Grâce à mes amis du club AOC qui se sont cotisés pour me faire oublier que j’ai encore pris un an de plus au compteur, j’ai pu enfin découvrir ce restaurant étoilé situé en plein cœur du quartier de la Petite France à Strasbourg.
J’ai les papilles qui frétillent !
On y est… !
Dans une salle de restaurant décorée avec sobriété et raffinement, Jessica Fieger s’occupe d’une petite une petite quinzaine de convives – je crois que la capacité totale du restaurant est de 16 couvertes – en leur proposant les créations culinaires de son époux René.
Mon menu du soir se décline en 5 étapes gourmandes que j’ai choisi d’accompagner avec une sélection de vins au verre…hoppla, c’est parti !
Apéritif
Quelques petites bouchées apéritives pour accompagner un verre de muscat signe Mochel.
Muscat 2003 du domaine Mochel : un nez ouvert avec une expression fruitée mûre, une bouche généreuse mais bien sapide, finale douce et salivante.
Ce muscat assez riche a bien répondu au défi gustatif de la première bouchée qui alliait des saveurs aigres douces et délicatement épicées : un accord assez naturel où le vin s’est épanoui pour dominer en finale.
Face au second amuse-bouche qui nous invite à tremper un naan au fromage dans une préparation à la coriandre, ce fut un vrai duel aromatique qui a réveillé les saveurs épicées et végétales du vin.
Premier plat
Nouille soba froide, miso, shiitaké et glace au foie gras
Sauvignon The Ned 2020 du domaine Marisco (Nouvelle-Zeelande) : un nez expressif avec des notes de groseille et de pêche blanche sur un fond exotique, bouche gourmande avec une structure longiligne très élégante, finale très tonique.
Malgré sa fringance et sa fraîcheur, ce vin venu des antipodes a eu un peu de mal à résister aux saveurs douces et acidulées de ce plat remarquable d’originalité et d’équilibre gustatif.
Deuxième plat
Crevettes sauvages, houmous de fenouil et sauce aux herbes.
Chenin 2020 du domaine Beaumont (Afrique du Sud) : un nez discret et complexe avec des nuances de fleurs blanches soutenues par une fine ligne citronnée, une bouche très élégante avec un gras sensible et une salinité bien marquée, une finale nette et salivante.
Avec ses saveurs anisées, iodées, végétales et épicées qui se répondaient dans une parfaite harmonie, cette assiette a proposé un défi de taille au vin qui a bien résisté pour réaliser un accord équilibré sans pour autant créer de véritable dialogue gustatif. Les sensations salines du vin ont été stimulées par le plat mais en finale c’est la pointe pimentée du houmous qui a gardé la main.
Troisième plat
Dos de rascasse, sauce au curry jaune et lait de coco
Riesling Grand Cru Sommerberg 2012 du domaine Boxler : un nez complexe et assez mûr avec des notes miellées et florales sur un fond d’épices douces, une bouche plutôt riche avec un jus consistant qui enrobe une acidité mûre, une finale sapide mais un peu courte et marquée par une légère oxydation.
Ce plat haut en couleur qui alliait les notes chaleureuses du curry, la fraîcheur des petits pois et la douceur de la chair du poisson nous a offert un vrai festival gustatif.
Face à cette préparation aux arômes puissants, ce vin qui semblait pourtant donner quelques signes de fatigue, a réussi à créer une relation équilibrée et harmonieuse avec le plat…le potentiel gastronomique des grands rieslings alsaciens m’impressionnera toujours !
Quatrième plat
Volaille d’Alsace à la sauce barbecue framboise-piment
Motle Cock Red 2015 du domaine Castra Rubra (Bulgarie) : un nez mûr et flatteur avec des notes de fruits noirs et d’épices bien mûr sur un fond végétal noble, une bouche pleine et charnue avec des tanins souples et une finale fraîche et digeste.
Une fois encore, l’assiette préparée par le chef nous proposait un jeu de saveurs et de textures parfaitement équilibré avec des brocolis frais et croquants et une volaille juteuse et moelleuse boostés par une sauce aux arômes intenses…un défi de taille que ce vin riche et chaleureux a relevé sans fléchir : le plat a donné de la force aux arômes fruités de ce vin qui est parvenu à rester souverain jusqu’en en finale.
Un mariage vraiment étonnant !
Dessert
Abricots pochés, crème de noisettes et glace au shiso…
…et une petite Chartreuse jaune avec quelques douceurs pour finir
Avec son ambiance intimiste et chaleureuse dans un décor épuré et raffiné, son service souriant et attentionné et sa cuisine qui nous fait voyager en nous proposant des mets aux saveurs originales mais parfaitement équilibrées, le restaurant (U)(MA)(MI) mérite amplement sa place parmi les très belles adresses gastronomiques de notre région.
Mon enthousiasme ne sera tempéré que par le choix des vins au verre proposés pour accompagner mon menu : même si les accords ont tous très bien fonctionné, j’ai quand même regretté de ne pas trouver plus de vins français et c’est d’autant plus frustrant que la carte des vins du restaurant comptait une pléthore de belles références alsaciennes, bourguignonnes ou rhodaniennes.