Périple sudiste 2021 - Visite au domaine Supply-Royer à Arboras

A 6Sur les hauteurs de Châteauneuf du Pape : le vignoble, les Dentelles de Montmirail et le Ventoux dans les nuages.

En 2020, grâce aux restrictions de déplacement dues à la crise sanitaire qui m’ont contraint à repousser mon « périple sudiste » en juillet, j’ai pu « profiter » des joies de la surpopulation touristique sur le pourtour méditerranéen.
Mais cette année, fort heureusement, mon nouveau statut de retraité m’a permis d’avancer cette migration vinique en juin…la France est bien plus jolie quand les seuls bouchons qu’on rencontre sortent du goulot d’une belle bouteille de vin !
Cette première sortie loin de l’Alsace depuis bien longtemps va me permettre de réaliser un joli parcours gourmand avec des étapes connues comme le domaine de La Combe au Mas à Mormoiron, le domaine Montvac à Vacqueyras, le domaine Betton à La Roche de Glun ou le domaine Supply-Royer à Arboras et quelques découvertes comme Le Clos du Mont Olivet à Châteauneuf du Pape ou le domaine Terre des Chardons à Bellegarde.
Hoppla c’est parti !


Domaine Supply-Royer à Arboras

1 1 58Vues inédites à partir de la route qui monte vers les Cocalières, Arboras…

1 2 56…et le vignoble des terrasses du Larzac

Ca fait très longtemps que je n’envisage plus mon périple sudiste sans cette étape à Arboras pour rencontrer mes amis Eric et Marie-Ange, partager de beaux moments de convivialité avec eux et bien évidemment déguster leurs dernières cuvées produites sur les beaux terroirs des terrasses du Larzac.


Après une journée de randonnée dans le cirque de Mourèze avec Mary et Stéphane Wasser, nous retrouvons Eric Supply dans la nouvelle cave du domaine aménagée dans un bâtiment situé dans le bas du village.

2 149Le chai climatisé est préparé pour notre dégustation du jour

Comme toujours Eric nous parle des derniers millésimes.
Pour 2020 :
- « des vendanges qui ont débuté le 15 août et des matières premières de grande qualité »
- « une qualité exceptionnelle pour les rouges qui ont bénéficié de 30mm de pluie tombés 15 jours avant les vendanges »
- « des fermentations compliquées en blanc avec notamment une pièce de marsanne partie en volatile »
- « des fermentations beaucoup plus simples en rouge et des degrés alcooliques pas trop élevés pour toutes les cuvées »

Pour 2019 :
- « un millésime qui a exigé beaucoup de travail à la vigne mais qui a produit des blancs remarquables »
- « des jus rouges qui ont fermenté longuement – un an pour la syrah – mais qui on donné des vins d’une grande puissance »

Allez, on goûte !

Nous commençons par les cuvées de blancs en cours d’élevage :

La Marsanne de Labade 2020 : olfaction discrète sur les fruits blancs frais, bouche ample avec un joli gras, finale digeste et délicatement épicée.
Le Bourboulenc de Nega Saumas 2020 : nez vif et frais, bouche élancée avec un équilibre tonique et une finale bien saline.
Les Intillères blanc 2020 : légère réduction à l’ouverture, aromatique fraîche et fruitée après aération, bouche longiligne, très élégante, équilibre parfaitement digeste, finale longue et salivante.
La Roussane du Bramaïre 2020 : encore en cours de fermentation, nez dominé par des notes de levures, bouche ample et charnue structurée par une acidité mûre et très large, centre encore légèrement moelleux, finale sapide et gourmande.
Ces jus sudistes purs et généreux travaillés avec l’expertise « bourguignonne » d’un Eric Supply au sommet de son art, nous ont donné une fois encore une série de blancs mémorables avec une marsanne vive et gourmande, un bourboulenc droit et minéral, une cuvée d’Intillères qui a encore augmenté son niveau de qualité et une roussanne en train de devenir cette friandise vineuse qu’on attend impatiemment chaque année.
Bref, j’adore ces vins qui n’ont qu’un seul défaut, leur rareté…


Pour la suite de la dégustation, Eric nous propose ses cuvées de rouge qu’il assemble en direct en prélevant des vins dans plusieurs barriques.

3 148Eric qui prépare la dégustation des vins rouges en assemblant le jus de plusieurs barriques.

