En règle générale, notre programme AOC propose toujours des sessions de dégustation qui associent deux thèmes très différents mais ce soir je crois que nous allons réaliser le grand écart absolu en organisant un véritable choc des cultures entre :
- d’un côté, le breuvage des peuples civilisés représenté par des vins blancs moelleux d’Anjou,
- et de l’autre, le breuvage des barbares celtes, germains et autres vikings représenté par une sélection de bières artisanales.
Les vins moelleux ont été fournis par Martial et par moi-même – des bouteilles prélevées dans nos caves et un achat chez un caviste – et la série de bières artisanales a été constituée par Fred, le roi de la mécanique et de la petite mousse, qui signe là sa première participation en tant que maître de cérémonie.
Les blancs ont été débouchés au moment de la dégustation et servis étiquettes découvertes, du vin le plus vieux au vin le plus jeune.
Les bières ont été dégustées étiquettes découvertes en respectant un ordre logique : blanches, blondes et ambrées.
Verres Spiegelau Authentis 01
Soirée Club AOC du 5 juin 2017 à La Wantzenau
Thème 1
Quand la douceur angevine se décline dans des bouteilles de vin.
AOC Coteaux du Layon Château de Fesles 1978 – J. Boivin – Mise Nicolas : nez très agréable avec un caractère grillé/botrytisé et de belles notes de raisin sec et de noisette torréfiée, matière généreuse avec une texture épaisse, développement aromatique intense, finale longue avec des amers salivants.
AOC Coteaux de l’Aubance Domaine de Gagnebert 1997 – Moron à Juignié sur Loire : nez flatteur, belle palette florale, matière opulente en bouche, toucher assez gras, ligne acide bien en place, notes de fruits blancs très mûrs, finale souple et agréable mais manquant une peu de tonus.
Agée d’une petite vingtaine d’années la bouteille de Coteaux de l’Aubance révèle une personnalité simple mais très séduisante alors que le vin du Château de Fesles porte sa (presque) quarantaine avec beaucoup d’élégance et de classe…j’ai même l’impression que ce Layon 78 n’a pas encore dit son dernier mot. Respect !
AOC Coteaux du Layon Rochefort Château Pierre Bize 2003 – C. Papin à Beaulieu sur Layon : nez expressif, notes de gelée de coing et de chair de poire bien mûre, matière ronde et lisse en bouche, développement aromatique intense sur les fruits blancs confits, finale un peu légère rehaussée par quelques amers nobles.
AOC Chaume Domaine des Forges 2004 – Vignoble Branchereau à Saint Aubin de Luigné : nez vif et fringant, palette fruitée très suave (fruits blancs mûrs) et fines touches miellées, matière opulente avec un toucher très sensuel, équilibre très dynamique, finale fraîche et digeste.
La seconde doublette nous présente deux vins un peu moins âgés avec un Coteau du Layon 2003 que l’on attendait en meilleure forme – mais d’après son concepteur cette cuvée est conçue pour être bue plutôt jeune – et un Chaume 2004, dégusté dans la force de l’âge mûr, qui nous a séduit par la qualité de son expression aromatique et par sa très belle tenue en bouche. MIAM !
AOC Coteaux du Layon Prestige 2009 – M. Proutière à Faye d’Anjou : nez très délicat, palette complexe sur les fruits blancs et les fleurs printanières, matière souple et riche, sensations sucrées présentes dès l’attaque en bouche et dominant la finale sans partage.
AOC Coteaux du Layon Beaulieu Les Rouannières 2009 – C. Papin à Beaulieu sur Layon : nez ouvert, complexe et séduisant, notes d’ananas rôti, d’épices orientales, de rhum ambré sur un fond légèrement fumé, matière ample et concentrée en bouche, structure sphérique, finale longue et intense, sillage fruité (abricot mûr, fruits exotiques) et puissamment minéral.
Nés durant une année de canicule, les deux Coteaux du Layon de 2009 ont des profils assez différents mais se dégustent très bien aujourd’hui.
Complexe, concentré et parfaitement équilibré la cuvée « Les Rouannières » est un très grand vin…coup de cœur absolu de ce soir. MIAM énorme !
Face à cette « bombinette » le Coteaux du Layon de la cave du Sablon a un pu souffert de la comparaison en révélant un petit manque de profondeur même si sa parfaite gourmandise nous a vite fait oublier ce petit défaut. Petit MIAM quand même !
AOC Quarts de Chaume Château Pierre Bize 2015 – C. Papin à Beaulieu sur Layon : nez complexe mais très retenu, bouche d’une puissance phénoménale, liqueur concentrée, texture épaisse, acidité large et solide, finale salivante, sillage aromatique d’une longueur impressionnante.
Nous terminons la série avec ce Quarts de Chaume de Claude Papin qui représente probablement ce que cette appellation peut produire de mieux même si ce 2015 aura besoin de se reposer longuement en cave (sûrement plus de 10 ans) pour donner toute la mesure de son talent : le destin foudroyé d’une pure merveille…les dégustateurs sont parfois sans pitié !
Pour conclure :
Les Coteaux du Layon (ou de l’Aubance) font partie de ces vins qui procurent de belles émotions à la dégustation mais qu’on hésite toujours à acheter parce qu’on ne sait jamais quand les déboucher tant il est vrai que placer un blanc moelleux à table n’est jamais chose facile…
Les 7 bouteilles qui composaient cette courte série ont confirmé une fois de plus que ces crus angevins méritaient leur place dans toute cave d’amateur : ce sont des vins riches et complexes, structurés par cette belle colonne acide propre aux chenins bien nés et taillés pour défier le temps qui passe.
Mon coup de cœur ira naturellement à la sublime cuvée « Les Rouannières » 2009 : vinifié par le meilleur vigneron de cette appellation : ce Coteau du Layon né sur un terroir de spilite est entré dans sa phase de plénitude mais bien malin qui saura dire combien de temps elle va durer.
En ce qui me concerne j’ai bien l’impression que ce vin me survivra...
J’aurai également une pensée émue et respectueuse pour le vin de 1978, l’un des derniers survivants de ma première cave, qui nous a impressionnés par sa belle tenue qui forçait le respect…voire l’admiration !
Je suis convaincu depuis toujours que le vignoble angevin est un véritable réservoir de pépites viniques…et ce n’est pas ce soir que je vais changer d’avis !
Par contre je vais envisager très sérieusement d’aller fureter du côté du vignoble angevin dans les prochains temps.
Pour lire d'autres commentaires RV sur le blog de Stéphane.
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