à la finale.

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Après un Costas 2017 particulièrement sociable, ce Costas 2018 remet les choses en place en montrant ce côté un peu « caractériel » qu’on aime retrouver sur ce vin dans sa jeunesse et qui en fait l’un des grands vins de garde du domaine.

Les Intillères blanc 2018 : nez discret et raffiné, notes de réduction à l’ouverture (notes d’allumette craquée) puis très beau développement aromatique sur les fruits jaunes, les herbes de garrigue, la cire d’abeille et un léger fumé, bouche sublime de puissance et d’équilibre avec un jus plein d’énergie tenu par une acidité large et centrée, finale longue et sapide marquée par de très belles nuances salines.
Après une édition 2017 déjà très impressionnante, cet assemblage chenin/bourboulenc, vinifié et élevé dans du chêne neuf, semble encore avoir gagné en plénitude et en complexité.
Une certitude : c’est déjà un très grand vin…une interrogation : jusqu’à quel niveau de qualité va-t-il s’élever ? MIAM !

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La visite à Arboras s’est conclue comme d’habitude par un repas dans un joli restaurant sur le plateau du Larzac : un moment de convivialité et de gourmandise que j’attends toujours avec impatience….merci les amis !

Eric a bien pris ses marques dans sa nouvelle cave tout en continuant de peaufiner son aménagement – notamment avec l’installation de la climatisation dans ses chais – ce qui lui permet de travailler dans des conditions plus confortables et de suivre l’évolution de ses vins avec encore plus de précision.
 
Les blancs de 2019 goûtés en cours d’élevage sont déjà bien en place et se laissent goûter avec une déconcertante facilité en révélant des profils bien gourmands et de belles profondeurs structurelles.
Les rouges de 2019 s’expriment de façon un peu plus hétérogène à ce stade mais mon expérience avec les vins du domaine Supply-Royer me font voir leur avenir avec une confiance absolue.

Comme toujours, les quelques vins de 2018 dégustés aujourd’hui ont confirmé les belles promesses entrevues l’année passée : la cuvée des 3 Feuillettes et la Syrah sont déjà « au top » alors que le grenache de Costas reste fidèle à son habitude en nous rappelant qu’il faudra un peu patienter pour profiter pleinement de ses qualités.
Servie en fin de dégustation, le vin des Intillères m’a vraiment subjugué : dans cette série de blancs languedociens hautement qualitatifs, cette cuvée arrivée récemment dans la cave Supply-Royer, commence à s’imposer comme une des références majeures de la gamme vinique de ce domaine.

Mille mercis à Eric et Marie-Ange pour ces beaux moments en leur compagnie et à l’année prochaine bien sûr…ou peut-être avant en Alsace !

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Petit « cadeau » après la dégustation : une montée au sommet du mont Baudile pour une vue exceptionnelle sur ce paysage languedocien où on reconnaît au loin les silhouettes du Pic Saint Loup et de l’Hortus.

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