Le Grenache du Badaïre 2020 : nez assez discret, bouche élégante, svelte et légère, fruité bien gourmand et tanins souples, finale fraîche avec un sillage sur l’olive noire et les herbes de garrigue.
Le Mourvèdre des Cargadous 2020 : fruité mûr et très engageant au nez, bouche volumineuse, texture veloutée, équilibre tonique, finale longue et sapide.
Le Mourvèdre des Crouzets 2020 : nez discret, notes de fruits noirs sur un fond légèrement fumé, bouche puissante, chair consistante et solidement structurée, finale digeste avec des tanins bien mûrs et un sillage fruité et minéral.
Les Intillères 2020 : nez déjà bien complexe, bouche ample et juteuse, finale très élégante avec une persistance sur les fruits noirs et les épices douces.
Fidèle à ses origines languedociennes, Eric qui aime bien les rouges qui parlent « avé l’accent du sud » a pour habitude d’élaborer des vins solidement bâtis et très volubiles sur le plan aromatique.
Mais avec ce millésime 2020 – qui restera mémorable à plus d’un titre – ces 4 cuvées révèlent une fraîcheur et une élégance que je ne leur connaissait pas à ce stade…pour ceux qui voudraient faire une approche progressive du style Supply-Royer, c’est le moment de se lancer !

Pour la Syrah de Pey-Cherres 2020, Eric nous a proposé de déguster une cuvée issue d’une vendange rentrée 3 jours après la pluie et une cuvée issue d’une vendange rentrée 10 jours après le pluie. Le premier vin est ouvert et bien souple avec une palette qui propose des notes assez sanguines à l’ouverture avant de laisser apparaître de belles notes de violette. Le second est plus discret mais présente une matière bien plus charnue, une structure plus solide et une persistance finale plus longue.
Comme souvent, notre ami Eric nous propose une petite séquence « pédagogique » pendant la dégustation et cette année, la leçon porte sur l’effet sur la qualité des jus d’une pluie avant les vendanges : deux cuvées de syrah effectivement bien différentes mais que l’on sent d’ores et déjà bien complémentaires…je pense qu’une fois encore le vin de Pey Cherres sera au top !


Allez, pour finir on débouche quelques bouteilles des millésimes précédents !

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Petit test qualité avant le service.

Le Mourvèdre des Cargadous 2019 : nez discret, bouche gourmande avec une charpente bien solide, tanins fins mais bien présents, finale étirée et sapide.
Le Grenache du Badaïre 2019 : nez fin et complexe, attaque en bouche douce et suave, matière opulente et volumineuse, finale tonique mais encore un peu serrée.
Le Grenache de Costas 2019 : nez discret qui laisse deviner une belle complexité, bouche très puissante avec un jus très « musculeux » et une mâche tannique consistante, finale un peu austère.

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Les 3 cuvées de 2019 portent bien la signature de ce millésime avec des jus concentrés et des charpentes acides/tanniques très solides. Ce sont des vins prometteurs qui auront probablement besoin de temps pour donner toute la mesure de leur potentiel.
Mention spéciale pour le grenache de Costas qui va disparaître de la gamme Supply-Royer…une future bouteille « collector » !

La Syrah de Pey-Cherres 2019 : la version légèrement sulfitée développe des arômes de fruits bien mûrs, un jus puissant et très soyeux avec un centre légèrement moelleux et une finale bien sapide, la version sans SO2 est pleinement épanouie, très opulente et détendue avec une palette fruitée/grillée séduisante et une finale longue et tonique.
A côté d’une syrah classique qui s’exprime sur un registre sudiste affirmé avec un niveau qualitatif toujours au top, la cuvée sans soufre tout aussi réussie nous apporte la preuve que la qualité des raisins récoltés par l’ami Eric permet d’envisager un travail « nature » sans mettre en cause la constance qualitative qui caractérise la production de ce domaine depuis des années.

La Syrah de Pey-Cherres 2018 : nez élégant et très complexe sur les fruits noirs et les herbes de garrigue, bouche pleine et charnue, structure souple, finale nette et bien glissante.
Le Grenache du Badaïre 2018 : fruité pur et charmeur au nez, bouche gourmande et bien construite, finale un peu plus consistante mais très sapide.
Après quelques années en bouteille, ces deux cuvées se sont affinées pour gagner en élégance et en harmonie tout en gardant cette belle gourmandise qu’on retrouve sur tous les 2018 du domaine


La visite à Arboras s’est conclue comme d’habitude par un repas sur une jolie terrasse d’un restaurant au bord du lac du Salagou : des moments précieux qui nous permettent de resserrer nos liens par des échanges qui dépassent un peu le cadre œnophile : on parle de nos vies, de nos amis, de l’évolution de notre société qu’on aimerait plus juste, plus ouverte, plus respectueuse de la planète…bref, on refait le monde et ça fait du bien !

Pour ce qui est des vins, je n’ai pas grand-chose de nouveau à vous raconter, ils sont à l’image de ce couple de vignerons : généreux, sincères et profondément imprégnés par leurs terroirs.
Les 2018 très friands et les 2019 pleins d’énergie évoluent doucement vers des équilibres très harmonieux alors que les 2020, remarquables de finesse et d’élégance semblent déjà très proches de leur forme optimale : je pense qu’ils seront prêts à boire avant les 2018 et avant les 2019.

Mille mercis à Eric et Marie-Ange pour ces moments de gourmandise et d’amitié que je vis toujours avec le même plaisir.

 

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